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Étalement Urbain (reportage et discussion)


Messages recommendés

Il y a 18 heures, acpnc a dit :

Avec les quartiers de poche, pas de quartier pour l'individualisme

 
« Ma philosophie, dit M. Chapin, se résume à ceci : une vie vécue dans plus petit est une vie mieux remplie. » Photo: Ross Chapin Architects / The Cottage Company « Ma philosophie, dit M. Chapin, se résume à ceci : une vie vécue dans plus petit est une vie mieux remplie. »

Sébastien Tanguay à Québec

28 novembre 2022

Le rêve américain et ses banlieues à perte de vue donnent des cauchemars à la planète. La science le répète : le tout-à-l’auto et l’expansion continuelle des villes mènent le climat droit dans le mur. Un vent venu de la côte ouest souffle toutefois un nouveau modèle d’urbanisme jusqu’au Québec, où un premier quartier ouvertement opposé au chacun pour soi s’apprête à voir le jour à Sherbrooke.

 

Le concept a un nom : quartier de poche, ou pocket neighborhoods. Son idée cardinale ? Un ensemble résidentiel ne doit plus se contenter de loger des individus, mais servir de nid où viennent se former des communautés. Oust, donc, les cours clôturées et les stationnements individuels qui atomisent tout un chacun. Les quartiers de poche, au contraire, se déploient pour que les rencontres entre voisins soient quotidiennes, presque inévitables.

 

Dans ce modèle né au milieu des années 1990 sur la côte ouest américaine, entre 8 et 12 maisons forment une grappe disposée autour d’un terrain commun. Les façades doivent obligatoirement donner sur cet espace partagé qui fait battre le coeur de la petite communauté.

 

Chaque maison comporte aussi un porche, sorte de lieu transitoire entre l’espace privé et commun, devant lequel s’étale une petite cour personnelle ouverte vers le parc partagé. C’est là que les enfants jouent, que les pique-niques s’organisent et que les voisins placotent, loin du bitume et du va-et-vient des voitures.

 
image.jpg Illustration: Ross Chapin Architects / The Cottage Company Le projet Conover Commons, dans l'État de Washington

« Aujourd’hui, les quartiers s’articulent autour des rues, et les cours arrière représentent des havres individuels où chacun trouve un refuge pour échapper à une vie de fou, explique au Devoir Ross Chapin, l’architecte à l’origine des pocket neighborhoods. Notre ère moderne mise tout sur l’indépendance, mais ça va à l’encontre de notre nature humaine. Je suis convaincu que nous avons besoin de socialisation. »

À table !

Le quartier de poche s’inspire d’une idée simple et quotidienne : le repas. « Lorsque vous êtes assis autour d’une table pour manger, vous finissez forcément par parler à vos voisins et par tisser des liens avec eux, analyse l’architecte. Mon modèle reproduit ce phénomène, mais à l’échelle urbaine. Les maisons gravitent autour d’un espace partagé, où les conversations surgissent et où les liens se tissent. »

Cet urbanisme rame à contre-courant du modèle de développement dominant, où un promoteur achète un terrain, le dépèce en lots, déroule des rues et accroche des habitations de chaque côté. Dans ces quartiers, chacun vit côte à côte, maître de son royaume, mais isolé des autres. Les rencontres s’avèrent rares, déplore Ross Chapin, puisqu’il suffit de faire quelques mètres pour atteindre la voiture stationnée dans l’entrée — quand celle-ci n’a pas sa propre « chambre », le garage, qui permet à l’automobiliste de quitter sa demeure sans même avoir à mettre le nez dehors.

 

« Les relations que nous avons, nous les développons grâce à des conversations informelles », croit Ross Chapin. Ses quartiers de poche visent justement à les multiplier. Les stationnements sont volontairement excentrés pour obliger les gens à marcher avant qu’ils puissent les atteindre. Les habitations sont aussi plus petites, puisque la science prouve que les gens qui habitent de grandes maisons ont tendance à passer plus de temps à l’intérieur de celles-ci.

 

« Ma philosophie, dit M. Chapin, se résume à ceci : une vie vécue dans plus petit est une vie mieux remplie. » L’esprit communautaire qui prévaut dans les quartiers de poche décourage le chacun pour soi et encourage la collectivisation des services. Fini, le voisinage où tout le monde possède sa piscine, sa tondeuse, sa souffleuse, son cabanon à l’arrière, sa chambre d’amis, etc.

image.jpg Photo: Ross Chapin Architects / The Cottage Company Un exemple de quartier de poche, ou pocket neighborhood, développé par l’architecte Ross Chapin.

