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Patrimoine: les bons et les moins bons coups de 2018


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Patrimoine: les bons et les moins bons coups de 2018

SUZANNE COLPRON - La Presse

Qu'est-ce qu'on a fait de bien et de moins bien, cette année, à Montréal, en matière de patrimoine bâti, urbain et paysager ? Tour d'horizon avec Dinu Bumbaru, directeur  des politiques à Héritage Montréal.

LES GESTES

Commençons par les bonnes nouvelles. Pour Dinu Bumbaru, « deux gestes à petite échelle » méritent d'être soulignés. Le premier, fait par l'administration Plante, est l'acquisition du jardin Notman, coin Clark et Milton, pour le mettre à l'abri du pic des démolisseurs. « Cette décision a permis de résoudre un problème qui durait depuis 15-20 ans », dit-il. Reste maintenant à savoir ce qu'on en fera et comment on l'aménagera. Le second est le rétablissement, par Québec, de la fameuse dalle-parc de l'échangeur Turcot, avec des aménagements piétonniers et cyclistes. « Est-ce que ça va tenir le coup avec le gouvernement Legault ? demande Dinu Bumbaru. Je ne le sais pas. Mais ce lien n'est pas du luxe. Je suis d'accord, ça coûte de l'argent, mais c'est des peanuts comparé au coût de l'échangeur. »

LE PATRIMOINE

Autre bonne nouvelle : le site archéologique de Fort-Lorette a été classé au patrimoine en juin par le gouvernement. Ce site est situé dans l'arrondissement d'Ahuntsic-Cartierville, à l'endroit où se trouvait autrefois une mission sulpicienne active de 1696 à 1721. Des recherches menées au printemps 2017 ont permis de découvrir de nombreux vestiges datant de la fin du XVIIe et du début du XVIIIe siècle. Plusieurs sections restent à explorer, ce qui laisse croire qu'il y aura d'autres découvertes dans les prochaines années. « C'était un lieu de rencontre entre les Français et les autochtones, rappelle M. Bumbaru. C'est aussi ça, le patrimoine. »

LE PAYSAGE

L'Agora métropolitaine, qui a réuni 600 personnes à la TOHU, en octobre, permet d'espérer qu'on saura se mettre à l'abri de désastres comme la démolition de la maison Boileau à Chambly, rasée en novembre par la municipalité sous prétexte qu'elle représentait un danger pour la sécurité des citoyens. Élus, professeurs, experts et citoyens ont discuté tous ensemble, pour une rare fois, des enjeux du patrimoine et de la protection du paysage. « Je pense qu'on a scoré, dit M. Bumbaru. Le patrimoine paysager est une richesse extraordinaire. Mais il sert trop souvent à agrémenter la mise en page des documents arides. Il faut passer de la mise en pages à la substance. » Un plan d'action pour la période 2019-2023 est attendu dans les prochains mois. « On va y arriver, il faut se donner des échéances. »

LE VIEUX-PORT

Au chapitre des moins bonnes nouvelles, il y a le Vieux-Port qui tarde à accoucher de son plan directeur. Que fera-t-on du fameux Silo no 5 ? Y aura-t-il un nouveau complexe commercial et résidentiel ? Un parcours pour les piétons ? Depuis le temps qu'on en parle, on aimerait bien le savoir. Ce plan directeur devait être connu bien avant les Fêtes du 375e anniversaire de Montréal. Mais, pour toutes sortes de raisons, on a jugé qu'on manquait de temps. Résultat : depuis 2016, la Société immobilière du Canada, à laquelle a été fusionnée la Société du Vieux-Port, va de consultation en consultation et de plan directeur préliminaire en plan directeur préliminaire. « On est à la fin de 2018 et on est toujours en train de discuter », déplore Dinu Bumbaru.

