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Économie du Canada


Normand Hamel

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4 minutes ago, Né entre les rapides said:

Oui, sauf que je ne sais pas s'ils ont commencé à semer les graines d'une renaissance (ce que le Québec avait fait, malgré les moments difficiles).  Une renaissance économique ne surgit pas par magie.  

Il est beaucoup trop tôt, ils sont encore sur la pente descendante. Tu dois atteindre le fond, avant de penser à remonter, ce que le Québec a atteint autour de 1995-1996. S'en est suivi la pénible et lente remontée qui donne les fruits d'aujourd'hui.

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Il y a 1 heure, Rocco a dit :

Il est beaucoup trop tôt, ils sont encore sur la pente descendante. Tu dois atteindre le fond, avant de penser à remonter, ce que le Québec a atteint autour de 1995-1996. S'en est suivi la pénible et lente remontée qui donne les fruits d'aujourd'hui.

Je vois que tu situes le début du revirement québécois autour de 1995-96.  Comme par hasard, cela correspond à la défaite du camp du "oui" au référendum de 1995 et le remplacement de Jacques Parizeau par Lucien Bouchard comme Premier Ministre du Québec au début de 1996. 

Il est vrai que sous ce dernier le souci de rétablir l'équilibre budgétaire a soudainement acquis une place proéminente dans les objectifs du gouvernement, et que le succès subséquemment atteint sous ce rapport a contribué à renforcer la confiance dans l'économie québécoise.  Je pense cependant que des ingrédients essentiels pour la renaissance économique avaient été injectés bien avant 1995, en particulier l'importance accordée à l'éducation, depuis 1960.  Il faudrait passer en revue les hauts et les bas de l'économie québécoise entre 1960 et 1996, puis jusqu'à nos jours, pour se faire une juste idée de la grande transformation qui s'est opérée.

Les décideurs québécois, en fait la population québécoise en générale, n'ont pas attendu "d'atteindre le fond avant de penser à remonter".  On avait pleinement conscience qu'il fallait relever le niveau d'éducation, moderniser les infrastructures, remplacer les "sectours mous" malmenés par la concurrence étrangère, exercer un plus grand contrôle sur les leviers financiers, etc.   Tout cela ne pouvait pas se faire en un jour.  Il y a eu des moments difficiles, eg. la déprime post Expo 67,  l'exode de sièges sociaux canadiens, l'inflation suivie de la politique monétaire très restrictive sous Volkers/Reagan, etc.  Malgré tout, pendant tout ce temps, on construisait l'avenir.  Vint le temps où il fut possible d'atteindre le "déficit zéro" puis de réaliser des surplus budgétaires.  Nous étions bien mieux positionnés qu'auparavant pour entrer dans la "nouvelle économie du savoir".  Le boom de la construction que nous avons vécu récemment en est la conséquence, pas la cause.  

 

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Le Québec s'est enlisé 3 fois de façon majeure depuis la révolution tranquille: 1968-72, 1977-83 et 1990-96. De tels chocs ne partent pas sans laisser de traces. Le Québec était ultra magané en 1996. La remontée depuis 25 ans, quoique lente, en regardant dans le rétroviseur, est spectaculaire. On a su miser aux bons endroits pour redresser le bateau.

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Il y a 18 heures, Rocco a dit :

Le Québec s'est enlisé 3 fois de façon majeure depuis la révolution tranquille: 1968-72, 1977-83 et 1990-96.

Je n'irai pas jusqu'à prétendre le contraire, mais je prendrai la peine d'examiner succintement les trois périodes négatives que tu identifies.  Avant d'y arriver, je noterai que, par implication, tu juges plus favorablement les  autres périodes, soit 1960-67, 1973-76, 1984-89, et bien sûr de 1997 à nos jours.

