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Le grand bouleversement

 

Mise à jour le lundi 30 mars 2009 à 23 h 09

 

La presse écrite est en crise aux États-Unis. Les salles de nouvelles sont constamment réduites et des journaux menacent de fermer. Certains abandonnent même leur version papier pour se retrouver sur Internet.

 

Il faut dire que la crise actuelle accélère la perte des revenus publicitaires, qui sont de plus en plus éparpillés. La crise des médias s'est fait sentir plus vite aux États-Unis, et elle commence à atteindre le Canada.

 

Florian Sauvageau, le directeur du Centre d'études sur les médias, croit que les 14 quotidiens québécois sont à l'aube d'un grand bouleversement.

 

Le problème, c'est le modèle économique qui est en train de se briser, le financement surtout des grandes entreprises de presse, 80 % par de la publicité et un maigre 20 % par le public. C'est ça qui ne marche plus.

 

La première victime canadienne est le Groupe Canwest Global, l'éditeur du National Post et de 12 quotidiens au pays, dont The Gazette à Montréal. En 2000, Canwest a payé plus de 3 milliards de dollars pour acheter les journaux du groupe Hollinger.

 

Or, avec la crise, les commanditaires ne sont pas au rendez-vous comme prévu, et Canwest peine à rembourser ses dettes.

 

C'est par exemple le cas avec le domaine de l'automobile. En 2006, il a permis de rapporter 850 millions de dollars aux journaux du pays, soit 34 % de tous leurs revenus publicitaires. Aujourd'hui, la crise frappe de plein fouet cette industrie, comme bien d'autres d'ailleurs.

 

Il y a eu beaucoup plus de compressions budgétaires au Canada anglais. Le groupe Canwest Global repousse l'échéance du paiement de ses dettes quasiment de semaine en semaine, alors c'est certain ici ce sont les mêmes annonceurs, ce sont les mêmes industries qui sont en danger.

 

Quebecor Media publie, par l'entremise de ses filiales Osprey et Sun Media, 37 quotidiens payants au pays. Sa vice-présidente affaires publiques, Isabelle Dessureault, explique que, dans les faits, les coûts d'exploitation sont en hausse, alors que les revenus sont en baisse.

 

Ainsi, au Journal de Québec, qui a été en lock-out pendant 15 mois, et au Journal de Montréal, où les 250 employés sont en ce moment en lock-out, il est difficile de s'entendre sur les changements à apporter.

 

On ne peut pas renouveler un média, l'amener sur Internet, l'amener sur un téléphone mobile avec, je dirais, la structure de fonctionnement du passé.

 

En 2008, le Journal de Montréal aurait malgré tout récolté près de 20 millions de dollars en profits. D'ailleurs, de 1997 à 2006, les quotidiens canadiens ont connu une hausse de 17 % de leurs revenus. Toutefois, même si les profits sont encore au rendez-vous, ils sont de moins en moins importants.

 

Les revenus publicitaires pour le quatrième trimestre de 2008 pour les journaux de Sun Media, il y a eu un recul de 8 % par rapport à 2007, alors c'est quand même important au niveau publicitaire seulement. [...] En 2007 seulement, il y a eu un recul de 20 % du côté des revenus des petites annonces parce que maintenant il y a d'autres alternatives, bien sûr Internet.

 

Internet

 

Internet a vu ses recettes générées par la publicité quadrupler au Canada de 2003 à 2007. Il faut toutefois préciser qu'il n'y a pas que les commanditaires qui délaissent les journaux pour le web, mais aussi les lecteurs.

 

Par exemple, en 2001, la moitié des Canadiens âgés de 18 à 34 ans lisaient régulièrement un journal en semaine. En 2007, ils n'étaient plus que 40 %.

 

On dit que chaque lecteur de journal qui meurt n'est pas remplacé parce que les jeunes s'informent sur Internet.

 

C'est pourquoi les journaux ont recours à Internet. C'est le cas du site Cyberpresse, qui est alimenté par les sept quotidiens du Groupe Gesca, eux-mêmes présents un peu partout dans la province.

 

Gesca n'a pas voulu parler de ses performances pendant la crise. En revanche, le syndicat des travailleurs de l'information de La Presse dit que l'employeur ne se gêne pas à l'interne pour dire que l'heure est au resserrement budgétaire et que les revenus publicitaires diminuent, même si le tirage augmente.

 

Les quotidiens gratuits

 

À Montréal, le Métro et le 24 heures sont désormais incontournables, surtout en cette période de crise. Distribués gratuitement, ils sont maintenant lus par plus d'un million de Québécois chaque semaine.

 

Le Métro par exemple, attire des milliers de jeunes lecteurs de plus que La Presse.

 

Malgré cette tempête, c'est le calme au Devoir. Ce quotidien, le seul qui est indépendant au Québec et qui sera centenaire en janvier, possède l'avantage d'avoir des revenus publicitaires provenant de secteurs variés. C'est notamment le cas avec le monde culturel ou le domaine des institutions publiques, comme l'explique son directeur, Bernard Descôteaux.

 

C'est sûr qu'on est obligé de travailler plus fort pour aller chercher des revenus publicitaires, mais pour le premier trimestre de 2009, nos revenus publicitaires vont être un peu supérieurs à ceux de 2008.

 

Le Devoir possède un autre avantage: seulement la moitié de ses revenus proviennent de la publicité. Le reste provient du tirage qui, du reste, n'est pas en baisse. En comparaison, dans les autres quotidiens, c'est en moyenne 80 % des revenus qui sont générés par la publicité.

 

Bernard Descôteaux rappelle que les lecteurs du Devoir sont très fidèles parce qu'il s'agit d'un quotidien de créneau qui se spécialise dans certains secteurs, comme la politique, la culture, le domaine des idées et le débat.

 

Une histoire à suivre

 

Il faut se demander si les journaux d'ici devront se spécialiser pour survivre à la crise de fond que traverse la presse écrite. Les quotidiens québécois sont assurément à la croisée des chemins. Nouvelles présentations, nouvelles plateformes, les changements ont déjà commencé. Et la crise économique devrait contribuer à les accélérer.

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