« Pourquoi ne pas avoir une piscine, mais pour tout le quartier, ou une résidence secondaire accessible à tout le monde quand arrive de la visite ? demande Ross Chapin. La mise en commun des installations promeut le bien-être de la collectivité tout en diminuant les coûts individuels. Chacun en sort gagnant. »

Une première au Québec

 

Un premier quartier conçu selon les préceptes de Ross Chapin doit voir le jour en 2023 au Québec. Le Petit Quartier, une coopérative située à proximité du centre-ville de Sherbrooke, se composera de 73 maisons de petite taille, toutes disposées autour d’espaces communs.

 

Les voitures occuperont l’arrière-scène et devront entrer dans les 108 cases de stationnement prévues pour le quartier. Un boisé protégé de 5,6 hectares offrira des sentiers de marche — et un lien avec la nature — aux habitants. Le vivre-ensemble s’orientera sur le partage des biens, des lieux et des responsabilités.

 

« C’est un nouveau modèle attendu partout au Québec, assure Maryse Goddard, chargée de projets à la Fédération des coopératives d’habitation de l’Estrie (FCHE). Une fondation demeurera propriétaire des fonds de terrain, elle donnera un droit d’usage des maisons à la coopérative qui, elle, revendra l’usufruit des maisons aux membres. »

 

Rêvé depuis 2016, le Petit Quartier doit commencer à prendre forme au dégel et livrer ses premières maisons à temps pour Noël 2023. Malgré l’attente, l’intérêt demeure vif : une quarantaine de logements ont déjà trouvé preneur et « beaucoup de gens écoutent à la porte » pour entendre le démarrage du projet et embarquer dans l’aventure.

 

La mairesse de Sherbrooke salue l’initiative citoyenne à l’origine du Petit Quartier. « Il faut arrêter de construire lot par lot pour commencer à construire quartier par quartier, en réfléchissant à l’ensemble du milieu de vie, indique Évelyne Beaudin. Ça me rend folle de voir que, dans ma rue de bungalows, tout le monde a une tondeuse, tout le monde a une souffleuse, tout le monde a une voiture, qui dort la majorité du temps dans l’entrée… »

Accessibilité et dialogue

 

Le regard de bien des municipalités se rive désormais sur Sherbrooke, la ville qui ouvre la voie à l’enracinement d’autres quartiers semblables ailleurs au Québec. À l’heure où l’accès à la propriété échappe de plus en plus aux moins nantis, le Petit Quartier propose ses maisons à 75 % du prix du marché.

 

« Ici, ce n’est pas la capacité de payer qui déterminera l’accès à la propriété ; c’est la capacité de vivre en communauté, souligne Maryse Goddard. Nos membres vont diminuer ce qu’ils possèdent individuellement, mais ils posséderont plus collectivement. Ils choisiront de consacrer moins de temps à entretenir leurs biens pour en passer plus à entretenir leurs liens. »

Ross Chapin se réjouit de voir son idée prendre forme au Québec. « C’est un projet qui repose sur la rencontre, dans un monde où nous avons de moins en moins l’occasion d’en vivre.

 

Chacun peut désormais se connecter à des millions de personnes sans même connaître son voisin. C’est dangereux pour la démocratie, qui repose sur notre capacité d’écouter et de respecter des points de vue divergents. Il faut que notre urbanisme contribue à briser l’isolement et à créer le dialogue. »

 

 
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« Les relations que nous avons, nous les développons grâce à des conversations informelles », croit Ross Chapin. Ses quartiers de poche visent justement à les multiplier.
www.ledevoir.com

 

Je suis bien d'accord avec la densification, mais pourquoi vouloir essayer d'imposer la socialisation.  Si des gens ne tiennent pas à parler à leurs voisins, pourquoi les y forcer?  Bien des gens aiment vivre en ville pour avoir une certaine anonymité.  On semble vouloir imposer des normes sociales et une façon de vivre unique (la Bonne façon).

