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Voici un excellent article sur la mentalitée Québecoise vis à vis l'Argent!

http://www.cyberpresse.ca/article/20080915/CPACTUALITES/809150875/6730/CPACTUALITES

 

Le lundi 15 septembre 2008

 

 

Le tabou de la richesse

 

Émilie Côté

 

La Presse

 

Pas facile d'interviewer quelqu'un au sujet de sa réussite financière. Jonathan Brunet a accepté à la condition qu'on ne révèle pas son vrai nom. Il craignait que ses clients aient des pensées du genre: «Toi, t'as de l'argent, pas moi.»

 

 

Quand il est arrivé à un tournoi de golf au volant de sa première voiture de luxe, Jonathan Brunet a compris: lorsqu'il est question d'argent, mieux vaut rester discret.

 

C'était il y a 13 ans. Le jeune professionnel venait de remplacer sa vieille Honda Civic par une BMW flambant neuve. «Lors du cocktail, ma nouvelle auto est devenue un sujet de conversation, raconte-t-il. J'ai compris qu'il y a des choses qu'on est mieux de garder pour soi.»

 

Ce fut aussi le conseil de son patron de l'époque. «Si t'es beige, les clients aiment ça.»

 

Âgé de 42 ans, Jonathan Brunet travaille dans le domaine des finances. Il est père de deux enfants. Il habite dans un quartier cossu de Montréal. Il possède aussi un chalet pour s'évader de la ville avec sa femme et ses enfants.

 

Le sujet de l'argent est tabou. Surtout au Québec, déplore le professionnel, qui vient d'un milieu modeste.

 

«Dans la communauté francophone, et c'est peut-être un legs religieux, célébrer le succès et le succès financier est presque tabou, dit Isabelle Hudon, présidente de la chambre de commerce du Montréal métropolitain. Mais je dirais que nous sommes passés du tabou à la timidité. Les gens ne se sentent pas coupables, mais ils sont gênés d'en parler et de le démontrer.»

 

Parlez-en à Julie Bourque, mère de famille de 32 ans. Son mari a acheté une entreprise à la fin de sa vingtaine. Depuis, les revenus du couple ont beaucoup augmenté. «On a un petit complexe que ça aille trop bien, confie-t-elle. Nous sommes un peu mal à l'aise avec ça.»

 

Quand elle reçoit à Noël, Mme Bourque marche sur des oeufs. Depuis que des membres de sa famille ont dit tout bas qu'elle en faisait «trop», elle ralentit ses ardeurs quand vient le temps de décorer sa maison et de cuisiner des plats.

 

Cette attitude de sa famille l'attriste. «J'aimerais que tout le monde soit bien, chez nous», dit-elle.

 

«Avec le temps, tu gagnes des connaissances et tu en perds, poursuit Jonathan Brunet. J'ai des amis d'enfance qui n'ont pas eu la même réussite financière que moi mais qui ont réussi dans leur domaine. Il n'y a aucune jalousie, car nous avons vécu des trips qui vont au-delà de tout ça.»

 

Le matin de notre entrevue avec M. Brunet, l'ex-ministre de la Santé, Philippe Couillard, se faisait vilipender dans les médias parce qu'il venait de s'associer à un fonds d'investissement privé en santé. M. Brunet a déploré le traitement réservé à M. Couillard. Selon lui, ce n'est pas l'apparence de conflit d'intérêts qui a dérangé l'opinion publique, mais le fait que le médecin se lie au secteur privé. «Ça ne motive personne, dit-il. Les politiciens ont beau vouloir parler de la création d'une certaine richesse, dans le concret, la culture nivelle par le bas.»

 

 

Un legs historique

 

 

 

L'affaire du «palace» de Pauline Marois a aussi fait couler beaucoup d'encre. La chef du Parti québécois a dû justifier les transactions immobilières qui l'ont menée, avec son mari, Claude Blanchet, à acquérir des terres publiques. Mais dans les tribunes téléphoniques, les gens discutaient davantage de la valeur totale de leur domaine, évalué à 3 millions.

 

L'économiste Pierre Fortin rappelle que la génération des 55-60 ans a été élevée alors que les francophones gagnaient en moyenne les deux tiers du salaire des anglophones. «Il y avait les bons Canadiens français syndiqués et les riches anglophones. Il y avait une habitude de rejeter la richesse.»

 

«Au Québec, nous avons toujours eu une culture très égalitaire, explique-t-il. Nous avons voulu adopter une société où il n'y a pas d'inégalités.»

 

Si beaucoup de leaders d'opinion plus âgés considèrent que «la richesse, c'est méchant», M. Fortin croit que c'est différent pour les générations plus jeunes.

 

Isabelle Hudon comprend que le public sursaute quand un PDG change de poste et qu'on dévoile son salaire annuel. Elle entend souvent: «500 000$, quelle honte!» Mais la présidente de la chambre de commerce du Montréal métropolitain rappelle que le Québec évolue dans un monde compétitif et non «en vase clos».

 

«Il y a un risque afférent aux grandes ambitions, souligne-t-elle. Autant le succès ne me rend pas timide, autant l'échec ne me fait pas peur.»

