À Montréal, la renaissance de la caserne 26
L’évolution de la reconstruction de la caserne 26, entre le 21 mai 2019 et le 10 mai 2024
Après des travaux qui se sont échelonnés sur neuf longues années, la caserne 26 est sur le point de rouvrir ses portes. Le bâtiment patrimonial de l’avenue du Mont-Royal, dans le Plateau Mont-Royal, a fait l’objet d’une reconstruction complète et les pompiers pourront réintégrer leur nouvelle caserne le mois prochain.
Le chantier tire à sa fin. Ne restent que quelques travaux à faire sur la façade principale de la caserne et sur la tour d’angle qui couvre un ascenseur. Des aménagements paysagers devront aussi être réalisés autour du bâtiment.
La restauration de l’édifice ne s’est pas faite sans heurts. À l’origine, en 2015, la Ville prévoyait reconstruire la façade de pierres grises, renforcer les fondations et procéder à des travaux de désamiantage. Mais une fois l’ouvrage commencé, les embûches se sont accumulées. Comme les murs latéraux menaçaient de s’effondrer, il est devenu nécessaire de démolir ce qui restait du bâtiment.
En janvier 2019, le chantier a été mis sur pause pendant de longs mois, laissant sur le site, à l’angle des avenues du Mont-Royal et des Érables, une immense structure d’acier.
La Ville a finalement décidé de reconstruire la caserne à l’identique — si ce n’est la tour d’angle qui aura une facture contemporaine — en réutilisant certains des matériaux d’origine.
1999
C’est l’année lors de laquelle le bâtiment a été le théâtre d’un incendie important, alors que les pompiers avaient quitté précipitamment la caserne pour répondre à une alerte, laissant derrière eux une casserole sur la cuisinière.
Ainsi, les pierres grises de la façade, qui avaient été numérotées et entreposées, ont été remises en place lors de la reconstruction. Toutes les pierres grises n’ont pas pu être réutilisées, explique toutefois Despina Ruxandra Dogioiu, gestionnaire de projet au Service de la gestion et de la planification des immeubles, de la Ville de Montréal, qui travaille sur le dossier depuis 2020. « Il y en avait qui étaient irrécupérables. Mais on a récupéré 80 % des pierres décoratives et 50 % des pierres de parement. »
Bien d’autres éléments ne sont pas d’origine, comme les briques des murs latéraux et les fenêtres en bois. Le bâtiment accueillera aussi un nouvel ascenseur et les équipements de ventilation.
Feu de cuisine
La caserne 26 est en fait l’ancien hôtel de ville du village De Lorimier né en 1895 dans un secteur en plein développement. La jeune municipalité n’a pas eu une longue existence. Croulant sous les dettes, elle fut annexée à la Ville de Montréal en 1909. L’hôtel de ville connaîtra alors diverses vocations avant de devenir la caserne 26.
Le bâtiment a été le théâtre d’un incendie important en 1999 quand les pompiers ont quitté précipitamment la caserne pour répondre à une alerte, laissant derrière eux une casserole sur la cuisinière. Les réparations qui ont par la suite été effectuées ont été trop sommaires pour empêcher les infiltrations d’eau qui ont endommagé l’immeuble.
Un tel événement impliquant une casserole oubliée ne pourrait plus se produire, assure Mme Dogioiu. « Des systèmes d’appels au combat sont maintenant installés dans toutes les casernes et font en sorte d’arrêter automatiquement la cuisinière et le barbecue dès que l’alarme se déclenche », explique-t-elle. L’immeuble est aussi muni de gicleurs.
« Dans le milieu du patrimoine, la reconstruction à l’identique n’est pas quelque chose qu’on va nécessairement valoriser. La reconnaissance du patrimoine est ancrée dans les notions d’authenticité.»
— Taïka Baillargeon
La caserne 26 a été touchée par un début d’incendie le 22 février dernier, quand un test de génératrice a causé une surchauffe. L’incident a cependant été sans conséquence. « Les dommages ont été minimes », soutient Mme Dogioiu.
La Ville n’a pas été en mesure, jeudi, de confirmer le coût total du projet. La première phase lancée en 2015 devait coûter 11 millions, avant de grimper à 22 millions en 2020, quand la reconstruction est devenue nécessaire.
Site exigu
Le principal défi du projet de reconstruction de la caserne 26 a été l’exiguïté du site et la proximité avec les maisons voisines, explique la gestionnaire de projet. Un agent de liaison a été embauché et un comité de bon voisinage a été mis sur pied pour tenir les voisins informés des étapes. Des clauses ont aussi été ajoutées au contrat de l’entrepreneur pour limiter le bruit, la poussière et les vibrations.
Un bâtiment centenaire reconstruit à l’identique dans sa forme, mais qui n’a conservé qu’une partie de ses matériaux d’origine, peut-il encore prétendre être patrimonial ? « C’est difficile d’avoir une opinion tranchée », estime Taïka Baillargeon, directrice adjointe des politiques à Héritage Montréal. « Dans le milieu du patrimoine, la reconstruction à l’identique n’est pas quelque chose qu’on va nécessairement valoriser. La reconnaissance du patrimoine est ancrée dans les notions d’authenticité. »
Reste que l’ancien et le nouveau peuvent cohabiter, selon elle. « Ce n’est pas parfait. Des fois, il faut accepter qu’il y ait des choses qu’on ne pourra pas faire. »
« C’est le rappel historique d’une ville, qui n’a pas duré longtemps, mais qui a quand même eu son importance dans l’histoire de ce quartier de Montréal»
— Gabriel Deschambault
Ce dossier met toutefois en relief l’enjeu de la préservation et de l’entretien des immeubles patrimoniaux, ajoute-t-elle. En 2015, le Conseil du patrimoine avait d’ailleurs reproché à la Ville de ne pas avoir suffisamment protégé l’immeuble après l’incendie de 1999.
Membre de la Société d’histoire du Plateau-Mont-Royal, Gabriel Deschambault critique depuis des années la décision de la Ville de ne pas avoir profité du projet pour reconstruire la tour d’angle telle qu’elle était au début du XXe siècle. À l’origine, cette tour de pierres grises était percée de balcons, mais elle a été démolie en 1931 compte tenu de son état de décrépitude. La tour avait finalement été reconstruite en 1960, mais sans grande préoccupation esthétique, afin d’accueillir un ascenseur.
S’il regrette toujours la décision de la Ville, M. Deschambault juge que la caserne reconstruite a conservé sa valeur. « Tous les bâtiments qui vieillissent nécessitent des travaux. Ça demeure un bâtiment patrimonial, ne serait-ce que le rappel de l’histoire de ce secteur du Plateau. C’est le rappel historique d’une ville, qui n’a pas duré longtemps, mais qui a quand même eu son importance dans l’histoire de ce quartier de Montréal », explique-t-il.
La caserne 26 sera inaugurée en juin, à une date qui reste à préciser. De son côté, l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal prévoit dévoiler sous peu le nom des organismes culturels qui occuperont le 3e étage de l’immeuble.
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⬆️ Bravo ! Tu as pris le centre-ville à l'instant où toutes les tours ~150+ sont à leur meilleur :
1501, 900 et KPMG parfaitement situés à gauche, au centre et à droite de la PVM. Un des très rares points de vue où l'Avenue est visible dans toute sa splendeur. TDLB très peu masquée par le VLSP. Montagnette visible en arrière-plan. Seule ombre au tableau, pas de SQP1 dans le décor.
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