Si ce n'est qu'un type de quartier parmi d'autres, c'est correct; il y a des gens qui vont adorer vivre là.  Mais il faut comprendre que l'individualisme ne s'en va nulle part.  On peut essayer de diminuer l'empreinte des maisons mais on ne peut pas forcer un mode de vie plus "social" (pour ne pas dire socialiste...) à des gens qui préfèrent plus d'intimité dans leur milieu de vie.

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il y a une heure, mtlurb a dit :

Vraiment bizarre comme concept... tu socialise où on te sors du quartier parce que t'es pas cool de la bonne manière lol

C'est pas mal ma crainte ici.  C'est une extension de la cancel culture, mais cette fois-ci on ne te fait pas uniquement bannir des réseaux sociaux ou perdre ton emplois si tu as les "mauvaises" opinions politiques, mais on te jette également à la rue si tu ne socialise pas de la Bonne Façon.

Dans le temps des petits villages, on pouvait être ostracisé si on agissait pas comme le voulait le curé ou comme la religion le demandait, c'est un eu un retour à cet état de fait qu'on risque ici mais à un niveau social et idéologique plutôt que religieux.

Peut-être que ça va très bien se passer et que ce mode de quartier n'en sera qu'un parmi tant d'autres, mais il y a quand même ici un risque de pente assez glissante.

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Un quartier de poche ? Tout est dans le nom. :silly:

Le genre d'endroit où il faut « marcher droit ou on se fait taper sur les doigts ». Une ou deux coches au-dessus et c'est Johnstown en Guyane. :yikes:

Bien hâte de voir si ça va marcher dans une société nombriliste où les gens ont des millions d'amis sur Internet et pas un seul dans la vraie vie. 

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Les socio-communistes climatiques, j'en ai ma claque.  On a 500000 immigrants par années mais on ne veut pas d'étalement fec  ça diminue la qualité de vie pour tout le monde. (hausse de prix, violence, plus petits logements etc.).  

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Il y a 2 heures, ToxiK a dit :

Je suis bien d'accord avec la densification, mais pourquoi vouloir essayer d'imposer la socialisation.  Si des gens ne tiennent pas à parler à leurs voisins, pourquoi les y forcer?  Bien des gens aiment vivre en ville pour avoir une certaine anonymité.  On semble vouloir imposer des normes sociales et une façon de vivre unique (la Bonne façon).

Si ce n'est qu'un type de quartier parmi d'autres, c'est correct; il y a des gens qui vont adorer vivre là.  Mais il faut comprendre que l'individualisme ne s'en va nulle part.  On peut essayer de diminuer l'empreinte des maisons mais on ne peut pas forcer un mode de vie plus "social" (pour ne pas dire socialiste...) à des gens qui préfèrent plus d'intimité dans leur milieu de vie.

Cette formule s'approche de l'esprit d'une coopérative sans en avoir le fonctionnement. On parle ici de regroupements limités de résidences de petit format, à échelle humaine où l'espace avant extérieur est davantage mis en commun, sans pour autant nier un espace privé à l'arrière. Ce qui créé des opportunités d'échanges sans toutefois imposer d'obligations.

Comme dans toutes formes de logements ce sont les gens qui choisissent ce qui leur convient, au même titre que la vie en condo ou toute autre formule particulière de cohabitation ou de voisinage.

D'abord ce sont les villes qui décideront si ce genre de développement leur convient, comme elles le font déjà pour les quartiers de minis maisons, en amendant leur plan d'urbanisme en conséquence.

Pour ma part je vois ce genre de mini quartier davantage proposé dans de petites communautés où les gens se connaissent déjà et souhaitent créer des liens plus soutenus.

J'ai d'ailleurs envoyé l'article du Devoir à ma ville (BSP) où il y a un grave déficit de logements abordables et de grands terrains encore disponibles au centre où cette formule pourrait intéresser une partie de la population. À noter aussi que ce genre de développement couterait moins cher en infrastructures municipales et contribuerait à limiter l'étalement urbain.  

Alors gardons l'esprit ouvert et regardons l'idée comme une sorte d'équivalence à la formule coopérative, où cependant chacun est vraiment chez soi, pleinement propriétaire de son domicile, mais invité à partager librement certaines activités communes selon son bon vouloir. 

En d'autres mots on parle de minis quartiers qui favoriseraient la mixité sociale et les échanges dans un esprit d'entraide et de coopération.

