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Référendum du Maine

La question à 10 milliards pour Hydro-Québec

C’est le référendum le plus coûteux de l’histoire du Maine et ce sera peut-être aussi celui qui coûtera le plus cher à Hydro-Québec, dont le contrat d’exportation avec le Massachusetts dépend des résultats de cette consultation populaire.

Hélène Baril - La Presse

Des ventes d’électricité devant rapporter une dizaine de milliards pendant 20 ans sont liées à la construction d’une ligne de transport à travers le Maine pour alimenter les consommateurs de Boston.

La réalisation ou non de cette nouvelle interconnexion fait l’objet de la première des trois questions au menu du référendum de mardi dans l’État qui compte 1,3 million d’habitants. Les deux autres questions sont liées à un emprunt obligataire et à la possibilité d’amender la Constitution pour y inclure le droit pour tous de cultiver et de faire pousser des aliments.

La question qui scellera le sort du projet connu sous le nom de NECEC (New England Clean Energy Connect) est de loin celle qui a coûté le plus cher à débattre de toute l’histoire du Maine. Elle demande notamment aux citoyens de bannir toute construction de ligne de haute tension sur le territoire, rétroactivement à 2020 (voir capsule). Les comités d’action politique formés comme la loi l’exige pour défendre leur position ont dépensé près de 100 millions US.

Le clan du Oui regroupe ceux qui veulent empêcher le projet. Il rassemble des entreprises, des élus et des environnementalistes qui pensent que l’énergie du Maine doit être produite localement. Les environnementalistes ont conclu des alliances contre nature avec les propriétaires de centrales au gaz naturel et concurrents d’Hydro-Québec Calpine, Nexterra Energy et Vistra Energy, qui ont financé leur campagne. Les opposants ont dépensé plus de 26 millions US dans la campagne référendaire.

Hydro-Québec et son partenaire américain Central Maine Power (CMP), du côté du Non, ont dépensé presque trois fois plus, soit 67,8 millions US, selon les chiffres officiels. 

Selon Hydro-Québec, ces chiffres ne reflètent pas la réalité. 

« Nous estimons que les dépenses non dévoilées [par les opposants] sont considérables », affirme Lynn St-Laurent, porte-parole de la société d’État. 

« Les dépenses de certains opposants demeurent inconnues, soutient-elle. Le groupe Stop the Corridor, notamment, a refusé d’ouvrir ses livres malgré l’insistance de la Commission d’éthique du Maine. » 

Le projet d’interconnexion a suscité des débats féroces auxquels ont participé une dizaine d’élus opposés au projet d’interconnexion. Certains ont tenté, sans succès, d’empêcher Hydro-Québec de participer à la campagne référendaire, parce qu’elle est la propriété d’un « gouvernement étranger » (lire la lettre du sénateur Richard Bennett).

Des élus s’opposent aussi à un projet qui sert les intérêts d’un autre État, le Massachusetts. « Nous ne sommes pas une rallonge électrique pour le Massachusetts », a résumé la représentante Jennifer Poirier, une républicaine, dans une lettre publiée dans les médias locaux. « Le corridor CMP est un mauvais projet pour le Maine. » 

Le projet compte toutefois parmi ses supporters la secrétaire à l’Énergie du gouvernement de Joe Biden, Jennifer Granholm, qui a exhorté les citoyens du Maine à dire non à la question qui leur est soumise. « Le projet permettra d’acheminer de l’énergie propre en Nouvelle-Angleterre et une réduction des émissions équivalant au retrait de 700 000 voitures », a-t-elle fait valoir à la toute fin de la campagne référendaire.

Issue incertaine

Le contrat avec le Massachusetts est l’un des deux plus importants contrats d’exportation de l’histoire d’Hydro-Québec, avec celui de l’État de New York annoncé plus récemment. 

Pour faire accepter son projet à la population du Maine, Hydro-Québec et son partenaire l’ont bonifié, de sorte qu’une partie de l’électricité disponible a été mise à la disposition de l’État à prix réduit. 

