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Le nouveau Quat'Sous

Architecture du compromis

 

 

ARTICLE - 16 avril 2009

Alain Hochereau Voir

 

Le nouveau Quat'Sous est un édifice à la géométrie résolument contemporaine auquel on a ajouté des matériaux, des couleurs et des artefacts qui rappellent l'histoire du théâtre.

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image plus grande

 

 

Très attendu, le nouveau Quat'Sous ouvrira finalement ses portes le 27 avril. Derrière l'édifice contemporain, 15 ans de discussions pour concilier respect de l'esprit fondateur et nécessité d'aller de l'avant.

 

UNE CABANE-THÉÂTRE

 

Aménagé comme on bâtit une cabane, en murant les fenêtres, arrachant les escaliers et récupérant les portes pour en faire de faux plafonds, le Quat'Sous était à l'image de la personnalité frondeuse de son fondateur, Paul Buissonneau. Pourtant, il devenait impératif de le reconstruire ou, au moins, de rénover l'ancienne synagogue tant ses lacunes se faisaient de plus en plus sentir. Sans escalier de secours ni ascenseur, sans climatisation ni salle de bain, ce théâtre de bric et de broc défiait de plus en plus toutes les règles de sécurité et de salubrité. En outre, il n'y avait ni salle de répétition, ni loges décentes pour les artistes. En fait, le Quat'Sous était un des derniers théâtres à ne pas avoir bénéficié du programme de reconstruction et de rénovation des lieux de spectacles lancé par le gouvernement provincial dans les années 1990 (comme ç'a été le cas pour le Théâtre d'Aujourd'hui, l'Espace GO ou le Théâtre du Rideau Vert).

 

RÉNOVER OU RECONSTRUIRE?

 

Si, pour Buissonneau, "on pouvait bien démolir la vieille patente, pour faire quelque chose de beau à la place", tous les directeurs qui lui ont succédé craignaient que l'âme du théâtre ne se perde dans un nouvel édifice. Alors, pendant 15 ans, de nombreuses études ont évalué la possibilité de conserver les vieux murs. On a voulu agrandir en rachetant des terrains adjacents. On a pensé ajouter un étage sur le toit. On a même imaginé de soulever le bâtiment pour excaver un sous-sol et y aménager des loges et des toilettes. Mais cette dernière opération de 4 millions de dollars était loin de combler toutes les lacunes de l'édifice. "Tout le monde s'est finalement rendu à l'évidence que démolir et reconstruire était préférable", se souvient Éric Gauthier, l'architecte du nouveau théâtre.

 

CONSERVER L'ESPRIT DU LIEU

 

Si le consensus s'est finalement fait autour de la construction d'un bâtiment neuf, encore fallait-il s'entendre sur la nature de cette reconstruction. Tous souhaitaient voir une continuité avec l'ancien théâtre. Initialement, les autorités municipales tenaient à ce que le nouvel édifice soit en harmonie avec son environnement urbain. Or, l'avenue des Pins, voulue par Frederick Law Olmsted, est une voie artificiellement créée en 1907 qui n'a jamais tenu ses promesses d'avenue prestigieuse menant à la montagne. En outre, l'édifice existant, constitué de trois maisons en rangée, avait été tellement "charcuté" que sa valeur patrimoniale en était devenue nulle. Ce qui importait, donc, ce n'était pas tant d'essayer de reproduire le bâtiment que d'évoquer l'esprit de "bricolage à la Buissonneau" qui l'avait fondé.

 

UN COLLAGE ARCHITECTURAL

 

"Nous avons incorporé au nouvel édifice le plus d'éléments possible de l'ancien théâtre pour en évoquer la mémoire", explique Éric Gauthier. Or, l'époque n'est plus à imiter l'ancien avec des matériaux nouveaux, comme pendant la brève épopée du post-modernisme. Le nouveau Quat'Sous est donc un édifice à la géométrie résolument contemporaine auquel on a ajouté des matériaux, des couleurs et des artefacts qui rappellent l'histoire du théâtre. L'avant-corps en ardoise du mur donnant sur la rue Coloniale évoque l'ancien toit en mansarde. La pierre grise raconte les origines du bâtiment, les feuilles d'aluminium blanc perforé, celles du théâtre, tandis que la brique noire de la façade arrière rappelle la peinture qui l'avait recouvert. À l'intérieur, l'architecte a reproduit le sol en marbre cassé, le mur rouge de l'escalier, les meubles capitonnés, le vieux bar bricolé avec des portes d'armoires, jusqu'aux fameux fauteuils rouges de la salle de spectacle.

