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Logement social : les leçons de Vienne


daniel_88

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Le logement abordable comme solution à l’inflation

Bâtiment acquis par la Société d'habitation et de développement de Montréal (SHDM) situé au 3794, Henri-Bourassa, à Montréal-Nord. Photo: Gracieuseté, SHDM

https://journalmetro.com/local/montreal-nord/2918304/le-logement-abordable-comme-solution-a-linflation/

David Beauchamp

5 octobre 2022 à 5h00 - Mis à jour 5 octobre 2022 à 7h12 4 minutes de lecture

Dans un contexte où l’inflation cause beaucoup de maux de tête, l’accessibilité à des logements abordables apparaît comme une solution soulageant les effets délétères de l’augmentation des prix.

Le 28 septembre, la Société d’habitation et de développement de Montréal (SHDM) annonçait l’acquisition de deux bâtiments dans le but d’offrir des logements abordables aux populations des arrondissements de Rosemont–La Petite-Patrie et de Montréal-Nord.

Ces immeubles regroupent respectivement 37 et 42 logements, dont huit 5 ½ et 36 4 ½ pouvant accueillir des familles, augmentant ainsi à 4847 le nombre de logements résidentiels abordables détenus par la SHDM sur l’ensemble de l’île de Montréal.

Le logement, un droit fondamental

Le logement est un droit fondamental, et avec un logement, on peut mieux s’insérer socialement. Dans un contexte d’inflation où il est plus difficile de se loger, notre organisme a ainsi permis à des gens en situation précaire de ces deux quartiers d’avoir une paix d’esprit.

Nancy Shoiry, directrice générale de la Société d’habitation et de développement de Montréal

Mme Shoiry décrit d’ailleurs le logement abordable comme une des clés pour soulager les effets de l’inflation. «Le logement abordable détenu par les organismes publics est clairement une solution pour éviter l’augmentation des loyers. Quand c’est détenu par des coopératives ou des organismes communautaires, c’est certain que ça assure une plus grande stabilité économique pour toutes et tous, notamment pour les populations vulnérables, parce que les loyers n’augmentent pas arbitrairement», affirme la directrice générale.

Investir en périphérie

Pour Nancy Shoiry, les tendances actuelles du marché génèrent des pressions importantes sur les locataires des quartiers centraux, poussant plusieurs à déménager en périphérie, là où se trouvent les loyers moins dispendieux et où la précarité est plus élevée. Il était donc important d’explorer les options dans ces secteurs périphériques de Montréal.

«C’est notre premier bâtiment dans Montréal-Nord et le bâtiment était en très bon état. On a payé plus cher, mais nous sommes fiers parce qu’on a pu assurer le maintien des locataires déjà présents sur place. Dès que les logements se libéreront, nous voulons que ce soit cette même clientèle qui vienne y loger, grâce à l’appui des organismes communautaires avec qui on travaille pour mieux guider cette population vulnérable.»

Nancy Shoiry explique aussi que certains quartiers ne sont pas priorisés par la SHDM en raison de leur important embourgeoisement. Elle cite en exemple Le Plateau-Mont-Royal, où les bâtiments sont plus chers et où la population est davantage nantie et favorisée par l’accès aux services, contrairement à Montréal-Nord et certains secteurs de Rosemont.

Le logement public et le secteur privé

La directrice générale de la SHDM insiste sur l’importance de favoriser l’accès à des logements abordables dans un univers immobilier où le secteur privé est omniprésent et influence les coûts.

«Notre mission est d’offrir du logement abordable. Nos logements ne sont pas subventionnés, c’est-à-dire que nous payons avec les fonds provenant de nos revenus immobiliers pour l’achat des bâtiments, leur rénovation et les taxes immobilières. En fait, nous sommes un OBNL en compétition avec des promoteurs privés du milieu immobilier pour qui l’augmentation des loyers est une pratique courante, contrairement à nous», explique Mme Shoiry quant à la spécificité de son organisation.

La directrice générale ajoute que la réalité immobilière est certes contraignante, mais que l’objectif de la SHDM de pérenniser l’accès à du logement abordable est favorisée par la Ville de Montréal et ses règlements en matière d’habitation.