Des bénéfices totalisant 258 millions US ont été mis sur la table, sous forme d’aide au prolongement du réseau de télécommunications et au financement d’un réseau de bornes de recharge pour véhicules électriques. 

C’est la deuxième fois que le projet de ligne de transport fait face à un référendum. La première tentative des opposants pour soumettre le projet à une consultation publique a été abandonnée parce qu’ils exigeaient que les permis dûment accordés aux promoteurs par des institutions américaines légitimes leur soient retirés, ce qui a été jugé anticonstitutionnel. 

Après cette première tentative qui n’a pas abouti, les opposants ont réussi à forcer la tenue d’un autre référendum sur le projet d’interconnexion. Calpine, producteur d’énergie établi au Texas dont l’Office d’investissement du régime de pension du Canada est actionnaire, et les autres concurrents d’Hydro-Québec ont financé la récolte des signatures nécessaires à la tenue de la consultation.

Malgré l’épée de Damoclès que la consultation populaire fait peser sur le projet, les travaux de construction ont commencé et vont bon train sur une partie du tracé de 233 km (145 milles) entre la frontière du Québec et la ville de Lewiston, dans le Maine, où la ligne se raccordera au réseau de la Nouvelle-Angleterre. 

La construction du lien au coût de 1 milliard de dollars a pu commencer parce que le projet avait reçu toutes les autorisations et tous les permis requis, une dizaine au total. Un tronçon de moins d’un mille de long fait par ailleurs l’objet d’une contestation devant les tribunaux. 

Une victoire du Oui pourrait donner le coup de grâce au contrat d’Hydro-Québec, qui était son plus important avant l’annonce récente d’une entente semblable avec l’État de New York. 

À quelques heures du vote, les résultats sont encore impossibles à prévoir. Les deux options sont au coude-à-coude, selon les sondages publiés dans la presse locale. 

Advenant une défaite, « Hydro-Québec prendra le temps pour évaluer le résultat du référendum et déterminer les options pour la suite du projet », a fait savoir sa porte-parole. 

Comme les résultats s’annoncent serrés, un recomptage des votes n’est pas à exclure.

L’interconnexion à travers le Maine était déjà le plan B d’Hydro-Québec, qui avait plus tôt échoué à faire accepter par le New Hampshire le passage d’une ligne de transport vers Boston. Ce projet connu sous le nom de Northern Pass a été abandonné en 2018, et Hydro-Québec a radié les dépenses liées à ce projet, soit 46 millions. 

La mise en service de l’interconnexion vers le Massachusetts, originellement prévue en 2020, a été reportée à l’automne 2022. 

Hydro-Québec indique qu’elle n’a pas de plan de rechange, si le Oui l’emporte. « Le projet NECEC a franchi avec succès toutes les étapes réglementaires requises et représente ainsi la meilleure option, tant sur le plan économique qu’environnemental, pour répondre aux exigences du contrat qui finance cette infrastructure », a fait savoir la société d’État.

https://www.lapresse.ca/affaires/2021-11-01/referendum-du-maine/la-question-a-10-milliards-pour-hydro-quebec.php

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il y a une heure, mtlurb a dit :

Je ne crois pas que ça va passer à voir le vox pop présenté au téléjournal tantôt... 

Compte tenu de l'importance de ce contrat je suis étonné que si peu de média d'ici suivent ce referendum d'aussi près qu'ils devraient le faire.

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Il y a 18 heures, Normand Hamel a dit :

Compte tenu de l'importance de ce contrat je suis étonné que si peu de média d'ici suivent ce referendum d'aussi près qu'ils devraient le faire.

C’est parce que les médias d’ici ne peuvent pas influencer le débat 😈

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Le 2007-02-09 à 15:09, loulou123 a dit :

Hydro-Québec Distribution aurait pu vendre ces surplus sur les marchés à profit et faire bénéficier ses clients d'une réduction de tarifs. Elle a refusé de prendre cette voie puisque son mandat n'est pas de revendre de l'énergie et qu'elle n'aurait pas pu en tirer un prix assez intéressant, ont affirmé ses représentants devant la Régie. Ces derniers estiment que les quantités à remettre sur le marché étaient telles que la vente de celles-ci aurait fait baisser le prix de vente.

