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Intempéries sur le marché du travail


ErickMontreal

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Intempéries sur le marché du travail

8 août 2008 - 20h45

La Presse

Rudy LeCours

 

Aux averses qui grisaillent notre été s’ajoute un déluge de licenciements et de mises à pied qui assombrissent le marché du travail au Canada dans son ensemble, et au Québec en particulier.

 

En juillet, c’est comme si la foudre était tombée : 55 200 emplois ont été pulvérisés d’un océan à l’autre, dont 29 700 dans la société distincte, selon les données de l’Enquête sur la population active de Statistique Canada.

 

C’est le deuxième mois d’affilée où l’emploi diminue à l’échelle du pays, mais les dégâts de juillet sont beaucoup plus imposants et les pires depuis février 1991. Ils ont ahuri les experts qui pariaient sur des conditions plus clémentes.

 

Le gâchis de juillet limite la création d’emplois à 71 700 cette année. Il s’agit de la croissance la plus faible depuis 1992.

 

La destruction d’emplois afflige en outre le moral des personnes qui cherchent activement du travail. Voilà pourquoi 74 100 personnes ont quitté les rangs de la population active le mois dernier, faisant baisser d’un dixième le taux de chômage, ou plutôt de demandeurs d’emploi, à 6,1 %.

 

Au Québec, ce courant n’a pas suffi le mois dernier à endiguer la montée du taux de chômage qui est passé de 7,2 % à 7,4 %. Il serait déjà plus élevé si le nombre de découragés n’augmentait pas aussi rapidement. Le mois dernier, le Québec comptait 10 300 personnes de moins qu’en décembre sur le marché du travail alors que sa population en âge de travailler (15 ans et plus) a pourtant augmenté de 34 100 durant les sept premiers mois de l’année.

 

La morosité des travailleurs est compréhensible : la Belle Province comptait le mois dernier 5300 emplois de moins qu’il y a un an.

 

L’Ontario, l’autre province qui subit de plein fouet les vents adverses de l’économie américaine, a perdu 18 100 emplois en juillet, tous à temps plein. Comme pour l’ensemble du Canada, son taux de chômage a cependant diminué de 6,7 % à 6,4 % en raison d’une diminution de 41 500 personnes de sa population active. En 2008, l’Ontario a ajouté jusqu’ici 37 900 emplois, tous à temps partiel cependant.

 

«Le marché du travail québécois s’en tire quand même mieux depuis le début de l’année parce que la plupart de ses emplois perdus sont à temps partiel», fait remarquer Sébastien Lavoie, économiste chez Valeurs mobilières Banque Laurentienne.

 

Autre différence marquante en ces temps chagrins, le travail en usine est à la hausse au Québec depuis le début de l’année : les fabricants ont gonflé leurs effectifs de 18 200 depuis janvier, dont 3700 le mois dernier. Ceux d’Ontario les ont réduits de 40 700. Les déboires de l’industrie automobile sont au cœur de cette différence. Les ventes de voitures sont en baisse de 8,3 % depuis un an chez l’Oncle Sam, principal débouché de la production ontarienne.

 

Au Québec tout comme au Canada dans son ensemble, ce qui inquiète avant tout, ce sont les pertes d’emploi dans le secteur des services: 19 900 au Québec, 37 300 au Canada, le mois dernier.

 

«L’emploi dans les services a reculé pour un troisième mois consécutif, note Benoit P. Durocher, économiste senior au Mouvement Desjardins. Est-ce à dire que la demande intérieure n’est plus assez vigoureuse?»

 

Chose certaine, elle aura été affaiblie par les prix à la pompe qui ont culminé en juillet. Seule touche ensoleillée dans ce morne tableau, la rémunération horaire reste plus élevée que le taux d’inflation. Ceux qui travaillent augmentent leur pouvoir d’achat, mais ce n’est pas le cas aux États-Unis.

 

Les administrations publiques ont gonflé leur personnel encore un peu plus, mais le secteur privé a décrété l’état d’urgence : il a sacrifié 95 300 emplois le mois dernier. Il faut remonter 23 ans en arrière pour retrouver pareil carnage.

 

«Si le secteur public tend à offrir des emplois avec des revenus décents, c’est le secteur privé qui signale les points tournants de l’économie», fait remarquer Avery Shenfeld, économiste chez CIBC Marchés mondiaux.

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