Aller au contenu
publicité

Étalement Urbain (reportage et discussion)


Messages recommendés

Ceci n’est pas un débat de valeurs

 

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

En zone urbaine, les infrastructures coûtent 1416 $ par ménage. En zone périphérique, la facture est 2,4 fois plus élevée.

Paul Journet La Presse

En matière de citation qui pourrit un débat, il est difficile de faire mieux.

Publié à 5h00

https://www.lapresse.ca/actualites/chroniques/2022-05-10/ceci-n-est-pas-un-debat-de-valeurs.php

« Je suis qui, moi, pour dire à une jeune famille : vu que la mode est à la densification, tu vas aller vivre dans une tour de 12 étages ? »

Elle vient du ministre des Transports, François Bonnardel, qui se défendait contre les critiques sur l’étalement urbain accéléré par le troisième lien Québec-Lévis.

Pour ceux qui ont manqué quelques épisodes, il n’existe pas encore de police militaire qui emprisonne les familles dans des gratte-ciels où la La semaine verte est diffusée en boucle*.

La liberté demeure, autant en matière de lieu de résidence que de divertissement télévisuel. Mais il n’y a rien d’hérétique à orienter le choix des gens.

Il y a une expression pour cela : faire de la politique.

Les caquistes aiment caricaturer les urbanistes en snobs qui méprisent les banlieues. De grâce, ne tombons pas dans ce piège.

Freiner l’étalement urbain, cela ne signifie pas que tout le monde doive habiter au centre-ville, et encore moins dans un gratte-ciel. Des banlieues comme Terrebonne peuvent aussi être densifiées.

Vous rêvez d’une maison à prix raisonnable avec une petite cour arrière ? Un arbre et des oiseaux ? Une piscine hors terre ? C’est correct. Il n’y a pas de mal à ça.

Le rapport du comité d’experts sur les changements climatiques ne contient aucun jugement de valeur. Il rappelle un fait : nos décisions individuelles ont aussi un coût collectif.

Le besoin d’espace des citoyens est légitime, mais l’État doit y répondre avec une vision d’ensemble qui sert l’intérêt public. Dans ce cas-ci, en trouvant la meilleure façon d’occuper le territoire.

En ce moment, ça ne fonctionne pas bien.

Quelques exemples :

En 2018, la congestion routière a coûté 4,2 milliards de dollars dans le Grand Montréal. En ajoutant les coûts indirects, la facture s’élève à 7,6 milliards.

Le transport routier – en excluant le camionnage – coûte entre 43 et 51 milliards par année.

En zone urbaine, les infrastructures (rues, distribution d’eau, égouts, distribution d’électricité) coûtent 1416 $ par ménage. En zone périphérique, la facture est 2,4 fois plus élevée.

Les VUS sont deux fois plus souvent impliqués dans des collisions avec des piétons qu’une voiture standard. Et lors des accidents avec d’autres véhicules, ils ont 28 % plus de risques de tuer**.

Lisez le rapport du comité d’experts sur les changements climatiques

Le comité d’experts pose la question : est-ce le modèle à privilégier ?

De toute évidence, non. Surtout pas quand on considère aussi l’impact sur l’environnement.

L’étalement urbain n’est pas une fatalité. De 2006 à 2016, Toronto s’est densifié. Mais Montréal et Québec se sont étalés. Leur deuxième couronne a bondi de 11 % et de 19 % respectivement par rapport à leur ville centrale.

Les voitures sont plus grosses et elles parcourent des distances plus grandes. Les maisons prennent également du volume.

Quant aux milieux humides et naturels, ils rétrécissent, ce qui augmente les risques d’inondations. Et le territoire agricole rapetisse, ce qui nuit à notre autonomie alimentaire.

Bien sûr, l’impact de cette bétonisation ne se mesure pas seulement en dollars. La nature ne se réduit pas à son utilité. Elle a aussi une valeur intrinsèque.

Le rapport du comité d’experts rappelle simplement que même en fonction d’une analyse économique, notre urbanisme est malade.

Le gouvernement Legault déposera bientôt sa Politique nationale d’architecture et d’aménagement du territoire.

En l’attendant, on ne peut que le juger sur son bilan.

Sa vision est clientéliste. Le meilleur exemple : le plan vert qui repose surtout sur l’électrification des transports.

Il promet une révolution verte en changeant peu de choses, à part le type de moteur dans notre véhicule.

Vrai, il offre une option de rechange, le transport collectif. À Québec, le projet de tramway avance. Et à Montréal, la ligne bleue du métro sera prolongée, et le projet de REM de l’Est est à l’étude. Mais les routes restent deux fois plus financées que les transports en commun. Les dés sont encore pipés.

Si le nombre d’automobiles, même électriques, continue d’augmenter plus vite que la population, il y aura plus de congestion, d’étalement et de destruction de milieux naturels et de terres agricoles. Sans oublier le déficit commercial qui résulte de l’achat de voitures importées.

Les gens sont libres de choisir leur résidence et leur mode de déplacement. Mais l’État a un rôle : s’assurer que ces gestes individuels ne donnent pas une facture collective trop salée. Il doit établir des règles qui servent le bien commun.

À la question que se posait M. Bonnardel, on peut donc répondre assez facilement. Qui êtes-vous ? Mais vous êtes le ministre !

Heureusement, une nouvelle génération de mairesses et de maires assume ses responsabilités. Elle veut densifier et végétaliser les villes, favoriser le transport actif et collectif, assainir l’air et réduire la pollution sonore.

Cela peut exister hors du Plateau Mont-Royal. Comme à Drummondville, Granby ou Longueuil, dirigés par des mairesses vertes.

Elles ne jugent pas leurs citoyens. Elles ne veulent pas les séquestrer dans des tours. Elles cherchent simplement un autre modèle pour améliorer leur qualité de vie.

