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Nouvelle usine à Bécancour Les cathodes du Québec alimenteront les camions électriques de Ford

 

À terme, les cathodes fabriquées à Bécancour alimenteront l’usine de camions F-150 électriques que Ford est en train de bâtir au Tennessee.

Mis à jour hier à 12h37

C’est ce qu’a expliqué aux représentants des médias la vice-présidente responsable des véhicules électriques chez le constructeur automobile, Lisa Drake, lors de l’annonce d’un investissement de 1,2 milliard visant la construction d’une usine de cathodes en partenariat avec les sociétés coréennes EcoPro BM et SK On.

« Les cathodes qui seront produites ici, dans cette usine, vont finir dans nos camions électriques, a répondu Mme Drake en point de presse à une question sur l’importance de l’investissement pour Ford. Si vous nous connaissez, vous savez que la construction de camions est une activité que nous menons très bien et que nous connaissons bien. Nous construisons une nouvelle usine de camions électriques dans le Tennessee. Ce sera notre quatrième usine de camions série F aux États-Unis. Les cathodes d’ici seront acheminées vers les cellules des batteries et, en fin de compte, vers cette usine. Ça ne peut pas être plus stratégique comme investissement. »

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PHOTO REBECCA COOK, ARCHIVES REUTERS

Le F-150 Lightning de Ford

Les cathodes représentent le pôle positif de la batterie lithium-ion qui alimente les véhicules électriques. Leurs composants représentent environ 40 % du coût d’une batterie. Les anodes constituent le pôle négatif.

 

C’était jour de grande visite à Bécancour pour annoncer officiellement la construction de l’usine EcoPro CAM Canada (CAM étant l’acronyme anglais de cathode active materials, soit matière active de la cathode, en français).

S’y côtoyaient des dirigeants des deux multinationales coréennes, l’ambassadeur de Corée du Sud, la présidente de Ford Canada, une v.-p. du siège social du constructeur à l’ovale bleu, le ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie du Canada, François-Philippe Champagne, le premier ministre du Québec, François Legault, deux ministres de son cabinet, les maires de Trois-Rivières, de Shawinigan et de Bécancour et les hauts dirigeants d’Investissement Québec, le bras investisseur du gouvernement provincial. Ian L. Edwards, PDG de SNC-Lavalin, est aussi descendu à l’Auberge Godefroy, de Bécancour, pour l’occasion. Sa firme a obtenu le contrat d’ingénierie pour la phase 1 de l’usine évalué à 141 millions.

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PHOTO STÉPHANE LESSARD, LE NOUVELLISTE

Pelletée de terre officielle

Les gouvernements avanceront plus de la moitié de la somme nécessaire à la construction de l’usine de Ford à Bécancour. Québec et Ottawa accordent des prêts de 644 millions pour la construction d’une nouvelle usine de production de matériaux de batteries à Bécancour. La partie « prêt pardonnable » du Québec s’élève à 194 millions, l’équivalent d’une subvention.

Malgré l’importance de l’aide publique, les représentants des deux ordres de gouvernement assurent que l’investissement reste rentable pour les contribuables. « On s’assure que les retombées prévisibles dans les 10 à 20 prochaines années excèdent le coût pour le gouvernement », a expliqué François Legault au cours du point de presse.

Un premier investissement de Québec

Les sourires étaient nombreux et l’émotion contagieuse. En 119 ans d’histoire au Canada, il s’agit après tout du premier investissement de Ford au Québec.

Le Québec, qui a été un acteur périphérique de l’industrie automobile depuis la fermeture de l’usine de GM à Boisbriand, devient un fournisseur stratégique de la chaîne d’approvisionnement des véhicules électriques, a insisté pour sa part le ministre fédéral François-Philippe Champagne.

« Il y a 18 mois, les gens n’associaient pas nécessairement le Québec aux véhicules électriques de l’avenir, a dit le ministre fédéral. Avec cet investissement, nous intégrons le Québec dans la chaîne de valeur des véhicules électriques avec l’élément [la cathode] ayant la plus forte valeur ajoutée. À terme, dans chaque véhicule Ford circulant en Amérique du Nord, on trouvera un morceau de cette usine essentiel à son alimentation. »

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PHOTO STÉPHANE LESSARD, LE NOUVELLISTE

Le ministre fédéral de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François-Philippe Champagne

C’est multigénérationnel comme évènement. Et quand c’est bon pour Ford, c’est bon pour à peu près tout le monde. C’est un véritable catalyseur pour la région.

