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03/12/2015 Mise à jour : 3 décembre 2015 | 3:00

Soigner notre architecture

Par Marc-André Carignan

 

L’architecte Michel Broz est allé étudier un centre hospitalier de Chicago pour bâtir l’extension de l’Hôpital général juif.

Stéphane Groleau

 

Nos conversations au sujet du système de santé tournent généralement autour des mêmes thématiques: rémunération des médecins, temps d’attente dans les urgences, nombre de lits disponibles. Rarement discute-t-on d’architecture.

 

Et pourtant. Le design de nos établissements de santé a un impact direct sur le temps de convalescence des patients. Ce n’est pas moi qui le dis, mais plutôt diverses études sur le sujet.

 

L’une d’elles, publiée en 2005 aux États-Unis dans le Psychosomatic Medicine Journal, conclut que des individus séjournant dans une chambre exposée à la lumière du soleil à la suite d’une opération consomment 22% moins d’analgésiques que ceux qui se retrouvent dans une chambre fermée. Même la vue offerte à partir d’un lit d’hôpital aurait un impact. «Une [autre] étude [du psychologue Roger Ulrich, Texas A&M University] réalisée pendant deux ans dans un hôpital américain a démontré que le séjour d’un patient ayant une vue sur un mur de brique était 25% plus long que celui d’un patient ayant une vue sur un parc», explique Michel Broz, associé principal chez Jodoin Lamarre Pratte Architectes.

 

Ce dernier en sait quelque chose, puisqu’il est probablement un des architectes d’ici les plus savants en matière d’architecture de la santé. Sa firme vient de chapeauter l’un des plus imposants chantiers hospitaliers de la dernière décennie au Québec: le Pavillon des soins critiques de l’Hôpital général juif. «Une visite à l’hôpital, c’est rarement un moment joyeux, poursuit-il. Notre objectif est de réduire au maximum le stress du patient.»

 

Pour démontrer concrètement ses stratégies en la matière, il m’a invité à visiter en primeur l’extension de l’Hôpital général juif, à quelques semaines de l’entrée des patients, des médecins et des infirmières. Dès qu’on arrive sur les lieux, on constate rapidement qu’on est bien loin du modèle des vieux hôpitaux nord-américains, surcloisonnés et étouffants. Une large allée piétonne nous accueille, bordée par des commerces, un café et une cour alimentaire dominée par des puits de lumière. On se croirait au cœur d’un centre commercial.

 

À la sortie de l’ascenseur, au dixième et dernier étage, M. Broz m’amène directement dans la chambre d’un futur patient pour observer la vue. «Par rapport aux hôpitaux des années 1950 avec de petites fenêtres, on a ici une fenestration de 14 pieds de large pour maximiser l’entrée de lumière naturelle, m’indique-t-il. C’est une façon de donner de l’énergie de guérison aux patients et d’offrir un environnement de travail de qualité au personnel.» Il me fait aussi remarquer la hauteur des plafonds (plus de neuf pieds, comparativement à huit dans plusieurs hôpitaux), qui décomprime l’espace pour favoriser le bien-être des occupants.

 

Autre élément fort appréciable : la coloration des murs et des planchers. Fini le vert «hôpital» et le jaune pâlot traditionnellement associés à ce type d’établissement. Chaque étage possède son propre code de couleurs vives en fonction de sa spécialité: néonatalogie, cardiologie, soins intensifs… Les couleurs apportent un côté ludique au lieu et deviennent une forme de signalétique pour se repérer d’un étage à l’autre.

 

M. Broz prend également le temps de souligner que sur la plupart des étages, les aires de travail des infirmiers et des médecins ont été isolées des corridors de circulation des visiteurs. Une stratégie de design qui offre une meilleure fluidité du trafic dans les corridors et qui permet surtout au personnel hospitalier de mieux se concentrer sur ses tâches.

 

Après presque deux heures de visite, de l’urgence aux salles d’opération, ma tête tourbillonnait. Je venais de saisir la complexité inouïe qui se cache derrière l’architecture de la santé. Tous les détails comptent, même en période d’austérité. On réalise rapidement avec de tels projets que l’architecte n’est pas qu’un simple dessinateur de plans: c’est un maître de l’espace.

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Un article fort intéressant http://journalmetro.com/opinions/pay...-architecture/ qui nous amène à réfléchir sur l'influence de notre environnement dans notre vie de tous les jours. Si des espaces esthétiquement bien conçus, lumineux et aérés peuvent avoir un effet aussi direct sur la guérison des malades à l'hôpital. Imaginons alors les bienfaits au quotidien pour d'autres type de lieux, comme des logements et condos, des lieux publics, des rues et même des quartiers tout entier.

 

L'architecture comme l'urbanisme, sont des disciplines qui visent à créer un cadre harmonieux et parfaitement fonctionnel, dans le but d'améliorer le mieux-être des utilisateurs, comme des populations en général. Considérés à tort par certains comme un luxe inabordable. Ces spécialités visent pourtant à optimiser l'espace et à le rendre agréable autant au niveau d'une pièce, qu'à une plus grande échelle au niveau du paysage et ses différentes composantes. Ce sont en fait les outils indispensables pour créer des espaces et des villes à échelle humaine, où l'apparence compte autant que la solidité et la pérennité des matériaux.

 

On construit pour longtemps, mieux vaut alors construire beau au bénéfice des générations, afin de favoriser la stabilité des populations et de meilleurs échanges à long terme. De tout temps, l'architecture a joué un rôle central dans les communautés. Sans cet esprit artistique, le monde serait terne et sans grand intérêt. Si c'était vrai dans le passé, comme en témoignent les nombreuses cités historiques, pourquoi alors négligeons-nous aujourd'hui ces précieuses leçons d'aménagement urbain?

 

Serait-ce que dans notre société hyper consommatrice, où on n'a plus le temps de s'arrêter au moment présent? Serait-on devenu insensible ou indifférent à notre environnement? Pourtant non, puisqu'on a jamais autant voyagé pour justement voir du beau. Alors cette hyperactivité et ce besoin de changer d'air viendrait-il de ce sentiment d'insatisfaction, dont on peine à identifier les causes? Je serais tenté de le croire et plusieurs études contemporaines, dont celle présentée ici, le confirme par des exemples éloquents.

 

Prenons donc le temps de soigner nos villes comme on tente de le faire pour nos patients à l'hôpital. C'est au niveau individuel qu'il faut se concentrer. Donc pour une ville, chaque édifice ou construction est un patient qu'il faut bichonner au profit de l'ensemble. Parce que nous sommes avant tout des êtres d'émotions, directement influencés par notre environnement immédiat. Notre bien-être en dépend, même s'il est difficile à admettre pour plusieurs, au point de faire toute la différence à long terme sur la qualité même de notre propre vie.

 

J'en conclue que l'architecture soignée, comme un urbanisme de qualité contribuent directement à la santé des villes et par surcroît à une meilleure santé et un plus grand bien-être de ses habitants.

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