Les élections québécoises de lundi, qui ont porté la CAQ au pouvoir, ne suscitent pas les mêmes préoccupations initiales. Le premier ministre désigné François Legault se montre d’emblée favorable au retour de l’équipe.

Dans une entrevue diffusée à l’émission Le 5 à 7 de RDS la semaine dernière, M. Legault a même repris certains des arguments des promoteurs à propos des retombées. Il a rappelé que les joueurs paieraient une partie de leurs impôts chez nous et laissé entendre que des Expos 2.0 contribueraient au rayonnement de Montréal et du Québec en Amérique du Nord.

Le mois dernier, dans une entrevue avec mon collègue Vincent Brousseau-Pouliot, le député François Bonnardel a affirmé qu’un gouvernement de la CAQ étudierait l’idée de participer à la construction d’un nouveau stade si le secteur privé assumait la majorité des coûts et qu’un plan d’affaires « solide et crédible » était déposé par « une équipe d’investisseurs chevronnés avec un plan à long terme ».

Si Stephen Bronfman et son groupe respectent ces critères, la partie sera bien engagée. Ils ouvriront ainsi la porte à la collaboration quasi essentielle du gouvernement, ce qui enverra un message clair au baseball majeur : l’État appuie le retour des Expos.

Ce signal est fondamental puisque les ligues professionnelles ne s’établissent pas dans un marché où les pouvoirs publics sont indifférents à leur venue. C’est en raison de cet enjeu de perception que l’élection de Valérie Plante a d’abord causé du souci aux promoteurs.

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Le groupe de M. Bronfman poursuit ses démarches, mais le travail n’est pas aussi avancé que M. Legault l’a inféré dans son entrevue à RDS. Selon mes informations, aucune loge n’a été réservée et aucune entreprise n’a fourni de garanties financières en ce sens. En fait, si des esquisses d’un nouveau stade existent, les plans sont loin d’être concrets. Combien de loges ? À quel prix ? Les promoteurs n’en sont pas encore là.

En revanche, le dossier a cheminé au cours des derniers mois. Un grand sondage visant à vérifier le niveau d’intérêt de la population a été mené. Et des membres de la communauté des affaires ont été rencontrés. Cela a permis la mise à jour, avec rigueur et profondeur, d’une partie des études effectuées en 2013 lors du lancement du projet.

Ces initiatives ont été réalisées avec l’accord du baseball majeur, qui sert depuis longtemps déjà ce message aux promoteurs : soyez prêts au cas où… Mais il n’y aura pas de développement significatif aussi longtemps que les dossiers de la construction d’un nouveau stade à Tampa Bay et à Oakland ne seront pas réglés. Le commissaire Rob Manfred l’a répété dans une entrevue avec le Los Angeles Times cette semaine.

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Les salaires princiers versés aux vedettes du baseball soulèvent souvent des doutes sur la capacité de Montréal à soutenir une équipe. Cet enjeu reviendra dans l’actualité à l’ouverture du marché des joueurs autonomes plus tard cet automne. Des stars comme Manny Machado et Bryce Harper passeront à la caisse.

Ces gros lots qui frappent l’imagination sont-ils réellement inquiétants pour d’éventuels Expos 2.0 ? Pas de manière démesurée.

Après tout, ce ne sont pas toutes les équipes qui investissent autant d’argent en un seul joueur. À Montréal, l’important sera de générer des revenus suffisants pour maintenir une masse salariale se situant dans la moyenne de l’industrie.

Pour cela, trois objectifs devront être remplis : louer toutes les loges d’entreprise et les sièges de luxe ; attirer annuellement 2,4 millions de spectateurs ; et obtenir un généreux contrat de télé locale.

Ce dernier élément est, à mon avis, le plus problématique. Combien d’argent les réseaux seront-ils prêts à verser pour diffuser les matchs ? Dans notre pays de hockey, les cotes d’écoute seront-elles suffisantes pour justifier un investissement significatif ? Tout tombera peut-être en place, mais un doute demeure.

Cela dit, le partage des revenus en vigueur dans le baseball majeur est beaucoup plus généreux qu’à l’époque où les Expos peinaient à joindre les deux bouts. Les séries éliminatoires de cet automne démontrent aussi que des clubs peuvent réussir malgré des listes de paie se situant dans le dernier tiers des 30 équipes.

Ainsi, les A’s d’Oakland ont disputé cette semaine le match sans lendemain contre les Yankees de New York malgré une masse salariale inférieure à 90 millions US. De leur côté, les Braves d’Atlanta et les Brewers de Milwaukee sont toujours en action même s’ils dépensent des dizaines de millions de moins que les clubs les plus riches. Tout cela rappelle qu’une organisation avec du pif peut surprendre.

M. Bronfman n’aura pas à l’expliquer longtemps au chef de la CAQ, lorsqu’il le rencontrera pour lui expliquer les tenants et aboutissants de son projet. De tous les premiers ministres du Québec depuis Maurice Duplessis, qui était un grand amateur de hockey, mais surtout un passionné de baseball, M. Legault semble être celui qui s’intéresse le plus au sport professionnel.