«Nous voulons que ces propriétés demeurent dans le domaine public, avec une vocation sociale. Grâce au droit de préemption institué cette année par la Ville, il est plus facile d’acquérir des logements et de maintenir les prix des loyers abordables parce que le droit de préemption vient atténuer les effets de la compétition immobilière», souligne Nancy Shoiry, en qualifiant la SHDM de «bras droit de la Ville» en matière de logement abordable.

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Il y a 4 heures, acpnc a dit :

Le logement abordable comme solution à l’inflation

Bâtiment acquis par la Société d'habitation et de développement de Montréal (SHDM) situé au 3794, Henri-Bourassa, à Montréal-Nord. Photo: Gracieuseté, SHDM

https://journalmetro.com/local/montreal-nord/2918304/le-logement-abordable-comme-solution-a-linflation/

David Beauchamp

5 octobre 2022 à 5h00 - Mis à jour 5 octobre 2022 à 7h12 4 minutes de lecture

Dans un contexte où l’inflation cause beaucoup de maux de tête, l’accessibilité à des logements abordables apparaît comme une solution soulageant les effets délétères de l’augmentation des prix.

Le 28 septembre, la Société d’habitation et de développement de Montréal (SHDM) annonçait l’acquisition de deux bâtiments dans le but d’offrir des logements abordables aux populations des arrondissements de Rosemont–La Petite-Patrie et de Montréal-Nord.

Ces immeubles regroupent respectivement 37 et 42 logements, dont huit 5 ½ et 36 4 ½ pouvant accueillir des familles, augmentant ainsi à 4847 le nombre de logements résidentiels abordables détenus par la SHDM sur l’ensemble de l’île de Montréal.

(ci-dessus un extrait de l'article cité)

Construire de nouveaux logements et/ou faire l'acquisition de logements existants sont incapables d'infléchir les prix du marché, à moins que ce soit en nombres infiniment plus grands que ce qui est projeté.  Donner un comprimé d'aspirine à un éléphant ne parviendra jamais à apaiser son mal de tête.  J'imagine la caricature!

Aussi, l'inflation n'est pas un phénomène confiné au secteur de l'habitation.  Elle est généralisée.  Il peut y avoir de bonnes raisons d'investir dans le logement social et abordable, mais de grâce ne prétendez pas que vous parviendrez ainsi à contrer l'inflation.  Plus que toutes autres choses, ce sont des mesures macroéconomiques (fiscales et monétaires) qui peuvent y contribuer, sans toutefois réussir pleinement aussi longtemps que le contexte mondial ne s'y prête pas. 

Pour l'instant, la plupart des mesures adoptées par les gouvernements dans le monde ne visent pas à réduire les pressions inflationnistes, mais plutôt à en atténuer les conséquences pour les particuliers et les entreprises.  Ça se fait au prix de dépenses publiques supplémentaires gonflant les déficits budgétaires, lesquels sont largement financés par les banques centrales plutôt que par l'épargne.  Au contraire, les hausses de taux d'intérêts (qui sont un instrument de politique monétaire) visent à contraindre (diminuer) la demande.    

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Alerte rouge : stratégie du choc en vue

 

PHOTO HUGO-SEBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

La possibilité d’exiger un référendum sur les changements de zonage constitue un des rares outils vraiment puissants dans les mains des communautés, explique l’auteur.

Maxime Pedneaud-Jobin Collaboration spéciale

En 2007, Naomie Klein publiait La stratégie du choc : la montée d’un capitalisme du désastre. C’est un livre assez fascinant où elle tente de démontrer que les chantres de la libre entreprise à tout crin profitent des crises pour promouvoir des réformes, des actions qui, dans un autre contexte, ne passeraient pas la rampe : déréglementation, privatisation, baisse de taxes et d’impôts, subventions massives, etc.

Publié à 5h00

https://www.lapresse.ca/actualites/chroniques/2022-10-10/alerte-rouge-strategie-du-choc-en-vue.php

Chez nous, le phénomène a commencé à se produire dans le domaine du logement.

