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Manifeste pour le bruit : Montréalais, que faites-vous?


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Bande à part

le 26 mars 2010 15:27 par Yuani Fragata

 

Hier soir, un résident a porté plainte au Service de police de la ville de Montréal pour la musique forte émanant d’une salle du centre-ville. La réponse policière, soit de faire baisser le volume de moitié, soulève des questions quant au mandat du quartier des spectacles. Je me permets d'écrire cette lettre ouverte aux Montréalais.

 

Chers concitoyens,

 

Je vous écris cette missive à la suite d'une soirée gâchée par un honnête citoyen n'aimant pas se faire déranger pendant son sommeil. Tout à fait compréhensible, me direz-vous, mais la nature de la plainte se fait un peu infirmer par le contexte dans lequel elle s'est manifestée.

 

Hier, à la Société des arts technologiques, le Californien Flying Lotus venait nous rendre visite avec son gros son dansant. La SAT, salle de diffusion d'arts numériques et de musiques électroniques, est située en plein coeur du quartier des spectacles, sur la main, aussi connue sous le nom de boulevard Saint-Laurent. Pour vous situer, c'est au coin de la rue Sainte-Catherine, voisin des Foufounes Électriques, du Métropolis, du Club Soda et des Katacombes : des lieux bruyants.

 

Ah! le quartier des spectacles : terre promise du festoiement, saint Graal des arts de la scène, Mecque du bruit sous toutes ses formes; car le bruit, disons-le franchement, on commence à manquer d'endroits où l'on peut en faire dans notre chère métropole.

 

Quand le Zoobizarre s'est effondré sous un constant harcèlement policier issu des plaintes des résidents contre le bruit, résidents qui jugeaient que vivre sur une artère commerciale leur garantissait tout de même le droit à la quiétude, nous nous sommes dit : « Bon... C'est tout de même un quartier résidentiel, mais au moins on nous promet un quartier des spectacles. »

 

Quand le Main Hall, la Casa del Popolo et le Green Room ont fait face à des plaintes de bruit qui ont handicapé leur capacité à tenir des évènements, on s'est dit : « C'est débile! Le plateau a toujours été un quartier bruyant et l'on était là avant les condos, mais au moins il nous reste le quartier des spectacles. »

 

Tous ces endroits, quand nous les avons vus fermés ou menacés de fermeture pour d'autres infractions, nous savions que la vraie nature de ces actions était une guerre au bruit que la ville se livrait à elle-même. Toutefois, nous regardions le quartier des spectacles en nous disant qu'il nous resterait au moins cet endroit pour nos manifestations sonores.

 

Maintenant, je vous pose une question, chers concitoyens de cette ville que j'aime tant :

 

Quand la guerre au bruit se transporte dans ce quartier où l'on nous a promis la liberté de produire tout le tapage que nous voulions, que nous reste-t-il?

 

Nous, Montréalais, sommes prétentieux et paresseux. Nous nous complaisons avec une image mentale de notre ville fondée sur des idées qui nous viennent des années folles du jazz à Montréal. Nous pensons que nous avons le monopole sur la vie nocturne au Canada, souvent sans être allés voir ce qui se passe à Toronto. Nous croyons que les gens qui passent par ici sont vraiment impressionnés par notre environnement nocturne, mais la vérité est toute autre.

 

Je reviens d'Austin. Vous voulez voir c'est quoi la fête? 6th Street un vendredi soir. Êtes-vous déjà allés à Rio de Janeiro? Lapa le week-end. Berlin, vous connaissez? Barcelone? Lisbonne? Bangkok?

 

Montréalais, quel genre de ville désirez-vous habiter? Au rythme où les forces de l'ordre matraquent les lieux de diffusion, notre vie culturelle va se retrouver aux oubliettes en moins d'une décennie. Je sais que ça va sembler alarmiste, mais il y a des précédents.