Ce n’est pas un jugement de valeur, c’est un projet rassembleur.

* À noter que s’il fallait choisir une émission à regarder à perpétuité, La semaine verte ne serait pas un mauvais choix.

** Cette statistique sur les VUS vient d’Équiterre, et non du comité d’experts.

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

publicité

Frontenac: "Je vous répondrai par la bouche de mes canons" (version plus connue mais légèrement différente des paroles exactes)

Sur MTLURB: Je vous répondrai par la bouche des articles de presse (point besoin de donner sa propre opinion).

Résultat: un forum qui tend à devenir essentiellement un recueil de produits (photos et articles importées) qu'on peut trouver ailleurs.   Un album qu'on feuillette sans effort, agrémenté à l'occasion de messages laconiques comme on en trouve dans les sections réservées aux commentaires des lecteurs des journaux.  Les discussions authentiques s'y perdent comme des aiguilles dans une botte de foin.       

 

 

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Aménagement du territoire : Québec fait une place à la densification

Le gouvernement évoque la nécessité de créer des quartiers plus compacts, mais en respectant le mode de vie des citoyens.

La politique d'aménagement du territoire sera bientôt présentée par la ministre des Affaires municipales et de l'Habitation du Québec, Andrée Laforest.

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Alexandre Duval (accéder à la page de l'auteur)Alexandre Duval

à 4 h 00

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1882819/politique-nationale-amenagement-du-territoire-gouvernement-quebec-principes-densification-protection-terres-agricoles

Récemment qualifiée de « mode » par le ministre des Transports François Bonnardel, la densification occupera une place importante dans la politique d’aménagement du territoire que le gouvernement Legault dévoilera sous peu, a appris Radio-Canada. Sa mise en œuvre devra toutefois attendre 2023 au plus tôt.

Selon nos informations, la politique nationale d’architecture et d’aménagement du territoire tient sur un peu plus d’une trentaine de pages.

Bien que l’expression étalement urbain, objet de vigoureux débats à l’Assemblée nationale ces jours-ci, soit presque absente du document, cette question y est bel et bien abordée, mais sous l’angle de la densification.

La politique évoque en effet la nécessité de créer des quartiers plus compacts et de faire une utilisation plus intelligente du territoire, mais tout en respectant le mode de vie des citoyens.

Décrite comme l’étape initiale d’une importante entreprise collective, la politique du gouvernement se décline en quatre axes principaux :

des milieux de vie de qualité qui répondent aux besoins des citoyens;

un aménagement qui préserve et met en valeur les milieux naturels et les terres agricoles;

des communautés dynamiques et authentiques partout au Québec;

un plus grand souci du territoire et de l’architecture dans l’action publique.

Récemment, Québec s'est engagé à maintenir la vocation agricole des terres des Sœurs de la Charité (archives).

Photo : Radio-Canada / Guillaume Croteau-Langevin

Patience

Sans surprise, le gouvernement ne prévoit pas détailler tout de suite la façon dont ces grandes idées prendront forme de manière concrète.

Selon nos informations, il faudra attendre 2023, donc après les élections générales de l'automne prochain, avant que ne soit adopté un plan de mise en œuvre de cette politique, si la Coalition avenir Québec conserve le pouvoir.

Il semble aussi que Québec attendra avant de présenter de nouvelles orientations gouvernementales en matière d’aménagement du territoire (OGAT).

Ces orientations sont pourtant fondamentales puisqu’elles guident notamment les MRC dans le développement de leurs schémas d’aménagement ainsi que les municipalités dans l’élaboration de leurs plans d’urbanisme.

Hormis certains ajouts réalisés au cours des 20 dernières années, les OGAT actuellement en vigueur au Québec ont été adoptées au milieu des années 1990 et sont donc jugées dépassées par plusieurs observateurs.

Attentes élevées

Issue d’une vaste démarche de consultation, la politique nationale d’architecture et d’aménagement du territoire est attendue de pied ferme dans les milieux environnemental et municipal, entre autres.

Ayant siégé au comité consultatif durant l’élaboration de cette politique, le responsable du comité aménagement du Regroupement national des conseils régionaux de l’environnement du Québec, Alexandre Turgeon, s’attend à une vision claire.

Notre attente par rapport à la politique, c'est qu'elle donne la voie, qu'on puisse dire : "Dorénavant, on va aller dans cette direction-là et on va arrêter de scrapper notre territoire parce qu'on gâche nos paysages."

« Plein de villes le disent, des élus le disent de plus en plus fort depuis un certain temps que c'est une catastrophe, la façon dont ils ont développé leur propre territoire. »

— Une citation de  Alexandre Turgeon, responsable du comité aménagement du Regroupement national des conseils régionaux de l’environnement du Québec

Alexandre Turgeon a siégé au comité consultatif pendant l'élaboration de la politique nationale d'architecture et d'aménagement du territoire.

Photo : Radio-Canada / Érik Chouinard

M. Turgeon ne croit pas que le fait de limiter l’étalement urbain suffira. Il faut stopper l’étalement urbain, affirme-t-il. Selon lui, le Québec peut subvenir à ses besoins d’urbanisation au cours des 25 prochaines années uniquement en requalifiant des terrains plutôt qu’en en aménageant de nouveaux.

Il va falloir qu'on fasse des choix : c'est quoi, les endroits stratégiques qu'on veut réparer sur notre territoire pour améliorer la qualité de vie des citoyens? dit-il.

« Donner l'exemple »

Le président de l’Ordre des urbanistes du Québec, Sylvain Gariépy, qui a aussi siégé à ce comité consultatif, croit d’ailleurs qu’un des principes fondamentaux devra être l’exemplarité de l’État.

Nous croyons fermement que l'État doit donner l'exemple, c'est-à-dire changer ses critères de localisation de ses infrastructures publiques afin d'éviter l'étalement dans le territoire, affirme-t-il.