- 1968-72:  Ce fut d'abord une sorte d'effet post-partum faisant suite à l'exhubérance des activités de construction dans les années précédant EXPO 67, y compris, outre celle-ci, le métro et des autoroutes urbaines.  Je me souviens que mes parents, qui avaient acheté une nouvelle maison en plein boom en 1966, avaient eu beaucoup de difficulté à conclure la vente de la précédente, à un prix dérisoire vers 1968 ou peu après.  Cette déprime avait surtout affecté Montréal (et sa région), car dans la Ville de Québec notamment, 1968 avait sonné le départ du "C'est à notre tour".  Puis en 1970, la Crise d'Octobre avait cristallisé le profond malaise affectant alors le Québec.

- 1977-83: Cela débute avec la victoire du Parti Québécois aux élections de novembre 1976, suivie de l'édiction de la Loi 101, de la crainte du séparatisme et de l'accélération de l'exode des sièges sociaux canadiens vers Toronto.  Mais un autre événement important caractérise cette période: la hausse drastique du taux directeur par la Federal Reserve Bank plongea l'économie mondiale en récession; le Québec fut durement touché.  Parallèlement, la défaite du oui au référendum de 1980  n'empêcha pas le PQ de remporter les élections de 1981 (Claude Ryan était alors chef du PLQ).

- 1990-96: Débute avec l'échec de l'accord du Lac Meech, et séparément, de l'introduction de la TPS.  Dans le but de contrer les effets inflationistes de cette taxe, la Banque du Canada avait haussé son taux directeur, provoquant ce qu'on a appellé une récession "Made in Canada"; le déficit budgétaire atteignit un sommet; aux élections fédérales de 1993, le PLC pris le pouvoir et le Bloc Québécois nouvellement formé remporta la majorité des sièges au Québec. Puis aux élections provinciales de 1994, le PQ repris le pouvoir, et tint un second référendum en 1995, qu'il perdit encore, mais cette fois de justesse.  Jacques Parizeau donna sa démission le lendemain.  Lucien Bouchard le remplaça en janvier 1996  --mettant fin à la période considérée ici.  

Manifestement, ces trois périodes ont renfermé plus que leur part de moments troublés, sinon difficiles.  Ce que je maintiens, c'est que malgré tout, le Québec a continué durant celles-ci à construire la base de la prospérité que nous connaissons aujourd'hui.  Nous nous sommes bien positionnés pour profiter de l'essor de l'économie du savoir, nous nous largement sommes délestés des "secteurs mous", nous avons (jusqu'en 2019) atteint l'équilibre budgétaire, faisant contraste avec la performance de l'Ontario sous ce rapport: tout compte fait, la confiance est revenue, à un niveau peut-être même supérieur à celui qui prévalait au début de la Révolution Tranquille, quand des faiblesses séculaires persistaient encore.

Ceci dit, le défi demeure constant.  Rien n'est jamais acquis pour toujours.  

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Il y a 1 heure, Né entre les rapides a dit :

Je n'irai pas jusqu'à prétendre le contraire, mais je prendrai la peine d'examiner succintement les trois périodes négatives que tu identifies.  Avant d'y arriver, je noterai que, par implication, tu juges plus favorablement les  autres périodes, soit 1960-67, 1973-76, 1984-89, et bien sûr de 1997 à nos jours.

- 1968-72:  Ce fut d'abord une sorte d'effet post-partum faisant suite à l'exhubérance des activités de construction dans les années précédant EXPO 67, y compris, outre celle-ci, le métro et des autoroutes urbaines.  Je me souviens que mes parents, qui avaient acheté une nouvelle maison en plein boom en 1966, avaient eu beaucoup de difficulté à conclure la vente de la précédente, à un prix dérisoire vers 1968 ou peu après.  Cette déprime avait surtout affecté Montréal (et sa région), car dans la Ville de Québec notamment, 1968 avait sonné le départ du "C'est à notre tour".  Puis en 1970, la Crise d'Octobre avait cristallisé le profond malaise affectant alors le Québec.

- 1977-83: Cela débute avec la victoire du Parti Québécois aux élections de novembre 1976, suivie de l'édiction de la Loi 101, de la crainte du séparatisme et de l'accélération de l'exode des sièges sociaux canadiens vers Toronto.  Mais un autre événement important caractérise cette période: la hausse drastique du taux directeur par la Federal Reserve Bank plongea l'économie mondiale en récession; le Québec fut durement touché.  Parallèlement, la défaite du oui au référendum de 1980  n'empêcha pas le PQ de remporter les élections de 1981 (Claude Ryan était alors chef du PLQ).

