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Montréal - Québec : Fini les mamours avec Québec


ErickMontreal

Messages recommendés

Fini les mamours avec Québec

 

Michelle Coudé-Lord

Le Journal de Montréal

11/08/2009 04h27

 

L’ambiance n’est plus au beau fixe entre Gérald Tremblay et Régis Labeaume, que l’on voit ici réunis lors de jours plus heureux.

 

Une nouvelle guerre s'ouvre entre Montréal et Québec. Le calendrier des festivals est au coeur du débat. La décision d'Alain Simard et de la Ville de Montréal de déplacer en juin les FrancoFolies vient d'ouvrir une boîte de Pandore. Le maire de Québec, Régis Labeaume, et le maire de Montréal, Gérald Tremblay, tous deux en élection, défendaient chacun leur territoire avec vigueur, hier. Pour le maire de Québec, "Montréal vient de poser un geste méprisant."

 

Pour une question de rentabilité, voire de «survie» selon Alain Simard, les FrancoFolies auront lieu du 9 au 19 juin, comme il y a trois ans. La présentation en août de l'événement affiche un manque à gagner de 400000 $ à 600000 $.

 

«Les FrancoFolies en août, ce n'est pas viable. Et il fallait réagir et profiter au maximum de cette nouvelle Place des festivals. On ne nuit pas à personne. Le Festival d'été de Québec est assez gros et indépendant pour ne pas être affecté par notre décision. Et le temps des chicanes de clochers est révolu, je crois. On se doit de travailler ensemble pour que les festivals redonnent le plus au Québec» indiquait- il hier au Journal de Montréal.

 

Un affront pour Québec

 

Le maire de Québec condamnait hier ce geste unilatéral, sans consultation, de Montréal.

 

«Ce n'est pas vrai qu'un businessman, nommé Alain Simard, va décider unilatéralement de changer de dates son festival, de nous faire mal, sans qu'on réagisse. Je n'ai pas l'habitude d'être une victime. Les FrancoFolies en juin, ça signifie que les artistes étrangers vont prioriser Montréal au détriment de Québec. Si Spectra mène mal ses affaires, qu'il change de modèle» confiait hier en fin d'après-midi, au Journal de Montréal, Régis Labeaume.

 

Réplique du maire Tremblay

 

La réplique du maire Tremblay ne s'est pas fait attendre, et est tout aussi franche et directe. «Je dis bravo à Québec pour tous leurs bons coups. Mais quand M. Labeaume décide de tenir un grand festival du rire en juillet, ce qui nuit au Festival de l'humour de Gilbert Rozon à Montréal, il ne nous demande pas conseil. Or, cette décision est logique pour nous. Moi, je suis là pour défendre les Montréalais et Montréalaises. Alain Simard et Gilbert Rozon sont de grands partenaires ; le projet de la Place des festivals est de 147 M$, dont 67 M$ viennent de la Ville de Montréal, il faut maximiser cet investissement. Les FrancoFolies sont une institution pour nous, et pour toute la culture francophone, une vraie richesse. Je tiens donc à la défendre».

Québec ou Montréal ?

 

Le maire Labeaume, qui a déjà été président du Festival d'été de Québec, dit connaître ce dossier-là par coeur et n'aime pas cette «façon de faire de Montréal».

 

«J'ai reçu un appel du maire Tremblay lundi matin pour m'annoncer la conférence de presse d'Alain Simard concernant cette décision. Jamais il m'a dit qu'il l'accompagnait. Je me demande d'ailleurs ce qu'il faisait là. C'est lui qui provoque la chicane. Ce changement de calendrier fait mal à tous les festivals de l'est du Québec. Si les FrancoFolies existent depuis 20 ans, moi, je leur rappelle que le festival d'été de Québec existe depuis 42 ans. Je ne savais pas que notre succès les dérangeait tant que ça. Une chose est certaine, on ne se fera pas dicter quoi que ce soit par une entreprise privée comme Spectra. Nous aussi nous avons nos appuis», ajoute le maire de Québec.

 

Le maire Tremblay dit pour sa part agir pour le bien de sa ville.

 

«Quand il vient chercher le Cirque du Soleil, quand il crée le Moulin à images, on l'applaudit et M. Labeaume n'appelle pas personne. Nous, on fait ce qu'il y a de mieux pour Montréal et ce sont les Francos en juin. Le Festival d'été de Québec est assez mature pour résister à cela.»

 

Le conseil d'administration du Festival d'été de Québec se réunissait d'urgence hier soir et le maire Labeaume entendait bien faire des représentations auprès de plusieurs ministres.