« Quand on va implanter un hôpital à tel endroit, est-ce qu'on a le transport collectif, une desserte autoroutière suffisante? »

— Une citation de  Sylvain Gariépy, président de l'Ordre des urbanistes du Québec

Le président de l'Ordre des urbanistes du Québec, Sylvain Gariépy, a aussi siégé au comité consultatif.

Photo : Radio-Canada

Selon M. Gariépy, pour avoir des effets concrets, la politique devra miser sur une révision de l’ensemble des lois qui affectent l’aménagement du territoire, sur une meilleure entente avec les peuples autochtones pour l’utilisation du territoire et sur de meilleurs mécanismes de financement pour les municipalités.

Alexandre Turgeon, pour sa part, souhaite que le changement se mette en branle le plus rapidement possible après le dévoilement de la politique.

Personnellement, j'aurais souhaité que la politique soit déjà déposée, que le plan de mise en œuvre soit déjà déposé, que les nouvelles orientations gouvernementales en matière d'aménagement soient déjà adoptées, admet-il.

À son avis, le Québec fait fausse route année après année en aménageant des milieux de vie qui misent sur l’automobile et qui, en plus des problèmes environnementaux, risquent de réserver de mauvaises surprises avant longtemps.

Un des risques, c'est que des quartiers qui ont émergé dans les 10 dernières années, il n'y a personne qui veuille aller vivre dans un endroit comme ça dans 15 ou 20 ans, parce que ce sont des milieux qui ont été extrêmement moches, et ce sont des gens qui vont avoir de la misère à revendre leurs propriétés, évoque-t-il.

Avec la collaboration de Martine Biron

Alexandre Duval (accéder à la page de l'auteur)

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Les maires du Québec : la prochaine opposition ?

 

PHOTO YAN DOUBLET, LE SOLEIL

Le maire de Québec, Bruno Marchand, et la mairesse de Montréal, Valérie Plante, à Québec le 11 mai dernier

Michel C. Auger Collaboration spéciale

Après les prochaines élections, les maires du Québec deviendront-ils, de facto, la véritable opposition au gouvernement de la CAQ ? La question est pertinente pour deux raisons. D’abord en raison de notre système électoral, qui pourrait bien donner près d’une centaine de députés à la CAQ avec les 42 % ou 43 % des voix que lui accordent actuellement les sondages.

Publié à 6h00

https://www.lapresse.ca/contexte/chroniques/2022-05-15/les-maires-du-quebec-la-prochaine-opposition.php

Avec quatre partis qui se disputeront environ deux douzaines de sièges, l’opposition parlementaire risque d’être faible et éparpillée. En plus, dans l’état actuel des choses, aucun des chefs des quatre partis de l’opposition n’est certain d’être élu dans sa circonscription. Cela pourrait signifier une ou plusieurs courses au leadership qui vont prendre beaucoup de temps et d’énergie... à l’extérieur du Parlement.

Dans les circonstances, la nature ayant horreur du vide, l’opposition à la CAQ pourrait bien se manifester ailleurs qu’à l’Assemblée nationale.

On a déjà commencé à le voir au cours du dernier congrès de l’Union des municipalités du Québec, il y a actuellement une nouvelle génération de maires et d’élus municipaux qui n’ont pas du tout les mêmes priorités que le gouvernement Legault.

Contrairement à leurs aînés, ces maires n’ont pas du tout l’intention de se coller au parti au pouvoir dans l’espoir de faire avancer leurs dossiers. En particulier en matière d’environnement et de réchauffement climatique, ils et elles estiment qu’ils et elles ont le droit de parler haut et fort, même si cela ne fait pas l’affaire du gouvernement en place.

On en a vu plusieurs exemples au cours des derniers mois. La résistance tranquille mais persistante de Valérie Plante a forcé le gouvernement à larguer la Caisse de dépôt et à considérer un autre projet de transport en commun pour l’est de Montréal.

 

PHOTO YAN DOUBLET, LE SOLEIL

Bruno Marchand répond aux questions des journalistes

Le maire de Québec, Bruno Marchand, n’a tout simplement pas l’intention de garder le silence sur le projet du troisième lien qu’il juge irrecevable, tant sur le plan de l’environnement que du développement urbain.

Et surveillez bien la complicité qui unit la mairesse de Longueuil, Catherine Fournier, et le maire de Laval, Stéphane Boyer, tant sur les questions du logement que de l’aménagement du territoire.

On pourrait en citer bien d’autres, parce que c’est toute une nouvelle génération de politiciens municipaux qui ont été élus en novembre dernier et qui sont beaucoup plus préoccupés d’enjeux environnementaux et de qualité de vie que leurs prédécesseurs.

Le président de l’Union des municipalités du Québec et maire de Gaspé, Daniel Côté, a bien résumé la situation en disant que les changements climatiques ne sont pas un enjeu parmi tant d’autres : « C’est la priorité qui doit guider nos décisions... Toutes les municipalités sont solidaires sur cet enjeu d’importance, on y tient. C’est le défi numéro un de notre époque. »

Or, on le voit depuis le début de son mandat, « le défi numéro un de notre époque » est loin d’être une priorité pour le gouvernement de la CAQ. En cette fin de mandat, c’est même devenu plus que jamais son angle mort.

On ne peut pas sérieusement prétendre que le troisième lien ne va pas être un facteur d’étalement urbain du côté de Lévis. La même chose est vraie pour la construction d’autoroutes. Encore cette semaine, le Comité consultatif sur les changements climatiques – qui conseille le gouvernement du Québec en ces matières – a publié un rapport qui conseille de stopper le développement des autoroutes au Québec.