Le quotidien Le Droit de Gatineau rapportait1 que, même si le conseil municipal a autorisé la construction de quelque 4000 nouvelles portes dans la dernière année, l’industrie n’accepte pas que le conseil municipal en ait bloqué 34… pour respecter sa propre planification ! « Il y a une crise du logement historique, on ne va pas s’en sortir en continuant avec les règles actuelles », affirme l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec. D’autres promoteurs, partout au Québec, dénoncent le « pas dans ma cour » ou encore exigent de l’aide financière pour construire. Parce que la crise leur donne un argument fort, le danger est grand de perdre pour longtemps des outils importants de protection du public.

« Mais c’est dans ma cour ! »

Les promoteurs dénoncent toujours le « pas dans ma cour » (je ne suis pas certain qu’ils feraient la même chose si on parlait de la leur !). Ils dénoncent en particulier la capacité, pour les citoyens, de bloquer par référendum un projet dont la réalisation exige un changement de zonage.

Un changement de zonage peut permettre, par exemple, d’augmenter le nombre d’étages dans un projet ou encore d’ajouter une activité économique qui n’était pas prévue au règlement, activité qui peut très bien inclure des nuisances pour les communautés comme une augmentation d’achalandage importante sur la rue ou encore du bruit.

Cette possibilité d’exiger un référendum constitue un des rares outils vraiment puissants dans les mains des communautés. L’existence seule de ce règlement force les promoteurs à parler aux gens et à déposer des projets plus intéressants. Il ne faut pas que cette possibilité soit emportée par la stratégie du choc.

On construit pour longtemps

Si on doit changer la planification urbaine, ce qui peut être souhaitable, cela ne peut pas être improvisé, et ce, pour deux raisons : d’abord parce que les choix qu’elle encadre sont trop importants pour l’avenir, mais également parce qu’elle est le fruit de vastes consultations.

La planification urbaine constitue, en quelque sorte, un contrat social entre résidants, gens d’affaires et société civile. On ne peut pas la changer à la va-comme-je-te-pousse au nom d’une crise importante soit, mais quand même limitée dans le temps. On ne construit pas une maison ou un quartier en pensant aux trois ou quatre prochaines années, on les construit pour 75 ou 100 ans. Les gens d’un quartier vivront longtemps avec un édifice qui a été construit trop haut ou pas à la bonne place.

Le libre marché ?

L’industrie affirme également qu’un marché plus libre réglera la crise. C’est équivalent d’affirmer que si tout le monde était armé, il y aurait moins de morts par arme à feu. La solution proposée est, en fait, la source du problème.

Le libre marché n’a jamais, au grand jamais, répondu à la demande de logements abordables.

Alors que les aînés peinent souvent à se loger, 11 arrondissements de Montréal s’apprêtent à adopter des règlements de zonage pour éviter que des résidences pour personnes âgées soient converties à des usages plus lucratifs.

Le défi est encore plus grand pour les gens qui cherchent du logement abordable. Dans le cadre de débats au conseil municipal de Saint-Hyacinthe, un promoteur déclarait franchement : « Habituellement, on se donne comme objectif de demeurer à un prix bas, mais en ce moment, ce n’est pas possible. »2

D’ailleurs, de nombreuses villes connaissent une spectaculaire croissance immobilière, mais cela n’influence pas la crise, les logements construits étant trop chers.

Le logement social et communautaire est le seul pour lequel l’abordabilité est garantie à long terme. C’est aussi celui qui répond le mieux aux besoins des ménages locataires les plus fragiles. L’enjeu, c’est le financement public. Des milliers de logements pourraient être construits partout au Québec si on augmentait le financement des programmes idoines3.

Pour compenser la timidité de Québec et d’Ottawa, des villes subventionnent maintenant le logement. En Gaspésie, certaines villes donnent jusqu’à 15 000 $ par porte en subvention à des promoteurs immobiliers. Ce sont des subventions sans obligation pour les logements visés d’être abordables. Cela peut accélérer certains projets qui auraient vu le jour de toute façon, mais cela ne réglera pas la crise pour les plus pauvres.

Affaiblir le cadre réglementaire, enlever de la force aux citoyens, improviser des changements à la planification, subventionner du logement traditionnel sont des actions qui ne régleront pas la crise. Des entrepreneurs feront des profits à court terme, et nous serons pris longtemps avec des quartiers mal construits et des outils de protection du public affaiblis. La stratégie du choc aura fonctionné. Prenons garde.