L'AVENUE McGILL COLLEGE

À suivre en 2019 : l'aménagement d'une nouvelle place publique sur l'avenue McGill College, au coeur du centre-ville. Mandaté par le comité exécutif de la Ville de Montréal, l'Office de consultation publique de Montréal a profité des travaux de la rue Sainte-Catherine et de la station du Réseau express métropolitain (REM) pour tenir durant l'automne des séances de consultation publique. M. Bumbaru insiste sur le fait que la vue sur la montagne doit être préservée. L'avenue McGill College s'étend de la Place Ville Marie à l'Université McGill, rue Sherbrooke. Mais elle se divise en deux parties assez distinctes : de la Place Ville Marie à la rue Sainte-Catherine, et de la rue Sainte-Catherine à la rue Sherbrooke. « Cette avenue se trouve à mi-chemin entre le square Dorchester, une oasis dans la ville, et la place des Festivals. Il faut développer un autre caractère de lieu public pour McGill College. »

L'ÉCRAN RADAR

Autres sujets de préoccupation : l'avenir des vieux bâtiments délaissés ou sur le point de l'être, comme l'hôpital Royal Victoria, l'Hôtel-Dieu et l'Institut des sourdes-muettes, mais aussi ceux du parc Jean-Drapeau et de la Biosphère. Des audiences de consultation publique ont eu lieu en septembre dernier sur l'aménagement et le développement du parc Jean-Drapeau, même si son amphithéâtre extérieur de 65 000 places est en chantier depuis juillet 2017. Quant à la Biosphère, située dans l'ancien pavillon des États-Unis d'Expo 67, une des icônes de Montréal, son bail signé avec Environnement Canada prend fin en 2019. Il faut s'en occuper, et vite. Dernier sujet : la voie Camillien-Houde, qui a alimenté bien des conversations en 2018. Fermée à la circulation ? Ouverte en partie ? « C'est une bonne occasion de réfléchir à ce que c'est, un chemin dans un parc », lance Dinu Bumbaru.

https://www.lapresse.ca/actualites/grand-montreal/201812/29/01-5209506-patrimoine-les-bons-et-les-moins-bons-coups-de-2018.php

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Publié le 03 janvier 2019 à 08h00 | Mis à jour à 08h00

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Patrimoine bâti: un ingénieur tire la sonnette d'alarme

Yves Lacourcière, auteur de Accusé de non-assistance à... (Photo Alice Chiche, collaboration spéciale)

Yves Lacourcière, auteur de Accusé de non-assistance à patrimoine en danger, une charge contre les institutions qui, selon lui, ont abandonné le patrimoine bâti.

Photo Alice Chiche, collaboration spéciale

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Gabriel Béland
La Presse

(Québec) Tout comme les maisons patrimoniales qui tombent sous le pic des démolisseurs, le savoir-faire des ouvriers qui les ont bâties est menacé de disparition, prévient un ingénieur à la retraite qui vient de publier un livre sur la question.

« Les travailleurs capables de bien restaurer, de bien entretenir nos ancestrales, il n'en reste plus beaucoup », avertit Yves Lacourcière. L'homme vient de publier Accusé de non-assistance à patrimoine en danger, une charge contre les institutions qui, selon lui, ont abandonné le patrimoine bâti.

Charpentiers, maçons, plâtriers... Les vieux tours de main de ces métiers ont été emportés dans le tourbillon de l'industrialisation. Résultat ? Selon M. Lacourcière, on trouve des milliers de travailleurs capables d'assembler des « deux par quatre » et des murs de gypse, mais presque plus qui ont les compétences pour intervenir sur le bâti patrimonial.

« Après la guerre, les métiers traditionnels représentaient 50 % des travailleurs de la construction. En 1969, c'était 30 % et en 1993, il en restait 4 %, relate Yves Lacourcière, citant ses propres calculs. À l'heure actuelle, il en reste moins de 1 %. Il en reste 500 environ. C'est une lente disparition. »

 

M. Lacourcière se bat depuis des années pour faire reconnaître une filière traditionnelle dans l'industrie de la construction. Cette solution ne réglerait pas tout, mais selon lui, elle permettrait de mieux protéger le patrimoine. Il estime que la Commission de la construction du Québec (CCQ) devrait créer des formations traditionnelles, reconnaître ce secteur et lui donner le droit exclusif de travailler sur des bâtiments anciens.

À l'heure actuelle, les vieilles maisons sont « le royaume du travail au noir », dit-il, mais en réservant ce secteur à des ouvriers spécialement formés, on s'assurerait de mieux protéger les bâtiments.

« La CCQ encadre l'accès aux chantiers. Alors, reconnaître les métiers traditionnels de la construction, c'est automatiquement les sauver et garder authentique notre patrimoine, plutôt qu'en faire un décor de Walt Disney comme ils vont faire à Chambly », lance Yves Lacourcière, à propos de la Maison Boileau, récemment détruite.