Mais, au Québec, qui dit campagne électorale dit promesses de nouvelles autoroutes. L’encre n’était pas sèche sur le rapport que le premier ministre Legault avait clairement indiqué qu’il n’avait pas l’intention de suivre cette recommandation.

Il y a un autre enjeu, financier celui-là, qui va devenir un contentieux entre le gouvernement du Québec et les municipalités, soit celui de la fiscalité municipale qui condamne les villes à être dépendantes presque exclusivement de l’impôt foncier.

C’est un vieux débat. L’impôt foncier était un bon instrument quand il s’agissait de donner des services à la propriété : voirie, police, pompiers, etc. Mais les villes font maintenant beaucoup plus que cela et doivent s’occuper de toutes sortes d’autres enjeux, qui vont du culturel aux services aux aînés et au développement économique.

Non seulement l’impôt foncier n’est pas adapté à ces responsabilités, mais il a aussi un effet pervers : il favorise l’étalement urbain, puisque le meilleur moyen pour une ville d’avoir de nouveaux revenus est encore d’aménager de nouveaux quartiers, qui sont nécessairement toujours plus loin du centre.

Là-dessus aussi, le premier ministre est intraitable : les villes pourront avoir plus de pouvoirs – en matière d’expropriation, par exemple –, mais pas question de revoir la fiscalité municipale.

Les villes et le gouvernement du Québec sont déjà sur une trajectoire de collision. Alors, si après les élections du 3 octobre, l’opposition parlementaire devait être réduite à sa plus simple expression, il ne faudra pas s’étonner si les maires du Québec deviennent, par la force des choses, une sorte d’« opposition officieuse ».

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Il y a 15 heures, acpnc a dit :

Les villes et le gouvernement du Québec sont déjà sur une trajectoire de collision. Alors, si après les élections du 3 octobre, l’opposition parlementaire devait être réduite à sa plus simple expression, il ne faudra pas s’étonner si les maires du Québec deviennent, par la force des choses, une sorte d’« opposition officieuse ».

(ci-dessus un extrait de l'article cité par acpnc)

Intéressant.  Cette opposition officieuse pourra se manifester sans devoir se plier aux contraintes inhérentes à un état d'opposition parlementaire minoritaire à l'Assemble nationale.   Par contre, elle aura peu d'emprise sur les nombreux autres enjeux débattus à l'Assemblée, et d'ailleurs je doute qu'elle puisse développer un quelconque consensus sur ces autres enjeux  -- comme la santé, l'éducation, la politique sociale, la langue etc.

Mais revenons un peu en arrière, c'est-à-dire aujourd'hui: parmi les partis d'opposition à l'Assemble nationale, y en a-t-il un qui soit capable de saisir le ballon (les positions des maires) pour s'en faire le porteur lors des prochaines élections provinciales? 

 

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Densification urbaine « Pas dans ma cour » à Saint-Lambert ?

 

PHOTO CATHERINE LEFEBVRE, COLLABORATION SPÉCIALE

Une partie des terrains désaffectés de l’ancienne quincaillerie Matériaux Coupal (Rona) visés par un projet immobilier qui soulève les passions à Saint-Lambert.

Un important projet immobilier est en péril

Publié à 6h00

https://www.lapresse.ca/affaires/2022-05-16/densification-urbaine/pas-dans-ma-cour-a-saint-lambert.php

Maxime Bergeron La Presse

L’enjeu de la densification urbaine atterrit à l’avant-scène dans la banlieue cossue de Saint-Lambert. La nouvelle administration déposera lundi soir un projet de règlement de zonage qui pourrait compromettre la réalisation d’un complexe de 1135 logements évalué à 500 millions de dollars, a appris La Presse. Les promoteurs crient au syndrome du « pas dans ma cour ».

« La Ville de Saint-Lambert agit complètement à sens contraire du développement durable, c’est totalement irresponsable », fulmine Philippe Bernard, coprésident et fondateur de Pur Immobilia.

Son entreprise a conclu en 2021 des ententes pour redévelopper deux des derniers terrains disponibles à Saint-Lambert : celui de la biscuiterie Dare et celui de l’ancienne quincaillerie Matériaux Coupal (Rona). Le groupe espère y construire une série d’immeubles de trois à huit étages tout près de la gare de train, ainsi que des commerces de proximité et plusieurs espaces verts.

 

Le complexe respecte les balises du projet particulier d’urbanisme (PPU) proposé par l’ancienne administration en 2021, en vue de requalifier ce secteur industriel qui a plutôt grise mine. La nouvelle mairesse Pascale Mongrain et son équipe craignent toutefois une trop forte densification et prendront des moyens concrets pour renverser la vapeur.

Ils proposeront deux motions à la séance du conseil municipal de lundi soir pour réviser en profondeur le plan d’urbanisme et le règlement de zonage de toute la municipalité. La Ville pourra « régir, dans chaque zone, l’occupation du sol, notamment en prohibant ou en autorisant les constructions et les usages », indique une ébauche du document obtenue par La Presse.

 

PHOTO FOURNIE PAR PASCALE MONGRAIN

La mairesse de Saint-Lambert, Pascale Mongrain

Sans entrer dans les détails, la mairesse Mongrain a dit en entrevue que les propositions de la Ville représenteraient un « compromis » entre les visées du promoteur et ce que les résidants actuels du quartier sont prêts à accepter.

« Dans notre projet de refonte, on est allés avec une certaine densification. Est-ce que ça conviendra à Pur Immobilia ? On ne le sait pas », indique Mme Mongrain.

Brûlant d’actualité

Le bras de fer qui se dessine à Saint-Lambert survient alors que le dossier de l’étalement urbain – et de la densification nécessaire pour le limiter – occupe une place centrale dans l’actualité québécoise. Le ministre des Transports, François Bonnardel, a affirmé en avril que la densification était une « mode », une déclaration surprenante qui a amené les maires de plusieurs grandes villes à faire front commun dans les pages de La Presse la semaine dernière.