1. Lisez l’article du Droit « Blocage au conseil : le milieu des affaires de Gatineau ne décolère pas et exige des changements »

2. Lisez l’article du Courrier de Saint-Hyacinthe « Pénurie de logements : une longue crise en vue »

3. Lisez l’article de La Presse « Logement social  : de gros promoteurs se font dire “non merci” »

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  • 2 mois plus tard...

93 nouveaux lots ciblés par la Ville pour le logement social

 

Coop-MIL-web.jpg?resize=1051%2C591 Les lots qui seraient assujettis au droit de préemption se trouvent dans sept arrondissements de Montréal. Photo: Archives, Nicolas Monet, Métro

La Ville de Montréal a ciblé 93 nouveaux lots dispersés sur le territoire pour les assujettir à son droit de préemption. Dans l’éventualité d’une vente, l’administration municipale pourrait acheter ces immeubles en priorité sur tout autre acheteur. L’acquisition de ces lots serait destinée au développement de projets de logements sociaux et d’habitation.

La Ville espère ainsi accroître l’offre en habitation dans des arrondissements qui seraient particulièrement malmenés par les pressions du marché immobilier, soit: Anjou, Ahuntsic-Cartierville, Côtes-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce, Lasalle, Rivière-des-Prairies-Pointes-aux-Trembles, Saint-Léonard et Verdun.

Pour le responsable de l’habitation, de la stratégie immobilière et des affaires juridiques de Montréal, Benoit Dorais, cette annonce témoigne des efforts de la Ville d’«améliorer l’abordabilité de la métropole, pour développer des milieux de vie inclusifs et durables».

Tout en saluant la proactivité de la Ville de Montréal pour répondre en partie aux besoins «criants» en matière de logement, la mairesse de Côte-des-Neiges-Notre Dame-de-Grâce, Gracia Kasoki Katahwa, réitère que les autres paliers du gouvernement ont toutefois un rôle à jouer «pour que des projets voient le jour sur ces terrains».

«Il faut agir pour offrir un loyer décent aux plus vulnérables», dit-elle par voie de communiqué.

Cette nouvelle survient trois jours après qu’une enquête du Journal de Montréal a dévoilé que moins de 4 300 des 13 000 logements sociaux et abordables que la Ville a prétendu avoir développés ont été réellement construits.

https://journalmetro.com/actualites/montreal/2967005/dans-le-nord-de-montreal-ca-prend-du-logement-social/

 

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Un prêt de la Ville pour protéger 86 logements abordables

 
Photo: Messager Lachine & Dorval - Archives

La Ville de Montréal annonce un prêt sans intérêt de 5,135 M$ pour une période de 35 ans à l’Office municipal d’habitation de Montréal (OMHM) pour l’acquisition de trois immeubles d’habitation.

Représentant 86 logements à Ahuntsic-Cartierville et Rivière-des-Prairies-Pointe-aux-Trembles, le projet en lien avec l’initiative Chantier Montréal abordable est «une réponse directe à la pénurie de logements sociaux et abordables», selon Danielle Cécile, directrice de l’OMHM.

Les bâtiments seront rénovés et mis à niveau par l’Office. Le vice-président du comité exécutif et responsable de l’habitation, des stratégies et transactions immobilières, des affaires juridiques et des projets immobiliers, Benoit Dorais, ajoute que le projet, qui vise à «tout mettre en œuvre pour sauvegarder le parc de logements abordables existant et à risque», devrait bénéficier à la communauté «pour les décennies à venir».

Des 86 logements, 78 comportent trois chambres ou plus, dans l’optique d’offrir de «grands logements familiaux, qui se font de plus en plus rares à Montréal», explique la directrice de l’OMHM.

Le projet devait à l’origine se faire par le financement d’AccèsLogis, mais le programme ne pouvait plus couvrir l’ensemble des coûts en raison de la montée des prix de construction et des taux d’intérêt.

 

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  • 2 mois plus tard...
lapresse.ca
 

Logement social : c’est la faute à… Québec !

Logement social : c’est la faute à… Québec !

La Coalition avenir Québec est désespérante en matière de logement social.

La ministre responsable de l’Habitation, France-Élaine Duranceau, a confié lundi à notre collègue Maxime Bergeron que Québec mettra fin au programme AccèsLogis, qui construit la quasi-totalité des logements sociaux depuis le début des années 2000.

