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Tout ce qui a été posté par uqam+

  1. C'est pas mal du tout, ce petit projet. Sobre, contemporain, avec à la fois un jeu de volumes intéressant et une bonne intégration au secteur. La fenestration généreuse doit donner des appartements agréables à vivre. Et j'aime bien le nom : tout ce qui nous rappelle que Montréal est aussi un port et que l'eau est toute proche ajoute au caractère du quartier.
  2. Il est difficile de se faire une idée de certains détails à partir des rendus. Entre la partie centrale et le corps massif du bâtiment (déjà construit) plus au sud, on semble prévoir une section intermédiaire plus basse, dont le sommet serait un peu en retrait, et de couleur plus foncée. Même chose du côté nord vers la future aile René-Lévesque. On nous présente aussi des autos tout autour de l'entrée monumentale : on pourra donc en faire le tour? Par exemple pour déposer quelqu'un ? On verra bien.
  3. Pour certains, Champlain ne semble qu'un nom qui ne leur dit pas grand chose. Voici un lien vers un petit texte qui ne donne qu'un aperçu rapide de ses réalisations d'explorateur et de cartographe, mais c'est déjà ça : http://www.cfqlmc.org/bulletin-memoires-vives/bulletins-anterieurs/bulletin-nd27-decembre-2008/230 Il faut souligner bien sûr le rôle historique décisif de Champlain pour fonder la Nouvelle-France et un axe d'ouverture du continent à partir du Saint-Laurent. Mais aussi son rôle d'explorateur de la région de Montréal. Il a nommé l'île Ste-Hélène, reconnu le lieu où sera à peu près fondée la ville, cartographié les berges, franchi les rapides de Lachine (ainsi nommés parce qu'on croyait que cette route mènerait en Chine...), etc. Autrement dit, il a ouvert les voies de communications et reconnu le rôle clé qu'aurait la région de Montréal sur ce plan, avec le croisement de la rivière Outaouais et la proximité de la rivière Richelieu. Avoir nommé un des grands ponts sur le Saint-Laurent à son honneur n'était pas un acte arbitraire : c'était la moindre des choses. Effacer son nom du paysage montréalais - ou du moins radicalement diminuer son importance - sur la base de focus groups, c'est une sorte d'auto-mutilation, comme si les Américains se mettaient à enlever partout le nom de Washington.
  4. Espérons donc que la décision ne soit pas encore prise et si elle l'est, que le débat qui suivra en force la révision. Un des paradoxes de cette affaire est qu'un jour il faudra peut-être se rendre en Nouvelle-Angleterre pour voir le nom de Champlain honoré à sa juste mesure. Ce sont d'ailleurs des Américains qui ont écrit les meilleurs livres sur le fondateur de la Nouvelle-France, qui fut aussi un explorateur de premier plan et un humaniste assez remarquable pour l'époque. Certains Québécois ont parfois des préjugés ridicules sur la culture américaine. En réalité, les Américains ont bien plus que nous le sens de ce qui fut vraiment important dans leur histoire et dans l'histoire tout court. Ce n'est pas eux, en tout cas, qui changeraient le nom du lac Champlain pour le lac Bobby Orr...
  5. L'article de la Presse parle de 40 étages, mais fournit la photo que nous avions déjà, où on ne semble pas compter 40 étages. J'ai l'impression que ce "40" pourrait bien n'être qu'un chiffre rond pour frapper un peu plus l'imagination des lecteurs. Mieux vaut sans doute attendre une confirmation plus sûre avant de modifier la description du projet.
  6. Quelle décision absurde... Maurice-Richard. Et on nous dit que le ministre décide seul, de manière arbitraire, sur la base de "focus groups". Aussi bien rebaptiser le pont Jacques-Cartier "pont Céline Dion". Je suis sûr que les focus groups aimeraient ça. Et pourquoi pas rebaptiser le Québec en entier sur la base d'un autre focus group préélectoral, un coup parti. Changeons tous les noms en fonction de concours de popularité du moment... Et dix ans après, on rechange pour plaire aux nouvelles modes.
  7. Publi-reportage un peu kitsch (c'est la loi du genre, j'imagine), mais intéressant à lire aujourd'hui. Une seule chose me rend un peu nostalgique, c'est la présence d'ormes dans la photo du parc Lafontaine. L'orme était presque un emblème de Montréal. On en voit partout dans les peintures de l'époque, par exemple dans les toiles de Marc-Aurèle Fortin. Cet arbre majestueux a été totalement éradiqué par une maladie. C'est maintenant au tour des frênes... Je crois par ailleurs que la ville ne plante plus de peupliers, autre géant magnifique. Les plus beaux sont encore visibles au Parc Lafontaine, justement, près des tennis. Mais le pollen des peupliers cause des allergies... Quant à Montréal vu comme le "Paris d'Amérique" par les riches et puritains États-Unis, n'oublions pas un non dit de cette pub : nous avions le plus grand nombre de bordels du continent...
