Aller au contenu

Le Bourbon (1560 Ste-Catherine Est) - 9 étages (2021)


mtlurb

Messages recommendés

Les « promesses brisées » d’un projet immobilier dans le Village

Publié aujourd'hui à 4 h 28
Une projection du Bourbon.
Le Bourbon sera situé en bordure de la rue Sainte-Catherine. Photo : Le Bourbon
 

En abandonnant le locatif pour une vente massive de condos « chics », le controversé projet du Bourbon, dans le centre-ville de Montréal, met en colère l'équipe de Valérie Plante et plusieurs organismes, qui évoquent des « promesses brisées ». L'an passé, le promoteur avait obtenu l'autorisation de l'ancien maire Denis Coderre de construire un immeuble bien plus haut que ne le permet le règlement de l'arrondissement.

 

Un texte de Romain Schué

« Est-ce que l’on s’est fait avoir ? Oui. On s’est complètement fait rouler », dénonce Christian Tanguay, le directeur du Centre communautaire LGBTQ+ de Montréal.

À l’instar des élus de Ville-Marie, Christian Tanguay est remonté contre le groupe MSC Investissements Canada inc., promoteur de ce projet immobilier situé entre l’avenue Papineau et la rue Alexandre-DeSève, aux abords de la rue Sainte-Catherine.

Ce nouveau site résidentiel va prendre la place de l’ancien complexe Bourbon, haut lieu festif du Village dans les années 1990 et 2000. Ce bâtiment a successivement accueilli à l’époque un restaurant, un hôtel, de nombreux bars et même une chapelle permettant des mariages de couples gais, avant d’être laissé à l’abandon en 2014 et démoli en début d’année.

L'ancien complexe Bourbon était vacant depuis 2014.
L'ancien complexe Bourbon était vacant depuis 2014. Photo : OCPM

Ce n'est pas cette nouvelle vocation résidentielle qui est au cœur des critiques, chaque partie dénonçant l’état de désuétude du site actuel. Ce sont davantage les « promesses » faites par le promoteur et l’absence de garantie de la part de l’équipe de Denis Coderre, selon la nouvelle administration, qui fâchent.

Les citoyens se sentent abandonnés par l’ancienne administration et par le promoteur qui avait pourtant fait part de certaines intentions. Pour nous, maintenant, c’est difficile de récupérer ce projet.

Richard Ryan, conseiller de Ville-Marie

Une autorisation décriée

À la demande du promoteur, l’administration de Denis Coderre avait permis l'an passé au futur bâtiment d’atteindre une hauteur de 31,7 mètres, plutôt que les 14 mètres autorisés par les normes en vigueur, afin de construire une centaine de logements. Alors chef de l’opposition, Valérie Plante s’y était opposée.

Cette décision allait à l’encontre de l’avis du Comité Jacques-Viger, chargé de conseiller la Ville en matière d’urbanisme et d’architecture, qui avait émis plus tôt un avis défavorable à une telle modification du plan d’urbanisme. Le comité avait aussi fait part de réserves concernant l’apport de ce projet à la communauté du Village.

Saisi par le conseil municipal, l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM) avait lui aussi avancé quelques doutes, après des rencontres qui ont réuni plus de 200 personnes. « Les modifications proposées doivent procurer un bénéfice à la communauté au moins équivalent à celui qu’en tireront les propriétaires de ces terrains », avait écrit, en mai 2017, l’OCPM au maire de Montréal.

Un terrain vacant
Le Bourbon sera construit à l'angle des rues Sainte-Catherine et Alexandre-DeSève. Photo : Radio-Canada/Romain Schué

Une « décision d’affaires » modifie le projet

À l’époque, MCS Investissements, dont l’actionnaire majoritaire réside au Qatar selon le Registraire des entreprises du Québec, avait mis de l’avant une proposition de logements locatifs, lit-on dans le rapport de l’OCPM. C’est dans cet esprit-là que les élus ont majoritairement voté en faveur de ce projet jugé « exemplaire » et « cohérent » par Richard Bergeron, conseiller du quartier, et Denis Coderre, interrogés à de multiples reprises durant les séances du conseil de Ville-Marie.

Différents organismes y espéraient des prix abordables, pour « ne pas assister à un exode des familles dans un secteur où il y a beaucoup de besoins », explique Éric Michaud, coordonnateur du Comité logement Ville-Marie.

Finalement, le promoteur a plutôt décidé de vendre, dès le mois d’août, l’ensemble de ces condos « chics et modernes », qui devraient être livrés fin 2020. « C’est une décision d’affaires pure et simple », justifie Alexandre Tazi, codirecteur des ventes, précisant que le « projet évolue au fil du temps ».

« Il n’y a eu aucune lettre d’intention, aucune garantie par écrit demandée par l’ancienne administration, regrette Richard Ryan, élu de Projet Montréal. Maintenant, le promoteur peut faire ce qu’il veut. C’est une cruelle déception, car le locatif est toujours le bienvenu pour maintenir la mixité sociale. »

Députée du quartier, Manon Massé juge quant à elle « désolant de voir que le promoteur n'a pas tenu sa parole ». « Ce dont le centre-ville a grand besoin de développer, c'est son parc locatif, pas des nouveaux condos », ajoute la porte-parole de Québec solidaire, enjoignant l’administration Plante à « faire pression » auprès du promoteur.