 

«On va se battre, c'est certain» a lancé Régis Labeaume. Les «mamours» entre Québec et Montréal sont vraiment terminés. Plusieurs ministres du gouvernement Charest devront choisir leur camp... Québec ou Montréal.

 

Le Festival de jazz de Montréal suivra les Francofolies et sera présenté du 25 juin au 6 juillet 2010. Le Festival d'été de Québec est présenté du 8 au 18 juillet 2010.

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Guerre des festivals

Josée Verner veut une rencontre au sommet

Agence QMI

11/08/2009 20h27

 

QUÉBEC | Soucieuse de préserver le succès du Festival d'été de Québec, la ministre Josée Verner entend rencontrer son vis-à-vis à Montréal, Christian Paradis, pour trouver un moyen de convaincre l'organisation des FrancoFolies d'en revenir à l'entente initiale.

 

«Il faut comprendre qu'il y a eu une espèce d'entente non écrite depuis plusieurs années pour s'assurer que le festival de l'un n'entrait pas sur les plates-bandes de l'autre, souligne Mme Verner, ministre responsable de la région de Québec (...) Il faut s'assurer qu'on ne déshabille pas Pierre pour habiller Paul. Ce qui fait le succès de tous ces événements, c'est quand il y a une présentation équilibrée dans l'agenda.»

 

Sans penser à une coupure dans les subventions, Mme Verner souhaite d’abord discuter avec le ministre Paradis. «Il faut voir quels sont les paramètres faisant en sorte que les festivals se qualifient pour les subventions fédérales (...) Il faut voir comment on peut arriver à asseoir les gens ensemble.»

 

Labeaume bien placé

 

Le fait de nuire au Festival d'été de Québec serait extrêmement déplorable, estime Mme Verner, soulignant que l'événement représente des années de succès.

 

«Le Festival d'été s'en est très bien tiré malgré le mauvais temps cette année, mais de toute évidence, si on se met tout le monde à se tirer dans les pieds, je pense qu'on ne se rend pas service (...) Ils (les organisateurs du Festival d’été) ont des foules extrêmement intéressantes, ils offrent à un prix extrêmement avantageux des spectacles de grande envergure, alors c'est sûr que je prêche pour ma paroisse et je veux tout faire pour protéger les organisations de ma région.»

 

Mme Verner n'avait pas eu l'occasion de discuter du dossier avec le maire Labeaume, hier, ni avec le ministre Hamad, qu'elle a croisé lors des funérailles d'un jeune militaire hier midi. Les gens de son bureau ont néanmoins rencontré les organisateurs du Festival d’été, en matinée.

 

«Je dois comprendre qu’il y a une décision unilatérale (de la part des FrancoFolies). C'est sûr qu'on va s'assurer (avec M. Hamad) de préserver nos acquis. Le maire Labeaume est bien placé pour défendre ce dossier, dit-elle. Il a déjà été président du Festival d'été, il connaît la soupe.»

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Si la ministre Werner s'en mèle on n'est pas sorti du trouble. C'est elle qui affirme qu'il n'y a aucune corrélation entre la diminution subite du tourisme mexicain et la nouvelle politique de visa pour les mexicains du gouvernement Harper. Incapable d'influencer son chef, elle fera diversion en montant un cheval de bataille qui lui permettra de faire oublier son impuisance à défendre le dossier du tourisme qui touche autant Montréal que Québec !!

 

Elle dit :

Le maire Labeaume est bien placé pour défendre ce dossier, dit-elle. Il a déjà été président du Festival d'été, il connaît la soupe.»

...et elle, la m___e !!

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Ça commence à devenir sérieux cet histoire là !

 

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La guerre des festivals

Le Grand Rire prêt à rivaliser avec Juste pour rire

Pierre-O Nadeau

Le Journal de Québec

12/08/2009 10h24

 

Au moment où les FrancoFolies annoncent leur intention de déménager en juin, accentuant ainsi la rivalité avec le Festival d'été de Québec, voilà que le Grand Rire de Québec pourrait sévèrement se frotter à Juste pour rire, l'an prochain, en déménageant en juillet, soit à peu près aux mêmes dates que son concurrent montréalais!

 

La guerre des festivals entre Québec et Montréal devrait donc prendre une ampleur accrue si la direction du Grand Rire met à exécution son idée de présenter la 11e édition du Grand Rire durant les dernières semaines de juillet. Le site Internet de Juste pour rire annonce que la 28e édition sera tenue... du 15 au 25 juillet 2010!