François-Philippe Champagne, ministre fédéral de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie

Avant lui, le premier ministre Legault était tout aussi en verve. « Mon objectif en politique, c’est de créer des emplois mieux payés, a-t-il déclaré dans son allocution. Ce que je souhaite, c’est que nos jeunes aient des défis ici et qu’ils n’aient pas besoin de s’exiler pour avoir des jobs passionnantes et bien payées. On a des jeunes qui sont brillants, qui ont de l’ambition et qui sont prêts à relever ces défis-là. Il faut leur offrir des emplois de qualité. »

L’usine de cathodes créera 345 emplois. L’usine d’EcoPro CAM Canada produira en moyenne 45 000 tonnes de matériaux actifs de cathode par année. La production sera destinée à la fabrication de batteries pour les futurs véhicules électriques de Ford. L’usine devrait être opérationnelle en 2026.

L’usine d’EcoPro CAM est le fruit d’un consortium formé de Ford et des entreprises coréennes EcoPro BM et SK On. EcoPro BM est le premier fabricant au monde de matériaux cathodiques actifs à forte teneur en nickel, tandis que SK On est un leader mondial dans le développement et la fabrication de batteries de véhicules électriques.

Leader mondial de l’économie verte

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PHOTO STÉPHANE LESSARD, LE NOUVELLISTE

Le premier ministre du Québec, François Legault

Parmi les retombées, il y a le positionnement du Québec comme leader mondial de l’économie verte, aux yeux de M. Legault. « On vient de démontrer aujourd’hui qu’on est capable d’attirer de gros joueurs comme Ford. C’est une grande fierté. Ça vient confirmer que le Québec est vraiment en train de se positionner comme un leader mondial de l’économie verte. » L’énergie propre et pas chère est l’une des raisons pour lesquelles Ford et ses deux partenaires ont choisi le Québec. Québec souhaite réserver 900 mégawatts d’électricité additionnels pour la filière des batteries à Bécancour.

Une école des métiers de la batterie en projet

Le gouvernement et ses partenaires en éducation vont travailler fort pour créer une école des métiers de la transition énergétique. Les parties visent une ouverture des portes en septembre 2024. Le site privilégié pour le moment est le parc industriel La Prade, où se trouvent les anciens bâtiments d’Énergie atomique que la Société du parc industriel et portuaire de Bécancour vient d’acquérir, tout juste à l’est de la future usine de cathodes de Ford et de GM-POSCO. Caractère novateur de l’initiative, l’établissement offrira à la fois de l’enseignement secondaire (DEP), collégial (techniques) et universitaire. Au moins 200 élèves sont attendus dans la première cohorte. « Il faut voir combien ça coûte, les laboratoires, etc., a commenté le député caquiste de Nicolet-Bécancour, Donald Martel, en marge de l’évènement. Ce qui est exceptionnel, ce sont les huit centres de services scolaires de la Mauricie et du Centre-du-Québec qui travaillent là-dessus, les quatre cégeps et l’UQTR. »

Bécancour élargira son périmètre urbain

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PHOTO STÉPHANE LESSARD, LE NOUVELLISTE

L’usine de Bécancour devrait être opérationnelle en 2026.

Bécancour, ville de 15 000 habitants répartis dans six villages, est en processus de demande auprès de la MRC et du ministère des Affaires municipales pour élargir le périmètre urbain de ses noyaux villageois afin de construire environ 5000 logements à court et moyen termes, principalement dans les secteurs de Sainte-Angèle-de-Laval et de Gentilly. « Il n’y aura aucun empiétement sur la zone agricole », assure la mairesse Lucie Allard, présente à l’évènement.

 

https://www.lapresse.ca/affaires/entreprises/2023-08-17/nouvelle-usine-a-becancour/les-cathodes-du-quebec-alimenteront-les-camions-electriques-de-ford.php

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Filière québécoise des batteries Northvolt trouve 1,6 milliard pour sa méga-usine

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PHOTO FOURNIE PAR NORTHVOLT

L’usine initiale de Northvolt, en Suède. Le complexe québécois pourrait avoir une taille similaire.

À quelques semaines d’annoncer ce qui sera le plus important projet industriel privé au Québec, le fabricant de cellules de batteries Northvolt prépare le terrain en récoltant 1,6 milliard (1,2 milliard US). Plusieurs régimes de retraite canadiens participent au financement, mais pas la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ).

Publié à 0h48Mis à jour à 5h00

Ce qu’il faut savoir

Northvolt a trouvé 1,6 milliard pour sa future usine québécoise sur la Rive-Sud de Montréal.

Lorsqu’annoncé, il s’agira du plus grand projet industriel privé de l’histoire du Québec.

Il s’agit d’un investissement de 7 milliards entraînant la création de 4000 emplois.

La méga-usine s’étendra sur une superficie équivalant à 75 terrains de football.

D’après nos informations, la construction de cet immense complexe devrait entraîner la création de quelque 4000 emplois et devrait représenter un investissement d’environ 7 milliards – une somme également avancée par l’agence Bloomberg. Signe que l’on s’approche d’une annonce en bonne et due forme, Northvolt confirme que sa plus récente ronde de financement servira à financer son expansion nord-américaine.