Le projet Bourbon

  • Entre 98 et 105 condos résidentiels répartis sur 9 étages, avec une piscine, une salle de yoga sur le toit et des vélos pour les résidents;
  • De 600 à plus de 1000 pieds carrés par unité;
  • Des logements d'une chambre (environ 56 %), deux chambres (35 %), trois chambres (9 %);
  • Des prix allant de 249 900 $ plus taxes, à environ 700 000 $ plus taxes;
  • Près de 70 places de stationnement intérieures, avec des bornes de recharge électrique;


Source : MSC Investissements Canada

Airbnb autorisé

Ce n’est pas tout. Dans une publicité rapidement retirée après une communication avec l’arrondissement, Le Bourbon a lancé sur les réseaux sociaux un appel « aux investisseurs » prêts à louer leur unité sur Airbnb, alors que Ville-Marie vient de fermement restreindre cet usage.

S’ils reconnaissent une erreur de la part « d’un tiers qu’on a rappelé à l’ordre », les responsables du projet confirment que la location à court et long terme sera autorisée dans la déclaration de copropriété « selon les lois en vigueur ».

« On a pensé à un acheteur européen ou américain qui désire avoir un pied à terre dans le coeur du Village, pour venir s’installer pour l’été avant de retourner dans sa ville pour travailler le reste de l’année », défend Alexandre Tazi, précisant ne pas avoir dans l’« idée de faire un immeuble Airbnb pour investisseurs ».

Sur ce point-là, l’arrondissement est ferme. « On n’accordera aucun permis de résidence touristique, clame Richard Ryan. On comprend leur modèle d’affaires, mais s’ils voulaient faire un hôtel, il fallait le demander comme tel. »

Une place encore floue pour un organisme

Afin de répondre à l’une des recommandations de l’OCPM, seul un usage réservé à une « activité communautaire et socioculturelle » est autorisé sur l’ensemble du deuxième étage, d’environ 1400 mètres carrés.

Problème : ni le prix du loyer ni la durée du bail n’ont été définis au préalable entre l’administration et le promoteur, déplorent les organismes et l’équipe de Projet Montréal, alors que l’OCPM recommandait « une occupation durable de ces locaux » par « des organismes communautaires LGBT ».

Labid Aljundi, président de la firme, a proposé cet étage « à 30% de la valeur du marché pour les 3 premières années, renouvelable selon les conditions du marché » au Centre communautaire LGBTQ+ de Montréal, intéressé par cet espace, afin de regrouper plusieurs organismes gais et lesbiens dans ce lieu.

Mais l’organisme a décliné l’offre, la jugeant de trop courte durée. « Je dois sécuriser mon organisme. Payer au prix du marché, c’est impossible, regrette son directeur, Christian Tanguay. Il nous faut du très, très long terme. Mais quel pouvoir a-t-on devant un homme d’affaires? La Ville a raté son coup, elle aurait dû baliser cette entente. Nous, on n’a pas de levier. »

Christian Tanguay craint que le promoteur ne se tourne à présent vers des organismes ou des fondations plus fortunés, oeuvrant dans le milieu culturel.

Sans fermer la porte à une cette possibilité, le promoteur a néanmoins indiqué à Radio-Canada être toujours « ouvert » à discuter avec la communauté LGBTQ+, tout en mentionnant qu’une étude de marché va être faite pour déterminer le prix du loyer.

Cette décision ne ravit pas l’arrondissement de Ville-Marie. « Ils [le promoteur] sont à moins 100 en termes d’acceptabilité sociale, déplore Richard Ryan. Ils pourraient très bien louer à gros prix cet espace, puisqu’il n’y a pas eu de clauses signées. Le bouchon a sauté. C’est extrêmement sensible et le mal est fait. On s’éloigne de plus en plus des intentions initiales. »

Des commerces de proximité verront le jour au premier étage.
Des commerces de proximité verront le jour au premier étage. Photo : Le Bourbon

Le promoteur veut améliorer le quartier

Face aux vives critiques, le promoteur assure vouloir « contribuer à améliorer le quartier et non le contraire ». « On n’est pas des méchants », réagit son représentant, Alexandre Tazi.

Au premier étage, rappelle-t-il, des commerces de proximité, avec « une épicerie fine et un café », seront ouverts pour « revitaliser le quartier ».

« On n’est pas en train de démolir un édifice avec des logements sociaux pour créer des condos de luxe. Bien au contraire », affirme-t-il, rappelant que l’ancien complexe « faisait rêver, mais était dangereux et irrécupérable ». On crée quelque chose de nouveau qui va bien s'agencer dans le quartier. Je crois que c’est du progrès, c’est une évolution aussi ».