La ministre y est aussi allée d’une attaque en règle contre AccèsLogis et les groupes qui accompagnent les coops d’habitation/OBNL/offices d’habitation. Elle compare AccèsLogis à « un free-for-all, où tout le monde dépose [son projet], ça prendra le temps que ça prendra, et ça coûtera le prix que ça coûtera ».1

Si le gouvernement du Québec cherche un coupable pour expliquer le peu de logements sociaux construits depuis une décennie, il n’a qu’à se regarder dans le miroir au lieu de lancer des accusations gratuites.

Si 15 000 logements sociaux ont été « bloqués » pendant des années, c’est parce que le gouvernement du Québec, sous Jean Charest et Philippe Couillard, a arrêté de calculer l’inflation sur les subventions d’AccèsLogis à partir de 2009. Cette idée ridicule a fait dérailler le programme.

Dans les années 2000, AccèsLogis couvrait au départ 50 % des coûts de construction des logements sociaux. La ville (15 %) et l’hypothèque sur les futurs loyers (35 %) couvraient le reste.

Maintenant, la subvention de Québec ne couvre que 32 % des coûts réels de construction. Résultat : il manque d’argent pour boucler le financement, et les projets ne démarrent pas. (Oui, le problème est aussi bête que ça.)

Depuis 2018, le gouvernement Legault a ajouté 907 millions supplémentaires pour faire « débloquer » 9036 unités sous-financées d’AccèsLogis : 5457 unités ont été construites, 3579 sont en construction. Mais 6652 des 15 000 unités sont toujours bloquées.

Il leur manque en moyenne 18 % de leur financement, et la caisse d’AccèsLogis est vide. La ministre Duranceau dit vouloir octroyer du financement supplémentaire pour « une bonne partie » de ces logements. Ce serait la moindre des choses.

Le gouvernement Legault va donc remplacer AccèsLogis par son nouveau Programme d’habitation abordable Québec (PHAQ), créé en 2022.

AccèsLogis devait être modernisé et grandement simplifié. On est d’accord avec l’objectif de raccourcir les délais de construction, de réduire la bureaucratie, même d’ouvrir la porte aux promoteurs privés.

Le problème du PHAQ, c’est qu’il comporte trop de lacunes importantes.

Premièrement, le PHAQ est d’abord et avant tout un programme de logement abordable pour la première partie de la classe moyenne, alors que AccèsLogis était un programme de logement social pour les plus démunis (50 % des unités d’AccèsLogis devaient être des logements sociaux ; il n’y a pas de ratio minimal dans le PHAQ). C’est comme si on déshabillait Pierre pour habiller Paul. Alors que Pierre est plus démuni que Paul !

Deuxièmement, il permet au secteur privé de construire des logements sociaux subventionnés et de les récupérer en abolissant leur vocation sociale après entre 10 à 35 ans. On n’est pas contre l’apport du privé. Mais pas à ces conditions.

Troisièmement, la subvention de Québec a été améliorée, mais elle est encore sous-estimée. En théorie, elle couvre 45 % du coût, en pratique c’est 35 %. Il manquera 10 % du financement. On atténue le problème sans le régler.

On n’est pas les seuls à avoir des doutes sur le PHAQ. L’Union des municipalités du Québec estime que « ce n’est pas mieux » qu’AccèsLogis avec ses défauts actuels.

Pressée, la ministre Duranceau veut retirer le financement à tout projet du PHAQ dont la construction ne démarre pas avant 12 mois.

On a hâte de voir comment elle va s’y prendre.

En juin 2022, le PHAQ a financé ses 1741 premières unités. Québec précisait que la construction de certains projets pourrait commencer dès l’automne 2022. Combien sont en construction actuellement ? Zéro. Ça part mal.

Les promoteurs de plusieurs projets ont dû attendre six mois… après Québec pour obtenir leur nombre de prestations de suppléments de loyer. Ça ne s’invente pas !

Quand il était financé adéquatement, AccèsLogis marchait bien : on construisait en moyenne 1900 unités par an entre 2005 et 2012. C’est mieux que le PHAQ, qui a financé 1741 logements à sa première année.