  8. Une des choses les plus difficiles, pour un architecte, c'est d'animer une façade, de mettre du rythme dans un ensemble très vaste. Les contrastes de couleur sont une solution possible - pas la plus ambitieuse - parfois réussie, parfois non. Ici, ça s'annonce en effet plutôt raté. La partie blanche, anthracite et noire, à l'est, était pas mal. Rajouter ensuite un mélange de gris et jaune, puis de la brique rouge ??? Ne manquerait plus que le coup de grâce avec de la brique rose...
  9. C'est avec une certaine nostalgie que j'apprends cette fermeture. J'ai été plongeur chez Magnan, un été, il y a bien longtemps déjà : une éternité ! Je me souviens de mes mains pleines de coupures faites par les couteaux à steak - le steak au poivre était une de leurs spécialités. Heureusement, l'autre spécialité était des pétoncles servis avec des morceaux de citron... de quoi désinfecter les coupures ! Pour moi, ces quelques mois ont surtout été une immersion intensive dans la vie d'un quartier encore fortement ouvrier. Mes collègues plongeurs, à mon grand étonnement, ne sortaient presque jamais de la "pointe". Et le midi personne n'allait manger au grand soleil, le long du canal, préférant un fond de salle sombre et plein de vapeur. Un autre plongeur m'avait demandé un jour "peux-tu m'dire c'est quoi le Cegep ?" Je devais déjà avoir la tête d'un extraterrestre du Plateau... Un autre, de 17 ans, dépensait toutes ses payes au bar de danseuses de la rue St-Jacques. Il y en avait une, disait-il, à qui "il faisait de l'effet"... J'avais beau lui expliquer qu'à dépenser toutes ses payes, c'est sûr qu'il lui faisait de l'effet ! Rien à faire. À 17 ans, il faut découvrir qu'il n'y a pas que les pétoncles, dans la vie... Tout ça me rappelait le monde ouvrier de Noranda, d'où je viens. Assez dur, têtu, avec des préjugés parfois gros comme le bras. Sans doute pas pires qu'ailleurs, les préjugés, mais plus visibles. Et avec tout ça, solidaire. En juin la taverne avait embauché un Haïtien, un comique, celui-là. Au début le "monde de la Pointe" lui faisait pas grand façon. Mais rapidement il était devenu la coqueluche, tout le monde l'aimait. Le menu n'avait rien d'extraordinaire, c'est sûr. La sauce au poivre des fameux streaks arrivait toute faite dans des grosses chaudières d'une sauce épaisse, qu'il fallait ensuite diluer. J'en ai tellement vu qu'il n'était pas question que j'en mange. Quand même, j'aimais l'idée, et j'aime encore l'idée, de lieux sur lesquels les modes n'ont pas prise. Mais le quartier a changé. Comme l'endroit est très bien situé, souhaitons qu'un remplaçant le fasse revivre. Et pourquoi pas des terrasses avec vue sur le Canal ?
  10. Fascinante série de photos qui montrent bien, comme le dit Né entre les rapides, que le cycle de destruction était déjà commencé en 1964. Au total, la ville actuelle me semble bien mieux, après presque trente ans de "réparations" et de densifications dont la liste serait trop longue pour être rappelée ici. Le processus continue d'ailleurs, nous éloignant toujours un peu plus de la quasi-détroitisation du Montréal de l'ère Drapeau, si je peux me permettre ce terme barbare. Je rejoins également le souci de Né entre les rapides au sujet d'une trop forte concentration d'activités au centre. Le Quartier des spectacles est une belle idée et promet beaucoup. Mais il ne faudrait pas qu'il conduise à siphonner toute la culture en un seul lieu. L'axe St-Denis - Plateau est un des contrepoids et il pourrait être renforcé. Le CHUM va dans ce sens et c'est bien. Une bizarrerie de Montréal : le Plateau, où habite une forte concentration de "cultureux", n'a même pas un cinéma digne de ce nom. Il y a le Beaubien, le Quartier latin et l'excentris pas si loin, mais le Plateau comme tel, qui a plusieurs théâtres, n'a pas de cinéma. Il me semble pourtant que le meilleur endroit à Montréal pour installer une salle qui montrerait des films un peu plus pointus serait quelque part à proximité de St-Denis et Mont-Royal.