La porte-parole de l'opposition officielle en matière d'énergie, Rita Dionne-Marsolais, estime que ce genre d'entente mine la crédibilité d'Hydro-Québec sur les marchés financiers. « Le message que ça envoie, c'est qu'Hydro joue selon les règles du marché seulement quand ça fait son affaire », a-t-elle déploré.

(ci-dessus un extrait de l'article cité)

La porte-parole de l'opposition officielle devrait savoir une chose:  Hydro-Québec est présente dans un marché oligopolistique, i.e. où le nombre de vendeurs est limité.  C'est très différent d'une situation de concurrence "pure et parfaite", où chacun des vendeurs (parfois producteurs aussi) est trop petit pour influencer les prix: les "règles du marché" auxquelles madame Dionne-Marsolais fait référence s'appliquent à ce cas. Les vendeurs/producteurs sont de simples "price takers": ils vendent le plus possible, aussi longtemps que leurs coûts marginaux restent inférieurs à leurs revenus marginaux (lesquels correspondent aux prix du marché)..

Dans un marché oligopolistique,  les décisions de chacun des joueurs, par exemple augmenter ou limiter l'offre, ont un effet tangible sur le niveau des prix d'équilibre.  La maximisation du profit doit en tenir compte pleinement.  C'est précisément l'essence de l'explication fournie par les représentants d'H-Q, à la dernière phrase du premier paragraphe cité.  Les Marchés financiers comprennent parfaitement la décision d'Hydro, qui agit comme il se doit.

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Transport d’électricité vers Boston

Québec veut aller de l’avant malgré l’échec référendaire

Le gouvernement Legault estime qu’Hydro-Québec et son partenaire Central Maine Power peuvent poursuivre la construction d’une ligne de transport d’électricité vers le Massachusetts malgré la défaite référendaire subie hier.

Charles Lecavalier - La Presse

« Légalement, on pense qu’on peut aller de l’avant », a indiqué le ministre de l’Énergie Jonatan Julien mercredi lors d’un échange au Salon bleu. En mêlée de presse au matin, il était encore plus frondeur. « Le projet doit aller de l’avant parce qu’on avait toutes les autorisations pour le faire. On ne démobilise pas les ressources. On est sur le terrain et on travaille », a-t-il dit. 

La veille, Hydro-Québec et son partenaire Central Maine Power ont subi une défaite cinglante aux mains des opposants au projet énergétique qui permettrait d’alimenter les consommateurs de Boston en passant par le Maine. Les conséquences sont importantes : ces ventes d’électricités rapporteraient au Québec une dizaine de milliards sur 20 ans. 

Mais près de 60 % des citoyens du Maine s’y sont opposés de façon rétroactive. C’est ce qui dérange le gouvernement du Québec, puisque la construction est commencée depuis janvier 2020, et le partenaire d’Hydro-Québec a déjà dépensé 400 millions US pour faire avancer le projet, dont le coût total est estimé à 1 milliard US. 

Le ministre souligne que le projet a obtenu toutes les autorisations nécessaires, incluant une autorisation présidentielle et des autorisations du département de l’Énergie des États-Unis. 

« Un référendum qui vient prendre une position et qui vient défaire de manière rétroactive tous les permis qu’on a obtenus avec notre partenaire, on trouve ça particulier, et on va valider toutes les options juridiques », a indiqué le ministre Julien. 

M. Julien s’est questionné à voix haute sur la valeur du référendum. « C’est ce qu’on est en train d’analyser avec les équipes juridiques. On va regarder ça attentivement. Comme investisseur, comme partie prenante dans un projet, rétroactivement, alors qu’on avait tout ce qu’il fallait pour le faire, on s’interroge fortement », a-t-il dit.

https://www.lapresse.ca/actualites/politique/2021-11-03/transport-d-electricite-vers-boston/quebec-veut-aller-de-l-avant-malgre-l-echec-referendaire.php

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