On aurait aimé que Québec améliore AccèsLogis au lieu de le jeter aux poubelles. Cela dit, c’est toujours possible d’améliorer un programme mal ficelé.

Ce qui est encore plus préoccupant, c’est que le gouvernement Legault sous-estime les besoins en logement social.

En se fiant sur les chiffres du ministère des Finances, François Legault estime que le Québec a besoin de 26 700 nouveaux logements sociaux et abordables d’ici 2026 : 14 700 logements sociaux et 12 000 logements abordables.

La semaine dernière, le premier ministre a ridiculisé la proposition de Québec solidaire de construire 50 000 logements sociaux en quatre ans. « C’est toute une blague », a-t-il dit.

Le problème avec l’analyse tranchée de M. Legault, c’est qu’il y a actuellement 37 149 ménages en attente d’un logement social au Québec.2

37 149, c’est plus proche de 50 000 que de 14 700.

2. La liste d’attente n’est pas une mesure parfaite (ex. : les demandes à Montréal ne sont pas mises à jour chaque année car il y en a trop), mais c’est la meilleure indication qu’on a pour l’instant.

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Logement abordable Des « centaines de millions » gelés à Québec

https://www.lapresse.ca/actualites/chroniques/2023-02-27/logement-abordable/des-centaines-de-millions-geles-a-quebec.php

« SVP, rénovez mon HLM » : mobilisation contre la détérioration coûteuse des logements

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1959332/logement-social-montreal-aide-locataire

La fin d’AccèsLogis critiquée par les villes et l’opposition

https://www.lapresse.ca/actualites/politique/2023-02-27/la-fin-d-acceslogis-critiquee-par-les-villes-et-l-opposition.php

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lapresse.ca
 

Hommage à mon HLM


J’ai grandi dans un HLM.

Chaque vendredi, mon petit frère et moi, on rejoignait notre père dans sa maison en rangée de la rue Habitat. Il était malade et avait peu de revenus, d’où notre place en habitation à loyer modique. Je ne le précise pas pour que notre situation vous paraisse plus noble. Il n’y a pas de raison meilleure qu’une autre quand vient le temps d’avoir le droit de se payer un toit. Je le souligne simplement pour que vous sachiez que malgré le contexte peu jojo, ces fins de semaine en HLM font partie des plus belles de ma vie…

Notre petite cour privée s’ouvrait sur un terrain commun bordé par une rivière. Mon frère y posait parfois sa tente pour une aventure en plein air. (Mal)heureusement, une longue clôture nous empêchait de nous tremper dans l’eau archipolluée.

Derrière notre logement, un parc enclavé entre quatre immeubles résidentiels. C’est là que j’ai écrit mon premier roman – combinant espionnage, amour et intrigue politique –, à l’âge de 13 ans. Le récit d’une dizaine de pages n’a jamais été publié, mais notons que son unique lecteur (mon voisin Maxime) l’avait trouvé « quand même bon ».

Ce qui me touche le plus, quand je repense à ces années, c’est que mes amies étaient constamment chez nous. J’aurais pu être gênée de leur montrer notre petit royaume érigé sur de la pauvreté (d’autant plus qu’elles étaient issues de familles plutôt nanties), mais je ne crois pas avoir déjà ressenti la moindre honte. La vérité, c’est qu’elles s’y sentaient bien et moi aussi.

Ce n’était pas la parure qui faisait le confort de notre maison, c’était le monde dedans. L’amour imprégné jusque dans les murs.

Bien franchement, je savais qu’on habitait là parce qu’on n’aurait jamais les moyens de vivre ailleurs, mais je ne devinais pas le poids de la précarité. J’avais l’impression de grandir dans un mini village tissé serré. Un village dont la résilience me crève aujourd’hui le cœur.

Combien de parents, rue Habitat, qui se demandaient comment arriver à subvenir aux besoins de leurs petits ? Combien d’aînés isolés ? De gens qui s’étaient égarés d’un chemin qui aurait pu être le bon ? De gens qu’on avait collectivement tassés du chemin qui aurait pu être le bon ?

Mon HLM m’a permis d’aller très tôt à la rencontre des poqués.