 

« Cela renforce notre position pour répondre à la demande massive de solutions durables pour les batteries, tant en Europe qu’en Amérique du Nord », affirme le cofondateur et chef de la direction de l’entreprise suédoise, Peter Carlsson.

Selon le Financial Times, la jeune pousse suédoise se préparerait à récolter plus de 5 milliards au cours des prochaines semaines et envisagerait également une entrée en Bourse l’an prochain afin de financer ses ambitions des deux côtés de l’Atlantique.

La Presse a déjà révélé que c’est sur les terrains sur lesquels se trouvait autrefois l’usine d’explosifs de la Canadian Industries Limited (CIL), à la limite de McMasterville et de Saint-Basile-le-Grand, sur la Rive-Sud de Montréal, que l’entreprise, qui compte déjà BMW, Volvo et Volkswagen parmi ses clients, souhaite s’établir.

La proximité d’une ligne à haute tension, ce qui faciliterait le raccordement au réseau d’Hydro-Québec, l’accès à un grand bassin de main-d’œuvre ainsi que la présence d’un chemin de fer dans les environs sont des éléments qui jouent en faveur de l’endroit.

Question de semaines

En ce qui a trait à l’annonce, l’évènement devrait avoir lieu d’ici le début du mois d’octobre, selon nos informations. On ignore encore les détails du montage financier, mais l’argent obtenu mardi par Northvolt représente environ 23 % du total de l’usine projetée en banlieue sud de la métropole. Québec et Ottawa mettront assurément l’épaule à la roue, comme cela a été le cas pour la plupart des annonces d’envergure concernant la filière des batteries pour véhicules électriques.

À Bécancour, les deux ordres de gouvernement avanceront la moitié de la somme nécessaire à la construction de l’usine de Ford destinée à la production de matériaux de batteries (cathodes). En Ontario, Volkswagen recevra plus de 13 milliards en subventions pour son site d’assemblage de batteries, estimé à 20 milliards.

Dans la filière des batteries, la fabrication de cellules constitue la dernière étape avant l’assemblage d’une batterie au lithium-ion que l’on retrouve dans les véhicules électriques. Il s’agit du chaînon manquant dans l’écosystème que souhaite mettre en place le gouvernement Legault.

Une cellule de batterie, qu’est-ce que c’est ?

Une batterie au lithium-ion que l’on retrouve dans une voiture est en quelque sorte un assemblage d’unités de batterie individuelles, les cellules. Elles sont branchées en série par un circuit électronique. Le nombre et la taille de chaque cellule permettent de déterminer la quantité d’électricité qu’une batterie pour véhicule électrique est en mesure de stocker.

Une note de service préparée en février à l’attention de la ministre fédérale des Finances, Chrystia Freeland, que La Presse avait pu consulter, précisait les ambitions québécoises de Northvolt. Après avoir atteint sa vitesse de croisière en matière de production, l’usine serait d’une capacité de 60 gigawattheures, ce qui permettrait d’alimenter annuellement 1 million de véhicules électriques.

Ce complexe s’étendrait sur une superficie équivalant à 100 hectares, soit plus de 75 terrains de football. Cette empreinte est similaire à celle de l’usine exploitée par Northvolt en Suède, où les livraisons ont débuté l’an dernier.

La CDPQ sur les lignes de côté

Afin de récolter 1,6 milliard de plus, l’entreprise suédoise a convaincu des investisseurs institutionnels bien établis. Le géant américain BlackRock fait partie de l’aventure. Parmi les acteurs canadiens, on retrouve Investissements RPC, l’Investment Management Corporation of Ontario et le Régime de retraite des employés municipaux de l’Ontario (OMERS) – déjà actionnaire de Northvolt.

Interrogée à savoir si elle était intéressée par cette ronde de financement, la CDPQ n’a pas commenté. Le bas de laine des Québécois a déjà exprimé son intérêt à l’endroit de la filière des batteries, mais il n’a pas encore procédé à un investissement notable. L’institution québécoise a moins l’habitude de financer des entreprises qui se lancent dans la construction de projets sur des sites vierges (greenfield).

Le gestionnaire québécois de régimes de retraite figurait parmi les entités visées par l’entreprise suédoise dans le cadre de ses activités de lobbyisme en territoire québécois ces derniers mois. Reste à voir si une entente finira par aboutir entre les deux parties.

Northvolt n’est pas le seul fabricant de cellules de batteries à s’intéresser au Québec. Selon Carrefour Lobby Québec, la coentreprise française Automotive Cells Company (ACC), qui compte TotalEnergies, Stellantis et Mercedes-Benz parmi ses actionnaires, a également tâté le terrain auprès de Mirabel, dans les Laurentides, et d’Investissement Québec, le bras financier de l’État québécois.

