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Square Viger: réaménagement


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C'est un village d'itinérants à l’année ce parc, dans son état actuel, il n’a rien de convivial pour le reste de la population. Sa destruction ne me fais pas un pli. Charles Daudelin est un grand artiste que j’estime mais son « Agora » est un gros ratage qui ne vaut pas la peine d’être conservé, voilà !

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Un des aspects les plus frappants de tout ce débat reste de ne jamais entendre les défenseurs du square actuel nous parler de sa valeur.

 

Tout ce qu'on entend est de l'ordre de l'argument d'autorité. "C'est de l'art et l'art est sacré. Les spécialistes nous le disent et il faut les écouter." Mais si c'est de l'art, il devrait bien avoir de véritables défenseurs qui emploient le vocabulaire approprié pour défendre l'art, c'est-à-dire le vocabulaire esthétique, ou au moins une description de la signification du lieu pour la ville.

 

Rien. Aucun des "urbanologues", historiens de l'art ou simples participants à ce forum n'a osé dire qu'il trouvait le lieu beau, harmonieux, inspirant, en affinité avec le quartier, aucun n'a dit qu'il aimait s'y retrouver, y lire, y rencontrer des amis, que l'ambiance était vivante, que les formes des blockhaus de béton élevaient l'esprit...

 

En lieu et place du vocabulaire approprié pour défendre l'art ou un espace public, en lieu et place du moindre signe de véritable enthousiasme, on a donc l'idée qu'il faudrait se soumettre au "sacré" ou encore l'idée relativiste que les goûts ne se discutent pas (et donc, conclusion bizarre, qu'il faudrait obéir aux spécialistes...) Défense bien molle, paresseuse, un peu lâche, et qui manque totalement de générosité et de vitalité. Et même passablement hypocrite, comme plusieurs l'ont souligné, puisque la plupart des promoteurs du site n'en ont pas parlé depuis 30 ans et n'y mettent probablement jamais les pieds.

 

Pourquoi faudrait-il se soumettre à ce conformisme mou des fonctionnaires de l'art, et se soumettre à l'idée passablement ridicule et profondément anti-artistique que toute intention d'art doit être sacralisée, peu importe son résultat ? Pourquoi faudrait-il penser que rien de mieux ne pourrait être fait à cet endroit que des bunkers qui ne doivent leur survie qu'à l'indifférence pour un quartier trop longtemps délaissé ?

 

Maintenant que ce quartier est voué à revivre, quelle chance ce serait de rétablir un lien vivant entre l'ancienne gare Viger et tous les édifices autour !

 

Le pire, c'est que la bataille politique pour préserver l'état actuel l'emportera peut-être, puisque la minorité agissante pourra profiter d'une large indifférence du public. Déprimant.

Modifié par uqam+
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http://www.charlesdaudelin.org/www/Textes.php?locale=fr-CA&Type_No=39

 

LE RÉAMÉNAGEMENT DU SQUARE VIGER ET L’AGORA DE CHARLES DAUDELIN

 

Daniel Fiset, Doctorant en histoire de l'art, Université de Montréal

 

Le square Viger est un grand parc montréalais divisé en trois îlots, bordé des rues Saint-Denis, Viger, Saint-André et Saint-Antoine, qui célèbrera dans une dizaine d’années son 200e anniversaire de naissance. Ce parc reste, près d’une trentaine d’années après sa reconfiguration complète réalisée en collaboration avec trois artistes visuels (Charles Daudelin, Claude Théberge et Peter Gnass), un endroit très peu fréquenté par les habitants de Montréal et par les touristes. Il s’y cache pourtant l’une des propositions d’aménagement les plus audacieuses de la ville de Montréal, proposition peu connue du grand public et qui mérite qu’on y porte attention.

 

Historique et contextualisation1

Le square Viger cache un historique fascinant qui fait état des transformations radicales des rôles d’un espace public dans le tissu urbain et des transformations territoriales de Montréal, du début du 19e siècle à nos jours. C’est en 1818 qu’une première place publique s’établit à l’emplacement actuel du square Viger. Cette petite place, créée à partir des terrains cédés à la ville par la veuve de Denis Viger, est traversée en son centre par la rue Saint-Denis. Elle accueille tout d’abord un marché public destiné au commerce du bétail, marché qui fût si populaire qu’on l’agrandit en 1844, après que certains notables de Montréal aient cédé une partie de leurs terrains. En 1857, on aménage au même emplacement ce qui sera dorénavant appelé le square Viger. Ce square est conçu comme une grande place publique traditionnelle de l’époque : on y installe une fontaine et une vespasienne ainsi qu’un aménagement paysager avec des kiosques et des petits sentiers. On y trouve également des serres et des kiosques à musique.