Il y avait des enfants qui venaient jouer sur le bord de la clôture pour éviter leur père alcoolo ou pour trouver un peu d’innocence dans un quotidien qui n’en regorgeait certainement pas. Même toutes jeunes, il y avait des faces fatiguées. J’ai vite compris que tout le monde ne part pas de la même place, dans la vie. Puis que la mort avait beau planer, chez nous, on était parmi les choyés…

Dans notre HLM, il y avait de la solidarité.

Notre vieux voisin déneigeait notre entrée, quand l’insomnie le prenait. Je gardais parfois les enfants de la mère de famille monoparentale qui avait besoin d’une pause, en face. Chaque été, une intervenante communautaire organisait une fête pour les jeunes du coin. Grâce à elle, j’ai appris à fabriquer des pinatas en papier mâché et à gérer une foule enthousiaste.

Vous me direz que tout ça existe, qu’importe le quartier. Probablement. Mais j’ai l’impression que la cohésion est différente quand elle se fait de blessure à blessure. On était tous faillibles. On savait que s’avoir était une chance.

J’ai quitté la rue Habitat à l’âge de 16 ans, au moment où mon père, lui, quittait cette terre. J’y suis retournée pour la première fois, l’été dernier… L’endroit m’a paru abîmé. Beaucoup plus que dans mes souvenirs.

J’ignore si c’est parce que mes yeux d’enfant omettaient de remarquer le bardeau qui tombait ou si c’est parce que les lieux ont réellement dépéri, mais chose certaine : l’amour qu’on avait injecté jusque dans les murs n’avait pas suffi à les garder dignes.

Puis, cette semaine, j’ai appris dans ma Presse que1 : « Plus de 40 % des 65 000 logements à prix modique de la province sont cotés D ou E, c’est-à-dire qu’ils ont besoin de travaux majeurs », selon la Fédération des locataires d’habitations à loyer modique du Québec et le Comité consultatif des résidents de l’Office municipal d’habitation de Montréal.

Dans cet article d’Isabelle Ducas, j’ai aussi appris que : « Pendant que de plus en plus de logements deviennent inhabitables dans les HLM vieillissants, le financement gouvernemental alloué à leur réfection ne cesse de baisser : il est passé d’une moyenne annuelle de 352 millions entre 2015 et 2019, à 281 millions par année entre 2019 et 2022, selon la FLHLMQ. »

Sans faire de lien direct entre mes souvenirs et l’état récent du HLM qui m’a vue grandir, j’ai aussitôt senti le besoin de rappeler à quel point ces milieux sont importants.

Évidemment, ils ne cachent pas que des vies aussi douces que la mienne. Je sais que la pauvreté est un facteur qui peut contribuer à bien des inégalités, violences et dérives… Mais je sais aussi que plusieurs locataires de HLM bénéficient de ressources offertes par des intervenants communautaires qualifiés et d’un entourage qui comprend un peu mieux leur réalité, à force d’en partager des bribes.

Au-delà du droit au logement qu’ils assurent, les HLM sont des lieux qui peuvent faire naître des réseaux sur lesquels se reposer quand tu as l’impression que le monde t’a laissé tomber.

Ou que le tien est sur le point de s’effondrer.

(Là-dessus, je sais de quoi je parle.)

Ce serait la moindre des choses qu’on leur accorde le soin mérité.


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  • 3 semaines plus tard...

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PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Vue extérieur du nouveau bâtiment de l’OMHM, lors de l’inauguration de 193 nouveaux logements sociaux et abordables à Montréal, adjacent au métro Rosemont

(Québec) Le gouvernement Legault s’engage à construire 1500 nouveaux logements d’ici 5 ans dans le budget Girard. C’est bien insuffisant pour la mairesse de Montréal Valérie Plante, qui accuse la CAQ « d’ignorer la crise du logement ».

« En ignorant la crise du logement, le gouvernement du Québec précarise encore davantage l’abordabilité de la métropole et le portefeuille de milliers de familles. Il devra expliquer son choix », a dénoncé Mme Plante sur les médias sociaux, après la publication du budget du Québec.