 

 

La direction du Grand Rire avait évoqué ce projet lors de son récent bilan de la 10e édition, assombri par le mauvais temps persistant. Sylvain Parent-Bédard et Mario Grenier avaient expliqué que le fait de déménager leur festival durant les deux dernières semaines de juillet devrait amener un temps plus favorable; de plus, ce mouvement permettrait de profiter d'un plus grand achalandage de vacanciers.

 

 

Expérience intéressante

 

 

La dernière édition du Grand Rire s'est tenue du 10 juin au 5 juillet; toutefois, l'effondrement de la scène a entraîné le report des principaux spectacles extérieurs du 23 au 26 juillet. La direction aurait alors apprécié les avantages de présenter des activités à la fin de juillet, l'amenant à lancer l'idée de déménager en juillet dès l'an prochain.

 

 

«Aucune décision n'a encore été prise, assurait au Journal, hier, le cofondateur du Grand Rire, Mario Grenier. Nous étudierons la question au retour de voyage de mon partenaire.»

 

 

M. Grenier a préféré attendre le retour de son partenaire, Sylvain Parent-Bédard, pour commenter la décision des FrancoFolies de Montréal, se limitant à dire : «C'est sûr que ça va réduire la tarte de l'achalandage...»

 

 

C'est un secret de Polichinelle que les liens entre le Grand Rire et le Festival Juste pour rire n'ont jamais été cordiaux, chacun accusant toujours l'autre de réclamer l'exclusivité de ses artistes invités. Il n'existe aucune parenté entre les deux organisations, qui gèrent indépendamment leurs festivals d'humour respectifs, sans échange de services.

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Au moment où les FrancoFolies annoncent leur intention de déménager en juin, accentuant ainsi la rivalité avec le Festival d'été de Québec, voilà que le Grand Rire de Québec pourrait sévèrement se frotter à Juste pour rire, l'an prochain, en déménageant en juillet, soit à peu près aux mêmes dates que son concurrent montréalais!

 

JE ne savais même pas que Québec avait un festival de comédie. Jusqu'à quel point est ce que cela pourrait nuire au FJPR??

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Publié le 14 août 2009 à 13h59 | Mis à jour à 14h00

 

 

Pas un drame

 

La Presse

 

 

À lire les journaux ces jours-ci, on pourrait croire que c'est le début de la Troisième Guerre mondiale. Mais non, juste les FrancoFolies qui changent de date. Il ne doit pas se passer grand-chose d'important au Québec pour qu'une telle annonce provoque autant de débats et de commentaires démesurés. Pourtant, ça ne devrait pas être le cas.

 

Tout d'abord, ce n'est pas la première fois que ça arrive. C'est arrivé en 2006, et personne n'en est mort. Ce que l'on reproche à Spectra, ce n'est pas de tenir les FrancoFolies pendant le Festival d'été de Québec, mais un mois AVANT. Si l'on comprend bien, le Festival d'été veut donc avoir le monopole non seulement sur ses propres dates, mais également sur toutes celles qui le précèdent!

 

L'argument principal du Festival d'été est qu'il leur serait difficile d'attirer des artistes de renom alors qu'ils seraient précédés par les Francos. Le Festival d'été étant l'un des principaux festivals québécois, si cela était vrai, l'inverse le serait aussi. Or, la programmation des dernières années le démontre bien: les FrancoFolies n'ont eu aucune difficulté à attirer des artistes de talent parce qu'ils étaient précédés (de deux semaines) par le Festival d'été. Dans sa campagne publicitaire bien en vue à Montréal, le Festival d'été misait notamment sur Sting, Placido Domingo, Kiss et Jeff Beck, des artistes que l'on imagine plutôt mal aux FrancoFolies! Bien sûr, il y avait aussi Pierre Lapointe, The Lost Fingers et Indochine, mais à part ce dernier groupe, on est loin de l'exclusivité.

 

À court d'arguments devant la presse, le maire Régis Labeaume s'est même substitué au gouvernement en reprochant à Spectra de réaliser des économies avec de l'argent subventionné. S'il s'est rendu populaire par son dynamisme, son franc-parler et son extraordinaire succès lors des célébrations du 400e anniversaire de Québec (un événement largement subventionné), disons simplement que le bon maire Labeaume n'a pas gagné en crédibilité avec cette déclaration.

 

 

Voilà ensuite que la Société Saint-Jean-Baptiste se met de la partie. Dans sa légendaire étroitesse d'esprit, plutôt que de voir la Fête nationale comme étant l'apothéose de deux semaines de célébrations de la francophonie, le comité de la Fête nationale voit dorénavant les FrancoFolies comme étant un concurrent. Faut le faire!