- 1990-96: Débute avec l'échec de l'accord du Lac Meech, et séparément, de l'introduction de la TPS.  Dans le but de contrer les effets inflationistes de cette taxe, la Banque du Canada avait haussé son taux directeur, provoquant ce qu'on a appellé une récession "Made in Canada"; le déficit budgétaire atteignit un sommet; aux élections fédérales de 1993, le PLC pris le pouvoir et le Bloc Québécois nouvellement formé remporta la majorité des sièges au Québec. Puis aux élections provinciales de 1994, le PQ repris le pouvoir, et tint un second référendum en 1995, qu'il perdit encore, mais cette fois de justesse.  Jacques Parizeau donna sa démission le lendemain.  Lucien Bouchard le remplaça en janvier 1996  --mettant fin à la période considérée ici.  

Manifestement, ces trois périodes ont renfermé plus que leur part de moments troublés, sinon difficiles.  Ce que je maintiens, c'est que malgré tout, le Québec a continué durant celles-ci à construire la base de la prospérité que nous connaissons aujourd'hui.  Nous nous sommes bien positionnés pour profiter de l'essor de l'économie du savoir, nous nous largement sommes délestés des "secteurs mous", nous avons (jusqu'en 2019) atteint l'équilibre budgétaire, faisant contraste avec la performance de l'Ontario sous ce rapport: tout compte fait, la confiance est revenue, à un niveau peut-être même supérieur à celui qui prévalait au début de la Révolution Tranquille, quand des faiblesses séculaires persistaient encore.

Ceci dit, le défi demeure constant.  Rien n'est jamais acquis pour toujours.  

Surtout que le Québec a su faire preuve d'une grande rigueur budgétaire que les autres provinces n'ont pas nécessairement réussi à atteindre dans les 10 dernières années.

Résultat? Arrivé la pandémie, le Québec avait une marge de manoeuvre bien supérieure aux autres provinces avec une quote de crédit de loin supérieur.

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Modern monetary theory is not the future — it's already here: Don Pittis

Despite mainstream scoffing, credible economists say COVID-19 means MMT is no longer just theory

When modern monetary theory began to emerge into popular consciousness almost two years ago it carried with it an odour of coming from the distant economic fringe.

Opposed by many traditional economists from both the left and the right, MMT as it became popularly known, was the idea that governments didn't have to raise new taxes to increase spending.

Instead, like the funding for the Second World War, governments that controlled their own currencies, claimed the theory, could borrow from their own central banks and keep on spending, creating economic growth and jobs until inflation finally kicked in.

Only a year and a half after I first wrote about MMT as a radical idea that effectively offered abottomless piggy bank for new government spending, it appears that the fringe is going mainstream. And as COVID-19 pulls the rug out from under economic growth, some economists are beginning to face up to the fact that a version of MMT has moved from economic conjecture to economic fact.

Fear of being complicit

"The problem we have is that MMT is considered so fringe that many economists are even afraid to talk about it for fear of being viewed as complicit," said Frances Donald, global chief economist at Manulife Investment Management in a phone interview.

But she said refusing to address the reality of what governments and central banks around the world are already doing is a mistake.

"Like it or not, elements of MMT are already so embedded in our economy and financial system since COVID-19 developed that burying our heads in the sand isn't going to help us," said Donald.

Certainly a search for economists to discuss MMT shows Donald is something of a rarity in her forthrightness. Many are reluctant to give the theory credibility, saying things like "but you can't keep on borrowing forever."

Even the current U.S. guru of the theory, Stephanie Kelton, an economist at Stony Brook University in New York and author of the new best seller The Deficit Myth: Modern Monetary Theory and the Birth of the People's Economy, doesn't claim running up the balance sheet is without consequences.

