Le trou de beigne

[acpnc]

Je n'ai jamais dit qu'il était impossible d'élever une famille à Montréal. Je me demande simplement comment est-ce que c'est faisable. Évidemment, que ça l'est, au nombre de jeunes qui y sont. Mais comment. Je ne suis pas certain que j'aurais aimé habiter à loyer, sans gazon, juste des escaliers et du bitume...

 

Sinon, il y a toujours des unifamiliales à Montréal...

 

Avant que la banlieue n'existe, c'est-à-dire jusqu'au années soixantes, les familles habitaient en ville dans des triplex et autres habitations à loyers multiples et personne ne voyait le problème. J'ai été moi-même élevé avec mes 5 frères et soeurs dans le quartier centre-sud, dans les années 50, et ai vécu une enfance merveilleuse au troisième étage d'un triplex.

 

Nous faisions, tous les weekends, des balades en campagne chez la parenté, et un peu plus tard vers 1965 nous avons, comme plusieurs familles urbaines, acheté un petit chalet en campagne. Mais la ville était là où tout se passait et on avait pas idée de nous établir à l'extérieur puisque la campagne, à part l'agriculture, était vue pour les activités de loisirs seulement.

 

Bien sûr les temps ont changé et les moyens ont évolué, la société n'est plus à l'image des années pré-révolution tranquille et les familles nombreuses ont pratiquement disparu du paysage. Ironiquement il y avait plus de gens par logement et personne ne s'en plaignait. On avait pas encore découvert les valeurs individualistes et matérialistes d'aujourd'hui, qui font que les gens m'apparaissent vivre une vie beaucoup moins satisfaisante et infiniment plus stressante, dans leur petit paradis banlieusard d'espace et de gazon vert. Je le sais, j'y habite depuis 20 ans.

 

Tout est relatif dans la vie et le "bonheur" une perception hyper subjective. La banlieue est née de la démocratisation de la voiture qui permettait de vivre à l'extérieur du centre urbain en profitant d'un espace plus exclusif, dans une maison individuelle.

 

C'est premièrement la classe moyenne qui a migré vers l'extérieur au profit de salaires plus élevés et lentement la banlieue s'est installée dans l'imaginaire collectif comme un élément de réussite dans la vie. C'était une nouvelle expérience sociale et personne n'envisageait alors le cauchemar qu'elle deviendrait, aujourd'hui, avec la circulation infernale au quotidien.

 

Ce dernier phénomène ouvre d'ailleurs lentement la porte à un mouvement de retour en ville, qui cependant n'aura jamais l'ampleur de l'exode vers la banlieue des années 70-80. Ceci parce que la banlieue, à son tour, se densifie et offre un pourcentage important de nouveaux emplois qui les transforment peu à peu en ville de services à leur tour.

 

La ville n'est donc plus l'endroit à fuir à tout prix, et devient, elle aussi par la formule condos notamment, une option valable de posséder son logement dans un environnement amélioré et plus convivial. De toute façon, la proche banlieue en se densifiant, offre un milieu qui ressemble de plus en plus à la ville elle-même. Elle se voit donc maintenant faire compétition avec la ville-centre par une formule qui s'éloigne tranquillement de l'idéal rêvé qui ne la différencie plus autant dans l'imaginaire collectif.

 

A mon avis il y a donc espoir de retour à un certain équilibre en évitant au passage le développement du trou de beigne. La ville n'est plus l'enfer des petites familles qui peuvent trouver plus facilement un espace de vie de qualité. Et en dépit des prix plus élevés des habitations, redevient un choix très valable économiquement parlant. Les avantages commencent à compenser largement les inconvénients qui s'atténuent à mesure que l'offre se diversifie.

[JFrosty]

Ce qu'il faut réaliser aussi avec Montréal, c'est que si le fleuve n'y était pas, Longueuil et Laval ne seraient pas autant vues comme des banlieues que des quartiers moins dense de la ville centre.

 

C'est les particularités que des villes comme Montréal ou New York ont, elle sont physiquement délimitées par la géographie.

[uqam+]

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Modifié 10 novembre 2011 par uqam+

[pedepy]

hein ? ...

 

C'est sûr que la banlieue a représenté la démocratisation de l'espace, de la verdure, du loisir à domicile. Elle offre plein d'avantages réels.

 

Et comme tout le monde le sent et le dit, l'enjeu le plus décisif est celui des familles. La ville a mauvaise presse pour élever une famille. J'essaie de faire une liste des raisons :

 

 

- espace trop réduit, surtout pour des ados, qui veulent un sous-sol ou autre pour les films, musique, party, ou une cour pour la piscine ou un garage pour mettre vélos, motos, etc. ;

 

tu decris encore la des ados de la banlieue ... je ne savais pas que c'etait dans la genetique humaine de soudainement desirer un "sous sol" a l'age de 14 ans. ca m'a jamais manquer personellement, en tout cas. idem pour tout mes amis a l'epoque ..

 

- manque d'espace vert dans le voisinage immédiat ;

 

je pensais qu'on l'avais mit a mort, ce mythe ? il ne manque pas d'espace vert dans le voisinage des familles habitant en ville, il y a juste moins de gazon chez le voisin....

 

- trop peu "d'autres familles" pour se faire amis,

 

y'a en masse d'autre familles en ville, en masse d'autres jeunes a l'ecole pour se faire des amis, bref: y a pas que des celibataires habitants dans des bachelors dans la gran' ville..