 

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Le ministre des Transports et ministre responsable de la région de l’Estrie, François Bonnardel, pendant une mêlée de presse récente

Au-delà du choix du vocabulaire, la question soulève son lot d’enjeux concrets dans plusieurs villes québécoises. Devrait-on construire des immeubles plus ou moins hauts sur les rares terrains disponibles ? Intégrer des logements sociaux à chaque projet, et si oui, combien ? Quelle place devrait être réservée aux parcs et autres services communautaires ?

À quelques kilomètres de Saint-Lambert, dans le secteur montréalais de Bridge-Bonaventure, ces questions s’entrechoquent avec fracas depuis plusieurs semaines. L’administration de Valérie Plante propose d’y ériger 3800 logements (dont 1270 sociaux), alors que les promoteurs immobiliers en voudraient au moins 12 000. Ils craignent une sous-utilisation de ces terrains de 2,3 km⁠2 stratégiquement situés, parmi les derniers disponibles près du centre-ville.

Pur Immobilia redoute un scénario similaire à Saint-Lambert. Philippe Bernard craint que la Ville opte pour le minimum de densité actuellement requis dans ce secteur, soit 60 habitations par hectare – très loin de ce que son groupe propose. « La nouvelle administration veut couper 80 % de ce projet, littéralement, lance-t-il. On passerait d’un projet de 1135 logements à 225 logements, sur les deux terrains au total. »

 

PHOTO CATHERINE LEFEBVRE, COLLABORATION SPÉCIALE

Philippe Bernard et Yann Lapointe, coprésidents de Pur Immobilia, espèrent construire un projet de 1135 logements sur deux terrains industriels de Saint-Lambert en voie de requalification.

Une telle réduction rendrait le projet non viable, affirme-t-il, d’autant plus que « des millions » devront être investis pour décontaminer les deux terrains industriels totalisant 61 000 mètres carrés. Le promoteur ne mâche pas ses mots au sujet de la position de la Ville et des citoyens farouchement opposés au chantier. « C’est le classique ‟pas dans ma cour”. »

Citoyens inquiets

Il reste que le projet de Pur Immobilia soulève des inquiétudes bien réelles chez des riverains depuis son annonce, en mai 2021. Il est même devenu l’un des thèmes centraux de la campagne municipale de l’automne dernier.

Plusieurs craignent une explosion de la circulation automobile dans le secteur Saint-Charles, enclavé par une voie ferrée où passent des dizaines de trains chaque jour. D’autres s’inquiètent de la disparition des espaces de stationnement sur rue, de la surutilisation des infrastructures souterraines désuètes, ou encore de l’ombrage qui sera généré par les immeubles. Certains préféreraient enfin que les terrains fassent place à une école et à une garderie – deux services qui manquent dans la ville de 22 000 habitants.

 

PHOTO CATHERINE LEFEBVRE, COLLABORATION SPÉCIALE

La biscuiterie Dare de Saint-Lambert devrait définitivement cesser ses activités dans les prochains mois.

Le Lambertois Karl Villeneuve, qui a tenté de se faire élire à la mairie l’an dernier, estime que le travail a été fait « à l’envers » dans la conversion de ce secteur industriel. « On veut densifier, mais on n’a rien pour supporter [ce projet] au niveau des infrastructures, des CPE, des écoles et de la circulation. »

Le dossier est ultrasensible pour la mairesse Mongrain, en poste depuis six mois. Elle reconnaît que le redéveloppement urbain est « la question de l’heure au Québec » et croit que « la densification fait partie de l’équation ». Mais trouver le bon équilibre sera délicat dans sa ville où les (grosses) maisons avec piscine occupent le haut du pavé.

 

IMAGE TIRÉE DU SITE PROJETDARECOUPAL.COM

Une vision préliminaire de ce à quoi pourrait ressembler le projet de Pur Immobilia

« C’est fini, l’idée de construire des cottages avec de belles grandes cours en arrière, dit-elle. Il faut permettre plus de hauteur, mais on est sensibles aux considérations de nos citoyens. On ne veut pas construire des tours de 15, 20 étages. »

L’élue reconnaît du même souffle que Saint-Lambert doit à tout prix accroître ses sources de revenus. La municipalité s’est défusionnée de Longueuil en 2006 tout en continuant à payer une importante quote-part à l’agglomération. Elle n’a aucune industrie lourde pour garnir ses coffres ; l’essentiel de ses recettes provient des impôts fonciers résidentiels, déjà élevés. Les infrastructures craquent de partout au moment où la Ville est au bord du gouffre financier, résume la mairesse.

On n’a plus une cenne, on n’a pas de coussin, on n’a pas de buffer.

Pascale Mongrain, mairesse de Saint-Lambert

Le groupe Pur Immobilia est très conscient de cette réalité et estime à des dizaines de millions de dollars les retombées de son projet pour la Ville dans les prochaines années. La mairesse Mongrain réitère pour sa part que Saint-Lambert fera « des compromis de densification », mais « pas pour faire plaisir à un promoteur ». Ni le projet de Pur Immobilia ni le PPU du secteur Saint-Charles n’ont été approuvés par l’administration précédente, précise-t-elle.

Les citoyens pourront se prononcer au cours des prochains mois sur les nouvelles règles de zonage et d’urbanisme qui seront proposées par la Ville. Pascale Mongrain espère que toutes les étapes auront été franchies en vue de leur adoption d’ici la fin de 2022.