« [Obtenir du] financement direct, incitatifs et subventions liées à la sélection du site, au développement ainsi qu’à la construction d’une nouvelle usine de traitement de batteries dans la province de Québec », indiquait la fiche d’ACC, sans offrir plus de détails.

Le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, a déjà laissé entendre qu’il serait difficile d’accueillir plus qu’un grand fabricant de cellules de batteries dans la province, puisqu’il s’agit de projets énergivores et que les blocs d’électricité disponibles sont limités.

Québec a déjà indiqué vouloir réserver 900 mégawatts d’électricité pour la filière des batteries.

Northvolt en bref

Année de fondation : 2015

Siège social : Stockholm

Produits : matériaux de batteries, systèmes de stockage d’énergie et infrastructure de chargement

Effectif : plus de 4000 personnes

Clients et partenaires : Volkswagen, BMW, Volvo, Polestar, Scania

 

En savoir plus

  • 9 milliards US
    Financement récolté par Northvolt depuis sa création
    source : northvolt
    14 milliards
    Coût estimé du projet de gaz naturel liquide Énergie Saguenay annoncé en 2018. Il n’a pas vu le jour et est sur la glace.
    source : énergie saguenay
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  • 2 semaines plus tard...

Filière québécoise des batteries | « On ne fait pas de cadeaux à personne », dit François Legault

Julien Arsenault La Presse

(Granby) Québec et Ottawa n’ont pas hésité à entrer dans la course aux subventions pour séduire les acteurs de la filière des batteries, une approche qui ne fait pas l’unanimité. « On ne fait pas de cadeaux à personne », rétorque le premier ministre François Legault, en affirmant que ceux qui prétendent le contraire s’adonnent à de la « petite politique ».

Publié à 13h42Mis à jour à 17h28

Agacé par cette question, M. Legault a choisi d’aborder lui-même le sujet en confirmant l’arrivée de Solutions énergétiques Volta Canada à Granby, mardi, au cours d’une conférence de presse à grand déploiement réunissant des représentants des trois ordres de gouvernement.

Estimé à 750 millions, ce projet est soutenu financièrement par un prêt-subvention de 150 millions du gouvernement Legault et jusqu’à 70 millions du gouvernement Trudeau. Il entraînera la création de 260 emplois.

« J’ai entendu des choses qui m’achalent un petit peu, a lancé M. Legault, pendant son allocution. Chaque fois que le gouvernement donne de l’aide à une entreprise, on s’assure que les retombées pour les Québécois excèdent ce montant d’aide. Il faut comprendre que le secteur manufacturier, son repositionnement est en train de se jouer actuellement. De penser que ça serait une bonne idée de ne rien faire et d’attendre, je pense que ça serait une erreur. »

Annonces coûteuses

Cette sortie du premier ministre survient moins de trois semaines après l’attribution d’une aide financière à Ford pour convaincre le constructeur automobile et ses partenaires de construire une usine de matériaux de cathode – l’un des principaux éléments de la batterie que l’on retrouve dans les véhicules électriques –, à Bécancour.

Dans quelques semaines, Québec et Ottawa devraient sortir le chéquier une fois de plus lorsque le fabricant de cellules Northvolt confirmera un projet d’environ 7 milliards sur la Rive-Sud de Montréal.

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Au cours de son allocution, François Legault s’est abstenu de nommer les personnes visées par ses remarques. En point de presse, il est cependant allé plus loin en citant Québec solidaire (QS) et son co-porte-parole Gabriel Nadeau-Dubois.

« [Ils] aiment beaucoup dire qu’on ne devrait pas aider les méchantes riches entreprises, a lancé M. Legault. Sauf que si l’on donne un dollar à une entreprise comme on le fait aujourd’hui et que ça rapporte aux Québécois, on est gagnants et on s’assure d’avoir ici des emplois de l’avenir pour nos jeunes. »

Aux côtés de son ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie Pierre Fitzgibbon et du ministre fédéral de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie François-Philippe Champagne, M. Legault n’avait toutefois pas de retombées précises à chiffrer lorsqu’il lui a été demandé s’il pouvait offrir un portrait.

En rappelant que des endroits comme les États-Unis et l’Europe offraient des subventions encore plus généreuses, M. Champagne a pris la balle au bond. Il a abondé dans le même sens que M. Legault en faisant valoir que la filière des batteries n’en n’était qu’à ses balbutiements et qu’il faudrait du temps pour mesurer l’ampleur des retombées.