  11. Joelb, Je ne sais pas trop pourquoi vous posez le problème en termes de normalisation, réglementation, droits des propriétaires, etc. Personne ici n'a parlé de cela. Il n'est nullement question de priver le propriétaire du droit de faire ce qu'il veut selon les normes déjà en vigueur. Mais même quand on a le droit de faire une chose, cela ne veut pas dire qu'il ne serait pas mieux de se forcer un peu pour tirer le maximum, par l'architecture, d'une situation donnée. Pleins d'architectes, ici et ailleurs, ont conçu des immeubles pour qu'ils s'agencent bien dans leur environnement, sans que cela ne soit exigé par une réglementation. C'est depuis le début le sens de ma remarque : il est encore temps d'essayer de tirer le plus grand parti esthétique possible de cet espace. Il est étonnant par ailleurs de vous entendre dire qu'il est "inconcevable" de concevoir des dégagements, depuis une place publique, pour ouvrir des perspectives sur d'autres immeubles. Il y a bien des places dans le monde qui ont été conçues précisément avec le souci d'ouvrir de telles perspectives. Me vient en tête l'exemple de la place de la Concorde à Paris, où l'obsession de la perspective (notamment sur l'Assemblée nationale et la Madeleine) a été poussée à un niveau maniaque. On pourrait parler aussi de Washington, Moscou, Londres, Rome, etc.. Comment peut-on dire, dès lors, que c'est inconcevable ? Bien sûr, il ne s'agit pas de présenter nécessairement ces villes comme modèles pour Montréal et le "V", c'est vrai, n'est pas le chef-d'oeuvre du siècle, même si son plus bel angle est sans doute de là. En partie à cause de la trame en damier, nous sommes ici largement indifférents aux perspectives, comme votre étonnement le confirme. Tant mieux ou tant pis, selon les goûts. Par contre, je n'accepte pas votre idée finale que les perspectives et ce genre de chose, c'est un truc pour les touristes. La beauté n'est pas que pour les touristes et un peu plus d'effort en ce sens - indépendamment de l'exemple en cause ici - serait apprécié d'abord et avant tout par les Montréalais eux-mêmes. Supposer enfin qu'il y aurait une contradiction entre cela et le confort, ou la qualité des immeubles, est une fausse opposition.
  12. Joelb, L'idée d'un immeuble qui réponde à l'Intercontinental est un bon argument. La place entre deux piliers... Je vais retourner voir sur les lieux, mais si ma mémoire est bonne, il suffirait d'un léger décalage de la tour vers l'ouest pour "ouvrir" la perspective vers le nord. Sans ce décalage, on ne verra rien depuis la place elle-même. Et même avec ce décalage, les locataires auraient une vue parfaite sur l'espace ouvert à leurs pieds. En un sens, on est ici dans le picossage. Mais j'aimerais bien que l'urbanisme montréalais picosse un peu plus avec le souci de produire des environnements riches et stratifiés, y compris par une prise en compte des perspectives. Un des gros enjeux sur ce plan sera les constructions qui ceintureront dans l'avenir (lointain ?) le vaste espace qui entoure la tranchée de l'autoroute Ville-Marie, au pied du Champ-de-Mars. Des édifices trop haut sur Viger, près de St-Laurent, fermeraient la belle vue sur le Centre-Ville, depuis le vieux-Montréal. Mais sans doute ne suis-je qu'un vieil esthète irréaliste...
  13. Il ne s'agit pas de "protéger", dans le sens d'imposer des règles. Mais on peut avoir le souci esthétique des perspectives. Il n'y a rien là de bien extraordinaire. On a une très belle vue sur le "V" depuis la place Riopelle. Elle disparaîtra sans doute. Ce ne sera pas un drame, mais quand même un peu dommage. Une chose qui est bien avec les places, c'est d'avoir un certain dégagement pour le regard. Celle-là sera claquemurée sur les quatre faces. Si j'étais architecte, j'aurais le goût de couper en biseau l'angle sud-est de l'immeuble, pour ouvrir la vue vers le nord et éviter la répétition fastidieuse de quatre angles droits. La proposition antérieure avait l'avantage de prolonger un peu de la place par une zone libre, avec des arbres, mais elle aussi disposait l'immeuble à l'est de l'espace. Peut-être est-ce pour des raisons techniques que j'ignore...
  14. Si cette version est retenue, je placerais plutôt la tour dans la partie ouest du projet, pour qu'on garde la vue sur le Courtyard, plus haut sur René-Lévesque, à partir de la place Riopelle. Mais bon, on est à Montréal, il ne faut pas trop s'attendre à ce qu'on prenne en compte des considérations de ce genre...
  15. Trés réjouissant de voir progresser ce premier pas dans la réhabilitation d'un secteur trop longtemps abandonné aux stationnements. La ville reconquiert son espace, comme si la circulation sanguine reprenait dans des membres inertes. C'est bien aussi d'avoir une rue qui donne sur l'immeuble, une rareté à Montréal.
  16. uqam+