Pas de logements sociaux

Le projet que souhaite réaliser Pur Immobilia à Saint-Lambert comporterait environ 730 appartements locatifs et 390 copropriétés, de même que 15 maisons de ville, selon les plans initiaux. Une partie des logements seraient considérés comme « abordables » en vertu des critères assez élastiques de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), mais aucun logement social n’y est prévu. Les promoteurs croient que le complexe permettra surtout de répondre à la demande provenant de personnes plus âgées qui cherchent à vendre leur propriété pour vivre dans un logis moins grand, et de jeunes Lambertois qui n’ont pas les moyens d’acheter une maison, mais veulent rester dans le secteur. « La majorité de nos clients vont être des gens de Saint-Lambert, croit le coprésident Yann Lapointe. Les gens qui vont vivre dans ce projet-là vont conduire les mêmes voitures que les gens qui vivent à quelques coins de rue de là. » Le projet dessiné par la firme Huma Architecture prévoit une rue partagée, des parcs, de l’agriculture urbaine et une importante canopée, mais peu d’images officielles ont filtré jusqu’ici.

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Il y a 8 heures, Né entre les rapides a dit :

(ci-dessus un extrait de l'article cité par acpnc)

Intéressant.  Cette opposition officieuse pourra se manifester sans devoir se plier aux contraintes inhérentes à un état d'opposition parlementaire minoritaire à l'Assemble nationale.   Par contre, elle aura peu d'emprise sur les nombreux autres enjeux débattus à l'Assemblée, et d'ailleurs je doute qu'elle puisse développer un quelconque consensus sur ces autres enjeux  -- comme la santé, l'éducation, la politique sociale, la langue etc.

Mais revenons un peu en arrière, c'est-à-dire aujourd'hui: parmi les partis d'opposition à l'Assemble nationale, y en a-t-il un qui soit capable de saisir le ballon (les positions des maires) pour s'en faire le porteur lors des prochaines élections provinciales? 

 

On s'entend que l'objectif des maires n'est pas de se substituer à l'opposition officielle, mais de plutôt faire entendre leurs doléances dans des dossiers qui les concernent directement. On verra ensuite si cette action est porteuse dans d'autres dossiers chauds de l'heure. Aucun doute cependant, ils ont théoriquement le pouvoir de peser substantiellement sur les électeurs et les influencer plus directement, surtout qu'ils les représentent déjà en tant que gouvernement local à l'échelle municipale.

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Il y a 13 heures, acpnc a dit :

On s'entend que l'objectif des maires n'est pas de se substituer à l'opposition officielle, mais de plutôt faire entendre leurs doléances dans des dossiers qui les concernent directement. On verra ensuite si cette action est porteuse dans d'autres dossiers chauds de l'heure. Aucun doute cependant, ils ont théoriquement le pouvoir de peser substantiellement sur les électeurs et les influencer plus directement, surtout qu'ils les représentent déjà en tant que gouvernement local à l'échelle municipale.

On s'entend très bien.  Ce qui met un bémol sur la portée de l'article paru dans La Presse du 15 mai dernier, cité sur ce fil.  Ainsi, sans aller aussi loin que de parler d'opposition officieuse, on pourrait concevoir que le Gouvernement (provincial) élu à Québec tiendra compte des avis exprimés par les maires dans ses orientations au cours des prochaines années.  

  • Like 1
Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Saint-Bruno se densifiera… loin de son centre-ville

 

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Vue aérienne du centre-ville de Saint-Bruno-de-Montarville

La densification du territoire n’a pas que des adeptes. Après Saint-Lambert, c’est au tour de Saint-Bruno-de-Montarville, en Montérégie, d’intervenir pour préserver le caractère unifamilial de sa ville. Mardi soir, les élus ont adopté une modification au règlement de zonage pour limiter à deux étages la hauteur des nouveaux bâtiments au centre-ville.

Publié à 5h00

https://www.lapresse.ca/actualites/2022-05-18/saint-bruno-se-densifiera-loin-de-son-centre-ville.php

Suzanne Colpron La Presse

Le maire de Saint-Bruno-de-Montarville a trouvé une façon de résoudre un problème en apparence insoluble : densifier sa ville tout en préservant à tout prix son caractère unifamilial.

La solution ? Densifier un secteur bien à l’écart du noyau urbain. Dans ce cas, à 5 km du centre-ville, de l’autre côté de l’autoroute 30.

« Notre vision, c’est que la densification se fasse plus dans le secteur des Promenades St-Bruno, là où ça ne dérange personne », explique le maire Ludovic Grisé Farand, en entrevue avec La Presse.

Pour concrétiser cette vision, son administration a adopté mardi soir une modification musclée au règlement de zonage interdisant toute nouvelle construction de plus de deux étages dans le centre-ville. Jusqu’ici, on permettait des immeubles de trois, quatre ou cinq étages, pour attirer des citoyens et assurer le dynamisme du cœur villageois.

 

INFOGRAPHIE LA PRESSE

Sources : Ville de Saint-Bruno-de-Montarville et agence immobilière CBRE

Le conseil municipal se réserve toutefois le droit d’octroyer des « étages supplémentaires » pour certains bâtiments.

« Saint-Bruno, c’est une ville qui a gagné plusieurs prix », souligne le maire de 30 ans, élu en novembre 2021.

 

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Ludovic Grisé Farand, maire de Saint-Bruno-de-Montarville

Saint-Bruno est reconnu à l’échelle canadienne pour sa beauté, sa verdure, sa joie de vivre. Nous, on veut conserver ça. Donc, notre vision, c’est de conserver un centre-ville avec cachet. Ça, ça veut dire pas de tours de cinq étages.

Ludovic Grisé Farand, maire de Saint-Bruno-de-Montarville

Isabelle Bérubé, spécialiste en environnement et en protection du territoire et candidate défaite à la mairie de Saint-Bruno, constate plutôt : « À la réponse on va densifier ailleurs, venait aussi la réponse on va mettre du logement abordable ailleurs. C’est comme si on prenait les gens qui n’avaient pas les moyens et qu’on les envoyait en périphérie, derrière les Promenades St-Bruno. Puis, nous, on garde le présumé caractère villageois pour plaire aux vieux résidants qui n’aiment pas la transformation du centre-ville. »

Un juste milieu

Mais comment le nouveau maire concilie-t-il sa stratégie avec les principes établis par le gouvernement du Québec et la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), dont Saint-Bruno est membre, pour contrer l’étalement urbain et, à cette fin, densifier le territoire ?