« On est en train de créer une nouvelle industrie comme nous avons eu l’industrie des pâtes et papiers, l’industrie de l’aluminium et de la biofabrication, a dit le ministre fédéral. On est en train de bâtir l’avenir. On ne peut pas faire une équation sur cinq à dix ans. »

Une première

Dans le parc industriel de Granby, Solutions énergétiques Volta, propriété du groupe sud-coréen Solus Advanced Materials, produira des feuilles de cuivre. Elles entrent dans la fabrication de l’anode, le pôle négatif de la batterie lithium-ion. Il s’agit du premier complexe du genre au Canada.

La production devrait démarrer vers 2026. L’usine produira alors annuellement 25 000 tonnes de feuilles de cuivre annuellement. Elle doublera l’année suivante avec l’ajout d’un deuxième bâtiment afin d’atteindre 63 000 tonnes par année. Cela devrait permettre d’approvisionner une partie des matériaux nécessaires pour 2,5 millions de véhicules chaque année.

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PHOTO CHRISTINNE MUSCHI, LA PRESSE CANADIENNE

Volta Canada produira des feuilles de cuivre. Sur la photo, du cuivre en rouleau.

Grand patron de Solus, Dejaa Chin a lui aussi défendu l’aide financière offerte à sa compagnie. En anglais, il a expliqué que l’argent servira à éponger les coûts de construction et que l’arrivée de la multinationale attirera d’autres entreprises du même créneau dans la région.

« Vous devez croire en eux, a dit M. Chin, en faisant référence à MM. Legault, Fitzgibbon et Champagne. Ce sont de bons partenaires. Nous aurions pu aller partout, comme aux États-Unis. Mais il y avait des éléments importants pour nous ici. »

À Granby, Solus a racheté une usine qui produisait autrefois des feuilles de cuivre pour le marché des circuits imprimés. Le bâtiment est déjà construit et une partie de l’équipement peut être réutilisé. Cela accélère le processus.

M. Chin a également vanté l’approvisionnement en hydroélectricité. En Hongrie, où Solus exploite aussi une usine de feuilles de cuivre, la fluctuation des prix du gaz naturel – l’énergie utilisée pour alimenter les installations – en raison de l’invasion de l’Ukraine par la Russie a parfois multiplié par cinq le prix de la facture énergétique, a-t-il dit.

En savoir plus

  •  

     

    26 millions
    Partie du prêt offert par Québec à Solutions énergétiques Volta qui pourrait se transformer en subvention

    Source : gouvernement du Québec

     

     

    20 personnes
    Effectif de Volta à Granby

    Source : Solutions énergétiques Volta

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Même si ça « achale un petit peu » François Legault, il est normal que son injection massive de fonds publics dans la filière batterie suscite des questions.

Publié à 1h28 Mis à jour à 6h00

Le chef caquiste ne se gênait pas lui-même pour critiquer le sauvetage de Bombardier par le gouvernement Couillard. Certes, ces dossiers sont très différents. Mais ils obéissent à la même règle de base : plus l’investissement est grand, plus il mérite d’être scruté à la loupe.

L’offensive de Québec pour implanter une chaîne de création de batteries pour véhicules électriques sera-t-elle rentable ? Personne ne peut le dire avec certitude. M. Legault lui-même ne peut pas chiffrer précisément les retombées économiques. Comme les autres mortels, il ne connaît pas l’avenir.

M. Legault a réagi émotivement aux critiques parce que ce dossier incarne la raison même de son retour en politique : le nationalisme économique.

Le dossier le passionne, assez pour avoir publié un livre sur le sujet et pour avoir fait des détours pour visiter des entreprises lors de voyages personnels.

Dans la dernière année, Québec a annoncé des subventions conditionnelles, des prêts ou des prises de participation dans plusieurs projets (Volta, Ford, GM, BASF, Recyclage Lithion, Vale, Lion, Taiga). Le plus gros est à venir, avec un projet d’environ 7 milliards qui devrait bientôt être confirmé pour le fabricant de cellules Northvolt. Chaque composante de la chaîne de création d’une batterie serait ainsi présente au Québec.

Avec la transition énergétique, les voitures à essence finiront par disparaître. La technologie de la batterie se développe vite. C’est maintenant que les investissements à long terme se font. Le pari caquiste : sortir le chéquier pour les attirer au Québec et créer un nouveau secteur structurant pour l’économie comme les alumineries ou l’aéronautique.

Chaque annonce vient avec un montage financier distinct. Pour Ford (usine de cathodes), l’aide de Québec consiste principalement en une subvention conditionnelle. Pour Recyclage Lithion, il s’agit majoritairement d’une participation dans le capital-actions. Et pour Volta (feuilles de cuivre pour fabriquer des anodes), l’essentiel de l’aide prend la forme d’un prêt qui devra être remboursé.

Québec croit que les retombées économiques en valent la peine.

