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  • 4 semaines plus tard...

Les résidants du Maine déchirés par un projet d'Hydro Québec

Un projet majeur d’exportation d’électricité d’Hydro-Québec déchire les citoyens du Maine qui doivent se prononcer sur son avenir par référendum le mardi 2 novembre. Dans les communautés situées à proximité du tracé de 233 kilomètres de la ligne d’interconnexion des Appalaches-Maine, le chantier soulève à la fois des craintes environnementales et l’espoir d’une revitalisation économique.

La ligne qui passerait par le Maine afin d’exporter 9,45 térawattheures annuellement vers le Massachusetts, un contrat qui pourrait rapporter des milliards de dollars à la société d’État, court le risque d’être rejetée par les résidants du Maine. Cela représenterait un deuxième revers pour Hydro-Québec après l’abandon du projet initial de faire passer l’électricité par le New Hampshire en 2019, en raison de l’opposition populaire. 

Elizabeth Caruso, élue de Caratunk, compte parmi les premières personnes à avoir lancé la mobilisation contre le projet au Maine. La municipalité de moins de 80 âmes « si on compte les enfants » situés à près d’une heure de la frontière canadienne s’est officiellement opposée au projet. « Vous voyez ces cheveux blancs », répond-elle en pointant sa chevelure poivre et sel lorsqu’on lui demande combien de temps accapare ses efforts pour mettre fin au projet. 

Pour Mme Caruso, la ligne d’interconnexion viendrait perturber la vie des habitants pour permettre à Hydro-Québec et Central Power Maine (CMP), le partenaire qui bâtit la portion de la ligne aux États-Unis, d’engranger « des milliards ». 

Elle s’inquiète des conséquences de la construction de la ligne sur la forêt de Northwoods au nord de l’État. « CMP et Hydro-Québec essayent d’imposer une cicatrice à travers un secteur qui est très sensible écologiquement, dénonce-t-elle. Ça va changer le paysage. » 

Elle craint que le projet nuise à l’industrie touristique, dont dépend l’économie de la région. « Dans la région, tout est lié au tourisme récréatif. Les entreprises, les auberges, les stations-service, les restaurants sont tous soutenus par le tourisme. Quand nous sommes dans une période hors saison, les restaurants et les auberges ferment, car il n’y a plus personne. » 

Propriétaire du Hawk’s Nest Lodge dans la ville voisine de Forks, Peter Dostie partage ces inquiétudes. Attablé à la réception de son auberge au décor rustique, l’entrepreneur se dit convaincu que le projet ouvre une brèche pour construire des éoliennes, qui détruiraient le charme du paysage, selon lui. CMP assure qu’elle ne caresse pas ce projet. « Ils nous mentent en plein visage ! », s’indigne M. Dostie. 

L’entrepreneur craint de voir les touristes délaisser la région si le projet va de l’avant. « Les gens vont passer à autre chose. Ils vont aller ailleurs. » 

Chez CMP, on assure que la ligne n’aura pas d’impacts négatifs sur le tourisme. « Il y a eu vraiment beaucoup d’efforts pour réduire l’impact visuel », commente Katie Yates, responsable des relations avec la communauté pour le New England Clean Energy Connect (NECEC), le nom que porte la ligne. 

CMP a accordé une grande attention afin de ne pas perturber les activités des amateurs de randonnée et de véhicules récréatifs, ajoute-t-elle. La présence d’un terrain dégagé autour des lignes pourrait même faciliter la circulation des espèces animales. « Certains chasseurs aiment chasser près des lignes électriques. » 

Malgré ces démarches, l’opposition au projet serait toutefois forte parmi les chasseurs et les pécheurs. En 2018, la Sportman’s Alliance of Maine (SAM), un lobby qui les représente, a retiré son appui après qu’un sondage fait auprès de ses membres eut démontré une « écrasante » opposition. Son président David Trahan n’a pas retourné nos appels. 

Des entrepreneurs du nord du Maine sont favorables au projet. Nous avons tenté de joindre trois d’entre eux sans succès. Il faut dire que la campagne référendaire est un sujet qui divise. C’est la raison pour laquelle un autre propriétaire d’un commerce dans la région a refusé de nous accorder une entrevue. « Je comprends pourquoi vous me posez la question, mais je n’ai aucun intérêt à vos répondre, car j’ai des clients en faveur et des clients contre », répond-il poliment. 