J'avoue que de mon côté ce genre de formule m'intéresserait grandement, parce que plus abordable au niveau des coûts, fertile en échanges sociaux et nettement moins intrusive qu'une coopérative. :D

 

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  • 1 mois plus tard...
il y a 11 minutes, Le Roach a dit :

Il y a des gens qui préfèrent les maisons unifamiliales, il y a des gens qui préfèrent des tours et il y a des gens qui préfèrent des logements comme dans le Plateau.  Pourquoi ne pas encourager tous ces types de logements et avoir une bonne densité moyenne plutôt que d'imposer le genre de densité du Plateau au détriment des autres types?

Serait-ce une politique "égalitaire" genre "tout le monde est égal donc tout le monde doit vivre dans le même genre de logement" ?

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  • 2 semaines plus tard...
  • Administrateur

Montréal toujours perdante au profit de la banlieue

12 janvier 2023 à 10 h 49

Les effets de la pandémie sur les départs de Montréal vers les régions adjacentes se sont estompés dans la dernière année, mais ils demeurent importants, notamment en raison du recours répandu à un mode de travail hybride. Une tendance à l’éloignement qui a des répercussions directes sur l’environnement et le marché immobilier, soulignent plusieurs experts.

Ce sont 63 600 personnes qui ont quitté l’île de Montréal pour s’établir ailleurs au Québec entre 2021 et 2022, contre 29 100 personnes qui ont fait le chemin inverse. La métropole a ainsi enregistré une perte nette de 34 500 résidents au profit du reste de la province, ce qui représente 1,9 % de sa population. La vaste majorité de ces départs ont bénéficié aux régions rapprochées, dont les Laurentides, Lanaudière, la Montérégie et l’Estrie, montrent de nouvelles données de l’Institut de la statistique du Québec (ISQ) publiées mercredi.

Ce déficit pour la métropole est moins grand qu’au pic de la pandémie, entre 2020 et 2021. Montréal avait alors perdu, au net, 48 300 de ses résidents au profit d’autres régions de la province. Les pertes enregistrées l’année dernière se retrouvent tout de même « parmi les plus importantes enregistrées » par l’ISQ depuis le début des années 2000, relève la démographe Martine St-Amour, une des autrices de cette analyse.

Montréal est d’ailleurs « déficitaire » dans « tous les groupes d’âge », sauf chez les jeunes adultes dans le début de la vingtaine, attirés par la métropole en raison notamment de la présence de plusieurs universités de renom, indique Mme St-Amour. « Pendant ce temps, les pertes les plus importantes continuent de s’enregistrer dans les groupes d’âge où on trouve les familles avec enfants », ajoute-t-elle.

Vers une banlieue plus éloignée

Des milliers de Montréalais ont déménagé à Laval l’an dernier. Or, cette ville a tout de même enregistré une perte nette de 815 résidents au profit du reste du Québec, notamment parce que de nombreux résidents de l’île Jésus sont allés s’établir plus au nord, dans les Laurentides. Au point où Laval affiche « un solde migratoire interne négatif depuis maintenant trois ans », selon l’ISQ.

Un symbole clair des effets sur l’étalement urbain de la pandémie, qui a facilité le recours à un mode de travail hybride dans le cadre duquel de nombreux travailleurs n’ont à se présenter au bureau qu’une à deux fois par semaine, estime le professeur à l’École d’urbanisme et d’architecture de paysage de l’Université de Montréal Jean-Philippe Meloche.

« L’étalement urbain, avec la pandémie, a pris une dimension plus grande qu’avant. Avant, les gens allaient vivre à 30 ou 45 minutes du travail et ils faisaient la navette tous les jours pour aller travailler », relève l’expert. Or, dans le contexte actuel, « on a des gens qui vont aller habiter à deux ou trois cents kilomètres de leur bureau en se disant qu’ils vont faire du télétravail et aller au bureau une fois de temps en temps », ajoute M. Meloche.

Une situation semblable à celle de Laval se déroule en Montérégie. Cette région a vu en 2022 ses gains migratoires s’amincir pour une troisième année de suite, plusieurs de ses résidents ayant fait le choix de s’exiler encore plus loin de Montréal. « La Montérégie est largement gagnante par rapport à Montréal, mais déficitaire par rapport à la plupart des autres régions du Québec, particulièrement l’Estrie », note ainsi l’ISQ.