 

C’est à cette époque que le square Viger devient le lieu de rencontre de la bourgeoisie francophone montréalaise. À partir de la fin du 19e siècle et pendant la première moitié du 20e siècle, la ville encourage l’installation, autour du site, de divers édifices prestigieux fréquentés par les élites montréalaises, et plus particulièrement par les francophones. Une gare s’y installe avec un hôtel luxueux, de grandes résidences ainsi que des maisons en rangée y sont bâti. On y trouve, entre autres, l’école des Hautes Études Commerciales, construite près du square en 1908. Il s’agit véritablement de l’âge d’or du square, qui devient alors le centre d’un quartier latin similaire à celui des 5e et 6e arrondissements parisiens.

 

Après une cinquantaine d’années d’effervescence, les activités de la bourgeoisie francophone se déplacèrent un peu plus au nord du square, vers le carré Saint-Louis, qui incarne à partir de ce moment le centre urbain de cette classe sociale. On assiste alors à un abandon de l’ancien square Viger et du quartier l’entourant. Le square est maintenu en place, mais on décide de déménager la fontaine et la vespasienne de Viger au carré Saint-Louis. La gare Viger est remplacée par une nouvelle gare, située près du métro Bonaventure. Le site est de moins en moins fréquenté, notamment parce que la densité de population autour du square est de plus en plus réduite et que les maisons qui jalonnaient l’espace auparavant ont fait place à des usines et des commerces, dont l’usine Laura Secord, construite dans les années 1920.

 

C’est dans les années 1960 et 1970 qu’on assiste à une autre étape cruciale menant vers l’extinction du square Viger tel qu’il existe aux 19e et 20e siècles. D’abord, les travaux du métro, dont la construction de l’édicule de la station Champ-de-Mars, grugent une partie importante du territoire situé en bordure du parc. L’implantation du tunnel de l’autoroute Ville-Marie par le ministère des Transports du Québec, au début des années 1970, sonne définitivement le glas de l’ancien parc. Le tunnel, conçu pour relier les quartiers de l’Ouest au centre-ville de Montréal, a pour effet de créer une immense brèche dans le territoire montréalais entre la partie est du centre-ville et le Vieux-Montréal, en plus de modifier considérablement le trafic piétonnier autour de la zone du square, rendant les environs assez bruyants, dangereux et peu invitants.

 

La solution retenue par la firme d’ingénieurs Lalonde, Valois, Lamarre, Valois et Associés pour régler le problème de la brèche de l’autoroute est d’installer, au-dessus du tunnel de l’autoroute, trois îlots d’espaces verts, sectionnés par des rues, et de confier l’aménagement de ces îlots à des artistes visuels. Ces îlots auront pour rôle de remplacer l’ancien square Viger et d’assurer, par le fait même, une continuité entre le centre-ville et le Vieux-Montréal. On confie alors, en 1976, à Charles Daudelin, Claude Théberge et Peter Gnass la conception de chacun des trois îlots du square Viger.

 

l’Agora

 

Après quelques années passées à l’élaboration et à la conception de ces espaces, conçus à la fois comme des propositions artistiques autonomes et des aménagements urbains, on inaugure le nouveau square Viger en 1983. Charles Daudelin installe, sur l’îlot A, un Agora à plusieurs paliers, qui proposent des jeux formels intéressants composés à partir des dénivellations majeures engendrées par la construction du tunnel. Cet Agora se compose de structures rectangulaires de béton, certaines avec des toits et d’autres dépourvues de toitures, d’un mur d’eau d’une hauteur impressionnante situé derrière une presqu’île centrale, entourée d’un bassin d’eau. Cette presqu’île est conçue comme une scène et peut accueillir des représentations théâtrales ou musicales. Daudelin ajoute en plein centre de l’Agora une fontaine monumentale cinétique, appelée Mastodo, composée d’un grand bassin, fixé sur un pied de métal lui permettant de pivoter, dans lequel vient se déverser un jet d’eau; le poids de l’eau dans le bassin aura pour effet de faire basculer le bassin aux 15 minutes, créant ainsi le mouvement de la fontaine. Les structures conçues de Daudelin devaient être recouvertes de fleurs et de plantes grimpantes, et l’artiste a une vision très idéalisée de la structure qu’il venait d’implanter : il la voit comme un squelette pour une véritable place publique, les petites places disposées ça et là devenant des commerces, cafés et kiosques.