Par ailleurs, la firme ne construira pas de logements sociaux dans ce bâtiment, mais elle versera, tel que cela est possible dans la stratégie d’inclusion de la Ville de Montréal, une compensation financière de 369 000 $.

https://ici.radio-canada.ca/amp/1111251/projet-bourbon-promoteur-centre-ville-montreal-organismes-administration-plante

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

il y a 16 minutes, fmfranck a dit :

Des fois, on dirait que Romain Schué et Thomas Gerbet travaillent pour Projet Montréal.

C'est le travail des journalistes de fouiller les dossiers et de demander des comptes. Si on fait un premier bilan à partir des informations obtenues, on peut dire que l'administration Coderre a agit en amateur en ne demandant pas de garanti en échange de changements de zonage. Il est donc clair qu'ayant les mains libres, le promoteur se désengagera de ses promesses pour ne veiller qu'à ses propres intérêts.

A remarquer que je ne suis pas contre ce projet qui contribuera à renouveler l'image de la rue Ste-Catherine. Mais je critiquerai son esprit qui n'a pas respecté les attentes suite aux consultations de la population. 

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Quand tu dois mettre une partie du titre entre parenthèse, c'est que tu parles de supposition. 

À nouveau du journalisme qui se révèle être d'abord une prise de position plutôt qu'une analyse des faits. 

Je le savais qu'on s'en allait vers ce genre de journalisme quand Simon Durivage a commencé à donner ses commentaires personnels en faisant le rapport sur l'actualité y'a une vingtaine d'années. 

 

  • Like 3
Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Le journaliste rapporte une opinion (tout en questionnant un représentant du promoteur). Ça ne veut pas dire qu'il en formule une.

Quand les médias rapportent qu'une pétition sur Camilien-Houde a obtenu plusieurs milliers de signature et citent l'opposition, est ce qu'ils prennent position?

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

il y a 23 minutes, UrbMtl a dit :

Le journaliste rapporte une opinion (tout en questionnant un représentant du promoteur). Ça ne veut pas dire qu'il en formule une.

Quand les médias rapportent qu'une pétition sur Camilien-Houde a obtenu plusieurs milliers de signature et citent l'opposition, est ce qu'ils prennent position?

Ce contexte n'est pas offert à chaque mise en contexte sur le sujet, loin de là. https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1099520/vitesse-circulation-mont-royal-reduite-40-km-h

Par contre, quand ça favorise PM, on manque pas de dire que des organismes soutiennent la démarche de PM. Si tu n'as pas remarqué ce "courant" dans le journal Métro et sur Radio-Canada, portes y attention. Tu seras surpris je crois. 

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

il y a 21 minutes, fmfranck a dit :

Par contre, quand ça favorise PM, on manque pas de dire que des organismes soutiennent la démarche de PM. 

Citer la pétition sur la fermeture du chemin CH lorsqu'il il est question de la diminution de la vitesse maximale, mais ne pas citer les organismes qui prennent position spécifiquement sur le sujet de l'article.

Franchement, quand on est rendu à accuser les journalistes parce que la nouvelle ne nous plaît pas... Je me demande qui est le plus biaisé dans cette histoire. :silly:

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Romain Schué a travaillé chez Métro avant d'être à Radio-Canada, ça ne me surprendrait pas qu'on parle du même journaliste ici… Mais c'est un journaliste municipal qui est impliqué depuis longtemps, ses articles sont pas mal toujours bons. Il y a un réel travail d'enquête, il va chercher toutes les sources, et l'avis de tout le monde. L'article ici n'est pas différent, il y a de la place pour tout le monde. Je ne suis pas un fan de mettre une citation dans un titre par contre, mais c'est à la mode dans tous les médias… Et ça reste une citation.

Si certaines administrations sont plus souvent critiquées, c'est peut-être qu'elles donnent simplement plus de travail aux journalistes, ni plus ni moins. Projet Montréal n'était pas au pouvoir jusqu'à récemment, en dehors de deux arrondissements. Il y a moins de stock sur lequel travailler, par définition. Et peut-être aussi que c'est une administration plus prudente sur la forme depuis qu'ils sont à la mairie de Montréal.

De plus, Projet Montréal a une approche citoyenne et est plutôt à gauche, tout en étant impliqué dans les causes sociales. C'est pas difficile de trouver des organismes et des militants organisés qui vont soutenir publiquement leurs démarches. À l'opposé, l'opposition aux mesures de Projet Montréal est souvent désorganisé. Pour donner un exemple, l'opposition la plus vocale sur le Plateau, après trois mandats, c'est des tweets pas content de Guy A. Lepage et un ancien commerçant qui fait des comptes Facebook anonymes pour surfer sur toutes les petites controverses… Ça vole par fort :P.

  • Like 1
Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Join the conversation

You can post now and register later. If you have an account, sign in now to post with your account.

Invité
Répondre à ce sujet…

×   Vous avez collé du contenu avec mise en forme.   Supprimer la mise en forme

  Seulement 75 émoticônes maximum sont autorisées.

×   Votre lien a été automatiquement intégré.   Afficher plutôt comme un lien

×   Votre contenu précédent a été rétabli.   Vider l’éditeur

×   You cannot paste images directly. Upload or insert images from URL.


Countup


×
×
  • Créer...