    L'Économie du Québec

    Toxik, Il y a des bons points dans ce que vous dites, comme dans le message de JCC. Vous partagez d'ailleurs un argument : ce ne serait pas l'écart de richesse qui compte pour expliquer la violence, mais la pauvreté. Pour élaborer toute une discussion là-dessus, on aurait besoin de rappeler les grandes thèses en présence, nuancer, etc. En faisant ça ici, on risque d'ennuyer tout le monde, surtout si le débat devenait acrimonieux. Je me limiterai donc à quelques contre-arguments, que je ne donne pas pour le dernier mot sur ces questions complexes. Généralement, dans les sociétés où tout le monde est pauvre, il y a moins de violence que dans les sociétés avec de grosses différences. On ne peut donc pas dire que le seul fait d'être pauvre entraîne de la violence. C'est la frustration et le sentiment d'exclusion qui nourrit la violence. Mais il faudrait aussi distinguer la pauvreté de la misère, c'est-à-dire la privation du strict nécessaire, qui, elle, on le conçoit très bien, a de fortes chances d'entraîner une lutte pour la survie. L'exemple de la Révolution française est très intéressant. Une des grandes thèses là-dessus est celle de Tocqueville, qui a montré que la Révolution est survenue à une époque où les écarts de richesse diminuaient, en France. Le peuple de 1789 était moins loin de la noblesse que le peuple de 1689 ou 1589 ou 1489. Alors, pourquoi la Révolution a eu lieu en 1789 ? Sa réponse est, fondamentalement, parce que les anciennes barrières étaient devenues intolérables. L'idée d'inégalité statutaire et de naissance n'avait plus de légitimité. La mentalité avait changé. On pourrait dire la même chose de la Révolution russe. Elle est survenue à un moment où on pouvait espérer que l'écart diminue et où il avait commencé à diminuer. Les serfs ont été libérés en 1861. La révolution n'est pas survenue quand la majorité des Russes étaient des quasi-esclaves, mais quand les gens se sont mis à désirer et à croire possible plus d'égalité. Pour comprendre la violence, il me semble donc y avoir deux types de facteurs importants : - la mentalité, qui éclaire le niveau d'acceptation des inégalités dans la population. La religion et la tradition peuvent rendre ce niveau d'acceptation très élevé. Le système des castes, en Inde, justifiait une inégalité quasiment absolue, passivement acceptée parce que justifiée par la religion. ; - si on neutralise la variable de la religion et de la tradition, comme a tendance à le faire le monde moderne, l'inégalité devient moins acceptable. Dans une société fondée sur l'égalité , l'inégalité crée de la frustration. Dès lors le risque de violence me semble effectivement lié à cet écart. ("All men are born equal, dit la déclaration d'indépendance américaine... à une époque où il y avait des millions d'esclaves. Énorme contradiction qui contenait en germe bien de la violence à venir...) Bien sûr, certaines idéologies tendent encore à faire accepter l'inégalité. Le mythe américain du self made man et de la mobilité sociale joue un peu le rôle de la religion, à cet égard. Bien des ouvriers blancs américains, à l'avenir bouché, votent quand même républicain, sont contre les syndicats, etc, par adhésion à des idéologies populistes que savent très bien manipuler les politiciens. Mais même aux États-Unis la mobilité sociale tend à diminuer. Et l'écart se creuse entre les très riches et les autres. L'économiste Thomas Piketty vient d'en faire une démonstration magistrale dans Le capital au 21e siècle, best seller inattendu... aux États-Unis. La violence pourrait continuer à baisser malgré tout en raison d'autres facteurs, comme la démographie et la proportion de jeunes hommes. (Le groupe qui est de loin le plus violent) Mais on peut aussi s'attendre à ce que le facteur lourd des inégalités continue d'influencer en sens contraire. À moins que le tea party et les idéologies walt disney du "tout le monde il est gentil" maintiennent le couvercle sur la marmite... Mais je parierais pas ma chemise là-dessus. Bref, tout ce long blabla pour dire que je continue à penser que le niveau relativement plus bas des écarts de richesse, au Québec, continue d'éclairer au moins en partie le niveau également plus bas de la violence, par rapport aux États-Unis, et ce même si le Québec est plus pauvre.
  17. uqam+