« Le budget 2023-2024 du gouvernement du Québec ne répond pas aux demandes qui ont été clairement exprimées par la métropole et la région métropolitaine. […] La métropole mobilisera dès demain ses partenaires en habitation pour trouver des solutions », a-t-elle ajouté par écrit. Elle ne s’exprimera de vive voix que ce mercredi.La présidente du comité exécutif de Valérie Plante, Dominique Ollivier, n’est pas plus tendre envers Québec. Elle s’était déplacée à Québec pour entendre le ministre des Finances Eric Girard.

On est franchement déçus. Je pense que ce n’est pas trop fort de le dire.

Dominique Ollivier, présidente du comité exécutif de la Ville de Montréal

Dominique Ollivier estime que le financement annoncé par Québec permettra de construire à peine 600 logements abordables à Montréal. « Pendant ce temps-là, [ils donnent] neuf milliards de baisses d’impôts pour les particuliers, c’est 50 000 logements. On aurait pu régler l’ensemble de la crise du logement » avec cette somme, a-t-elle dit.

Un mandat dure quatre ans, dit Girard

Face à la crise du logement, la Coalition avenir Québec (CAQ) avait promis l’érection de 11 700 nouveaux logements abordables dans le présent mandat, mais tout n’a pas encore été financé. « C’est le premier budget d’une série de quatre budgets d’un mandat de quatre ans », a affirmé le ministre des Finances, Eric Girard, lors de la présentation de son budget.

Il estime que le total de l’enveloppe annoncée dans son budget, 1 milliard sur 5 ans, est déjà très « important ». M. Girard inclut toutefois dans cette enveloppe une bonification annuelle du crédit d’impôt pour la solidarité – 39 $ pour une personne seule, 63 $ pour un couple avec deux enfants – ainsi que l’attribution de 2000 places supplémentaires de plus au programme de supplément de loyer.

Il inclut également à ce montant une somme de 191 millions en 2022-2023 pour « finaliser la réalisation » des logements qu’AccèsLogis avait déjà annoncés depuis longtemps, et dont la construction tardait. La ministre de l’Habitation France-Élaine Duranceau avait déjà montré du doigt les partenaires pour ces retards. Le budget Girard reconnaît cependant que ces sommes additionnelles sont nécessaires pour réaliser ces projets « en raison des hausses récentes des taux d’intérêt et de la pénurie de main-d’œuvre » et que le manque de financement a pour « conséquence de ralentir la réalisation d’environ 3300 logements d’AccèsLogis, dont 1297 à Montréal ».

Ils devraient être bâtis dans un « horizon de deux ans », a dit Mme Duranceau. Quant aux nouvelles unités, elle a annoncé une bonification de son programme d’habitation abordable Québec (PHAC). La ministre veut réserver une plus grande place au privé. La première mouture du programme et ses 1700 unités « en voie d’être construites » n’ont pas été très populaires chez les promoteurs immobiliers : seulement 10 % seront réalisés par le secteur privé. Ce résultat est en deçà des attentes de la ministre de l’Habitation, France-Élaine Duranceau.

Son ministère va donc changer la formule pour garantir aux promoteurs immobiliers le tiers du financement de la nouvelle vague de construction de logements abordable, soit 500 unités sur 1500. L’objectif, a dit Mme Duranceau à La Presse, est de « limiter le risque » du gouvernement du Québec. Elle a affirmé que les promoteurs privés qui participent au programme devront assumer les dépassements de coûts, ce qui n’est pas le cas pour les organismes à but non lucratif.

Combien ?

303 millions sur 5 ans

pour construire 1500 nouveaux logements abordables

Combien ?

191 millions

pour débloquer des projets de logement abordables bloqués en raison de la hausse des coûts de construction

Pénurie

La pénurie de logements frappe fort dans toutes les régions, que ce soit dans le sud ou le nord du Québec. Un projet pilote mis de l’avant par le gouvernement Legault symbolise bien son impact. Il veut construire des unités d’habitation « modulaires » pour installer le personnel du réseau de la santé qui désire s’installer dans les régions éloignées. Le calcul : il est difficile de recruter un employé dans une ville s’il n’est pas possible d’y trouver une maison.

Québec suit donc l’exemple de certaines entreprises privées qui ont déjà commencé à bâtir des maisons pour attirer des travailleurs en région, puisque « les marchés locatifs de plusieurs municipalités concernées offrent actuellement peu de places disponibles pour loger ces travailleurs et leur permettre de s’y installer à plus long terme ».

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