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Article intéressant sur l'histoire de l'enfouissement des fils électrique à Montréal.

 

 

Éric Clément

La Presse

 

Les rues de Montréal ont bien changé depuis qu'on a enterré 688 km de fils électriques. On doit cette initiative d'enfouir les fils à la Commission des services électriques de Montréal (CSEM), qui fête ses 100 ans. Pour l'occasion, le musée Pointe-à-Callière présente, du 29 juin au 29 août, l'exposition 100 ans sous terre, qui lui est consacrée.

 

L'exposition 100 ans sous terre aura lieu à la station de pompage D'Youville, la première qui a fonctionné à l'électricité. Les photographies de Montréal prises de 1910 à nos jours permettent de constater l'énorme tâche que fut d'enfouir les fils des grandes artères de Montréal.

 

 

 

La CSEM est une créature administrative issue du génie des hommes politiques de l'époque. En effet, elle fonctionne de façon indépendante de la Ville de Montréal ou du gouvernement du Québec depuis le début. L'exposition nous apprend qu'au début des années 1900, Montréal était en plein développement. «C'est alors l'apogée de Montréal, dit Serge A. Boileau, président de la CSEM. Les plus grosses fortunes du Canada étaient à Montréal. Le développement de la métropole a entraîné son électrification rapide et le développement de réseaux de télégraphie, de téléphonie et de tramways.»

 

Mais cette prolifération de fils a fini par ralentir le développement de Montréal. Du coup, la Ville a commandé un rapport sur l'enfouissement des fils à C.E. Phelps, ingénieur en chef de la Ville de Baltimore. Puis, la Canadian Fire Underwriters Association, représentant des compagnies d'assurances, s'est plainte que Montréal, à cause des fils électriques qui provoquaient de nombreux incendies, était la ville la plus dangereuse du pays.

 

En mai 1909, le gouvernement du Québec a donc autorisé Montréal de «construire, administrer et entretenir (...) un système de conduits souterrains où devront être placés tous les fils». La CSEM fut alors créée, le 27 juin 1910. Québec, Trois-Rivières, Sherbrooke et Hull avaient aussi reçu l'autorisation de créer une commission électrique, mais aucune ne s'en est prévalue.

 

«La CSEM devenait une structure unique car autonome financièrement, dit M. Boileau. C'est en fait le premier PPP de l'histoire, car ce sont les usagers privés et publics du réseau électrique qui la financent.»

 

Ces usagers, ce sont Hydro-Québec - qui, selon le principe de l'utilisateur-payeur, assume 70% des coûts ayant 70% du réseau -, la Ville de Montréal et les entreprises qui utilisent le sous-sol, telles que Bell ou Vidéotron. Gaz Métro ne participe pas, n'utilisant pas les mêmes conduits.

 

De 1915 à aujourd'hui

 

L'exposition nous montre que le premier projet d'enfouissement a été réalisé en 1915 rue Sainte-Catherine, entre Atwater et Papineau. On appelait la Sainte-Catherine la Great White Way car on était passé de l'éclairage au gaz à l'éclairage électrique, qui donnait une lumière blanche.

 

L'enfouissement des fils se poursuit avec la rue De Bleury puis l'avenue du Parc, les alentours du canal de Lachine et du parc LaFontaine. Jusqu'en 1930, la CSEM enfouit pratiquement tous les fils du centre-ville et du Vieux-Port et ceux des artères principales: Sherbrooke, Mont-Royal, Saint-Laurent, Saint-Denis et Rachel.

 

Aujourd'hui, 688 km de rues sont exemptes de fils aériens. La CSEM, qui a construit 21 000 km de conduits dans la ville, effectue pour 60 millions de travaux par an pour enfouir les fils. Le coût est d'environ 2 millions par kilomètre. Tous ces travaux sont financés par les usagers du réseau de conduits.

 

«Avec l'augmentation des moyens de communication, le développement de la fibre optique, du câble coaxial, les mises aux normes et les grands projets de développement urbain, il y a de plus en plus de travaux à faire, dit M. Boileau, ingénieur civil de formation. Avec nos 120 employés, nous effectuons 15 000 interventions par année.»

 

M. Boileau dit que la CSEM est une structure unique. «Non seulement elle est indépendante financièrement, mais elle fait des travaux à des coûts que ne pourraient pas assumer entièrement nos usagers, qui payent 4000$ du kilomètre pour nos immobilisations et l'entretien du réseau.»

 

L'exposition montre qu'avant la création de la CSEM, Bell enfouissait son filage depuis 1894 dans des conduits en bois. Pour l'électricité, on a placé les fils dans des tuyaux en terre cuite vitrifiée, comme on le faisait aux États-Unis. Puis, on a utilisé des tuyaux en carton rigide goudronné dans les années 1918-1920 jusqu'au début des années 50 où les conduits de plastique puis de PVC se sont imposés.

 

Les visiteurs du musée pourront aussi voir les isolateurs de verre utilisés auparavant sur les lignes électriques et les couvercles pour atteindre les tuyaux sous les trottoirs. L'exposition permet de voir l'évolution technologique au cours des 100 dernières années.

 

«On présente aussi des pelles de l'époque et on fait le pendant avec les excavatrices d'aujourd'hui, dit Sophie Limoges, directrice de la conservation et des programmes publics au musée. C'est aussi un hommage à ces ouvriers de la CSEM qui ont travaillé avec la commission, autant dans les bureaux que sur le terrain, au cours des 100 dernières années.»

 

L'exposition 100 ans sous terre permet de prendre conscience de l'importance qu'a l'enfouissement des fils, pas encore complètement terminé, pour l'économie de Montréal, son patrimoine, sa sécurité et son esthétisme. «Ce travail de la CSEM a contribué à la qualité de vie des Montréalais et à la mise en valeur des sites, comme celui du quartier historique», dit Mme Limoges.

 

100 ans sous terre, à la station de pompage D'Youville du musée Pointe-à-Callière, du 29 juin au 29 août 2010.

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