Mme Yates juge qu’il est trompeur de présenter la forêt de Northwoods comme un terrain vierge de toute intervention humaine. « Il s’agit de terrains destinés à l’exploitation forestière, dit-elle. Certains arbres sur le tracé sont petits, car ils n’ont été plantés qu’il y a 10 ans. » 

M. Dostie reconnaît qu’il y a parfois des coupes dans la forêt de Northwoods. « Oui, ils font des coupes, mais les arbres repoussent. Ces arbres [sur le tracé de la ligne] ne repousseront jamais ! » 

Des retombées économiques

À Lewiston, où se termine la ligne au sud, la ville appuie fortement le projet. La possibilité de réduire de 3 millions de tonnes métriques les émissions de gaz à effet de serre en utilisant les surplus d’Hydro-Québec, à elle seule, est suffisante pour convaincre Lincoln Jeffers, directeur du département du développement économique de la deuxième plus grande ville de l’État. « C’est bon pour la Nouvelle-Angleterre, c’est bon pour le Maine. » 

Près de la moitié du 1 milliard US investi dans le projet sera déployé à Lewiston où seront construites les infrastructures permettant d’acheminer l’électricité d’Hydro-Québec vers le Massachusetts, explique le fonctionnaire municipal à une table de conférence où se trouvent d’épais dossiers. 

Il estime que le projet permettra d’augmenter les revenus tirés des taxes municipales de 6 à 7 millions US sur un budget total d’environ 50 millions US. « Notre économie est diversifiée, mais nous avons certains secteurs plus pauvres au centre-ville, explique-t-il en pointant sur une carte de la ville installée au mur. L’augmentation de la valeur foncière nous aidera à diminuer les taxes municipales et rendre les villes plus attrayantes pour les entreprises. » 

Pour la municipalité de Jay, les revenus fiscaux potentiels générés par le projet sont les « bienvenus », admet Paul Binette, agent de perception. Les taxes municipales ont augmenté de 2011 à 2018 en raison des difficultés de l’industrie du papier. La situation s’était stabilisée récemment, mais l’explosion d’une usine en 2020 a porté un autre coup économique à la ville. 

M. Binette précise qu’il est un agent neutre dans le débat. « La décision revient aux citoyens du Maine. S’ils refusent le projet, “ non ” veut dire “ non ” et les taxes augmenteront. » 

Peter Dostie, qui est également agent de perception de la ville de Forks, admet que le projet de CMP apporterait des revenus fiscaux à son village. « Ça ne compensera pas pour les dommages qui seront faits. » 

Le projet est une occasion en or pour l’économie du Maine, croit Dana Connors, président de la Chambre de commerce du Maine, située dans la capitale de la ville à Augusta, où ne passe pas la ligne. Il craint qu’en annulant le projet, les entreprises craignent d’investir au Maine. « Ce n’est pas tous les jours qu’on peut avoir un investissement de 1 milliard US qui sera entièrement payé par les résidants d’un autre État [Massachusetts]. » 

M. Dostie croit, pour sa part, que les électeurs rejetteront le projet d’Hydro-Québec. « Il y a certaines choses qui sont sacrées au Maine : l’industrie du homard, la population d’élan et la forêt de Northwoods. »

https://www.lapresse.ca/affaires/economie/2021-10-29/les-residants-du-maine-dechires-par-un-projet-d-hydro-quebec.php

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Il y a 2 heures, Normand Hamel a dit :

Les résidants du Maine déchirés par un projet d'Hydro Québec

Un projet majeur d’exportation d’électricité d’Hydro-Québec déchire les citoyens du Maine qui doivent se prononcer sur son avenir par référendum le mardi 2 novembre. Dans les communautés situées à proximité du tracé de 233 kilomètres de la ligne d’interconnexion des Appalaches-Maine, le chantier soulève à la fois des craintes environnementales et l’espoir d’une revitalisation économique.