 

Voulez-vous le modèle de Manhattan qui a été épuré de ses clubs, incluant le légendaire Twilo, parce que le maire Giuliani a décidé que le bruit c'était fini? Peut-être préférez-vous d'une ville comme Paris, où il est impossible d'avoir une sonorisation qui pousse à sa pleine capacité parce que les règles municipales l'interdisent? Cité d'un article du New York Times sur la mort de la nuit parisienne : « La capitale se couche tôt et empêche les noctambules de vivre leurs passions. La faute aux règlements et à l'embourgeoisement général. » Tiens donc! Vous voyez des similitudes?

 

Ne préférez-vous pas un modèle comme Austin, ou Rio, où l'on concentre tout à un endroit, mais à cet endroit on ne se plaint pas quand les décibels montent?

 

Un choix s'impose, parce qu'à ce rythme, c'est une lente destruction de la musique la nuit qui s'exécute. Si l'on veut préserver ce qui nous reste comme lieux de diffusion et se doter d'un réel quartier des spectacles, n'est-il pas temps de commencer à faire des plaintes nous aussi?

 

Dans son classique ouvrage Bruits, Jacques Attali dit que le son est présage de changements à venir. En ce moment, les seuls qui font du bruit, ce sont les amants du silence.

 

Pensez-y.

 

Yuani Fragata

Réalisateur-coordonnateur Bande à part

(aussi danseur et rockeur quand la police lui permet)

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Ben d'accords... c'est pour ça que les gens de Projet Montréal (entre autres) doivent rester hors de l'hôtel de ville... ils veulent virer la ville en une grosse banlieue dortoire silencieuse... ou on n'entends que les dring dring des bicycles.

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Ben d'accords... c'est pour ça que les gens de Projet Montréal (entre autres) doivent rester hors de l'hôtel de ville... ils veulent virer la ville en une grosse banlieue dortoire silencieuse... ou on n'entends que les dring dring des bicycles.

 

Pourtant, Projet Montréal méprise la banlieue...

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:highfive: Je partage aussi cette vision, le centre-ville doit demeurer un endroit animé où faire la fête doit être tout simplement naturel. J'ai moi-même habité le centre-ville sur Sherbrooke une quinzaine d'années dans des tours appartements. Le bruit était incessant, que ce soit la circulation automobile, les ambulances, les manifestations de tout genres et je composais avec cette réalité puisque j'habitais volontairement au cv.

 

La ville de Montréal est suffisamment grande et offre toute une série de quartiers où la vie est paisible ou normalement animée. Le centre-ville et particulièrement le quartier des Spectacles, tout comme le Vieux et le Village dans une certaine mesure, sont des quartiers de rassemblements populaires qui s'activent ponctuellement pour souligner fêtes et manifestations publiques.

 

Les gens qui s'installent dans ces quartiers doivent alors comprendre qu'ils arrivent dans un territoire particulier à vocation de loisir et de tourisme. Ils doivent donc être prévenus que le calme des rues tranquilles n'est pas l'objectif premier et que leur habitation doit être équipée de fenêtre étanches et de climatisation.

 

La ville devrait d'ailleurs idéalement y créer un règlement qui s'adresse à ces quartiers afin de permettre une dérogation sonore particulière et une définition plus large de ce que pourrait être une nuisance de bruit pour ces secteurs particuliers. Il en va de l'activité économique et de la profitabilité des commerces et des salles de spectacles qui ont besoin de cette activité pour survivre et se développer.

 

Alors avis aux nouveaux arrivants et aux résidents permanents, à l'instar de ceux qui habitent près de l'aéroport, vous ne pouvez prétendre à l'ignorance et exiger le calme plat des autres quartiers puisque vous n'êtes pas JUSTEMENT dans ces autres quartiers.

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Pourtant, Projet Montréal méprise la banlieue...

 

C'est une relation amour-haine teinte de jalousie...

 

Ils veulent garder les familles (je ne l'ai jamais compris pourquoi) mais ne peuvent offrir des logements compétitifs. Ni pouvoir offrir la facilité du stationnement gratuit et disponibles pour faire les corvée hebdomadaires de la petite famille (épicerie, magasinage, etc)

 

Ils adorent les rues résidentielles en banlieue pour leur calme et leur circulation quasi inexsitante, et font tous pour reproduire les rues non-fluides de la banlieue, en abaissant la vitesse, en installant des dos d'ânes, en mettant des pots de fleurs pour rétrécir les voies et en y foutant des pistes cyclables.

