Aller au contenu

Étalement Urbain (reportage et discussion)


Messages recommendés

lapresse.ca
 

Architecture et aménagement du territoire | Ce n’est pas le moment de baisser la barre

Charles Milliard

Le printemps 2023 sera-t-il celui du virage en aménagement du territoire ? Si nous sommes aujourd’hui des dizaines, de tous les domaines d’expertise et de la société civile, à signer ce texte pour exhorter le gouvernement à agir à la hauteur de l’enjeu, c’est que certains signaux ne sont pas rassurants. Bien que l’essentiel des principes d’un aménagement durable du territoire se retrouve dans la vision stratégique de la politique adoptée en juin dernier, nous attendons de les voir percoler dans le discours gouvernemental et surtout dans ses actions.

Charles Milliard

Président-directeur général de la Fédération des chambres de commerce du Québec

Claudel Pétrin-Desrosiers

Claudel Pétrin-Desrosiers Médecin, présidente de l’Association québécoise des médecins pour l’environnement, et 40 autres signataires*

Les défis de notre époque sont presque tous liés à l’organisation de nos milieux de vie. Lourd bilan énergétique, pénurie en habitation, crise de la biodiversité, destruction du patrimoine et banalisation des paysages, vulnérabilité aux risques climatiques, pressions sur le territoire agricole, dégradation de la condition physique des enfants : tout cela trouve en partie sa source dans une organisation territoriale très loin d’être optimale.

Freiner l’étalement urbain, miser sur la sobriété foncière, la proximité et le verdissement, accroître la qualité architecturale et paysagère du cadre bâti, consolider les centres-villes et les noyaux villageois sont des stratégies efficaces et nécessaires pour protéger l’environnement et améliorer la santé de la population, favoriser l’équité et soutenir une certaine prospérité.

Quel que soit le problème, l’aménagement du territoire fait partie de la solution.

Si le gouvernement a bien saisi l’ampleur du défi et l’urgence d’agir, il doit présenter un plan de mise en œuvre de la politique qui soutienne, intègre et généralise le virage nécessaire dans les politiques publiques.

Soutenir

Tant à la planification qu’à la construction, il faut propulser des projets exemplaires partout au Québec. Car si elle permettra, à terme, des économies substantielles, la transformation des pratiques implique aussi des investissements. Par exemple, pour décontaminer des terrains stratégiquement situés, transformer des bâtiments, réaménager des rues et développer les transports collectifs et actifs.

Pour voir se multiplier les écoquartiers et les rues principales florissantes, et ainsi répondre en même temps à la crise du logement et à la crise climatique en créant des milieux de vie complets, il faut financer massivement des projets qui participent directement à l’objectif de la politique : un aménagement plus durable du territoire. L’absence de telles mesures incitatives, vastement réclamées, constituerait une véritable rebuffade.

Intégrer

Tous les ministères et organismes prennent des décisions qui vont s’ancrer durablement sur le territoire. Une réelle exemplarité de l’État et le développement d’un réflexe de cohérence territoriale, dans tous les secteurs et à toutes les échelles, sont indispensables au succès de la politique.

Pensons à la localisation du futur hôpital à Gatineau, où la mobilisation locale a permis d’éviter ce qui promettait d’être une erreur monumentale, en rappelant au gouvernement l’importance d’un emplacement central et accessible en transport en commun.

D’ailleurs, parmi les clés de succès, il est nécessaire d’accroître la planification intégrée de deux concepts qui ont été par le passé trop souvent traités en silo, soit l’aménagement et les transports.

Généraliser

Il faut un leadership gouvernemental fort : les enjeux sont trop collectifs pour s’en remettre uniquement au sens des responsabilités dans chacune des collectivités québécoises. De plus, comme plusieurs acteurs municipaux l’ont souligné, les municipalités sont en concurrence pour attirer de nouvelles familles, de nouveaux emplois, des commerces, etc.

Celles qui prennent sans attendre le virage d’un urbanisme plus durable doivent être saluées. Mais pour assurer l’équité et faire en sorte que l’exception devienne la norme, l’État doit changer les règles pour toutes. Sans quoi, l’étalement urbain endigué à un endroit risque fort de déborder à un autre endroit.