Elles sont calculées par l’impôt que payeront les employés et les entreprises – en ce sens, il est pertinent de savoir que Volta est domiciliée au Luxembourg.

Ces retombées proviennent aussi de la création de valeur dans la chaîne d’approvisionnement. En amont, par exemple, l’activité minière sera stimulée. Et en aval, des fournisseurs locaux obtiendront de nouveaux contrats. Québec mise sur le long terme. L’espoir : que les bénéfices durent pendant des décennies.

En contrepartie, il faut analyser le coût d’option. Qu’aurait-on pu faire en investissant cet argent ailleurs ? Et sans ces annonces, les travailleurs auraient-ils contribué à d’autres entreprises ?

Avec la pénurie de main-d’œuvre, la création d’emploi n’est plus un argument convaincant. Ces postes doivent être plus payants que la moyenne.

La filière batterie réussira seulement avec un plan de requalification des travailleurs pour les former vers ces emplois mieux rémunérés. Investissement Québec y œuvre en collaboration avec les cégeps pour implanter de nouveaux programmes.

En avril, la ministre des Finances du Canada, Chrystia Freeland, s’inquiétait de la « course vers le fond » lancée par les États-Unis. Avec son Inflation Reduction Act, le président Joe Biden a fait pleuvoir les milliards pour rapatrier et consolider la production de biens stratégiques, surtout pour l’énergie propre et l’informatique.

Mme Freeland n’est pas seule. Le président français, Emmanuel Macron, a résumé les choses ainsi : « Vous allez peut-être régler votre problème, mais vous allez aggraver le mien. »

C’est la même logique de concurrence qui incite des États à baisser les impôts des entreprises, ce qui finit par réduire les revenus de tous les pays.

Malgré la crainte de Mme Freeland, le Canada participe à cette surenchère. Il offre une subvention de 700 millions pour construire en Ontario une usine de Volkswagen, en plus d’une aide proportionnelle à la production qui suivra. L’investissement pourrait s’élever à 13 milliards, et la majorité serait payée par le fédéral.

Des économistes sont sceptiques⁠1. Ils soutiennent que cela ne corrigera pas nos problèmes de fond : la faible productivité, le sous-investissement des entreprises et le manque de fonds en recherche et développement.

Pour le Québec, cette critique doit être nuancée.

D’abord, les sommes ne sont pas les mêmes. Les subventions conditionnelles provinciales totalisent moins de 300 millions dans les projets dont on connaît le montage financier.

Ensuite, il y a l’angle nationaliste. En injectant de l’argent, M. Legault a incité le fédéral à participer. Ne rien faire aurait équivalu à laisser cette somme profiter au reste du Canada.

Enfin, l’industrie part ici de zéro. L’effort requis est plus grand. M. Legault s’inspire de Bernard Landry qui avait créé une nouvelle filière économique avec le jeu vidéo. Deux décennies plus tard, la vision du chef péquiste est saluée, mais des experts jugent que l’aide n’est plus requise⁠2 et qu’elle nuit même aux entreprises locales qui se battent pour la main-d’œuvre.

Avec l’électrification des transports, on ne parle plus de divertissement. C’est l’avenir des déplacements motorisés qui est en cause. Que l’on soit d’accord ou non avec MM. Legault et Fitzgibbon, on ne peut les accuser de manquer d’ambition.

Dans un monde idéal, les pays ne se livreraient pas à cette concurrence mutuellement désavantageuse. L’opposition n’a pas tort de trouver que cela fait beaucoup d’argent, surtout si cette aide se maintient à long terme. Reste que la question difficile demeure pour les autres partis : auriez-vous laissé passer cette occasion ? Sinon, comment auriez-vous négocié ces ententes ?

La CAQ prend un risque. Mais de son point de vue, ne rien faire serait un risque encore plus grand, celui de ne pas participer à la transition énergétique.

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  • 3 semaines plus tard...

Filière québécoise des batteries | Northvolt officialisera jeudi la construction d'une usine en Montérégie

Stéphane Rolland

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PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Les terrains de l’ancienne usine de produits chimiques CIL, qui chevauchent McMasterville et Saint-Basile-le-Grand, doivent accueillir le complexe de Northvolt.

(Montréal) L’entreprise suédoise Northvolt va officialiser, jeudi, qu’elle construira une usine de fabrication de cellules de batterie en Montérégie, en compagnie d’élus fédéraux et provinciaux.

Avec son usine de fabrication de cellules de batteries, l’entreprise viendrait combler le chaînon manquant de la filière batterie au Québec. Différents reportages ont évoqué la création de 4000 emplois pour un investissement de 7 milliards. Le terrain choisi ferait 100 hectares, soit plus de 75 terrains de football.

Le projet est le secret le moins bien gardé du monde économique québécois. Le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, y a fait régulièrement allusion dans les dernières semaines et de nombreux reportages ont éventé des éléments du projet.

