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Les 30 ans de la loi 101

Louise Leduc

La Presse

«It's a crock of shit.» Don Donderi, professeur associé à l'Université McGill, a laissé tomber cette phrase pour toute réponse à une demande d'entrevue sur la Loi 101, avant de raccrocher sans saluer. Traduction libre: la Loi 101, c'est un tas de merde.

 

Combien sont-ils à le penser aujourd'hui? Alliance Québec n'est plus. Le Parti égalité non plus. La paix linguistique semble s'être installée.

 

Brent Tyler, qui s'est présenté trois fois devant la Cour suprême pour contester certaines clauses de la Loi 101, explique (en français) qu'à son avis, il ne reste plus que «quelques irritants» à combattre. Et quand la Loi 101 coulera finalement des jours paisibles, elle finira par disparaître, croit-il fermement. «La "grosse bonne femme" de chez Eaton's n'existe plus; le magasin non plus d'ailleurs, fait observer Me Tyler. Dans la vraie vie, la grande majorité des anglos d'aujourd'hui parle français, et ils en sont fiers. Plus encore, un anglo sur trois a une francophone pour conjointe. Les deux solitudes, c'est fini. Je vous le dis: finalement, c'est l'amour qui va régler le problème!»

 

Marie McAndrew, chercheuse en éducation, s'est longtemps consacrée à l'étude de la francisation des immigrants, à l'école. Aujourd'hui? Il n'y a à peu près plus rien à dire sur le sujet: la question est à peu près réglée, croit-elle, si ce n'est de quelques ultimes soubresauts devant les tribunaux, comme cela a été le cas cette semaine. Signe des temps, Mme McAndrew travaille maintenant sur les accommodements raisonnables, notamment. «Par nos politiques d'immigration, 60% des nouveaux arrivants parlent déjà français. Le tiers des immigrants des cinq dernières années est musulman. Il est normal, dans ces conditions, que la religion fasse aujourd'hui davantage l'objet de débats que la langue.»

 

 

.

 

D'ailleurs, selon le mathématicien Charles Castonguay, qui étudie depuis plus de 30 ans les questions d'assimilation, «on exagère l'efficacité de la Loi 101 à franciser les allophones, dit-il. Ce que l'on oublie, c'est que tous ces immigrants - d'Afrique du Nord, d'Haïti ou d'Amérique latine, dont la langue est proche de la nôtre - parlent déjà français à l'arrivée. Nos politiques de sélection des immigrants ont joué pour beaucoup.»

 

Cela dit, M. Castonguay croit que «l'anglais comme langue d'assimilation à Montréal est beaucoup plus fort que ce que nous porte à croire un regard naïf sur les données de recensement».

 

Dans une étude soumise à l'Office de la langue française, M. Castonguay a calculé qu'entre 1971 et 2001, le pouvoir d'attraction de l'anglais a été deux fois plus fort que celui du français sur les allophones.

 

Marie McAndrew croit au contraire que la Loi 101 a atteint à peu près tous ses buts explicites. «Oui, quand deux Jamaïcains discutent, ça se passe souvent en anglais; mais la Loi 101 n'a jamais prétendu se mêler de pratiques linguistiques à l'intérieur de groupes donnés. Certains se disent: "C'est terrible, les enfants italiens continuent de parler anglais entre eux!" Peut-être, mais ces jeunes issus d'une immigration plus ancienne étudient en anglais en toute légitimité au Québec, parce que leurs parents ont fréquenté l'école dans cette langue.»

 

Des avancées et des reculs

 

Louise Beaudoin, qui a entre autres été ministre de l'Éducation et ministre responsable de la Charte de la langue française, note que «si 82% des Québécois ont aujourd'hui le français pour langue d'usage, c'est sûrement parce qu'on a gagné un minimum de terrain».

 

Seulement, elle croit qu'il faut maintenant s'assurer que «le français ne soit pas seulement la langue de l'école».

 

«Quand j'étais ministre de l'Éducation, j'ai dit non au cégep obligatoire en français, poursuit Louise Beaudoin. Je me disais qu'il y avait une amélioration et que ce n'était pas nécessaire. Aujourd'hui, alors que de plus en plus en plus d'allophones scolarisés en français jusque-là optent pour le cégep en anglais, c'est une vraie question.»

