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Les 20 ans du libre-échange

 

 

6 octobre 2007 - 08h41

La Presse

Claude Picher

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Cette semaine avait lieu le 20e anniversaire de la signature du traité de libre-échange entre le Canada et les États-Unis.

 

 

À l'époque, le débat avait soulevé les passions partout au Canada; les élections générales de 1988 se sont même transformées en véritable campagne référendaire sur le libre-échange.

 

Au fil d'arrivée, le gouvernement de Brian Mulroney, architecte du projet, a été massivement reporté au pouvoir, avec 169 sièges sur 295 à la Chambre des communes. Le triomphe des conservateurs était particulièrement fort au Québec, avec 53% du vote populaire et 63 des 75 sièges.

 

Cette semaine, à Montréal, M. Mulroney a prononcé une conférence pour célébrer ce 20e anniversaire.

 

Il y a de quoi célébrer, en effet. En 1987, le surplus commercial du Canada à l'égard des États-Unis atteignait 17 milliards; l'an dernier, il dépassait les 96 milliards.

 

Même en tenant compte de l'inflation, la progression est spectaculaire. Pendant ces 20 années, l'économie canadienne a créé cinq millions d'emplois, dont une majorité à plein temps. Le taux de chômage, à 5,9%, est à son plus bas niveau depuis 1974.

 

Certes, cette remarquable amélioration du marché du travail n'est pas uniquement attribuable au libre-échange, mais on peut certainement avancer que le libre-échange a contribué à maintenir et à créer des millions d'emplois de ce côté-ci de la frontière.

 

Ceux qui ont vécu ce débat, à l'époque, se souviennent du catalogue d'horreurs véhiculé par les adversaires du libre-échange.

 

En feuilletant les journaux de l'époque, je suis tombé sur quelques perles qui, avec le recul du temps, apparaissent singulièrement idiotes aujourd'hui.

 

Voici donc, selon les prophètes de malheur de 1987, quelques-unes des calamités qui attendaient le Canada avec la signature de l'accord de libre-échange:

 

> Les armes à feu seront en vente libre partout au Canada. La criminalité atteindra des niveaux inégalés dans les villes canadiennes. La violence envers les femmes augmentera.

 

> Les Américains achèteront les hôpitaux canadiens et les exploiteront comme des entreprises privées. Les pauvres n'auront plus les moyens de se faire soigner. Les listes d'attente s'allongeront (cette dernière prévision s'est réalisée, mais on a été capables de faire cela tout seuls).

 

> Le Canada va être obligé de démanteler ses programmes sociaux et ses institutions publiques. Pour le Québec, notamment, cela signifie la désintégration de la Caisse de dépôt et du Fonds de la FTQ.

 

> Les entreprises canadiennes fermeront par centaines. Des millions d'emplois seront perdus. On assistera à un déplacement massif des sièges sociaux vers les États-Unis.

 

> Les droits de scolarité atteindront 20 000$ par année, comme dans les universités américaines. L'éducation supérieure sera réservée aux riches.

 

> C'est Washington qui décidera de la politique monétaire du Canada.

 

Qui disait cela, en 1987? Des lobbies de toutes sortes, bien sûr, mais aussi des politiciens, les néo-démocrates en premier lieu, sans oublier les libéraux, qui promettaient de «jeter le traité à la poubelle», rien de moins.

 

Quatre ans plus tard, lorsqu'ils sont revenus au pouvoir, les libéraux se sont bien gardés de toucher au traité; pour une fois, on peut féliciter des politiciens d'avoir renié une promesse électorale!

 

Et puis des dirigeants syndicaux, des évêques, même des professeurs d'université, de qui on aurait pu espérer un peu plus de clairvoyance.

 

Dans sa conférence, M. Mulroney, qui a fait l'objet de nombreuses attaques personnelles à l'époque, n'a pas raté l'occasion de rappeler à quel point tout ce beau monde s'est trompé.

 

Mais l'ancien premier ministre a aussi mis le doigt sur un autre problème: les entraves au commerce interprovincial.

 

Assez curieusement, le Canada, bien qu'il ait signé un accord de libre-échange avec son voisin du Sud, conserve à l'intérieur de ses propres frontières des entraves protectionnistes.

 

Évidemment, à l'intérieur du pays, aucune province ne peut ériger de barrières tarifaires.

 

En revanche, les provinces peuvent mettre en place une foule d'entraves, et elles ne s'en privent pas: réglementation, notamment dans le secteur des transports, de l'hygiène publique, de la protection du consommateur; mesures vexatoires (formulaires, bureaucratie, permis, délais); politiques d'embauche dans certains secteurs comme la construction ou les soins de santé, politiques d'achat des ministères, agences et sociétés d'État.

 

Certes, en 1994, les 10 provinces ont signé un accord sur le commerce intérieur, mais celui-ci n'a jamais été mis en application.

 

Encore aujourd'hui, en 2007, il est plus facile pour certaines entreprises québécoises d'exporter aux États-Unis plutôt qu'en Ontario, et le contraire est aussi vrai.

 

En avril 2007, deux provinces canadiennes, l'Alberta et la Colombie-Britannique, se sont entendues pour créer leur propre marché commun, le TILMA (Trade, Investment and Labor Mobility Agreement); les deux provinces aboliront toutes leurs entraves et harmoniseront leurs lois et règlements d'ici deux ans.

 

Un enseignant ou une infirmière de Colombie-Britannique pourra librement travailler en Alberta et vice-versa.

 

Les entreprises et les investisseurs seront régis par une réglementation unique, et auront un libre accès aux deux marchés; une entreprise enregistrée en Alberta sera automatiquement considérée comme étant aussi enregistrée en Colombie-Britannique, et vice-versa. C'est clairement la voie de l'avenir.

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