 

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Les bungalows comptent pour 72,6 % des habitations de Saint-Bruno-de-Montarville.

« On peut faire beaucoup de densification dans des villes comme Longueuil, Montréal, Laval, Sherbrooke ou Gatineau, répond M. Grisé Farand. Mais il ne faut pas raser les petits villages et les villes de plus petites tailles pour faire des boulevards Taschereau et des Quartiers DIX30. Il peut y avoir un juste milieu entre les deux. »

Je pense qu’il faut limiter l’étalement, mais ça prend un certain équilibre aussi, parce que les gens qui partent des grandes villes veulent un terrain. Ce n’est pas vrai qu’on va tous vivre dans des 4 1/2.

Ludovic Grisé Farand, maire de Saint-Bruno

À Saint-Bruno, avec sa population de 26 873 habitants, l’habitat est largement constitué de bungalows, qui comptent pour 72,6 % des habitations. La ville compte également un important territoire agricole représentant 28 % de sa superficie, selon l’Observatoire du Grand Montréal.

Cette composition urbaine peut contribuer à expliquer les priorités de l’édile : « On conserve le plus de maisons unifamiliales possible parce que c’est ce que recherchent les jeunes familles quand elles viennent ici. Nous, on pense que c’est aux citoyens de décider du développement de la ville et pas aux promoteurs. »

 

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Vue aérienne du centre-ville de Saint-Bruno-de-Montarville

Le maire, qui est comptable de formation, estime également qu’avec le projet de développement de « 2800 portes » derrière les Promenades St-Bruno et le Walmart, il s’acquitte de ses obligations. « Il pourrait y avoir à cet endroit des tours avec quatre, cinq ou six étages, ce qui nous permet de respecter les ratios de la densification édictés par la CMM. Parce qu’on est lié par ça. »

Fausse route

Michel Rochefort, professeur en planification urbaine à l’Université du Québec à Montréal, croit que Saint-Bruno fait fausse route : « Quand on regarde le centre-ville, on voit qu’il y a énormément d’espaces qui peuvent être optimisés, sans permettre des immeubles en hauteur. » « La question, c’est pourquoi déplacer beaucoup de densité à l’extérieur du centre-ville. Dans le fond, on va créer un nouveau quartier, complètement détaché du vieux Saint-Bruno, qui va entraîner des déplacements en automobile au lieu de déplacements actifs. »

C’est un problème en matière de développement durable. On refait une ville où il faut se déplacer en voiture pour se rendre d’un point à l’autre.

Michel Rochefort, professeur en planification urbaine à l’UQAM

Cette approche de l’occupation du territoire ne se reflète pas seulement dans le règlement de zonage. Elle est au cœur d’un autre débat, sur l’emplacement d’un futur complexe sportif de plus de 50 millions, soit sur le site de l’école secondaire du Mont-Bruno, à moins d’un kilomètre du centre-ville, soit sur le site Marie-Victorin, près de l’autoroute 30, plus éloigné et donc plus susceptible d’encourager le recours à l’automobile.

 

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Commerces du centre-ville de Saint-Bruno-de-Montarville

Le choix d’un des deux sites sera soumis à une forme de référendum au début de juin. « Pour ma part, mon choix est fait. Je vais voter pour le site Marie-Victorin », affirme le maire, évoquant les coûts et les délais, et estimant que le caractère « un peu excentré » du site, proche de l’autoroute, ne pose pas de problème.

« On aurait pu aller en référendum légal, un processus qui coûte énormément d’argent. On a plutôt fait affaire avec une firme spécialisée qui a un système de vote ultra sécurisé. Chaque citoyen va recevoir un numéro d’identification personnel par la poste et va pouvoir voter en ligne, par téléphone ou en personne », précise-t-il.

Projets compromis

La modification au règlement de zonage a aussi des effets très concrets sur des projets en développement qui, soudainement, se trouvent compromis.

Brendan O’Dowd, spécialisé dans le logement abordable, poursuit la Ville parce que son projet a été refusé. Il a acquis deux maisons sur le chemin de la Rabastalière qu’il comptait faire démolir pour construire un immeuble de 19 logements. Son projet, approuvé par le comité consultatif d’urbanisme (CCU) de Saint-Bruno, a été bloqué par le comité de démolition.

 

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Brendan O’Dowd, promoteur immobilier, poursuit la Ville de Saint-Bruno.

On poursuit parce qu’il n’y a pas de cohérence dans la ligne directrice de la Ville.

Brendan O’Dowd, promoteur immobilier

« Le nouveau règlement ne tient pas la route par rapport à l’étalement urbain, à la densification des centres-villes, à l’environnement, aux transports en commun et aux commerces de proximité, juge ce promoteur. Tout ce que le gouvernement demande aux villes de faire, lui, Ludovic [Grisé Farand], dit non, nous on est au-dessus de ça et on va envoyer les gens dans un nouveau quartier qui va peut-être être construit dans cinq ou dix ans derrière les Promenades St-Bruno. »

Le conseiller Vincent Fortier a voté contre la modification du règlement de zonage qui, en plus d’encourager l’étalement, donne selon lui un pouvoir discrétionnaire au maire. « Le maire a la capacité et le droit de filtrer les projets immobiliers qui ne sont pas conformes au cadre réglementaire et de soumettre au conseil de ville ceux qu’il juge intéressants. Comment assurer, sans cadre réglementaire cohérent, le développement unifié ? C’est impossible pour moi », lance-t-il.