 

De la même façon, en ce qui a trait à la langue de travail, les choses pourraient être resserrées, estime Mme Beaudoin. «Est-il normal d'exiger d'un employé qu'il soit bilingue, s'il n'arrive qu'une fois de temps en temps qu'il doive parler à un Américain au téléphone?»

 

Nombreux ont été ceux, à l'instar de Louise Beaudoin, à relever qu'«on est passé de la domination d'une bourgeoisie anglophone à une mondialisation» tout aussi menaçante.

 

Ainsi, à la FTQ, Lola Le Brasseur, directrice de service de francisation des entreprises, relève combien les outils de travail - logiciels ou directives, notamment - sont de plus en plus en anglais. Au surplus, dénonce-t-elle, certaines entreprises se moquent des obligations de la Loi 101 et sont en processus de francisation depuis plus de 25 ans!

 

C'est le fait d'une infime minorité d'entreprises, surtout dans l'aérospatiale, dit pour sa part Gérald Paquette, porte-parole de l'Office de la langue française, selon lequel le respect de l'affichage à prédominance en français est par ailleurs presque totalement assuré.

 

Une langue commune

 

Charles Castonguay n'en pense pas moins qu'on perd de vue les grandes questions. L'idée initiale, dit-il, était de faire du français la langue commune au Québec. Or, dit-il, «si tous les ministres qui se sont succédé ont parlé dans leur discours de cette langue commune comme d'une évidence, on n'en sait trop rien. Quand un anglophone parle à un francophone à Montréal, dans quelle langue échangent-ils? Quand un allophone parle à un francophone? Ça, on aurait dû le mesurer de cinq ans en cinq ans, mais on ne l'a jamais fait. L'Office de la langue française ronronne, parle la langue de bois: les organismes et ministères chargés de veiller à l'application de la Loi 101 manquent de courage.»

 

Fait à noter, vérification faite, le ministère de l'Éducation ne collige pas le nombre d'allophones qui, ayant étudié en français jusque-là, optent ensuite pour le cégep en anglais.

 

De façon générale, il reste cependant, selon Claude Morin - ministre des Affaires intergouvernementales sous René Lévesque - que la Loi 101 «est celle qui définit le mieux l'identité québécoise. C'était une loi que ni le reste du Canada, ni Ottawa ne pouvait accepter. Pour eux, nous formions une minorité ethnique, et les minorités ethniques n'adoptent pas de Loi 101. Elles n'adoptent pas de loi de nation.»

 

Le danger, dit Louise Beaudoin, c'est aujourd'hui de laisser libre cours à «une espèce de démobilisation ambiante. Certains trouvent ça passéiste de protéger la langue française, pas très post-moderne. Eh bien! moi, je dis qu'on est en plein dans la modernité.»

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Membres prolifiques

Quand un anglophone parle à un francophone à Montréal, dans quelle langue échangent-ils?

Eh bien, je peux faire valoir mon expérience. J'ai quelques collègues de travail dont l'anglais est la langue maternelle qui sont bilingues mais qui ne se font pas confiance quand il s'agit d'utiliser notre langue. Ainsi, il arrive plus souvent qu'autrement que la langue de conversation soit l'anglais.

 

Quand un allophone parle à un francophone?

Pour ma part, je leurs parle en français ou pas du tout.

 

Le danger, dit Louise Beaudoin, c'est aujourd'hui de laisser libre cours à «une espèce de démobilisation ambiante. Certains trouvent ça passéiste de protéger la langue française, pas très post-moderne. Eh bien! moi, je dis qu'on est en plein dans la modernité.»

Je suis assez d'accord avec Mme Beaudoin.

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  • Administrateur

On a un anglophone "purelaine" la ou je travaille, et il fait beaucoup d'efforts pour parler le français et l'écrire. Il se débrouille très bien, on l'aide à corriger ses erreurs aussi, il le prends pas personnel, c'est plutôt dans un atmosphère bon enfant.

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(desole pour la manque d'accents, je ne sais pas comment activer le clavier francais sur cet ordinateur.)