    L'Économie du Québec

    Je conteste fortement ces études américaines de "corrélation", qui en général décontextualisent complètement ce qu'elles prétendent étudier. C'était le sens de mon intervention précédente. Quand il y a peu de lien entre écarts de richesse et violence, c'est qu'un troisième facteur, comme la tradition ou la religion, entre en ligne de compte. Les études de corrélation simplifient trop souvent la réalité en ne retenant qu'un nombre restreint de variables. Parmi les pays occidentaux les plus violents, on a les États-Unis et certains pays latino-américains, encore plus violents. Tous ont des écarts de richesse plus grands que l'Europe de l'ouest ou le Canada. Bien sûr, pour un même pays, la variation peut venir de l'importance relative des jeunes hommes. Mais les jeunes hommes sont bien plus violents dans le sud des États-Unis qu'en Suède. Donc les explications de type "biologique" ou même "hormonale" dont raffolent les darwiniens sociaux américains sont pour le moins insuffisantes. L'argument sur la Chine semble confirmer ce que je disais, puisque la tradition confucéenne est demeurée plus forte à Hong Kong et Taiwan qu'en Chine continentale. (Un de mes collègues a fait sa thèse de doctorat sur la question et m'a en parlé en long et en large.) Je ne serais pas étonné par ailleurs que le niveau de violence ait fortement augmenté en Chine continentale depuis que les écarts de richesse sont en forte progression.
  18. uqam+

    L'Économie du Québec

    L'argument est très valable, JCC. Il manquait une nuance à ma phrase lapidaire. Les sociétés qui acceptent les très grands écarts de richesse sans que ça produise de violence sont les sociétés traditionnelles, où soit la religion, soit la discipline sociale liée aux moeurs, jouent encore un grand rôle. Les sociétés occidentales modernes ne me semblent plus du tout prêtes à accepter une discipline sociale de type confucéen, comme à Hong Kong, ni même de type "éthique protestante". Et si l'opium du peuple manque, les inégalités exagérées créeront de la violence. (Je n'en fais pas une loi absolue, mais une tendance.)
  19. uqam+

    L'Économie du Québec

    Mais malheureusement, le nombre de milliardaires produits dans une société est probablement en proportion avec le nombre de crimes violents, de police privée et de prisons...
  20. Fifty shades of grey... Mais la photo a l'avantage de camoufler l'édifice rose ! L'échelle du nouvel immeuble est bien, mais je préfère quand même l'autre, à l'est, qui résume la transition entre le vieux Montréal, royaume de la pierre grise, et la zone industrielle en brique, à l'ouest de McGill.
  21. Nephesir7, je suis sensible à l'argument de l'étalement urbain. Mais il y a aussi un aspect de justice : si d'autres secteurs sont desservis, il devient difficile d'en choisir un et de dire aux gens "et bien vous, non, il n'y aura pas de train pour vous." Par ailleurs, il y a une certaine contradiction quand on dit : ce projet était inutile ET il provoquera de l'étalement urbain. S'il provoque de l'étalement, c'est parce qu'habiter cette zone sera considérée plus avantageux quand il y aura un train. Et si c'est considéré plus avantageux, on ne peut pas dire que c'était inutile. Sur le temps sauvé, les avis semblent partagés. Je sais que je trouve très long le trajet par autobus pour Repentigny, à partir du métro Radisson. On verra bien si ce sera plus court... si le tout se termine un jour !
  22. Je ne suis pas sûr de bien saisir la nature du débat. Il est légitime de critiquer les coûts du projet, ses retards successifs, peut-être les insuffisances de la desserte prévue. Mais on ne peut pas dire qu'un tel projet n'était pas nécessaire. Cette zone nord-est de la région métropolitaine est celle qui se développe le plus rapidement. La population ne cesse d'y augmenter, de même que le nombre d'emplois. Et c'était indéniablement la direction la moins bien desservie par les transports en commun. Quelle est dès lors l'utilité de remettre tout le projet en question ?
  23. uqam+