"Generally I feel that MMT has been misunderstood as the idea that budget deficits don't matter and that you can spend as much as you want," said Donald. Instead, she said, the message is that there are more important things to consider — such as jobs — when contemplating when to run a deficit.

Less a concrete list of policies than a lens through which to view the world, Donald said that it is clear spending too much, even under MMT, will eventually lead to inflation. She said that's something Canada must consider as it borrows from the central bank and spends on growing the economy following shutdowns for COVID-19.

Still 'just wrong'?

If central banks really can stimulate inflation with low interest rates and the creation of money by buying up government bonds, it would seem that U.S. Federal Reserve Chair Jerome Powell is now on side.

A year and a half ago, Powell called MMT "just wrong," saying, "We are going to have to spend less or raise more revenue."

But that was then. This is now. Last week, the Fed chair made headlines by announcing that the central bank would keep interest rates near zero, even as inflation began to rise, with the idea that job creation was the priority.

nterestingly one of those who seemed reluctant to endorse MMT by name was Scott Aquanno, author of The Bank of Canada and Crisis Management: COVID-19 and Beyond and a strong supporter of the central bank's bond buying program.

Among his recommendations is the formation of a public bank to lend to groups and projects that would be unlikely to get money through normal banking channels in spite of rock bottom interest rates. And as for inflation, he said it remains far, far away.

"I think what you might see, paradoxically, is a situation where the Bank of Canada is essentially printing billions of dollars to fund government debt and deficits but that inflation declines," Aquanno said in a telephone interview.

If Canada were the only one doing this, the loonie would likely lose value, he said. But as countries around the world all do the same thing, so long as the Canadian central bank doesn't get ahead of the pack, there is little to worry about.

Aquanno, an assistant professor at Ontario Tech University in Oshawa, a city that has watched GM jobs melt away, believes the lack of wage inflation is simply a matter of 40 years where labour lost bargaining power to businesses that have been able to move jobs abroad.

Mark Kamstra, a finance professor at the Schulich School of Business at York University in Toronto, generally takes a more traditional view of economics, but even he sees some of the remedies prescribed by MMT as appropriate for a very unusual malaise.

Ideological divide 

Certainly the term MMT has been politicized in the United States as its star advocate, Kelton, appeared on stage with left-leaning Democratic presidential candidate Bernie Sanders.

While many traditional private sector advocates may dislike the heavy hand of government on the economy, cheap money and government-led investment may be the best option at this point, said Kamstra.

Low interest rates create zombie companies that might otherwise be displaced by more deserving players, said the York University economist. But pushing them out of business now would result in economic collapse and deflation. Like Frances Donald, he is certain this is no time for austerity.

Like Aquanno, though for different reasons, he thinks inflation will be hard to generate despite low rates and cash injections in Canada's service-led economy.

"If people had a lot of money they might get their hair cut twice a week instead of once a month," said Kamstra doubtfully.

Injecting money into the economy may increase demand, he said. But this demand would be for goods such as iPhones and cars often made by cheap foreign labour. These products don't face shortages, so there is so little inflationary pressure.

As to governments creating jobs on green projects or infrastructure, in normal times, that could well steal away resources needed in the private sector. But in an economy shattered by COVID-19, that's not a problem right now right, said Kamstra.

"It's a good time for the government to start thinking about how it can safely employ resources to fix problems."

And as we desperately look for ways of digging the economy out of the hole created by the global coronavirus lockdown, that applies whether we decide to call it MMT or something else.

https://www.cbc.ca/news/business/economics-modern-monetary-theory-spending-1.5704124

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  • 3 années plus tard...

Prix à l’épicerie Rencontre « productive » des manufacturiers avec le ministre Champagne

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PHOTO BLAIR GABLE, REUTERS

Le ministre de l’Industrie, François-Philippe Champagne

(Ottawa) Sept dirigeants canadiens de grandes entreprises manufacturières internationales telles que Nestlé et Kraft Heinz ont rencontré lundi le ministre de l’Industrie, François-Philippe Champagne, pour discuter d’un éventuel plan pour stabiliser les prix des aliments à l’épicerie.