 

j'ai deja travaille avec plusieurs francophones. une, noemi, venait de quebec et son anglais etait assez faible. je parlais 100% francais avec elle. par contre, un autre collegue a passe quelques ans en angleterre et il parlait un bon anglais avec un accent anglais. je parlais l'anglais avec lui... meme quand je parlais parfois le francais il m'a toujours repondu en anglais.

 

i have many friends that were raised in montreal. whether they identify themselves as francophone, anglophone or something else, they all speak both languages perfectly --- and, often enough, they speak a third language as well, albeit less fluently than english or french.

 

thanks to my girlfriend's work, i also know many new chinese immigrants who have only very recently come to montreal. almost all of them devote themselves to learning both french and english. they realize that, in montreal, you need to know both --- but especially french --- in order to succeed.

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la plupart des anglophones que je connais parlent français avec moi et avec les gens qui leurs parlent en français....d'ailleur je trouve que c'est de plus en plus rare de rencontrer des montréalais anglophones qui ne parlent que l'anglais...

les anglophones quand ils s'ent donnent la peine parlent très bien le français, je connais d'ailleur certains anglophones qui sont aller à l'école anglophone toute leur vie et dont je n'avais aucune idée qu'ils étaient anglophones tellement ils parlaient bien le français

 

c'est un atout de parler plusieurs langues et je trouve ça intéressant et unique quand j'entend des gens se parler dans l'autobus et ''switcher'' de l'anglais au français d'une phrase à l'autre

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  • Administrateur

There's a difference between English used as international language of exchange and day to day use of the English language between employees and/or between a manager and employees (internal usage).

 

I am not really worried about the first, but the latter is really something that must be adressed and quite frankly it annoys me alot.

 

Give you an example, where I work, everyone understands and speaks french (even the anglophones are pretty good I must say). The other day we had a presentation, where the manager wrote all the powerpoint presentation in English (its internal). And guess what, his whole presentation was in French while pointing English projected content.

 

Why?? He's a "pure laine".

 

Its this attitude that gets to me. Its his language he must be proud of it and use it.

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c'est un atout de parler plusieurs langues et je trouve ça intéressant et unique quand j'entend des gens se parler dans l'autobus et ''switcher'' de l'anglais au français d'une phrase à l'autre

 

Ce phénomène est prèsque unique à Montréal. C'est vraiment à ce moment qu'on réalise à quel point Montréal est bilingue.

 

Quand je rencontre des gens de l'extérieur de la ville, ils n'ont aucuns doutes que je suis un francophone. Quand je leurs parle en anglais, ils prennent pour acquis que je suis un anglophone!

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Je suis un étudiant au CEGEP Champlain à Saint-Lambert.

 

A mon CEGEP, par défaut la langue utilisé est l'anglais. Peut-être un tier ou plus des étudiants sont francophones, mais ils sont à ce CEGEP pour apprendre/améliorer leur anglais.

 

Je travail en temps-partiel à une épicerie dans une quartier bilingue du rive-sud. La majorité de mes co-équipiers sont des francophones unilingues, donc j'utilise le français évidemment pour parler à eux. Avec les employés francophones bilingues on parlent les deux langues. Les autres anglophones qui travaillent là sont tous parfaitement bilingues.

 

Je pense que la but du loi 101 à été réussi. (Si ce n'était pas mis en place, je parlerai toujours anglais en premier, et il y aurait une forte chance que je sois un anglophone unilingue).

 

Cependant, je suis contre la Loi 104 (qui ne permet pas au francophones et allophones d'aller à une école anglophone public, si ils ont étudiés pour au moins un an à une école anglophone privé). Si ils ont déja étudiés à une école anglophone privé au Canada, ils doivent avoir droit de continuer leur éducation en anglais dans une école anglophone public.

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  • Administrateur
Well you should come and see what happens at Air Canada Headquarters, Bell Canada, Bombardier Aerospace and transport, Pratt & Whitney Canada, CAE, National Bank, and Power Corp.

 

Since I have friends in management at each of these companies, the internal language of business is english, as many workers are from Ontario, out of province, USA.. wherever.

 

Bill 101, although effective in reinforcing French, still can't hide the effects of globalization.. and there is nothing you can do to stop that, other than to cut yourself from the world.

 

well its a problem, because I am very sceptic that the majority of the employees there are coming from overseas.

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