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Philippe

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Point de vue français venant des Inrocks :

 

M Pour Montréal : premier jour

On redécouvre, à chaque visite, Montréal la grande ; diverse, moderne, attirante. En automne, la lumière sublime de Stockholm. Excitante comme un petit New York. Douce et élégante comme Paris, un grand et franc sourire en plus . La ville des magasins de disques – ils pullulent, ils épatent. De Chinatown à Saint-Denis, des rues calmes du ravissant et cool Plateau aux imposants gratte-ciels du centre d’affaires, dans chacun de ses bars, de tous les pores de ses érables rougissants, sur tous ses visages radieux et aimables, on a senti la vibration particulière, unique, puissante, qui l’anime.

 

Car Montréal bouge. Elle bouge vite, elle bouge sans arrêt, semble toujours bouger dans la bonne direction. Depuis Constellation, depuis surtout la mise en orbite d’Arcade Fire, le monde regarde Montréal avec envie et curiosité : Montréal est un passionnant laboratoire. Le cul entre deux chaises, la langue entre deux mondes. Ses groupes ont la puissance, un certain sens de la franchise et de l’innocence de l’Amérique du Nord, ils ont aussi la classe, l’intelligence plus tordue et consciente d’elle même des têtes d’affiche européennes. La qualité et l’image. Montréal est une scène : tout le monde, ici, connaît tout le monde, tout le monde joue avec tout le monde, les idées circulent, la musique s’aère.

 

Montréal aime ses groupes. Et le fait savoir. Pensé par Martin Elbourne, responsable de Glastonbury et The Great Escape à Brighton, réalisé sur place avec maestria par Avalanche Production et placé sous le patronage surprise de la locale Melissa Auf Der Maur, M Pour Montréal est le porte-voix du laboratoire. Un sacré tremplin : seize groupes se croisent sur deux jours et dans deux salles, certains resteront peut-être dans l’ombre, d’autres, nous sommes prêts à le parier, baigneront bientôt dans une intense lumière. Des délégués venus du monde entier –journalistes, tourneurs, responsables de labels- sont là pour assister à l’éclosion, l’aider s’ils le peuvent. Rien d’un pesant raout industriel : à l’image de la ville qui l’accueille, tout dans le festival est intime, amical, agréable.

 

Un tremplin, et un concours. Un prix récompensera le groupe élu par les professionnels. La première soirée s’achève. Six heures de décalage sous les yeux, une poutine qui stagne quelque part dans le bide, et une vague petite inquiétude qui squatte l’esprit : il est temps de choisir. Elire, trier, juger, sous-peser : c’est une affaire pour la tête.

 

C’est pourtant, d’abord, le cœur qui parle. Bruyant, affolé, il hurle, se soulève, s’alourdit, s’envole pour Torngat - probablement l’une des plus belles choses entendues depuis quelques longues lustres. Trois garçons, l’un d’entre eux gravitant autour de Belle Orchestre ou d’Arcade Fire, trois multi instrumentalistes, des morceaux sans voix, entre Robert Wyatt et la library music des années 70 - une musique de film fantasmatique, la bande-son de paysages formidables, la traduction sonore d’émotions trop belles et complexes pour être formalisés par le langage.

 

Le cœur parle, mais les muscles aussi. Ils se tendent et explosent pour We Are Wolves, autre grosse révélation de la première soirée. Le Canada a ses Klaxons : entre brûlures rocks et rondeurs électroniques, dans un long et épuisant rush, We Are Wolves est une diabolique machine à danser, la tête en vrac, les jambes mélangées, les yeux révulsés. Trois jeunes types impressionnants, un grand concert enflammé et un puissant spectacle visuel -ils portent tous, au-dessus de la tête, une immense tête de squelette en bois. We Are Wolves sera bientôt immense.

 

Les muscles se sont aussi pas mal exprimés, et beaucoup crampés, pour Les Breastfeeders ; ahurissante troupe rock et grand groupe de scène, à la fois terriblement rêche et furieusement pop, entre les Ramones et B-52’s. Le concert va vite, semble ne jamais vouloir s’arrêter, ne jamais prendre de direction trop facilement établie ; les morceaux épuisants et exaltants allument un petit incendie à refrain, un danseur fou fait le spectacle –immense.

 

Un dernier organe s’est joliment mis en branle lors de cette première soirée : les zygomatiques. L’épuisement, total, n’en aura pas eu raison : Numéro#, le TTC du cru, s’est chargé de les réactiver. Ironique, méchamment efficace, le duo auto-déclaré punk aurait mérité un public un peu plus massif ; ses coups de boutoirs électroniques, son pseudo crunk hilarant et sa belle tenue sur scène pourraient, aucun doute là-dessus, faire se soulever quelques dizaines de tonnes de chairs en fusion.

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