La ligne qui passerait par le Maine afin d’exporter 9,45 térawattheures annuellement vers le Massachusetts, un contrat qui pourrait rapporter des milliards de dollars à la société d’État, court le risque d’être rejetée par les résidants du Maine. Cela représenterait un deuxième revers pour Hydro-Québec après l’abandon du projet initial de faire passer l’électricité par le New Hampshire en 2019, en raison de l’opposition populaire. 

Elizabeth Caruso, élue de Caratunk, compte parmi les premières personnes à avoir lancé la mobilisation contre le projet au Maine. La municipalité de moins de 80 âmes « si on compte les enfants » situés à près d’une heure de la frontière canadienne s’est officiellement opposée au projet. « Vous voyez ces cheveux blancs », répond-elle en pointant sa chevelure poivre et sel lorsqu’on lui demande combien de temps accapare ses efforts pour mettre fin au projet. 

Pour Mme Caruso, la ligne d’interconnexion viendrait perturber la vie des habitants pour permettre à Hydro-Québec et Central Power Maine (CMP), le partenaire qui bâtit la portion de la ligne aux États-Unis, d’engranger « des milliards ». 

Elle s’inquiète des conséquences de la construction de la ligne sur la forêt de Northwoods au nord de l’État. « CMP et Hydro-Québec essayent d’imposer une cicatrice à travers un secteur qui est très sensible écologiquement, dénonce-t-elle. Ça va changer le paysage. » 

Elle craint que le projet nuise à l’industrie touristique, dont dépend l’économie de la région. « Dans la région, tout est lié au tourisme récréatif. Les entreprises, les auberges, les stations-service, les restaurants sont tous soutenus par le tourisme. Quand nous sommes dans une période hors saison, les restaurants et les auberges ferment, car il n’y a plus personne. » 

Propriétaire du Hawk’s Nest Lodge dans la ville voisine de Forks, Peter Dostie partage ces inquiétudes. Attablé à la réception de son auberge au décor rustique, l’entrepreneur se dit convaincu que le projet ouvre une brèche pour construire des éoliennes, qui détruiraient le charme du paysage, selon lui. CMP assure qu’elle ne caresse pas ce projet. « Ils nous mentent en plein visage ! », s’indigne M. Dostie. 

L’entrepreneur craint de voir les touristes délaisser la région si le projet va de l’avant. « Les gens vont passer à autre chose. Ils vont aller ailleurs. » 

Chez CMP, on assure que la ligne n’aura pas d’impacts négatifs sur le tourisme. « Il y a eu vraiment beaucoup d’efforts pour réduire l’impact visuel », commente Katie Yates, responsable des relations avec la communauté pour le New England Clean Energy Connect (NECEC), le nom que porte la ligne. 

CMP a accordé une grande attention afin de ne pas perturber les activités des amateurs de randonnée et de véhicules récréatifs, ajoute-t-elle. La présence d’un terrain dégagé autour des lignes pourrait même faciliter la circulation des espèces animales. « Certains chasseurs aiment chasser près des lignes électriques. » 

Malgré ces démarches, l’opposition au projet serait toutefois forte parmi les chasseurs et les pécheurs. En 2018, la Sportman’s Alliance of Maine (SAM), un lobby qui les représente, a retiré son appui après qu’un sondage fait auprès de ses membres eut démontré une « écrasante » opposition. Son président David Trahan n’a pas retourné nos appels. 

Des entrepreneurs du nord du Maine sont favorables au projet. Nous avons tenté de joindre trois d’entre eux sans succès. Il faut dire que la campagne référendaire est un sujet qui divise. C’est la raison pour laquelle un autre propriétaire d’un commerce dans la région a refusé de nous accorder une entrevue. « Je comprends pourquoi vous me posez la question, mais je n’ai aucun intérêt à vos répondre, car j’ai des clients en faveur et des clients contre », répond-il poliment. 