 

Selon Mme Hudon, c'est une question de culture. «Chez les anglophones, on ne renie pas le succès financier. Mais à ceux qui réussissent, on dit: partagez avec la communauté.»

 

Quand on compare les dons que reçoivent l'Université McGill et l'Université de Montréal, par exemple, on constate que les Québécois francophones donnent moins aux organismes de bienfaisance que les anglophones. Selon l'Enquête canadienne sur le don, le bénévolat et la participation (ECDBP) de 2004, le donateur québécois figure même au dernier rang au pays pour la valeur des dons annuels qu'il verse à des organismes (176$, contre 488$ en Ontario).

 

 

 

Quand on se compare...

 

 

 

C'est aussi une question de comparaison et de milieu, ajoute Pierre Fortin. Qu'on soit à une réunion d'actionnaires ou à un souper de retrouvailles du secondaire, l'attitude des gens change. «Il y a des gens qui méprisent la richesse et qui sont riches, précise le professeur en économie. Ça dépend avec qui tu te tiens.»

 

«J'ai des amis millionnaires et je ne jalouse pas leur maison, dit pour sa part Julie Bourque. En même temps, c'est peut-être parce que j'ai un certain niveau de vie.»

 

Mais quand la femme de 32 ans lit dans la revue de Martha Stewart que la reine de la maison est «découragée» de devoir refaire la décoration de ses six chambres d'invités, elle se demande pourquoi elle a peur d'en «faire trop» quand elle reçoit sa famille à Noël.

 

Sur ces mots, Pierre Fortin conclut: «La richesse est toujours relative.»

 

 

 

Quelques statistiques

 

 

 

> 2,7% des familles au Québec ont un revenu annuel total de 150 000$ et plus

> 0,008 des familles du Québec ont un revenu annuel total de 225 000$ et plus (environ 8 familles sur 1000)

> 0,002 des familles du Québec ont un revenu annuel total de 300 000$ et plus (entre 1,8 et 2,1 familles sur 1000)

> 0,0008 des familles du Québec ont un revenu annuel total de 350 000$ et plus (entre 7 et 8 familles sur 10 000)

> La proportion de familles canadiennes ayant un avoir net d'un million de dollars et plus est passée de 5% en 1999 à 9% en 2005. Selon Statistique Canada, le cercle des millionnaires canadiens comptait alors 1,1 million de ménages.

> À Montréal, les ventes de propriétés de 900 000$ et plus ont grimpé de 14% l'an dernier, selon le rapport annuel des services immobiliers Royal LePage sur les maisons de prestige.

> Selon un sondage Ipsos Reid mené auprès de Canadiens bien nantis, près de la moitié d'entre eux citent le travail assidu comme principale raison de leur accession à la richesse, alors que seulement 4% mentionnent le facteur familial.

> Un sondage Harris/Décima réalisé auprès de 1000 Canadiens pour le compte de BMO Groupe financier révèle que 46% des répondants considèrent que l'argent est le sujet de conversation le plus délicat à aborder.

 

Source: Institut de la statistique du Québec. Enquête sur la dynamique du travail et du revenu, 2005.

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Un autre article dans la même veine!

 

Le lundi 15 septembre 2008

 

 

Les nouveaux riches

 

 

 

 

De plus en plus de Québécois accèdent à un niveau de vie supérieur à celui de leurs parents. Certains en ressentent de la culpabilité, même s'ils ont travaillé fort pour réussir.

Photo Martin Chamberland, La Presse

 

 

 

 

Émilie Côté

 

La Presse

 

Il y a les pauvres, et les très pauvres. C'est pareil pour les riches. Il y a les très riches, nés avec une cuillère en argent dans la bouche. Et les autres, qui se font une place dans les hautes sphères à la sueur de leur front. Et pourtant, souvent, c'est eux qui se font regarder de travers. Le blues du nouveau riche, le premier de trois volets sur «Montréal la chic».

 

Julie Bourque a 32 ans et trois enfants. Elle travaille dans le domaine de la santé. Son mari aussi. À la fin de sa vingtaine, le jeune père de famille a acheté une entreprise. Depuis, les affaires vont bien. Très bien.

 

Aujourd'hui, le couple fait partie des nouveaux riches, une catégorie qu'on retrouve de plus en plus au Québec, comme à Montréal. Deux voitures luxueuses sont garées devant sa maison de six chambres à coucher. «Elle est tellement grande qu'on s'y perd», blague Mme Bourque.

 

 

>> Notre photographe Martin Chamberland a pénétré dans l'univers des riches. Voyez ses photos.

 

>> Lisez la chronique de Patrick Lagacé: On est toujours le pauvre de quelqu'un

 

La mère professionnelle ne s'en cache pas. Son mari et elle ont vu leur vie changer rapidement. Ils sont passés d'une «petite maison louée» à un grand train de vie. Mme Bourque ne veut pas s'exhiber en arborant de grandes marques, mais elle se paie de «petits luxes» qui viennent compenser les longues heures passées au travail. Un styliste personnel, par exemple, s'occupe de lui dénicher des vêtements. Elle a une femme de ménage et quelqu'un qui s'occupe d'entretenir son terrain. «C'est pour avoir plus de temps et une meilleure qualité de vie», explique-t-elle.