Accélérer

Avec le plan de mise en œuvre de la politique nationale, il faudra agir vite, efficacement et partout. Réviser la Loi sur l’aménagement et l’urbanisme est, à cet égard, une avenue pertinente. Mais pour porter ses fruits, cette révision législative ne peut pas et ne doit pas se limiter à un simple rafraîchissement des procédures. La nouvelle loi devra rendre obligatoires de réels changements de pratiques. Même chose pour les orientations gouvernementales en aménagement du territoire.

Le temps presse. Chaque mois de retard revient à s’enliser plus profondément dans un mode de développement énergivore, consommateur de ressources et de territoire et néfaste à la santé. Tout ce que nous construisons encore selon l’ancien modèle creuse notre déficit environnemental et social et s’ajoute à la somme des problèmes que nous devrons résoudre par la suite.

Ces 24 derniers mois, nous avons été des milliers à « parler territoire », avec la confiance que le gouvernement aurait le courage d’agir. Ce n’est pas le moment de baisser la barre. La montagne ne peut pas accoucher d’une souris.

* Cosignataires : Béatrice Alain, directrice générale du Chantier de l’économie sociale ; Thomas Bastien, directeur général de l’Association pour la santé publique du Québec ; Gérard Beaudet, urbaniste émérite, professeur titulaire à l’École d’urbanisme et d’architecture de paysage de l’Université de Montréal ; Aline Berthe, directrice générale de Voyagez Futé et CGDEML, représentante des Centres de gestion des déplacements métropolitains ; Dinu Bumbaru, directeur des politiques d’Héritage Montréal ; Karl Blackburn, président et chef de la direction du Conseil du patronat du Québec ; Sandrine Cabana-Degani, directrice générale de Piétons Québec ; Éric Cimon, directeur général de l’Association des groupes de ressources techniques du Québec ; Geneviève Cloutier, professeure à l’École supérieure d’aménagement du territoire et de développement régional - ÉSAD, directrice du Centre de recherche en aménagement et développement - CRAD, Université Laval ; Leila Copti, présidente de COPTICOM - Stratégies et Relations publiques ; Pierre Corriveau, président de l’Ordre des architectes du Québec ; Gabrielle Desbiens, coprésidente du Réseau des Conseils régionaux de la culture du Québec ; Jérôme Dupras, professeur agrégé et titulaire de la chaire de recherche du Canada en économie écologique de l’Université du Québec en Outaouais ; Johanne Elsener, présidente de Santé Urbanité ; Catherine Fernet, présidente de l’Association des architectes paysagistes du Québec ; Jean-Marc Fournier, président-directeur général de l’Institut du développement urbain ; Sylvain Gariépy, président de l’Ordre des urbanistes du Québec ; Michel Gariépy, professeur et urbaniste émérites à la faculté de l’aménagement de l’Université de Montréal ; Renée Genest, directrice générale d’Action patrimoine ; Catherine Hallmich, responsable des projets scientifiques de la Fondation David Suzuki ; Louise Harel, ancienne ministre des Affaires municipales et de la Métropole, ancienne présidente de l’Assemblée nationale du Québec et élue municipale ; Florence Junca-Adenot, professeure associée aux études urbaines de l’UQAM ; Mélanie Lelièvre, directrice générale de Corridor appalachien ; Laurent Levesque, directeur général de l’Unité de travail pour l’implantation de logement étudiant (UTILE) ; Philippe Lupien, architecte, architecte paysagiste et professeur, Design de l’environnement, UQAM ; Jean-Philippe Meloche, professeur et directeur de l’École d’urbanisme et d’architecture de paysage à l’Université de Montréal ; Léa Méthé, directrice générale d’Écobâtiment ; Charlotte Montfils-Ratelle, coordonnatrice générale d’Arpent ; Geneviève Morin, présidente-directrice générale de Fondaction ; Sylvain Paquette, titulaire de la chaire en paysage et environnement et professeur titulaire à la faculté de l’aménagement de l’Université de Montréal ; Pierre-Olivier Pineau, titulaire de la chaire de gestion du secteur de l’énergie à HEC Montréal ; Ron Rayside, architecte associé chez Rayside Labossière ; Jean-François Rheault, président-directeur général de Vélo Québec ; Maxime Rodrigue, président-directeur général de l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec ; Christian Savard, directeur général de Vivre en Ville ; Colleen Thorpe, directrice générale d’Équiterre ; Juan Torres, Ph. D., urbaniste, professeur titulaire à l’École d’urbanisme et d’architecture de paysage de l’Université de Montréal ; Marie-Odile Trépanier, urbaniste émérite, professeure honoraire, École d’urbanisme et d’architecture de paysage, Université de Montréal ; Martin Vaillancourt, directeur général du Regroupement national des conseils régionaux de l’environnement ; Sarah V. Doyon, directrice générale de Trajectoire Québec