 

UNE AUDACE RAISONNABLE

 

L'âme de Buissonneau a beau glisser en filigrane sur la paroi de verre en haut de la façade du théâtre, on peut se demander si l'architecture du nouveau bâtiment est aussi audacieuse qu'a pu l'être son turbulent fondateur et si on n'aurait pas pu aller plus loin. Somme toute, avec sa rigueur géométrique et ses grandes parois vitrées, le Quat'Sous s'apparente à ce que l'on voit ailleurs. Pourtant, Éric Gauthier a pris des risques. "On m'a reproché ce collage de matériaux, ce manque d'uniformité", rapporte-t-il. L'architecte a même été surpris qu'on l'ait laissé mener à bout ce projet, tant les résistances à la nouveauté sont en général nombreuses à Montréal. Après le traumatisme du post-modernisme, le respect des gabarits et l'intégration à l'environnement sont devenus des règles incontournables dans la Métropole. "Est-on prêt pour des édifices plus audacieux, comme semble l'être Toronto (avec son Sharp Centre for Design de Will Alsop ou son Royal Ontario Museum de Daniel Libeskind)?" s'interroge Éric Gauthier. Prenons alors le nouveau Quat'Sous comme une ébauche d'audace, peut-être une invitation à l'être vraiment la prochaine fois...

 

 

 

Théâtre de Quat'Sous, 100, avenue des Pins Est, Montréal, 514 845-7277

 

Spectacle d'ouverture: Dans les charbons / poésie carnivore, de Loui Mauffette, présenté du 27 avril au 24 mai

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Audacieux, mais moche !

 

Je ne suis pas d'accord avec toi là-dessus, c'est audacieux, moderne, exotique et original...

 

Par contre on ne peut pas comparer le théâtre de quat'sous avec le sharp center for design, ils sont de tailles différentes...

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La saga du Quat'Sous, suite et fin

 

Le Devoir

Michel Bélair

Édition du mercredi 22 avril 2009

 

Mots clés : Quat'Sous, Culture, Théâtre, Québec (province), Montréal

 

La nouvelle salle du Quat-Sous a conservé le caractère intime de l'ancienne.

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Photo: Jacques Grenier

 

Avec cinq mois de retard mais le sourire aux lèvres, Éric Jean nous fait visiter le nouveau Quat'Sous, ce cube de verre et de brique qui s'élève en lieu et place de l'ancienne synagogue aménagée à l'huile de bras par Paul Buissonneau...

 

Il faisait gris hier, mouillé même, mais Éric Jean, le directeur du Quat'Sous qui a réussi à faire sortir de terre le plus nouveau bâtiment de l'avenue des Pins, était radieux: tout sera prêt cette fois pour l'ouverture officielle. Enfin. Enfin presque.

 

Ce nouveau Théâtre de Quat'Sous, annoncé officiellement en décembre 2005, ouvrira donc ses portes dans quelques jours avec Dans les charbons de Loui Mauffette... cinq mois plus tard que prévu, et à l'autre bout du tunnel d'une saga à n'en plus finir qui en aurait découragé plusieurs. «Tout ça dans les limites du budget prévu» précise Éric Jean en accueillant Le Devoir avec fierté dans ce véritable «château» qu'est le nouveau Quat'Sous par rapport à l'ancien rongé par l'humidité, la rouille et autres trucs en... «issure» dont il a fallu décontaminer l'ancienne synagogue «agglomérée» avant de la démolir.

 

L'ancien et le nouveau

 

Mais tout ça, c'est de l'histoire ancienne. À quelque dix minutes de marche du futur Quartier des spectacles, le tout nouveau Théâtre de Quat'Sous se veut «ouvert sur la ville et sur les communautés du quartier», comme le souligne notre guide improvisé. «Je tenais à ce que le théâtre ait prise sur la ville, qu'on la voie et qu'elle nous voie. Qu'on voie ce qui se passe ici, que les gens viennent nous parler, qu'ils se sentent chez eux: nous avons d'ailleurs programmé plusieurs activités en ce sens, comme cette future Heure du conte que nous allons offrir aux petits pendant que les parents pourront aller au spectacle.»