Créer une relève

Plusieurs acteurs du milieu consultés par La Presse se disent en accord avec la proposition de l'ingénieur retraité. « On s'aperçoit que des connaissances se perdent », déplore Michel Martel, un menuisier-charpentier traditionnel qui dit avoir sauvé du pic des démolisseurs 60 maisons anciennes en les refaisant au complet.

Martel reçoit des tonnes de courriels de jeunes qui aimeraient apprendre de lui. Mais comme il n'a pas ses cartes de la CCQ - à l'instar de bon nombre de ses confrères spécialisés dans le patrimoine -, il n'ose pas accepter de les prendre sous son aile. « Une question d'assurances », dit-il.

« J'ai déjà essayé de demander des cartes à la CCQ pour des gros chantiers. Ils m'ont dit : "M. Martel, vous n'entrez dans aucune catégorie." On est inclassables. Toute leur paperasse est faite pour le travail contemporain. »

Le charpentier se dit favorable à la proposition de Lacourcière, tout comme l'architecte François Varin, spécialisé en restauration de bâtiments anciens depuis 1973. « Au Québec, n'importe qui peut intervenir sur un bâtiment ancien, mais ce ne sont pas tous les entrepreneurs qui ont la compétence pour le faire », note M. Varin.

Y a-t-il un marché ?

La CCQ avait ouvert la porte à une reconnaissance des métiers anciens en 2015 lors d'une réflexion plus large sur les métiers de la construction. Mais le milieu de la construction et celui du patrimoine n'ont pas réussi à trouver un terrain d'entente.

La présidente de la CCQ explique que l'idée de créer une filière traditionnelle, avec le droit exclusif de travailler sur des bâtiments anciens, n'a pas été retenue. « L'enjeu, c'était beaucoup le volume. Ça ne veut pas dire que ce n'est pas important. Mais le volume n'était peut-être pas au rendez-vous, note Diane Lemieux. On a aussi conclu qu'on avait des mesures de rechange pour pallier ça, par exemple la formation en entreprise. »

Mme Lemieux, ancienne ministre de la Culture dans le gouvernement de Bernard Landry, se dit sensible aux arguments des défenseurs du patrimoine.

« Ce n'est pas une histoire de chemises à carreaux ! Il y a une vraie technique, une vraie compétence dans ces domaines-là, et on en est très conscients. »

- Diane Lemieux, présidente de la Commission de la construction du Québec (CCQ)

La CCQ se dit ouverte à reprendre la discussion. Mme Lemieux évoque la création d'un sous-comité pour les métiers traditionnels, par exemple, qui pourrait être la première étape vers un meilleur encadrement.

Yves Lacourcière, lui, n'en démord pas. Il faut une filière exclusive pour les ouvriers traditionnels. Avec 400 000 bâtiments anciens au Québec, dont 30 000 protégés à divers degrés, le marché est là pour soutenir cette nouvelle filière, assure-t-il.

« Ces bâtiments-là ont deux choses en commun : ils ont été bâtis avant 1935 et construits avec des matériaux premiers : la pierre, le bois, le fer, la chaux, l'eau et le sable, c'est tout ! »

Mais il faut faire vite, prévient Yves Lacourcière. Il estime que, chaque année, 3000 bâtiments anciens sont démolis. Et avec ces bâtiments, avec leurs charpentes à tenons et mortaises, avec leurs murs de chaux et de moellons, c'est le tour de main des ancêtres qui s'en va aussi un peu.

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Il y a 4 heures, acpnc a dit :

La CCQ avait ouvert la porte à une reconnaissance des métiers anciens en 2015 lors d'une réflexion plus large sur les métiers de la construction. Mais le milieu de la construction et celui du patrimoine n'ont pas réussi à trouver un terrain d'entente.

La présidente de la CCQ explique que l'idée de créer une filière traditionnelle, avec le droit exclusif de travailler sur des bâtiments anciens, n'a pas été retenue. « L'enjeu, c'était beaucoup le volume. Ça ne veut pas dire que ce n'est pas important. Mais le volume n'était peut-être pas au rendez-vous, note Diane Lemieux.

(ci dessus un extrait du texte de Gabriel Béland cité par acpnc)

Pourrait-on en faire un enjeu politique, conduisant à une législation conséquente?

 

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