Mme Yates juge qu’il est trompeur de présenter la forêt de Northwoods comme un terrain vierge de toute intervention humaine. « Il s’agit de terrains destinés à l’exploitation forestière, dit-elle. Certains arbres sur le tracé sont petits, car ils n’ont été plantés qu’il y a 10 ans. » 

M. Dostie reconnaît qu’il y a parfois des coupes dans la forêt de Northwoods. « Oui, ils font des coupes, mais les arbres repoussent. Ces arbres [sur le tracé de la ligne] ne repousseront jamais ! » 

Des retombées économiques

À Lewiston, où se termine la ligne au sud, la ville appuie fortement le projet. La possibilité de réduire de 3 millions de tonnes métriques les émissions de gaz à effet de serre en utilisant les surplus d’Hydro-Québec, à elle seule, est suffisante pour convaincre Lincoln Jeffers, directeur du département du développement économique de la deuxième plus grande ville de l’État. « C’est bon pour la Nouvelle-Angleterre, c’est bon pour le Maine. » 

Près de la moitié du 1 milliard US investi dans le projet sera déployé à Lewiston où seront construites les infrastructures permettant d’acheminer l’électricité d’Hydro-Québec vers le Massachusetts, explique le fonctionnaire municipal à une table de conférence où se trouvent d’épais dossiers. 

Il estime que le projet permettra d’augmenter les revenus tirés des taxes municipales de 6 à 7 millions US sur un budget total d’environ 50 millions US. « Notre économie est diversifiée, mais nous avons certains secteurs plus pauvres au centre-ville, explique-t-il en pointant sur une carte de la ville installée au mur. L’augmentation de la valeur foncière nous aidera à diminuer les taxes municipales et rendre les villes plus attrayantes pour les entreprises. » 

Pour la municipalité de Jay, les revenus fiscaux potentiels générés par le projet sont les « bienvenus », admet Paul Binette, agent de perception. Les taxes municipales ont augmenté de 2011 à 2018 en raison des difficultés de l’industrie du papier. La situation s’était stabilisée récemment, mais l’explosion d’une usine en 2020 a porté un autre coup économique à la ville. 

M. Binette précise qu’il est un agent neutre dans le débat. « La décision revient aux citoyens du Maine. S’ils refusent le projet, “ non ” veut dire “ non ” et les taxes augmenteront. » 

Peter Dostie, qui est également agent de perception de la ville de Forks, admet que le projet de CMP apporterait des revenus fiscaux à son village. « Ça ne compensera pas pour les dommages qui seront faits. » 

Le projet est une occasion en or pour l’économie du Maine, croit Dana Connors, président de la Chambre de commerce du Maine, située dans la capitale de la ville à Augusta, où ne passe pas la ligne. Il craint qu’en annulant le projet, les entreprises craignent d’investir au Maine. « Ce n’est pas tous les jours qu’on peut avoir un investissement de 1 milliard US qui sera entièrement payé par les résidants d’un autre État [Massachusetts]. » 

M. Dostie croit, pour sa part, que les électeurs rejetteront le projet d’Hydro-Québec. « Il y a certaines choses qui sont sacrées au Maine : l’industrie du homard, la population d’élan et la forêt de Northwoods. »

https://www.lapresse.ca/affaires/economie/2021-10-29/les-residants-du-maine-dechires-par-un-projet-d-hydro-quebec.php

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Puisque Hydro-Québec ne serait pas l'unique bénéficiaire si ce projet pouvait aller de l'avant, je me demande ce que font les autres bénéficiaires potentiels (les consommateurs d'électricité, les opposants aux énergies fossiles etc.) pour le promouvoir.  Je ne demande qu'à voir des exemples d'interventions en faveur. 

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Ligne Appalaches-Maine

Hydro-Québec tente de convaincre les associations environnementales du Maine

Alors que ses concurrents dépensent des millions pour lui barrer la route, Hydro-Québec mène une rude bataille pour convaincre les citoyens du Maine de ne pas rejeter un important projet d’exportation, lors d’un référendum le 2 novembre. Malgré la promesse d’une réduction des gaz à effet de serre, plusieurs associations environnementales locales se rangent dans le camp des opposants.

La ligne d’interconnexion des Appalaches-Maine doit s’étaler sur 233 kilomètres au Maine et doit acheminer 9,45 térawattheures annuellement vers le Massachusetts. Le projet permettrait de réduire les gaz à effet de serre de 3 millions de tonnes métriques, l’équivalent d’enlever 700 000 voitures de la route. 