 

- en ville, des zones jugées trop peu sûres, qu'on perçoit comme violentes, sales, pleines de monde peu fréquentable ;

 

celle la je les entends depuis que je suis tout petit; genre d'arguments typiques bordelines xenophobes, bourre d'ignorance qui ressort la plupart du temps de ces gens cloitres dans leur chateaux forts gazones d'outre-fleuve... sortir un peu de chez soi de temps en temps chasse la plupart de ces idees. essayez le !

 

- une trop grande proximité avec une population immigrante, anglophone, etc. (à ne pas sous-estimer dans l'explication des choix : il faut regarder la vérité en face) ;

 

y reste toujours le nord de la suede ou un bunker dans la tundra ..

 

- difficile d'avoir une 2e voiture en l'absence d'un garage ;

 

a quoi ca sert, une deuxieme voiture ?...

 

- le stress associé avec la foule dans le métro, sur les rues commerciales, etc.

 

faut pas etre fait fort, mais bon tout est une question de gout j'imagine. croyez le ou non, quand on grandis dans ces foules du metro et sur ces rues commerciales bondees, c'est exactement ce que l'on recherche une fois adulte ! incroyable, non ?

 

Au total, le plus important semble l'espace, la tranquillité, le sentiment d'avoir une petite zone verte et loisir à soi.

 

La ville ne pourra pas empêcher cela. Mais elle pourrait faire des efforts supplémentaires pour garder des jeunes familles. Il me semble que si l'homme a été capable d'aller sur la lune, il pourrait aussi réinventer des "quartiers famille en ville." Si on faisait plancher des équipes d'urbanistes, d'architectes, de sociologues, et last but not the least, de parents et d'ados, en leur disant : inventez-nous un quartier urbain idéal pour les familles, il me semble que des idées intéressantes pourraient en sortir.

 

On est trop passif, sur ces questions. Je crois à l'utilité des utopies ! Montréal a encore des espaces à développer, pourquoi ne pas y mettre de l'imagination, au lieu de simplement planter les mêmes condos ou duplex partout ?

 

 

ya rien a "empecher", et la ville n'a rien a changer ... acpnc l'a dit lui meme: il est trop possible de grandir heureux meme dans le haut d'un "triplex". et pas seulement dans les joyeuses annees 50, je l'ai fait moi meme a moitie dans le merdier d'hochelag dans annees 80 et la frontiere des gueguerres raciales des limites nord de st-leonard / montreal-nord dans les annees 90. c'etait pas toujours "utopique", mais yavait rien la, batard ...

 

les gens ne demenagent en banlieue que parce que c'est ce qu'on leur fait miroiter comme etant le meilleur choix. plusieurs finissent par le regretter, famille ou pas ... cette notion qu'un environnement peut etre plus ou moins apte au development de familles est ridicule; c'est au mieux une mentalite vetuste qui a pris racine dans une campable publicitaire d'un agent d'immeuble ou d'un concessionnaire automobile dans les annees 60-70.

 

lachez la ville tranqille, vous ne la connaissez de toute evidence pas du tout !

Modifié 18 décembre 2010 par pedepy

[uqam+]

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Modifié 10 novembre 2011 par uqam+

[Aurélien]

lachez la ville tranqille, vous ne la connaissez de toute evidence pas du tout !

 

C'est exactement l'objet de cette discussion. Je pose des questions, je n'étale pas des faits. Je lis vos réponses avec attention.

[Malek]

Avant que la banlieue n'existe, c'est-à-dire jusqu'au années soixantes, les familles habitaient en ville dans des triplex et autres habitations à loyers multiples et personne ne voyait le problème.

 

Je commence à être fatiguée de cette explication un peu pas mal trop faible. (et je ne te vise pas particulièrement acpnc)

 

Oui avant les gens habitaient 12 dans un 3 chambres, oui c'est vrai, oui ils ont survécus, et puis???

 

Avant le 20ième siècle, il y avait pas de réfrigirateur, oui les gens ont survécus, la race humaine ne s'est pas éteinte.

 

Mes parents n'avaient pas l'eau courante quand ils étaient jeune, regardez je suis en vie et pour preuve je tappe ceci:silly:

 

Je sais que je serais capable d'élever ma famille dans un 4 et demi, au diable, donnez moi un gros 3 et demi, et je vais survivre... mais là n'est pas la question.

 

La vrai question est: Est ce que les gens veulent se retrouver dans les (quelques) situations que je viens d'énumérer? Évidemment la raison est un retentissant NON.

 

La qualité de vie c'est une spirale sans fin, quand on y goûte on ne veut pas retourner en arrière, jamais.

Modifié 18 décembre 2010 par Malek

[JFrosty]

Mais pourtant! J'ai vécu dans des grandes maisons avec des sous-sols et je préfère encore de vivre dans un 4-5 et demi!

 

De comparer la situation Maison en banlieue vs Appart en ville à Avec réfrigérateur vs Sans réfrigérateur est assez faible aussi...

[mtlurb]

Tu ne représentes pas la très vaste majorité, et t'es célibataire.

[Aurélien]

Exactement. Je n'aurais pas de ces craintes de manque d'espace et bla bla bla si j'étais célibataire. Mais une famille?

 

Je n'ai pas encore expérimenté la vie en ville. Peut-être que qu'en allant y vivre, un jour, je répondrai à ces questions moi-même...