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

  • 3 semaines plus tard...
ici.radio-canada.ca
 

Aménagement du territoire : le « manque d’ambition » du gouvernement Legault …

Alexandre Duval

« Une occasion manquée » : la réforme de la Loi sur l’aménagement et l’urbanisme déposée en mars par le gouvernement Legault ne répond pas aux attentes de l’Ordre des urbanistes du Québec (OUQ). « Il est nécessaire de bonifier le projet de loi », plaide l’OUQ, sans quoi « le changement de paradigme attendu » ne risque pas d’avoir lieu.

Dans son mémoire qui sera présenté à l’Assemblée nationale jeudi, premier jour des consultations publiques sur le projet de loi 16, l’OUQ écrit que le Québec doit faire face à plusieurs défis majeurs en matière d’aménagement du territoire.

Étalement urbain, empiétement sur les terres agricoles, destruction des milieux humides et naturels, dépendance à l’automobile, milieux de vie dont la qualité laisse à désirer, énumère le document dont Radio-Canada a obtenu copie.

Si l’OUQ admet que le projet de loi 16 présenté par la ministre des Affaires municipales, Andrée Laforest, contient des bonifications pertinentes, il dénonce du même souffle le manque d’ambition de cette réforme qui est pourtant plus urgente que jamais.

« Ce n’est pas ce qui est dans le projet de loi qui pose problème, c’est ce qui n’y est pas. »

Pressions politiques redoutées

Parmi les bonifications contenues dans le projet de loi 16, l’OUQ salue la volonté de créer un bilan national en aménagement du territoire. Tous les cinq ans, le ou la titulaire de ce ministère devrait faire un état de la situation, y compris une reddition de comptes sur l’atteinte des cibles gouvernementales.

Dans son mémoire, l’OUQ reconnaît que l’absence d’outils de suivi dans l’actuelle Loi sur l’aménagement et l’urbanisme est une lacune importante. Cependant, l’OUQ craint que le bilan proposé soit sujet aux pressions politiques puisqu’il relèverait directement de la ministre.

« Nous ne doutons pas du sérieux de la proposition, mais nous craignons que la tentation soit forte d’adoucir des constats moins reluisants pour le gouvernement élu ou que les responsables évitent de poser des questions difficiles. »

Pour cette raison, l’OUQ propose d’amender le projet de loi 16 pour que le bilan national soit confié à une nouvelle instance qui aurait comme rôle d’analyser l’impact territorial des projets gouvernementaux et qui constituerait un mécanisme puissant pour assurer l’amélioration continue des pratiques.

L’Alliance ARIANE, qui regroupe des organisations et des experts en matière d’aménagement du territoire, propose également qu’une nouvelle instance indépendante soit créée. Dans son mémoire, dont Radio-Canada a aussi obtenu copie, l’Alliance réclame que le bilan national soit fait aux deux ans plutôt qu’aux cinq ans.

Ce suivi quinquennal apparaît trop peu fréquent [compte tenu du] caractère urgent de la transformation de plusieurs pratiques pour faire face aux problèmes actuels, tels que la crise climatique, l’érosion de la biodiversité ou la pénurie en habitation, écrit l’Alliance.

Une tour de condominiums en construction.

Le projet de loi 16 de la ministre Laforest contient près de 200 articles.

