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Réfection du tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine


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Pont-tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine | Sans voie réservée au covoiturage, « ça va être encore plus l’enfer »

Henri Ouellette-Vézina

Des usagers dénoncent la décision du ministère des Transports de retirer l’accès au covoiturage dans la voie réservée aux autobus dans le pont-tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine. Pour beaucoup, la position de Québec, selon qui les infractions y sont « trop nombreuses », risque fortement d’augmenter la congestion.

Publié à 0h44Mis à jour à 5h00

« On s’est rarement sentis autant en colère », lance Francis Lalancette. Cet enseignant, qui habite à Saint-Amable, sur la Rive-Sud, prend le pont-tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine tous les jours pour aller travailler à Montréal.

Depuis quelques mois déjà, il prenait une seule voiture avec sa conjointe Bénédicte Garçon-Fortin, aussi professeure, pour se rendre dans l’île, parfois en compagnie d’autres usagers de la route.

« Avec la voie réservée, ça valait la peine pour moi d’aller chercher ma conjointe à son école, puis notre petit garçon à la garderie et ensuite de revenir. Là, on va devoir revenir à deux autos, sinon ça prendrait quasiment deux heures rentrer, et ça n’aurait plus de sens. Le résultat, au final, si beaucoup de gens doivent faire comme nous, c’est que ça va être encore plus l’enfer dans le trafic », lâche M. Lalancette.

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PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Francis Lalancette, sa conjointe Bénédicte Garçon-Fortin et leur fils de 2 ans

Vendredi, le gouvernement Legault avait annoncé sans tambour ni trompette, par la page Facebook du mégachantier du pont-tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine, qu’à compter de lundi, la voie réservée de la bretelle d’accès en provenance de la rue des Futailles à Montréal serait dorénavant uniquement accessible aux autobus.

En raison « d’infractions trop nombreuses, le covoiturage ne sera plus autorisé », soutenait-on. Rapidement, une avalanche de commentaires s’est accumulée sous ladite publication. « C’est vraiment injuste pour ceux qui en ont vraiment besoin. Il doit bien y avoir un moyen de corriger ça et de garder cet accès aux voitures transportant plusieurs personnes », a notamment évoqué Carole Pronovost, suivie par plusieurs autres.

« C’était quelque chose de très efficace »

D’autres usagers ne décolèrent pas. Yanick Bayard, qui habite à Boucherville, mais travaille dans l’est de Montréal, avait formé plusieurs groupes de covoitureurs avec ses collègues dans les derniers mois. Irrité par la décision, il a d’ailleurs écrit à la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, dans les derniers jours pour demander son intervention.

Ça revient à dire qu’on va punir une majorité qui faisait ça pour les bonnes raisons pour une minorité de personnes qui sont délinquantes. Ça va vraiment à contresens du gros bon sens.

Yanick Bayard

Pour M. Bayard aussi, l’impact sera important. « Le soir, on était de retour en 30 minutes environ à notre point de départ. C’était quelque chose de très efficace, on trouvait ça vraiment extraordinaire. Et ça enlevait beaucoup de voitures des routes, surtout. On a tous du mal à comprendre ce qui s’est passé », insiste-t-il.

« Le gouvernement nous a demandé de prendre action, de faire du covoiturage pour être la solution, puis quelques mois après, on nous enlève nos options ? Le discours ne tient pas », tonne quant à lui Éric Latendresse, un chef d’atelier qui travaille à la base militaire de Longue-Pointe.

Son groupe avait d’ailleurs aussi donné la directive à « beaucoup d’employés » de prendre la voie réservée au covoiturage avec au moins trois personnes à bord.

Ça permettait à beaucoup de gens de choisir cette option. Tous ces gens-là risquent maintenant de se joindre au trafic, ça va devenir un problème.

Éric Latendresse

M. Latendresse estime qu’il serait tout à fait possible de donner plus de contraventions pour changer les mentalités, en garantissant une présence policière accrue aux abords du tunnel, voire à l’aide d’un système de caméras. « Il existe plein de solutions pour maintenir le covoiturage. »

Jusqu’à 200 récalcitrants par jour

Questionné par La Presse, le ministère des Transports dit « comprendre la déception » des covoitureurs, mais précise qu’il doit « tenir compte du nombre important de véhicules qui s’insèrent illégalement par cette voie ».

« À la suite d’observations, près de 200 usagers par jour empruntaient la bretelle sans y être autorisés, dont entre 15 et 20 % de camions. Cette tendance s’accentuait au fil des semaines, et ce, malgré la présence des policiers », soutient le porte-parole du Ministère, Gilles Payer, qui soutient qu’une présence policière est assurée « 80 % du temps ».

Québec soutient que le non-respect de la signalisation n’était pas le seul irritant, mais affirme aussi avoir constaté « plusieurs manœuvres dangereuses » d’usagers dans la bretelle. « Certains revenaient en sens inverse lorsqu’ils constataient la présence policière en place », lance même M. Payer.

Selon lui, les véhicules à trois occupants et plus qui utilisent la voie réservée seraient d’ailleurs « très peu nombreux en comparaison au nombre de véhicules en infraction ». Ultimement, la décision de retirer l’accès aux covoitureurs, insiste le porte-parole, a « également été prise afin de maintenir un accès sécuritaire et efficace en tout temps aux services d’urgence ».

La titulaire de la Chaire mobilité à Polytechnique Montréal, Catherine Morency, s’explique quant à elle mal la décision du Ministère. « C’est vraiment un désincitatif important, et c’est surtout une drôle de raison de justifier ça par un enjeu de contrôle, alors qu’il existe plein d’autres solutions », soutient-elle.

L’histoire jusqu’ici

Octobre 2022 

La fermeture partielle du Pont-tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine force la fermeture de trois voies sur six. Le chantier s’échelonnera jusqu’en 2026.

Mars 2023 

Le covoiturage pour les voitures avec trois personnes et plus à bord est autorisé dans la voie réservée pour inciter à délaisser l’auto solo.

Août 2023 

Expliquant faire face à trop d’infractions, le ministère des Transports exclut le covoiturage de la voie réservée, à peine cinq mois après son implantation.

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