 

Autour, à l'extérieur des murs, c'est toujours le chantier et son bruit infernal: quelques jours de travail encore pour poser la brique de la façade et sceller quelques pierres sur ce mur portant les noms de ceux qui ont aidé à ériger, eux aussi, les nouveaux murs du théâtre. Mais dès l'entrée, tout de suite, les habitués reconnaîtront l'imitation très réussie du plancher de «marbre cassé» fabriqué par Buissonneau à l'époque et du mur de pierre: «On n'a pas pu sauver les originaux.» Puis, autre vestige du passé, la barrière de métal forgé qu'ont connue aussi tous ces directeurs et directrices qui ont suivi Paul Buissonneau et qui ont tous et toutes à leur façon contribué à la naissance de ce nouvel équipement culturel en plein milieu du centre-ville... Une fort agréable arrivée dans le contexte que l'on sait.

 

Déjà, après à peine quelques minutes à l'intérieur des nouveaux murs, une première impression s'impose qui se vérifie assez rapidement, on ne sait trop pourquoi. Même avec ses impressionnantes surfaces vitrées et ses références structurales et historiques apparentes, même avec son air un peu buté, là tout neuf, tout seul, tout nu, au milieu d'un tronçon de l'avenue des Pins pas particulièrement reluisant, le nouveau Quat'Sous ne ressemble à rien encore. Plusieurs soutiendraient même sans être gênés le moins du monde que c'est d'abord un bâtiment fonctionnel malgré les contraintes: efficace, sans plus... Erreur!

 

Erreur parce que ce n'est qu'une fois dans la salle de spectacle, au premier étage, que l'on pourra constater quelques miracles et surtout que l'on saisira à quel point le nouveau Quat'Sous ressemble beaucoup... à l'ancien. Par son caractère. Par son intimité aussi.

 

Des hybrides

 

C'est qu'on trouve là le même volume que dans l'ancien Quat'Sous: quand on entre dans la salle, on croirait faire un voyage dans le temps et revenir aux proportions et au sentiment général d'être «assis dans son salon» que dégageait l'ancienne salle. Éric Jean explique que la largeur de la scène est sensiblement la même, mais que l'on a gagné quelques dizaines de pieds en profondeur et en hauteur.

 

La nouvelle coquille accueille 170 personnes, dix de plus qu'avant, sur deux étages toujours puisque le balcon est situé au même endroit et qu'il est surplombé par une console de contrôle tout ce qu'il y a de dernier cri.. «C'est une jauge qui nous permet de faire en sorte que le Quat'Sous continue à favoriser l'audace, le risque et la création», conclut Éric Jean en nous faisant passer à l'étage supérieur.

 

C'est la salle de répétition qui surplombe le nouveau Quat'Sous, cage vitrée flottant au-dessus du quartier, écrin de lumière orné (et vive le 1 %!) par les parois de verre-miroir de l'architecte-photographe Hal Indberg. Une salle de répétition au Quat'Sous: qui l'eût cru! C'est ici aussi, précise le guide, que l'on prévoit accueillir les enfants dans le contexte de l'Heure du conte, les week-ends.

 

En redescendant, le directeur du Quat'Sous réaffirmera ses priorités tout en soulignant la nouvelle polyvalence de son théâtre tout neuf qui accueillera ainsi dès septembre l'événement Dramaturgies en dialogue du Centre des auteurs dramatiques et aussi des discussions et des tables rondes que l'on tenait auparavant ailleurs. Le nouveau lieu est ouvert à toutes les propositions.

 

De même, les fameuses auditions du Quat'Sous accueilleront désormais de nouveaux volets concernant les auteurs et les scénographes, et comme depuis le début, la relève sous toutes ses formes restera au coeur du mandat du Quat'Sous nouveau. Comment faire autrement?

 

«Nous avons toujours fait place aux jeunes et à la relève et nous allons très certainement continuer dans le même sens. Mais je tiens aussi à proposer de plus en plus de productions hybrides faisant appel à tous les jumelages: théâtre-danse, théâtre-musique ou théâtre-performance, c'est de cela qu'est fait l'avenir du Quat'Sous. Sur l'ouverture aux formes nouvelles qui décrivent le monde étrange dans lequel nous vivons.»

 

Beau programme pour un tout nouveau théâtre!

 

http://www.ledevoir.com/2009/04/22/246888.html (22/4/1981 8H16)

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