L’annonce soulève déjà des craintes dans la région tandis qu’une pétition de 700 noms a été déposée au conseil municipal de McMasterville afin de bloquer le projet. Les signataires craignent que l’usine entraîne du bruit et de la pollution.

Le ministre Fitzgibbon croit que l’on devrait laisser la chance au coureur. « Ce qui est important, c’est que, quand un projet est annoncé, peu importe lequel, la société puisse expliquer aux citoyens quel va être la nature du projet, comment la société va respecter les enjeux, qui sont légitimes, enjeu de bruit, enjeu de visibilité. Laissons à la compagnie [l’occasion] de pouvoir expliquer aux citoyens. »

Il juge qu’il est normal qu’il y ait des gens qui s’opposent à un projet économique. « L’histoire du Québec est telle que jamais un projet n’est 100 % accepté. »

L’évènement de jeudi s’ajouterait à une série d’annonces récentes dans l’écosystème de la batterie au Québec. Ottawa et Québec ont accordé une aide de 640 millions pour l’usine de Ford à Bécancour. Celle de GM-Posco, pour sa part, a profité d’un soutien de près de 300 millions des deux ordres de gouvernement.

Les sommes consacrées à la filière batterie ont toutefois fait l’objet de critiques. Le président et chef de la direction de la Banque Nationale, Laurent Ferreira, a critiqué, la semaine dernière, les subventions gouvernementales versées aux entreprises étrangères, notamment pour développer la filière batterie.

« Mon point là-dessus, c’est que quand on donne des subventions aux compagnies étrangères, c’est qu’elles vont directement dans la poche des actionnaires étrangers qui ne sont principalement pas canadiens, a dit M. Ferreira en entrevue, en marge d’une présentation devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM). Je doute de ce modèle, à plus long terme, dans la création de richesse. »

En réaction, M. Fitzgibbon a défendu l’aide, lors d’une mêlée de presse vendredi. « S’il n’y avait aucune subvention du gouvernement, il y aurait zéro dans la filière batterie au Canada. Ça serait aux États-Unis. »

Il a laissé entendre qu’il fournirait des données pour démontrer les bienfaits des investissements gouvernementaux, lors de l’annonce de jeudi. « Je reviendrai avec des chiffres pour montrer c’est quoi, l’impact de cette filière. »

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On a posé la question pour vous | Est-on trop généreux avec les usines de batteries ?

Vincent Brousseau-Pouliot

Il y aura beaucoup de sourires et de félicitations ce jeudi quand Justin Trudeau, François Legault et une batterie de politiciens (permettez-moi ce jeu de mots…) annonceront l’arrivée de l’usine de batteries de voitures électriques de Northvolt.

Publié à 0h47 Mis à jour à 6h00

On parle du plus important investissement privé au Québec depuis les barrages hydroélectriques. De 4000 emplois bien rémunérés. D’un secteur économique prometteur.

Tout cela est vrai.

Mais il est tout à fait légitime de se demander si tout cela vaut le coup.

Les contribuables paieront une fortune pour attirer ces emplois, probablement les plus subventionnés de l’histoire du Québec si on se fie aux annonces similaires du fédéral en Ontario.

Comme les États-Unis, la France, l’Allemagne et d’autres pays européens, le Canada est entré dans la course des subventions pour attirer des usines de batteries électriques.

En fait, non. Il n’est pas seulement entré dans la course. Il mène la course aux subventions, ex æquo avec les États-Unis. Les deux pays sont loin devant.

En Ontario, les usines similaires de Volkswagen et de Stellantis (ex-Chrysler) ont été subventionnées à des niveaux stratosphériques : entre 50 % et 65 % de la facture sera assumée par les contribuables.

Pour Volkswagen, les gouvernements investiront entre 8 et 13 milliards (selon le niveau de production), et l’entreprise investira 7 milliards. Le fédéral paie les deux tiers des subventions, la province un tiers. Ça revient entre 2,7 et 4,3 millions de subventions par emploi direct.

On répète : jusqu’à 4,3 millions de fonds publics par emploi.

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PHOTO GRACE RAMEY, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

En 2022, l’administration Biden a mis le paquet avec des subventions massives pour inciter à construire des usines de batteries électriques aux États-Unis, comme ici à Bowling Green, au Kentucky.

Tout ça est la faute de Joe Biden. Le président américain veut une révolution industrielle verte, un objectif louable. En 2022, son administration a mis le paquet avec des subventions massives pour inciter à construire des usines de batteries électriques aux États-Unis.

Résultat : les constructeurs jouent les pays les uns contre les autres pour l’obtention des usines, et les pays ont dû augmenter leurs subventions.