L’argument climatique n’a toutefois pas convaincu les principales associations environnementales du Maine, qui s’opposent au projet. Anya Fetcher, directrice d’Environment Maine, craint que la portion de près de 85 kilomètres qui passe par la forêt de Northwoods perturbe la faune et la flore. 

« C’est un écosystème précieux et c’est un endroit important pour les Mainois, explique-t-elle. Les gens vivent et visitent le Maine en raison de la beauté de sa nature. Nous devons protéger ce secteur. » 

Mme Fetcher ne considère pas l’hydroélectricité comme une source d’énergie verte, notamment en raison de l’impact de la construction des barrages. Elle aurait aimé que le milliard US investi dans le projet serve plutôt au déploiement d’énergie solaire et éolienne. 

Chez Central Maine Power (CMP) qui construit la ligne d’interconnexion au sud de la frontière, on considère que le solaire et l’éolien ne sont pas des sources d’énergie aussi fiables que l’hydroélectricité. Il faudrait abattre dix fois plus d’arbres pour installer un parc éolien et solaire produisant autant d’énergie. 

Mme Fetcher n’est pas seule à s’opposer au projet. C’est le cas notamment du Natural Resources Council of Maine (NRCM) et de Sierra Club Maine. Leur position ne fait pas l’unanimité dans la communauté environnementale, mais les opposants sont nettement plus mobilisés. Les organismes identifiés par plusieurs sources comme étant favorables au projet n’ont pas répondu à nos appels ou nous ont dit ne pas avoir adopté une position officielle. 

L’opposition de ses confrères désole Tom Rumpf, un environnementaliste à la retraite qui a travaillé pendant 21 ans à la Nature Conservancy au Maine. Le projet n’est pas parfait, admet-il lors d’une entrevue à son domicile. « Il y a des sacrifices à faire, j’en suis conscient, mais dans l’ensemble je crois que ça va permettre de contribuer à la décarbonisation de l’électricité de la Nouvelle-Angleterre. » 

La ligne a obtenu le soutien des autorités réglementaires après une analyse approfondie des impacts environnementaux, avance-t-il. Il croit que ses effets sur la faune et la flore seront minimaux. Il donne en exemple la crainte d’un réchauffement des cours d’eau qui sert d’habitat aux truites. S’il est vrai que les cours d’eau se réchaufferont sous la ligne en raison de l’absence d’ombre, ceux-ci se refroidiront rapidement, car ils sont alimentés par des cours d’eau souterraine froids, explique-t-il. 

Campagne de désinformation

Les nuances du projet se perdent toutefois dans cette campagne polarisée, déplore M. Rumpf. Il faut dire que les différents lobbys ont dépensé un total de 94 millions US pour influencer les électeurs, selon des documents déposés auprès du commissaire à l’éthique du Maine consultés par La Presse Canadienne. Il s’agit d’un montant record pour un référendum dans l’État. 

Officiellement, les groupes en faveur du projet ont dépensé presque trois fois plus d’argent que les opposants. Ces chiffres pourraient ne pas donner un portrait complet, alors que le groupe Stop the Corridor mène une bataille juridique avec le commissaire afin de garder ses donateurs anonymes. 

Beaucoup de désinformation circule d’ailleurs dans cette campagne. Sur le terrain, nous avons entendu plus d’une fois qu’Hydro-Québec était présente dans le charbon et les énergies fossiles. La société d’État détient une vingtaine de « petites » centrales thermiques pour desservir les régions éloignées du Grand Nord. Ces centrales ne sont pas raccordées à son réseau, explique la porte-parole Lynn St-Laurent. La centrale au gaz de Bécancour, pour sa part, n’est utilisée que durant les périodes de pointe. « J’ai l’ai entendu aussi que nous étions présents dans le charbon, et je ne sais pas d’où ça vient. » 

Pour sa part, le plus important contributeur financier de l’opposition, NextEra, a été présenté comme une « grande pétrolière » s’opposant à l’hydroélectricité. En fait, l’entreprise est l’un des plus importants producteurs d’énergie éolienne et solaire. Sa centrale thermique au Maine ne fonctionne que rarement, durant les périodes d’appoint. La ligne d’Hydro-Québec viendrait toutefois concurrencer sa centrale nucléaire au New Hampshire, avec une électricité moins coûteuse. L’entreprise de Floride a dépensé plus de 20 millions de dollars US pour inciter les électeurs à bloquer son concurrent québécois. Les producteurs d’électricité Calpine et Vistra tentent aussi de nuire au projet et ont dépensé 2,7 millions et 2,8 millions, respectivement. 