Lisez l’article « Densification urbaine : “pas dans ma cour” à Saint-Lambert ? »

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Densifions intelligemment, mais densifions

 

PHOTO CATHERINE LEFEBVRE, COLLABORATION SPÉCIALE ARCHIVES LA PRESSE

Le terrain d’une ancienne quincaillerie à Saint-Lambert, où un projet immobilier à proximité de la gare suscite la controverse.

Nathalie Collard La Presse

La Ville de Saint-Lambert, sur la Rive-Sud, a appuyé sur « pause » afin de repenser un projet immobilier prévu sur d’anciens terrains industriels. À Saint-Bruno-de-Montarville, le maire a adopté des mesures d’urgence pour freiner la densification dans son centre-ville. Les deux municipalités doivent revoir leur plan d’urbanisme, mais d’ici là, elles souhaitent reprendre le contrôle de leur développement.

Publié à 5h00

https://www.lapresse.ca/debats/editoriaux/2022-05-20/densifions-intelligemment-mais-densifions.php

Quand on leur parle, ces élus se disent en faveur d’une densification « intelligente ». Soit. La densification peut bien être « intelligente » ou « douce », un autre terme qu’on entend souvent ces temps-ci. L’important c’est qu’on parle bien de densification.

À Saint-Lambert, on se questionne sur la hauteur des bâtiments et la capacité des infrastructures à accueillir de nouveaux résidants. Mais si on réduit trop le nombre d’habitations, le projet ne sera plus rentable. On devra reprendre le travail effectué par l’administration précédente et refaire une consultation.

Du côté de Saint-Bruno, où on retrouve un grand nombre de maisons unifamiliales, on évoque l’idée de permettre l’ajout d’une unité d’habitation sur le terrain de sa maison. On vante aussi un projet de développement immobilier près des Promenades St-Bruno, loin du centre-ville, où on prévoit ajouter une école et une garderie. Cette densification est trop douce, mais elle répond aux demandes de la population qui ne veut pas qu’on touche à son centre-ville.

Sauf que le Plan métropolitain d’aménagement et de développement (PMAD) de la Communauté métropolitaine de Montréal, tout comme le schéma d’aménagement et de développement de l’agglomération de Longueuil, sont clairs : il faut densifier d’abord près des services et du transport collectif structurant afin de réduire le recours à l’auto qui créerait plus de circulation. C’est ça, la densification intelligente : construire là où il y a déjà un noyau de gens. Même si, au départ, les gens résistent.

Tous les élus municipaux québécois sont confrontés aux mêmes défis provoqués par la crise climatique, qui exige de diminuer nos GES, et la crise du logement : ajouter des habitations sur leur territoire sans perdre leur âme et leur cachet.

Ces élus sont souvent pris en sandwich entre les promoteurs qui veulent construire beaucoup pour rentabiliser leurs investissements, et les citoyens qui défendent le statu quo lors des consultations, à coup de pétitions et de référendums.

On parle d’« acceptabilité sociale » et quand on parle de densité, elle est difficile à obtenir. Or cette acceptabilité, elle doit évoluer. Les élus doivent être en mesure de bien expliquer les besoins et les avantages de la densification à leur population.

Malheureusement, à l’heure actuelle, ils disposent de peu d’exemples emballants pour convaincre qui que ce soit. Quand on dit « densification », les gens voient tout de suite ce qu’ils vont perdre, pas ce qu’ils ont à gagner. Il faut donc les rassurer : la densification ne signifie pas que votre quartier se transformera en copie de Griffintown.

On peut se tourner vers la ville de Candiac, par exemple, qui développe un quartier TOD* autour de la gare de train exo. Quand elle est bien faite, quand elle est travaillée en amont avec les promoteurs, la densification améliore la qualité de vie des gens. Le transport actif rendu possible grâce à la proximité des commerces et des services a des impacts directs sur la santé physique et mentale des individus. C’est démontré.

De toute manière, les villes n’auront bientôt plus le choix de densifier : la démographie va les y forcer. Les baby-boomers vieillissants ne voudront plus habiter leur grande maison, mais souhaiteront peut-être demeurer dans leur quartier.

Plus d’immeubles de condos, donc, et moins de cottages. Sur le territoire de la CMM, la construction d’unifamiliales a chuté au cours des dernières années. Dans certaines villes américaines, on interdit carrément leur construction. C’est un gros changement de culture pour l’Amérique du Nord qui s’est construite autour de l’idéal du « bungalow-piscine-entrée de garage » après la Seconde Guerre mondiale.

On ne changera pas les mentalités du jour au lendemain, mais il faut y travailler.

Or à l’heure actuelle, ceux qui pourraient donner une impulsion au débat, des ministres importants du gouvernement Legault, nagent à contre-courant et politisent la question de la densification.

De l’avis de plusieurs acteurs du monde municipal, les déclarations du ministre des Transports, François Bonnardel – qui a dit que la densification était une « mode » –, ont causé beaucoup de tort. La densification n’est pas une mode, c’est une nécessité.

Mais il faut savoir bien l’expliquer.

*TOD : de l’anglais Transit Oriented Development, il s’agit d’un développement immobilier de moyenne à haute densité autour d’une station de transport en commun à haute capacité comme une gare, par exemple.

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Join the conversation

You can post now and register later. If you have an account, sign in now to post with your account.

Invité
Répondre à ce sujet…

×   Vous avez collé du contenu avec mise en forme.   Supprimer la mise en forme

  Seulement 75 émoticônes maximum sont autorisées.

×   Votre lien a été automatiquement intégré.   Afficher plutôt comme un lien

×   Votre contenu précédent a été rétabli.   Vider l’éditeur

×   You cannot paste images directly. Upload or insert images from URL.


Countup


×
×
  • Créer...