 

Julie Bourque vient d'une famille de la classe moyenne. Son père travaillait dans la fonction publique et sa mère était à la maison. «Je n'ai manqué de rien. J'étais enfant unique et mon père m'a toujours dit: ton héritage, ce sera tes études.»

 

Son mari et elle ont travaillé fort pour arriver là où ils sont. «Nous avons fait notre chance en poursuivant nos études et en prenant le risque d'acheter une entreprise», dit-elle.

 

Si le couple est bien nanti, il est aussi souvent stressé. «Avoir une entreprise apporte beaucoup de nuits blanches», souligne Mme Bourque.

 

Et si le couple a travaillé fort pour réussir, il se sent parfois coupable d'y être parvenu aussi rapidement. «Nous sommes mal à l'aise, dit Mme Bourque. Nous suscitons de l'envie dans notre propre famille.»

 

 

 

La montée des «nouveaux riches»

 

 

 

Comme les Bourque, de plus en plus de Québécois accèdent à un train de vie de loin supérieur à celui de leurs parents. De 1999 à 2005, 461 000 familles canadiennes se sont ajoutées au cercle des millionnaires. Au total, il y avait 1,1 million de familles dont l'avoir net se chiffrait à plus d'un million en 2005.

 

«Des nouveaux riches, il y en beaucoup au Québec», lance Pierre Fortin, professeur au département de sciences économiques de l'UQAM.

 

À l'exception de l'Alberta, le phénomène est plus marqué au Québec que dans les autres provinces, souligne l'économiste. «La scolarité moyenne a augmenté beaucoup plus qu'ailleurs au Canada et c'est directement lié, explique-t-il. Il y a 40 ans, la moyenne de scolarité des 25-29 ans était de neuf ans au Québec et de 11 ans en Ontario; il est aujourd'hui de 15 ans dans les deux provinces.»

 

M. Fortin rappelle que les francophones gagnaient en moyenne les deux tiers du salaire des non-francophones dans les années 60. Mais depuis la Révolution tranquille, les Québécois rattrapent l'écart de richesse qu'ils avaient par rapport aux autres Canadiens. «Ça vient de notre évolution très rapide, de l'accès à l'éducation et de la croissance de l'entrepreneuriat québécois, explique M. Fortin. Avec l'avènement du Québec inc., de plus en plus de Québécois sont devenus propriétaires d'une entreprise.»

 

 

 

De l'argent gagné et non un héritage

 

 

 

«Les Canadiens à revenu élevé tirent de plus en plus leur revenu d'un emploi que d'autres sources», souligne une étude de Statistique Canada sur l'évolution de la richesse des familles, publiée en juin dernier.

 

En d'autres mots, la plupart des «nouveaux riches» ne sont pas issus de familles fortunées de génération en génération. Comme Mme Bourque, ils viennent de la classe moyenne. Ils ont obtenu un diplôme universitaire, ce qui les a menés à décrocher un emploi payant ou à réussir en affaires.

 

Dans un rapport paru en mai 2007, les services immobiliers Royal LePage concluent par ailleurs que ce sont «les nouveaux riches et non les anciennes fortunes qui propulsent la vente de maisons haut de gamme».

 

«Le travail assidu, et non le fait d'être bien né, voilà la clé de la fortune d'une maison luxueuse», peut-on lire dans ce rapport.

 

Cette conclusion vient d'un sondage Ipsos Reid mené auprès de Canadiens bien nantis. Près de la moitié des répondants ont cité le travail assidu comme principale raison de leur accession à la richesse, alors que seulement 4% d'entre eux ont indiqué le facteur familial.

 

«Il y a beaucoup de nouvel argent», confirme Jill Prévost, agente immobilière pour Royal LePage dans le secteur de Westmount. «Je vois des gens qui ont fait de l'argent dans le domaine de l'informatique. Aussi des financiers et des promoteurs immobiliers.»

 

Mme Prévost ne s'en cache pas. Son père et sa mère sont des nouveaux riches. Sa mère - et associée -, Joan Prévost, est devenue l'une des meilleures agentes de Royal LePage du pays. Quant à son père, Jean Prévost, il est l'homme derrière la compagnie FieldTurf, le numéro 1 mondial du terrain de sport synthétique. Aujourd'hui, FieldTurf est le fournisseur officiel de plusieurs équipes de football de la NFL et de la Ligue majeure de baseball.

 

«Mon père a démarré sa compagnie dans une petite chambre de notre maison», souligne sa fille.

 

À l'époque, les Prévost habitaient à Côte-Saint-Luc, mais ils tenaient à ce que leur fille fasse ses études à Westmount.

 

Est-ce que Jill Prévost est l'une des premières de la génération d'enfants des «nouveaux riches»?

 

Quoi qu'il en soit, elle discute ouvertement du succès financier de sa famille, alors que Julie Bourque (un nom fictif) est très mal à l'aise avec la réussite financière de son couple.

Mais Mme Bourque admet tout de même que, «si l'argent ne fait pas le bonheur, ça ne nuit pas».

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