 

L’espace aménagé par l’artiste s’avère être d’une sensibilité toute particulière pour les demandes et les usages d’un lieu public, en proposant en son sein de multiples activités. Le but de l’intervention de Daudelin est de créer un lieu de rencontre pour les habitants de la cité, où, à la manière de l’agora des cités grecques, tous pouvaient se mêler lors d’évènements, discuter et échanger entre eux (Hénault 1981). Le projet ambitieux des artistes fut cependant très mal reçu, à la fois par le public, le milieu municipal, le milieu des arts et les médias. Dans la revue Parachute, par exemple, on critique ouvertement l’espace, jugeant qu’il a été mal conçu et qu’il n’a pas sa place dans l’espace urbain, précisant au passage que seul l’Agora fait preuve d’une réflexion, aussi pauvre soit-elle, sur le rôle d’un espace public dans la ville. (Martin 1984). À ces critiques s’ajoute le mécontentement du public; des articles de quotidiens font ponctuellement état d’une incompréhension de l’utilité de l’espace public aménagé par les artistes (Petrowski 1994).

 

En regardant de près L’Agora de Daudelin, on se rend bien compte que la conception du projet s’est faite dans les règles de l’art, en respectant les rôles et les usages d’un espace public contemporain. Si l’on suit la notion du parc de quartier bien conçu tel que l’élabore Jane Jacobs, les concepteurs doivent remplir quatre critères qui sont, pour la plupart, respectés à la lettre dans le plan d’aménagement de l’îlot A de Daudelin, mis à part le dernier critère qui n’était pas du ressort de l’artiste, mais bien des autorités. Selon Jacobs, les parcs bien conçus présentent une certaine complexité dans le design et dans le plan de l’espace conçu, un espace central bien défini, de l’exposition constante au soleil et le bon maintient des alentours du site (Jacobs 1961 : 103). Les plans de Daudelin, comme le résultat final, démontrent une appropriation innovatrice des divers paliers créés par la construction du tunnel, créant ainsi des petites niches au travers du parc, permettant les rencontres privées comme les rassemblements publics. La presqu’île de Daudelin, entourée presque entièrement d’un bassin d’eau et située devant un imposant mur d’eau, propose un endroit de rassemblement central pour les usagers du square. Daudelin a même pensé à proposer des petites structures de béton sans toit pour permettre à la luminosité et au soleil de percer les structures.

 

L’importance de Mastodo dans la structure de l’Agora n’est pas à ignorer. La rondeur creuse de la fontaine offre un contraste particulièrement intéressant avec la rigidité des structures à toit de l’Agora et, par son mouvement, ajoute de la vie dans un espace qui, s’il est infréquenté, peut apparaître statique. Les considérations formelles du site reviennent alors prendre une place importante dans l’œuvre de Daudelin.

 

Il est évident, ne serait-ce qu’en consultant l’une des maquettes réalisées par l’artiste, que Charles Daudelin a conçu son Agora en fonction des contraintes techniques et formelles qu’offrait le nouvel espace créé par la construction de l’autoroute. En effet, alors que l’ancien square était relativement plat, la construction avait créé des dénivellations importantes au sol qui créaient des paliers dans chacun des îlots. Les tours de ventilation du tunnel, qui étaient essentielles à la circulation de l’air dans le passage, ont aussi été intégrées à l’aménagement. L’artiste a dû travailler autour de ces considérations. Il a donc proposé un plan de parc complexe qui offrait de la diversité aux usagers tout en respectant la toponymie particulière du site. De plus, l’œuvre de Daudelin ne comprend pas uniquement la structure de béton, mais bien un véritable projet artistique qui donne plutôt dans l’immatériel, qui considère l’espace géographique particulier du square comme un endroit idéal pour la rencontre de divers groupes habitants ou circulants dans la ville. Or, l’emplacement du square, un pont entre deux quartiers bien passants de la ville, fait en sorte qu’il pourrait être fréquenté à la fois par les touristes, les flâneurs et les travailleurs. Agora a donc été conçu en prenant compte du pouvoir de l’espace de Viger comme un lieu mitoyen, révélant ainsi toutes les possibilités du site; s’y révèle ainsi une œuvre innovatrice, forte et sensible à son environnement et aux réalités du tissu urbain montréalais.