Émilie Bergeron La Presse Canadienne

Le directeur général de l’association Food, Health & Consumer Products of Canada (FHCP), Michael Graydon, les accompagnait et a qualifié la réunion qui s’est déroulée à Ottawa de « très bonne » et « très productive ».

« Nous sommes vraiment dans la coopération et le soutien, la collaboration. […] C’est une industrie qui doit s’aligner et travailler collectivement pour trouver les solutions », a-t-il assuré en sortant de la rencontre.

M. Graydon a affirmé que les manufacturiers veulent travailler avec les autres acteurs de la chaîne d’approvisionnement, comme les grandes chaînes de détail telles que Loblaw et Costco dont le ministre Champagne a rencontré les dirigeants une semaine plus tôt.

 

« Il y a un engagement de notre organisation et des manufacturiers présents aujourd’hui de travailler avec les détaillants », a poursuivi le directeur général de la FHCP, qui représente de nombreuses entreprises, dont celles qui étaient convoquées dans la capitale fédérale lundi.

La rencontre réunissait à la même table les grands patrons de McCain, Unilever, Nestlé, Lactalis, Lassonde, Kraft Heinz et Smucker Foods, a précisé le bureau de M. Champagne.

Tous les dirigeants ont esquivé les journalistes qui les attendaient à leur sortie de réunion, seul M. Graydon ayant accepté de répondre à quelques questions en leur nom.

Il y a près de deux semaines, le gouvernement de Justin Trudeau a annoncé qu’il donnait aux PDG des cinq plus grandes chaînes de supermarchés jusqu’à l’Action de grâce pour fournir leur plan visant à « stabiliser » les prix des aliments en épicerie. Les discussions incluent les manufacturiers qui se sont rendus à Ottawa lundi.

Si le fédéral juge la feuille de route fournie par chaque grand détaillant insuffisante, il menace d’intervenir, notamment par des mesures fiscales.

Questionné à savoir s’il considère que l’échéance de l’Action de grâce donne suffisamment de temps à l’industrie, M. Graydon a mentionné qu’il reste à voir jusqu’où les plans iront dans le détail.

« Nous allons devoir voir […] le détail d’à quel point la complétude pourra être faite d’ici là, mais je pense que tout le monde travaille très fort pour atteindre cela », a-t-il soutenu.

Le ministre Champagne devrait se rendre disponible pour répondre aux questions des journalistes en mêlée de presse plus tard lundi

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  • 4 semaines plus tard...
  • Administrateur

Corruption internationale Des experts de l’OCDE écorchent le Canada

 

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PHOTO MARK BLINCH, ARCHIVES REUTERS

Depuis que la Chambre des communes a adopté la Loi sur la corruption d’agents publics étrangers (LCAPE) en 1998, seulement neuf cas ont fait l’objet d’accusations au Canada, déplorent les experts de l’OCDE. 

Peu de poursuites, peu de condamnations, et peu d’informations disponibles sur les enquêtes. Le Canada a encore beaucoup de chemin à faire pour devenir exemplaire dans la lutte contre la corruption à l’étranger, selon le rapport que viennent de publier des experts internationaux. 

 

Des auditeurs de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) surveillent comment les membres se plient à la Convention sur la lutte contre la corruption d’agents publics étrangers dans les transactions commerciales internationales. Chaque pays signataire fait l’objet de rapports sur la façon dont il s’y conforme. 

Dans le rapport qu’il vient de rendre sur le Canada, le Groupe de travail de l’OCDE sur la corruption salue les efforts du pays pour mettre à jour les lois sur la corruption pour faciliter les poursuites et permettre les accords de réparation. Ces ententes permettent aux entreprises d’éviter un procès criminel en reconnaissant ses torts, en faisant le ménage et en payant une pénalité. 

Mais après les fleurs, le pot vient très vite. 

Peu de poursuites et de condamnations

Depuis que la Chambre des communes a adopté la Loi sur la corruption d’agents publics étrangers (LCAPE) en 1998, seulement neuf cas ont fait l’objet d’accusations au Canada, déplorent les experts de l’OCDE. 