Les départs de Montréal vers la banlieue de plus en plus lointaine peuvent avoir des effets sur l’environnement, puisque le recours à la voiture pour se déplacer au quotidien, notamment pour aller faire l’épicerie ou pour amener les enfants à la garderie, est généralisé en dehors des grands centres, relève M. Meloche. « Au bout du compte, je vais augmenter mon kilométrage de 15-20 % à la fin de l’année, même si je fais du télétravail. »

Des gains pour les régions éloignées

Historiquement, les régions éloignées rejoignaient par ailleurs Montréal en ayant elles aussi un solde migratoire négatif à l’intérieur du Québec. Ce n’est toutefois plus le cas pour plusieurs d’entre elles. Les régions de la Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine, du Bas-Saint-Laurent et du Saguenay–Lac-Saint-Jean ont ainsi toutes enregistré « leurs gains les plus élevés après ceux, sans précédent, obtenus en 2020-2021 ».

Les résidents de ces régions sont ainsi de moins en moins nombreux à déménager ailleurs au Québec, notamment dans la métropole. « Donc, Montréal peut moins compter depuis quelques années sur des entrants en provenance des régions plus éloignées des grands centres », comme c’était le cas au début des années 2000, explique Martine St-Amour.

Il n’y a toutefois pas qu’à Montréal et à Laval que l’ISQ relève un solde migratoire interrégional négatif. C’est aussi le cas de quelques régions éloignées, soit l’Abitibi-Témiscamingue, le Nord-du-Québec et la Côte-Nord. Cette dernière est toutefois la seule région au Québec qui enregistre une diminution nette de sa population, même si l’on tient compte de l’immigration internationale, relève Martine St-Amour. « Les pertes migratoires pèsent lourd sur la Côte-Nord », constate ainsi la démographe.

« Un retour du balancier » à venir ?

Montréal a néanmoins bénéficié l’an dernier de la reprise de l’immigration internationale, ce qui lui a permis au net de voir sa population croître de 14 000 personnes, ce qui comprend les dizaines de milliers de départs enregistrés vers des régions voisines, nuance l’ISQ.

La reprise de l’immigration n’est toutefois pas suffisante actuellement pour changer les tendances actuelles sur le marché immobilier, souligne l’Association professionnelle des courtiers immobiliers du Québec (APCIQ). Le marché de la revente continue ainsi d’être « en surchauffe » en banlieue de Montréal, alors qu’il connaît une détente dans la métropole, en particulier au centre-ville, relève le directeur du Service de l’analyse de marché de l’APCIQ, Charles Brant.

Une situation qui pourrait à terme entraîner un certain « retour du balancier » en incitant des résidents de la banlieue à revenir à Montréal « dans les prochaines années » en raison du rétrécissement de l’écart entre le prix des propriétés offertes sur le marché dans ces deux secteurs, entrevoit M. Brant. « C’est sûr que les conditions de marché migrent vers un marché à l’avantage des acheteurs » à Montréal, ce qui pourrait attirer de nouveaux résidents en provenance de la banlieue, fait-il valoir. À suivre.

 

https://www.ledevoir.com/societe/transports-urbanisme/777549/demographie-montreal-toujours-perdante-au-profit-de-la-banlieue

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  • 2 semaines plus tard...

Occasion à ne pas rater

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PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

Le gouvernement « ne devrait plus pouvoir construire un hôpital en plein champ, comme il l’a fait à Vaudreuil-Dorion », écrit l’auteur. Sur la photo : l’emplacement du futur hôpital avant le début des travaux.

Ce printemps, une ministre aura l’occasion de transformer le territoire québécois de façon plus importante encore que Jean Garon et sa politique de protection du territoire agricole. Les principes de son projet ont été adoptés cet automne, le plan pour sa mise en œuvre le sera dans quelques mois. C’est de ce plan que tout dépend. De quelle ministre et de quel projet parle-t-on ?

La ministre Andrée Laforest déposera ce printemps le plan de mise en œuvre de la Politique nationale de l’architecture et de l’aménagement du territoire (PNAAT). Le plan fait présentement l’objet de discussions intenses au gouvernement. C’est maintenant que ça se passe, comme on dit.

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PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Andrée Laforest, ministre des Affaires municipales

Ces discussions sont cruciales pour l’environnement et pour notre qualité de vie.

Qu’est-ce que cette bibitte ?