 

Ils sont jaloux que les Montréalais de la moyenne classe continuent à y déménager et aillent dépenser leur argent, en tourant souvent le dos au centre ville qui commence à ressembler à un fromage suisse...

 

 

Mais Bergeron va nous régler ça, il va mettre des pistes cyclables partout.:silly:

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Ils veulent garder les familles (je ne l'ai jamais compris pourquoi) mais ne peuvent offrir des logements compétitifs.

 

Un milieu de vie propice aux familles est un milieu de vie en santé et intéressant. Il est calme, sécuritaire, et il offre beaucoup de services. Plus il y a de familles, plus le quartier est vivant et animé. Sur ce point, je comprends les élus de Montréal de vouloir faire des efforts.

 

Je suis d'accord pour les logements. Les rares logements assez grands sont à un prix prohibitif, tout simplement parce que l'offre est trop restreinte, et la demande est bien réelle. Si le Plateau était sérieux à encourager les familles à rester, c'est par là que l'administration devrait commencer.

 

Ni pouvoir offrir la facilité du stationnement gratuit et disponibles pour faire les corvée hebdomadaires de la petite famille (épicerie, magasinage, etc)

 

Je crois que ce "problème" est énormément exagéré par les gens vivant en banlieue, tout simplement parce qu'ils transposent leur mode de vie aux quartiers centraux et qu'ils connaissent mal les avantages de la proximité et l'offre commerciale qui s'y trouve. Je n'ai jamais vu une famille de mon entourage se plaindre de l'accès aux commerces. Et puis, malgré tout, les épiceries avec un stationnement (ça existe partout à Montréal), ainsi que les centres d'achats, sont très accessibles, même pour les gens du Plateau! Enfin, ce n'est pas vraiment à débattre, c'est une façon de vivre qui marche très bien pour certains, et pas du tout pour d'autres... Chacun son truc.

 

Ils adorent les rues résidentielles en banlieue pour leur calme et leur circulation quasi inexsitante, et font tous pour reproduire les rues non-fluides de la banlieue, en abaissant la vitesse, en installant des dos d'ânes, en mettant des pots de fleurs pour rétrécir les voies et en y foutant des pistes cyclables.

 

Tu décris bien les avantages de la banlieue ici, tu comprends donc bien ce recherche Projet Montréal :silly:.

 

Personnellement, je ne suis pas contre des mesures pour minimiser l'impact de l'automobile sur les rues locales et résidentielles. Il y a un réel problème avec un minorité d'imbéciles qui utilisent ces rues sans respecter les résidents. Il faut une solution. Mais réduire l'accès automobile d'un quartier tout entier, rues commerciales comprises? Ça j'ai de gros doutes.

 

Ils sont jaloux que les Montréalais de la moyenne classe continuent à y déménager et aillent dépenser leur argent

 

Il y a très basiquement deux catégories de gens qui vont en banlieue:

- Ceux qui préfèrent les avantages et le mode de vie de la banlieue

- Ceux qui préfèrent la ville mais qui n'ont pas les moyens d'y rester

 

Projet Montréal tente de plaire maladroitement à la première catégorie, tant qu'à moi il faudrait faire quelque chose pour la deuxième avant tout!

Jamais la ville ne pourra accomoder tout le monde, le développement des banlieues est là pour rester, mais ça ne veut pas dire que la ville perd de son intérêt, loin de là. Il faut cibler sa clientèle.

 

en tourant souvent le dos au centre ville qui commence à ressembler à un fromage suisse...

 

On crie à la mort du centre-ville à tous les ans, et on l'attend toujours :rolleyes:. De toute manière, à mon humble avis, magasiner au centre-ville ou dans un centre d'achat en banlieue, c'est loin d'être la même chose, il y a une limite à la clientèle que l'un peut cannibaliser à l'autre...

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Si le Plateau était sérieux à encourager les familles à rester, c'est par là que l'administration devrait commencer.

 

Si ils étaient vraiment sérieux, ils commenceraient par permettre des construction plus hautes que 3 étages!! ;);)

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