Les dossiers qui finissent par aboutir sont encore plus rares, note leur rapport : « Seulement deux individus et quatre compagnies ont été sanctionnés. » 

L’utilisation de l’infraction de corruption transnationale demeure extrêmement faible, 25 ans après l’adoption de la Loi, compte tenu de la taille de l’économie canadienne et des secteurs industriels dans lesquels évoluent ses compagnies.

Extrait du rapport du Groupe de travail de l’OCDE sur la corruption

Les experts notent qu’entre 2018 et 2022, la Gendarmerie royale du Canada (GRC) a entamé 31 nouvelles enquêtes en vertu de la LCAPE… mais elle en a également fermé 33, en grande majorité sans aucune accusation. 

Lourd fardeau

Le groupe de l’OCDE soulève également des préoccupations qu’ont aussi maintes fois évoquées les partenaires du Canada dans la lutte internationale contre le crime organisé : un « niveau de preuve requis indûment élevé » en matière de corruption transnationale. 

Les experts rappellent par exemple que des dirigeants de SNC-Lavalin ont obtenu un acquittement en faisant exclure la preuve d’écoute électronique contre eux, dans le cadre d’une poursuite pour corruption au Bangladesh, en 2017. 

Le Groupe de travail montre aussi du doigt les fameux arrêts Jordan pour délais déraisonnables, qui ont permis à l’ancien vice-président aux finances de SNC-Lavalin Stéphane Roy d’obtenir un arrêt du processus judiciaire en 2019. Il était accusé de fraude, de corruption à l’étranger et d’avoir violé des sanctions des Nations unies contre la Libye, en payant le fils du dictateur Mouammar Kadhafi. 

Un dénouement qui fait craindre le pire aux experts de l’OCDE quant à un autre procès québécois : l’affaire Ultra Electronics aux Philippines. Plus d’un an après les accusations, « aucune date n’est encore connue pour le procès », soulignent-ils. 

Le ministère public reproche au fondateur de l’entreprise et à trois autres ex-employés d’avoir corrompu des agents publics dans l’archipel asiatique pour vendre un système d’analyse d’impacts d’armes à feu. 

Agences inefficaces

Les principales critiques du rapport vont à la police fédérale et au ministère de la Justice, chargés d’appliquer la loi. Elles n’épargnent toutefois aucun organisme canadien chargé de surveiller les crimes économiques, y compris Revenu Canada. 

« Jusqu’à maintenant, aucun cas de corruption internationale n’a été détecté par les autorités fiscales et, à la connaissance de leurs représentants rencontrés, ils n’ont jamais rapporté aucun soupçon de corruption à l’étranger », mentionne le rapport. 

Les experts écorchent particulièrement le Centre d’analyse des opérations et déclarations financières du Canada (CANAFE), les services de renseignement antiblanchiment. 

« Les autorités canadiennes elles-mêmes craignent que le Centre ne puisse pas fournir de l’information utile en temps opportun », déplore le Groupe d’experts. 

Information rare

Par ailleurs, l’OCDE et les citoyens doivent croire le gouvernement sur parole lorsque le pays affirme lutter contre la corruption transnationale, puisqu’Ottawa ne donne accès à aucune statistique en la matière. 

Le Groupe d’experts presse donc le gouvernement de créer une base de données sur la détection de la corruption internationale, les enquêtes, les poursuites et la fermeture de cas. 

Mauvaise protection des sonneurs d’alarme

Le secteur privé en prend pour son rhume dans le rapport. Les auditeurs de l’OCDE critiquent « le manque patent d’engagement des associations d’entreprises » pendant leur visite au Canada. Ils dénoncent notamment l’absence de protection des sonneurs d’alarme dans les entreprises. 

Pas de réaction d’Ottawa

Contactés pour réagir au rapport, le ministère de la Justice et la GRC ont tous les deux renvoyé les questions de La Presse aux Affaires mondiales. Le cabinet de la ministre Mélanie Joly n’a toutefois transmis aucune réaction.

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