La PNAAT est assez vaste, je ne vous donne que quelques exemples de ce qu’elle veut encadrer, partout au Québec. Elle veut orienter la croissance urbaine vers des milieux déjà dotés d’infrastructures et de services publics (centre-ville et cœur de village), augmenter la qualité de l’architecture, contrer la perte des milieux naturels et des terres agricoles, favoriser le transport actif et le transport en commun, planifier des territoires capables de mieux s’adapter aux conséquences des changements climatiques, valoriser le patrimoine et les paysages, accroître la prise en compte des réalités des nations autochtones, etc. Vaste programme.

 

Mais tout est là. En principe.

Au moment de l’annonce de la PNAAT par la ministre, tout le monde était content. Même les unions municipales. Même les entreprises. Même les promoteurs immobiliers. Ça m’inquiète.

Il y a des promoteurs immobiliers pour qui bien construire, c’est répondre au marché, peu importe l’impact sur l’environnement.

Il y a des chambres de commerce pour qui la libre entreprise est plus importante que la lutte contre les changements climatiques.

Il y a des villes qui veulent agrandir leur périmètre urbain et continuer de s’étaler.

Il y a des citoyens pour qui protéger le paysage est l’équivalent de pelleter des nuages.

Et tout le monde était content de la nouvelle Politique ? C’est que tout le monde attend la suite : le plan de mise en œuvre.

C’est là qu’une partie de notre avenir se joue. Si ce plan ne dérange personne, il n’arrangera rien.

De quel genre de dérangement parle-t-on ?

Par exemple, les villes et les villages du Québec ont présentement assez de place à l’intérieur de leur périmètre urbain pour accommoder minimalement jusqu’à 30 ou 40 ans de croissance démographique (un million de personnes). Il faut donc que la politique dise non, partout, tout le temps, à l’ouverture du périmètre urbain. Il y a des exceptions ? Des endroits vraiment saturés ? Dommage. Les gens iront s’installer ailleurs. C’est ce qu’un bon plan de mise en œuvre dirait.

Il faut aussi que les exigences contenues dans le plan transforment la croissance actuelle, souvent néfaste, en croissance positive ou réparatrice.

Orienter fermement les nouveaux habitants vers les centres-villes, les noyaux villageois et les rues d’ambiance, c’est consolider et améliorer la vie commerciale, l’efficacité des transports en commun, le dynamisme de la vie de quartier, etc. Et grâce à cette densité, offrir des services coûtera beaucoup, beaucoup, moins cher à la ville.

Il faut donc que le plan « force » les villes et les villages à se reconstruire sur eux-mêmes. Je suis d’accord avec l’autonomie municipale : le gouvernement du Québec ne devrait pas se prononcer sur le « comment ». Mais sur le « quoi », il nous faut des orientations nationales claires : favoriser la densité, protéger les milieux humides, les terres agricoles, etc.

Le plan de mise en œuvre devra aussi exiger l’exemplarité de l’État, le gouvernement du Québec lui-même doit améliorer ses façons de faire.

Il ne devrait plus pouvoir construire un hôpital en plein champ, comme il l’a fait à Vaudreuil-Dorion, ou encore autoriser la destruction d’un des seuls édifices patrimoniaux de l’île d’Anticosti. Une SAQ ne devrait plus pouvoir s’installer dans un « Smart center » (traduction libre : centre commercial stupide, donc situé en périphérie des zones urbaines). Le ministère des Transports ne devra plus être obsédé par la fluidité de la circulation, mais par la baisse des émissions de GES et par la sécurité des piétons. S’il doit construire, le gouvernement mettra de la beauté dans nos vies en multipliant les concours d’architecture. Etc.

Dernier élément. Si on ne réforme pas la fiscalité municipale, la nouvelle PNAAT pourrait très bien être inutile. On donne des responsabilités aux villes, mais pas de nouvelles sources significatives de revenus alors elles en cherchent partout. Si on ne réforme pas la taxe foncière, elles utiliseront absolument toutes les zones grises pour construire, construire et construire encore. Adopter une PNAAT sans programme d’aide financière pour donner les moyens aux villes de l’appliquer et sans réformer la fiscalité municipale, c’est comme planter un arbre à côté d’une scierie.

La ministre a une occasion exceptionnelle de passer à l’histoire. J’espère qu’elle la saisira, pour notre bien à tous.

 
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