 

1.Les faits historiques utilisés tout au long du texte, sauf indications contraires, sont tirés de : CHOKO, Marc. H. (1987). Les grandes places publiques de Montréal. Montréal : Éditions Méridien.

 

 

 

Bibliographie

BONHOMME, Jean-Pierre (1980). « Les arbres tombent au square Viger ». La Presse, 14 novembre, p. A5.

BUREAU D’ART PUBLIC, VILLE DE MONTRÉAL (2010). Square Viger. Dossier d’œuvre. Montréal : Bureau d’art public.

CAISSIE, Jean-Pierre et coll. (2008). Dis/location 1 : projet d’articulation urbaine, square Viger. Montréal : Dare-Dare.

CHOKO, Marc. H. (1987). Les grandes places publiques de Montréal. Montréal : Éditions Méridien.

Dossier d’artiste, Charles Daudelin, Musée d’art contemporain, Montréal.

Dossier d’artiste, Charles Daudelin, Musée national des Beaux-arts du Québec, Québec.

Dossier d’œuvre, Maquette de l’îlot A, Square Viger (2007.326), Musée national des Beaux-arts du Québec, Québec.

DOYON, Frédérique (2005). « Le square Viger refait peau neuve ». Le Devoir, édition du mercredi 20 juillet, p. A3.

GIRONNAY, Sophie (1995). « Un artiste dans le bâtiment ». Le Devoir, samedi 11 et dimanche 12 février, cahier Formes, p. D10-D11.

HÉNAULT, Gilles (1981). « Entrevue avec Charles Daudelin ». Service de transcriptions et dérivés de la radio. Montréal : L’atelier, cahier no. 31, p. 10.

HÉRITAGE MONTRÉAL (2010). « Agora de Charles Daudelin ». Héritage Montréal. [En ligne] <http://www.heritagemontreal.org/fr/agora-de-charles-daudelin/>. Consulté le 2 décembre 2010.

LEDUC, Louise (2007). « Grand nettoyage dans Ville-Marie : Les parcs de la discorde ». La Presse, Nouvelles générales, samedi 9 juin, p. A2.

MARTIN, Louis (1984). « Charles Daudelin, Peter Gnass, Claude Théberge ». Parachute, no. 36 (septembre-octobre-novembre), p. 53-54.

PETROWSKI, Nathalie (1994). « L’agora ». La Presse, dimanche 27 novembre, 2 colonnes.

RODRIGUE, Sébastien (2005). « Sculptures mal en point ». La Presse, Nouvelles générales, lundi 14 novembre, p. A9.

VENNAT, Pierre (2001). « Carré Viger : les méfaits d’une autoroute ». La Presse, édition du 4 juin, p. E2.

 

sent via Tapatalk

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Beau texte extrêmement éclairant, merci.

 

C'est éclairant sur les origines du square et sur les bonnes intentions de M. Daudelin, mais ça n'apporte aucun éclairage sur la réalité qui s'y est installée et le piètre état actuel des lieux.

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Un parc doit rester un parc. Simple et convivial. Pas 50 milles fonctions. Daudelin a voulu trop en faire et ça fait un beau gâchis. On veut des allées, du gazon et des arbres. Pas des recoins, des abris pour un marché extérieur ridicule ou des fontaines à bascule.

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Ce texte de Daniel Fiset est très intéressant et révélateur. Il mériterait une longue analyse ! Mais en gros, on peut en dégager quelques aspects centraux :

 

1. Il se veut surtout descriptif. La partie sur le square actuel est d'ailleurs plus descriptive de l'intention de Daudelin que du square réel. L'auteur l'admet implicitement quand il écrit : "l’artiste a une vision très idéalisée de la structure qu’il venait d’implanter : il la voit comme un squelette pour une véritable place publique, les petites places disposées ça et là devenant des commerces, cafés et kiosques."

 

Cette vitalité idéale ne s'est pas réalisée, sans qu'aucune analyse ne nous fasse comprendre pourquoi. C'est le grand défaut du texte. À mon sens, les causes profondes sont dans l'oeuvre elle-même.