Opposé au projet, Richard Bennett, un sénateur républicain, déplore les arguments « absurdes » mis de l’avant par le groupe Mainers for Fair Laws, qui mise sur la crainte des électeurs conservateurs d’un gouvernement omnipotent. Le groupe, financé indirectement à hauteur de 11,9 millions de dollars US par CMP, a affirmé qu’un vote contre le projet ouvrirait une brèche légale permettant aux élus de retirer les armes à feu des mains de leurs propriétaires. Une interprétation rejetée par plusieurs juristes indépendants. « C’est une insulte à l’intelligence des citoyens, s’insurge le sénateur. Les arguments les plus farfelus circulent en cette fin de campagne. » 

La porte-parole du groupe n’a pas retourné notre appel. Précisons qu’Hydro-Québec n’y a pas contribué financièrement. 

Les 21,9 millions US dépensés par Hydro-Québec dérangent le sénateur. Avec ses collègues du Sénat et de la Chambre des représentants, M. Bennett a voté majoritairement en faveur d’une loi interdisant aux entités étrangères, comme Hydro-Québec, de financer une campagne électorale au Maine. La gouverneure démocrate Janet Mills y a opposé son veto en juin dernier, affirmant qu’elle pourrait empêcher des entreprises locales ayant des actionnaires étrangers de participer au processus démocratique. 

Hydro-Québec considère que ses dépenses faites en toute légalité sont justifiées pour expliquer les mérites du projet. « On fait une campagne d’information en raison de la désinformation outrancière qui circule sur notre énergie et le projet, explique Mme St-Laurent. C’est sûr qu’on va défendre la qualité propre de notre énergie. »

https://www.lapresse.ca/affaires/entreprises/2021-10-31/ligne-appalaches-maine/hydro-quebec-tente-de-convaincre-les-associations-environnementales-du-maine.php

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Il y a 1 heure, Rocco a dit :

Dealer avec les USA est un véritable calvaire. Non mais ils nous en mettent-tu des bâtons dans les roues. 

Les Américains sont en effet impitoyables en affaires. Ils se servent des dispositions de la loi comme d'une arme de guerre.

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il y a 8 minutes, Né entre les rapides a dit :

Si le projet est bloqué, qui seront les plus grands perdants?

Les citoyens de la planète seront les grands perdants car ce sont les pétrolières qui font de l'obstruction afin de préserver leur empire, ou à tout le moins d'en retarder le déclin le plus longtemps possible.

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Il y a 2 heures, Normand Hamel a dit :

Les citoyens de la planète seront les grands perdants car ce sont les pétrolières qui font de l'obstruction afin de préserver leur empire, ou à tout le moins d'en retarder le déclin le plus longtemps possible.

Oui.  Ce serait bien si les Américains réalisent qu'ils sont eux aussi des citoyens de la planète, et qu'ils fassent taire la minorité qui s'oppose au projet d'Hydro-Québec. Dans un message précédent, j'avais déjà laissé entendre assez clairement que je considérais que le projet était avantageux pour eux, non seulement pour le bien de la planète, mais pour eux en tant que consommateurs d'électricité.  En ce sens, je dis que les Américains seraient doublement perdants si le projet était bloqué.   

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Il y a 4 heures, Né entre les rapides a dit :

Ce serait bien si les Américains réalisent qu'ils sont eux aussi des citoyens de la planète, et qu'ils fassent taire la minorité qui s'oppose au projet d'Hydro-Québec.

L'ironie c'est que le referendum aura lieu demain le 2 novembre, c'est à dire pendant la COP26 à Glasgow.

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