 

En fait, le déménagement des FrancoFolies tombe sous le sens, pour plusieurs raisons. Pour Spectra, au-delà des économies réalisées, l'organisation «back to back» de deux festivals se révèle beaucoup plus efficace.

 

En fait, s'il devait nuire à quelqu'un, ce serait plutôt à Juste pour Rire, dont les bénévoles sont souvent les mêmes que ceux de Spectra, et qui sortiront à peine de l'organisation de deux festivals quand viendra le leur. Juste pour Rire lui-même a d'ailleurs allongé les dates de présentation de ses galas et empiété allègrement sur le Festival de jazz, apparemment sans nuire à celui-ci. Dorénavant, Juste pour Rire ne sera plus coincé entre les deux festivals de Spectra et pourra, s'il y a lieu, poursuivre son développement vers le mois de juillet plutôt que juin.

 

Le Festival d'été de Québec est un festival mature, dont la réputation est excellente, et qui n'a aucunement besoin, pour avoir du succès, d'être protégé artificiellement par cette pathétique guéguerre de clochers opposant Québec à Montréal. Quant à la Fête nationale, elle demeurera la Fête nationale, sinon nous n'aurons que nous-mêmes à blâmer pour ne pas la célébrer adéquatement.

 

Si l'on devait craindre ce changement de date, ce serait plutôt du côté du Grand Prix de Formule 1 qu'il faudrait regarder, puisque ses dates changent d'année en année et pourraient être conflictuelles avec celles des FrancoFolies. Ce serait dommage. Les hôtels étant pleins durant le Grand Prix, la valeur ajoutée des Francos sur le plan touristique serait nulle.

 

Patrice Attanasio

 

L'auteur est conseiller en communication-marketing, spécialisé en commandite. Il n'a aucun lien d'affaires avec l'équipe Spectra.

 

source : http://www.cyberpresse.ca/opinions/forums/la-presse/200908/14/01-892658-pas-un-drame.php

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Publié le 18 août 2009 à 12h10

 

 

Le Festival de jazz, un monstre arrogant

 

Cyberpresse

 

 

En ces temps de crise et de questionnement sur les bonnes et mauvaises dépenses de l'État et à la suite de la création de la Maison du Festival Rio Tinto, à quoi il faut maintenant ajouter la controverse suscitée par le nouveau calendrier des FrancoFolies de Montréal, nous voudrions offrir quelques observations sur la centralisation et la vision délirante qui sévit au Québec en matière de politique culturelle. Plus particulièrement en ce qui concerne la plus pauvre des grandes musiques, le jazz.

 

Parlons conséquemment de Spectra et de son Énorme Festival International de jazz, plus gros que les autres, plus gros surtout que les musiciens de jazz, plus gros même que le jazz.

 

Un simple parallèle nous éclairera d'un trait sur le phénomène. Au Jazz at Lincoln Center de New York, trois salles ont été spécifiquement conçues pour la présentation du jazz sous toutes ses formes. La plus petite se nomme le « Dizzy Gillespie Coca Cola Jazz Club », en l'honneur du grand trompettiste et du fameux breuvage. À Montréal, nous avons la « Maison du Festival Rio Tinto Alcan ». Va pour Rio Tinto Alcan, dont nous saluons la générosité, mais on voit que ce qui est célébré d'autre part, ici, ce n'est pas une mythique figure du jazz, ancienne ou moderne, mais bien l'organisation récréo-touristique elle-même. Point de Maison du jazz, mais une Maison du Festival. Cette différence ne tient pas aux simples mots. Elle participe, plus gravement, d'un symptôme. Sur l'échelle du gigantisme, au-delà de l'énorme, il y a le monstrueux.

 

Le FIJM est devenu ce monstre arrogant et narcissique que nous connaissons aujourd'hui, créé par les pouvoirs publics et les plus centralisateurs de leurs représentants. Ce monstre, tel Saturne, au lieu de les faire vivre, de les nourrir, mange aujourd'hui ses enfants. Jamais le jazz, en qualité d'institution, ne s'est plus mal porté au Québec que sous la dictature dépensière et ingrate du Festival international de Jazz de Montréal. Du point de vue de l'art, qui appartient aux artistes, c'est autre chose - mais nous pouvons avancer nettement que s'il y a jazz québécois, en 2009, c'est malgré «l'Énorme» Festival.