 

2. Dans la partie la plus théorique du passage sur Daudelin, l'auteur soutient que son oeuvre respecte les critères du parc de quartier tels que les a définis Jane Jacobs. Mais son analyse est ici extrêmement courte et tendancieuse. Jane Jacobs réhabilitait avant tout la RUE, dénigrée par l'urbanisme moderniste. Le square urbain réussi, pour elle, est à la fois la continuité de la vitalité déjà présente dans la rue, et un contraste avec celle-ci par la générosité de l'espace et la présence de la nature.

 

La place de Daudelin se coupe de la rue. Elle impose un vocabulaire brutaliste bétonné qui contraste durement avec le quartier environnant. Daudelin a créé une place artificielle ("idéalisée", dans les mots de Fiset), qui est plus le fantasme d'une place qu'une place réelle.

 

Il faut donc refuser la conclusion de l'auteur quand il dit que cette oeuvre est "sensible à son environnement". C'est le contraire qui est vrai. La place est autarcique, presque autiste, et ne constitue nullement un pont entre les quartiers qu'elle jouxte. Elle n'est sensible à son environnement qu'en théorie, pas en pratique.

 

3. L'auteur a néanmoins l'honnêteté de rappeler les critiques féroces qui ont été adressées à cette oeuvre dès sa réalisation (et donc AVANT qu'elle ne se dégrade).

 

Je cite : "Le projet ambitieux des artistes fut cependant très mal reçu, à la fois par le public, le milieu municipal, le milieu des arts et les médias. Dans la revue Parachute, par exemple, on critique ouvertement l’espace, jugeant qu’il a été mal conçu et qu’il n’a pas sa place dans l’espace urbain, précisant au passage que seul l’Agora fait preuve d’une réflexion, aussi pauvre soit-elle, sur le rôle d’un espace public dans la ville. (Martin 1984). À ces critiques s’ajoute le mécontentement du public; des articles de quotidiens font ponctuellement état d’une incompréhension de l’utilité de l’espace public aménagé par les artistes (Petrowski 1994).

 

Il est très étrange que l'auteur ne fasse pas l'effort d'examiner ces critiques avec attention. Au final, il semble les écarter pour plutôt suggérer, en se basant entièrement sur l'INTENTION de Daudelin, que la place aurait dû marcher.

 

De tout cela, on peut tirer quelques remarques générales.

 

Le modernisme architectural a été souvent critiqué parce qu'il préférait les abstractions pures au caractère spontané et organique de la ville, résumé par la vitalité des rues. C'est tout le sens des analyses de Jane Jacobs, qui fut la critique la plus influente du caractère anti-urbain de plusieurs aspects du modernisme au sens strict.

 

Dans le texte de Fiset, l'oeuvre de Daudelin apparaît comme un effort d'adaptation du modernisme agressif à ces critiques. Daudelin aurait en effet tenté de faire passer la vie dans des concepts. Mais en restant lourdement fidèle aux dogmes brutalistes du "tout béton" et du splendide isolement du monument sculpture, il vouait cette "vie" à ne demeurer qu'une intention abstraite démentie par les faits.

 

Et nous voilà donc pris, comme l'avait compris dès 1983 la plupart des Montréalais, avec la caricature théorique d'une vraie place publique, boudée dès le départ par les vivants réels.

 

Pour être complet dans son imitation ratée de la vie, Daudelin aurait dû ajouter des personnages de béton pour habiter sa place...

Modifié par uqam+
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Bravo uqam+ pour cette analyse lucide et très convaincante que je qualifierais d'exhaustive. Elle apporte un précieux éclairage supplémentaire aux débats et situe bien la problématique dans le temps. De ce fait elle mérite d'être citée publiquement comme argument de poids, justifiant au passage le projet de démantèlement de la place proposé par la Ville. C'est du matériel solide qui mérite d'être apportée à la prochaine réunion de consultation et qui pourrait, de ce fait, être déterminant pour la suite des choses.

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Je ne pense pas que les analyses ou interprétations de cette insallation publique pèsent fort dans la conscience des gens qui fréquenteront cette espace.

 

Le monde ordinaire s'intéresse plus à la sécurité, l'animation et l'achalandage du square qu'autre chose. Je suis toujours optimiste que les défenseurs de l'oeuvre vont trouver une façon crédible de réaménager le square et gagner l'appui public, et ce à un coût beaucoup moindre et livrée à temps! S'ils réussissent, Coderre ne pourra pas refuser.

 

sent via Tapatalk

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