L’Europe a haussé ses subventions, sans suivre complètement les Américains. La Grande-Bretagne a payé 13 % de l’usine de Tata (500 millions sur 4 milliards de livres sterling), la France, 29 % de l’usine de ProLogium à Dunkerque (1,5 milliard sur 5,2 milliards d’euros)⁠1.

Le Canada a décidé d’égaler les subventions de son voisin du Sud. Les fonds publics paient entre 50 % et 65 % des coûts en Ontario. Pour Northvolt au Québec, les gouvernements injecteraient près de 3 milliards de fonds publics sur l’investissement total de 7 milliards, soit environ 40 % des coûts du projet, selon nos collègues Tommy Chouinard et Julien Arsenault. On verra ce jeudi tous les détails de ce montage financier.

S’il voulait attirer les usines de batteries, le gouvernement Trudeau ne pouvait faire autrement qu’égaler l’offre des Américains. Sauf que ça coûte terriblement cher.

Le raisonnement d’Ottawa : si les usines de batteries s’établissent au Canada, le reste de l’écosystème de la filière batterie suivra. « La vraie valeur, ce n’est pas l’usine de batteries, c’est la chaîne de production et de transformation des minéraux », dit Bentley Allan, professeur à l’Université Johns Hopkins et spécialiste de la filière batterie.

Pour chaque emploi dans une usine hautement subventionnée, le fédéral espère créer 10 emplois ailleurs dans la chaîne d’approvisionnement. Ottawa se base sur un rapport du Trillium Network⁠2.

C’est ainsi que Justin Trudeau a déclaré au printemps que « le Canada va récupérer son investissement [dans l’usine de Volkswagen] en cinq ans, grâce aux retombées économiques »3.

Ça n’arrivera probablement pas.

En comptant uniquement les recettes fiscales générées par l’usine Volkswagen (les retombées directes), le Directeur parlementaire du budget a conclu qu’il faudra 20 ans pour que les gouvernements rentrent dans leur argent⁠4.

Comme il y aura des emplois indirects, la réalité sera quelque part entre les deux.

De son côté, Québec estime qu’il lui faudra entre 10 et 20 ans pour rentabiliser, avec les recettes fiscales, les subventions aux usines de cathodes de Ford et GM/Posco, a indiqué le cabinet du ministre Pierre Fitzgibbon. C’est une estimation plus réaliste. En comptant Ottawa et Québec, les contribuables paieront 50 % du coût total des deux usines (coût total de 1,2 milliard pour Ford et de 600 millions pour GM/Posco).

Aurait-on dû laisser le chemin libre aux Américains ? Plusieurs intervenants du milieu des affaires pensent que oui.

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PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

Le PDG de la Banque Nationale, Laurent Ferreira, n’est « pas un fan » des subventions à la filière batterie.

Le PDG de la Banque Nationale, Laurent Ferreira, n’est « pas un fan » des subventions à la filière batterie, a-t-il dit la semaine dernière.

« On se lance très fortement dans une filière qui est peut-être gagnante à long terme, mais on met tous nos œufs dans le même panier, dit Pedro Antunes, économiste en chef du Conference Board du Canada. Ça m’inquiète un peu. Ça crée une dépendance [aux subventions]. Et où va-t-on trouver les gens pour ces nouveaux emplois ? »

Greig Mordue, professeur en politiques manufacturières à l’Université McMaster, pense qu’on aurait dû passer notre tour. Usine ou pas, « nous aurions eu ces emplois [dans la transformation des minéraux] de toute façon », dit-il.

Au moins, même dans la démesure, Ottawa s’est protégé. Si les subventions américaines tombent, les subventions canadiennes tomberont aussi.

Le dilemme du gouvernement Legault était différent. Si Ottawa allonge les milliards, Québec serait fou de laisser seulement l’Ontario en profiter.

Le Canada fait-il une erreur en couvrant d’or les usines de batteries électriques ? Peut-être. On le saura dans une décennie.

C’est très compliqué, périlleux et audacieux pour un gouvernement de créer une nouvelle industrie à coups de subventions. Même quand ça marche, ça coûte cher. Depuis 25 ans, le Québec est devenu l’une des capitales mondiales du jeu vidéo, en raison d’un généreux crédit d’impôt. Malgré ce beau succès, les subventions au jeu vidéo ont un rendement fiscal soit faible, soit négatif (ça dépend de la méthode de calcul)⁠5.

Pour le jeu vidéo, on parle d’un crédit d’impôt provincial de 135 millions par an (pour l'année 2014).

Pour la filière batterie, on est sur une autre planète. Québec veut investir 5 milliards. Le chéquier d’Ottawa est encore plus gros.

À moins d’avoir une machine qui permet de voyager dans le futur, on ne peut pas dire avec certitude si c’est une bonne affaire ou non.

Mais ça donne assurément le vertige.

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