 

 

Que les contribuables ne s'y trompent pas : ceux-ci soutiennent de leurs impôts, via l'appareil de diffusion qu'est l'Énorme Festival, outre ses quelques dirigeants, les musiciens étrangers (et les gros noms de préférence, fussent-ils même étrangers au jazz), 1000 commerçants et une légion d'employés et de sous-traitants, mais pas le jazz d'ici, pas les musiciens d'ici, rien de rien, ou quelques miettes pour la galerie, que nous nommerons les pourboires de la paix ou de la bonne conscience. Et toutes les réponses de ses puissants propriétaires, pleins de moyens, de copains et d'esclaves pour nous contredire, n'y changeront goutte. Les faits nous donnent raison, dès que la raison nous guide mieux que la crainte de n'être pas du groupe élu.

 

Les seuls changements réalisables et souhaitables nous viendront d'abord de quelques fonctionnaires et autres décideurs plus rares (nous en connaissons) qui commencent à se dire que mettre tous ses oeufs dans un même panier demeure un gage d'échec à long terme et présente les pires dangers d'excès et de démesure, que l'entretien d'un monopole immuable est néfaste et tue la diversité nourricière, que la concentration de l'argent et des ressources, sur des décennies, est la recette parfaite des mauvais lendemains et un soutien très peu artistique à la suffisance et à l'arbitraire.

 

Par ailleurs, au-delà de cet aspect, penchons-nous sur le concept même de festival. Car, qu'est-ce qu'un festival ? C'est une formule locale et ponctuelle destinée soit à promouvoir un produit régional saisonnier (la patate, le blé d'inde, les vendanges, etc.) à grand renfort de publicité pour une courte période, soit à déplacer, toujours ponctuellement, une certaine diffusion culturelle vers des régions qui ne peuvent pas en bénéficier à l'année.

 

Alors, comment peut-on baser une politique culturelle sur la notion de festival, particulièrement dans les villes-centres, comme semblent le préconiser le gouvernement Harper, le gouvernement Charest, l'actuelle administration montréalaise?

 

Que penser, en effet, de cette politique culturelle dont « bénéficie » entre autres le jazz et qui mise sur l'importation massive, épisodique et couteuse de produits culturels étrangers, dans une logique éminemment touristique, tout en laissant dans la misère tout le milieu artistique local, ainsi que son public, le reste de l'année ?

 

Pourtant, le jazz a acquis ses lettres de noblesse. Le jazz est la seule forme de musique enseignée systématiquement, à côté de la musique classique, dans les écoles et universités occidentales. La majorité des Universités et CEGEP du Québec décernent chaque année des centaines de diplômes, baccalauréats, maîtrises et doctorats en jazz. Mais où ces musiciens iront-ils jouer de mois en mois ? Dans votre restaurant favori, gratuit d'entrée avec l'achat d'un Rib Steak coupe Cowboy de 16 onces.

 

Au Jazz at Lincoln Center, si l'on s'en tient à notre parallèle, la riche tradition du jazz et ses développements contemporains sont reconnus et présentés à l'année dans des conditions optimales, à travers des concerts, des classes de maîtres (master class), des conférences, des activités de développement ciblées conçues en fonction des différents groupes d'âge, des ateliers spécialisés pour le ressourcement des professionnels ou l'initiation des jeunes en sorties scolaires... À la Maison du Festival, il y aura bien quelques concerts épars, mais vous y chercherez longtemps la présence quotidienne et véritable de la musique de jazz d'ici et de nos créateurs. Elle n'y sera pas.

 

Cette Maison du Festival, financée publiquement de 9 millions, est un projet qui a été approuvé sans études de besoins, ni consultation auprès de la communauté jazz. Par le choix de ce projet (il y en avait d'autres sur la table) et de ses dirigeants (toujours les mêmes), les pouvoirs publics ont choisi d'enrichir les riches et d'alimenter les plus repus. Et derrière cette décision, ne cherchez pas la musique de jazz. Non, ici, le mot « jazz » est un gargarisme, une gomme à mâcher que l'on recrache après usage.

 

Quel David se lèvera pour faire contrepoids à la gigantesque machine?

 

Jacques Laurin et Claude Marc Bourget

 

Jacques Laurin est ex-président du Regroupement des artistes jazz du Québec (RAJQ) et initiateur du projet de Centre International de Jazz de Montréal (CIJM). Claude Marc Bourget est pianiste, compositeur et initiateur de la Société des musiques improvisées du Québec.

 

source : http://www.cyberpresse.ca/opinions/forums/cyberpresse/200908/18/01-893635-le-festival-de-jazz-un-monstre-arrogant.php

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