Photo : Radio-Canada / Martin Thibault

Assurer une pérennité

L’Alliance ARIANE et l’OUQ s’entendent sur une autre modification qu’ils jugent nécessaire : la Politique nationale de l’architecture et de l’aménagement du territoire, qui contient les grandes orientations du gouvernement, doit être officiellement inscrite dans la loi.

De cette manière, la légitimité de cette politique adoptée au printemps 2022 par le gouvernement Legault serait renforcée, plaide l’Alliance ARIANE, et sa pérennité serait aussi assurée.

« La Politique nationale ne peut pas rester une initiative isolée et soumise au bon vouloir et à la variabilité des priorités gouvernementales. »

Une telle inscription dans la loi obligerait le gouvernement à réviser périodiquement sa politique nationale de l’architecture et de l’aménagement du territoire, estime l’OUQ, de la même manière que le ministère de l’Environnement doit le faire avec le Plan pour une économie verte.

Une place pour les Autochtones

L’OUQ souhaite également que le préambule du projet de loi 16 soit renforcé pour reconnaître que le territoire est une ressource limitée et précieuse, ce qui appelle une utilisation judicieuse et sobre.

De plus, l’OUQ déplore que la Loi sur l’aménagement et l’urbanisme ne fasse aucune mention des peuples autochtones, ce qui devrait être corrigé dans le préambule pour indiquer que le territoire du Québec est partagé avec les nations autochtones.

Une obligation de prendre en compte les [préoccupations] des communautés autochtones devrait d’ailleurs être instaurée, selon l’OUQ.

« Il n’y a aucune reconnaissance de leur présence millénaire sur le territoire, aucun devoir de consultation, aucune prise en compte de leurs droits, de leurs préoccupations et de leur vision de l’avenir de leurs territoires traditionnels. En 2023, c’est inacceptable. »

En matière de référendums, le projet de loi 16 prévoit donner plus de pouvoir aux municipalités pour qu’elles puissent faire passer certains projets de densification sans qu’ils aient la possibilité d’être soumis à un plébiscite de la population.

L’OUQ souhaite toutefois que le gouvernement saisisse l’occasion de faire une réforme plus en profondeur des processus référendaires en urbanisme afin d’y assujettir seulement les modifications ayant des impacts majeurs sur les milieux.

Notre vision est de mettre en place les conditions pour permettre une plus grande inclusion de la population dans les grandes discussions sur l’avenir des collectivités, et ce, tout en réduisant les risques de blocage par un petit nombre qui sont contraires à l’intérêt collectif, explique l’OUQ.

Trois jours de consultations

Outre l’OUQ et l’Alliance ARIANE, plusieurs autres intervenants prendront la parole à l’occasion des consultations publiques sur le projet de loi 16. Trois journées de consultations sont prévues, soit le 6 avril, le 18 avril et le 19 avril.

L’Union des municipalités du Québec ainsi que la Fédération québécoise des municipalités figurent parmi les premières organisations à se prononcer.

La Ville de Montréal et la Ville de Québec présenteront elles aussi des mémoires, tout comme la Société pour la nature et les parcs Québec, l’organisme Vivre en ville et l’Union des producteurs agricoles, entre autres.

Cette réforme de la Loi sur l’aménagement et l’urbanisme – la première vraie révision en profondeur de cette loi dont l’adoption remonte à 1979 – est un des premiers gestes que le gouvernement doit poser pour parvenir à mettre en œuvre sa politique nationale de l’architecture et de l’aménagement du territoire.

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

  • 1 mois plus tard...
il y a 11 minutes, Habsfan a dit :

Je ne sais pas si cette vidéo a déjà été partagée, mais j'ai trouvé ça très intéressant!

Déjà partagée. ;)

 

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

  • 1 mois plus tard...
  • 1 mois plus tard...

Join the conversation

You can post now and register later. If you have an account, sign in now to post with your account.

Invité
Répondre à ce sujet…

×   Vous avez collé du contenu avec mise en forme.   Supprimer la mise en forme

  Seulement 75 émoticônes maximum sont autorisées.

×   Votre lien a été automatiquement intégré.   Afficher plutôt comme un lien

×   Votre contenu précédent a été rétabli.   Vider l’éditeur

×   You cannot paste images directly. Upload or insert images from URL.




×
×
  • Créer...