    L'Économie du Québec

    Malek, En effet, on pourrait comparer l'Europe entière et les États-Unis et ça ferait ressortir plusieurs avantages de l'économie américaine. Son principal atout depuis trente ans a été le rythme de création de nouvelles compagnies, surtout dans les secteurs techno, où l'Europe a été moins performante. Il y a sans doute bien des raisons à cela et je ne suis pas compétent pour toutes les comprendre. Peut-être que la première est le fait que les Américains laissent jouer plus librement l'effet de "destruction créatrice" d'une logique pure du marché. Il y a beaucoup de perdants et tout de même plusieurs gagnants qui deviennent des joueurs mondiaux. Les distinctions entre les états américains jouent assez peu quand il s'agit de compagnies comme Apple, Microsoft ou Facebook, beaucoup moins que les distinctions entre pays européens, où il faut compter sur la différence de langue, etc. Donc la taille continue d'être un atout américain important. Mais il y a aussi, ne l'oublions pas, le rôle de premier plan joué par le secteur militaire dans la recherche américaine. Une large part des avancées techniques américaines - y compris l'Internet - est d'origine militaire, c'est-à-dire qu'elles ont été financées au départ par de l'argent public. On n'entend pas souvent le tea party rappeler cette forte dimension "communiste" de l'économie américaine... (Le budget militaire américain dépasse sans doute les interventions économiques d'origine étatique de tous les autres États occidentaux mis ensemble) Indépendamment des causes du dynamisme technologique, je souligne que le but visé par une économie prospère ne doit quand même pas se limiter à la production de milliardaires... À mes yeux, chaque milliardaire est plutôt le symptôme d'une pathologie de l'économie moderne. Les Américains ont gardé un vieux fond de darwinisme social. Ils aiment le spectacle des "winners", les classements de revenus, les top 100, les top 1000, la quantification obsessionnelle, comme des ados qui se mesurent le zizi sans arrêt... Il est permis de trouver ce goût plutôt puéril et pathétique. Si j'avais pourtant à construire moi-même des "indices" et des "classements" de villes ou de pays, à l'américaine (ce qui ne m'arrivera pas, puisque je considère que la mesure de la "qualité" de vie repose sur le postulat faux que la qualité est appréciée de la même façon par tous), j'inclurais des points positifs pour le taux de partage de richesse, des points négatifs pour l'appropriation privée de l'espace civique par des gated communities, des points négatifs pour le nombre de polices parallèles privées, des points négatifs pour le taux d'emprisonnement et le nombre de prisons (qui est le plus élevé au monde aux États-Unis), des points négatifs pour le nombre de meurtres et le nombre des armes en circulation, des points négatifs pour le nombre de milliardaires, etc, etc. Et même des points négatifs pour le nombre d'obèses, signe d'une malbouffe généralisée et encouragée. Mon classement ne serait jamais publié dans Forbes...
  24. Curieusement, le brutalisme du Palais de justice prend maintenant un peu plus de sens. La présence du CHUM équilibre sa masse imposante et les deux ensembles contribuent à structurer l'immense espace vide du champ-de-mars et de la tranchée Ville-Marie. Si on continuait à construire aux alentours dans des formes imposantes - par exemple par une nouvelle prolongation du Palais des Congrès, à l'ouest de cet espace vide, au-dessus de l'autoroute - il pourrait y avoir un jeu intéressant de formes modernes aux lignes épurées et de formes classiques plus travaillées, comme l'hôtel de ville et le vieux Palais de Justice. L'idéal serait alors de recouvrir ce qui reste d'autoroute par un parc. L'endroit deviendrait un des coeurs de la ville, d'où on verrait presque tout ce jeu de formes et de strates historiques. On peut rêver...
  25. Gris sur gris, et re-gris. Ça produit une certaine élégance sévère, qui s'insère d'ailleurs bien dans un quartier où domine la pierre grise de Montréal. Mais une petite tâche de couleur - ma préférence irait au bleu - dans une forme qui s'inspire du découpage moderniste de la verrière de Marcelle Ferron aurait peut-être pu ajouter un peu de vie. Avec la couleur en architecture, il y a toujours un risque, par contre, de tomber dans le kitsch qui vieillit mal.
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