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Rousseau assume la responsabilité du papier commercial de la Caisse

 

Publié le 09 mars 2009 à 12h39 | Mis à jour à 12h41

 

(Montréal) Henri-Paul Rousseau accepte de prendre le blâme pour le fiasco du papier commercial à la Caisse de dépôt et placement du Québec.

 

« La situation du PCAA s'est développée pendant que j'étais premier dirigeant de la Caisse et, à ce titre, j'en assume pleinement la responsabilité », a-t-il dit ce midi lors d'un discours devant plusieurs centaines de personnes, dont les anciens premiers ministres du Québec Lucien Bouchard et Pierre-Marc Johnson, à la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.

 

M. Rousseau a aussi dit comprendre la réaction des Québécois devant les pertes de la Caisse. « Ces résultats ont semé l'émoi chez les Québécois, a-t-il dit. Je les comprends. Rien de plus normal étant donné l'importance de la baisse (...). »

 

L'ancien PDG de la Caisse a toutefois tenu à rappeler que la Caisse était "une institution de calibre mondial (...) bien positionnée pour l'avenir."

 

PDG de la Caisse entre 2002 et 2008, Henri-Paul Rousseau a été louangé à son départ de la Caisse. Sous sa gouverne, la Caisse a même battu le rendement de son rival ontarien Teachers' en 2006 et 2007.

 

Le bilan d'Henri-Paul Rousseau à la tête de la Caisse a toutefois été entaché par l'aventure du papier commercial, qui a coûté 5,9 milliards jusqu'à maintenant à la Caisse (dont 4 milliards en 2008). La Caisse détient 12,6 milliards de papier commercial, soit le tiers du PCAA au Canada.

 

À cause du papier commercial et de la glissade boursière mondiale, la Caisse a connu la pire année de son histoire en 2008, affichant une perte de 39,8 milliards. L'actif net des déposants de la Caisse est ainsi passé de 155,3 à 120,1 milliards.

 

Le bas de laine des Québécois a vu ses actifs perdre 25% de leur valeur en 2008. Les grandes caisses de retraite canadiennes ont perdu en moyenne 18,4%, selon l'indice Banque Royale/Dexia. La Caisse figure ainsi au quatrième et dernier rang quartile des caisses de retraite. Sur trois ans, le rendement de la Caisse est de -3,2%, ce qui place l'institution au 4e rang quartile des caisses de retraite. Sur cinq ans, il est de 3,1%, ce qui laisse l'institution au troisième rang quartile.

 

Si la Caisse a connu une année plus difficile que ses pairs, c'est surtout parce qu'elle a investi massivement dans le papier commercial adossé à des actifs (PCAA), un véhicule d'investissement supposément sûr qui comprenait notamment des hypothèques à risque mais dont la valeur a chuté en raison de la crise immobilière américaine.

 

Henri-Paul Rousseau a quitté la Caisse l'an dernier afin de joindre les rangs de Power Corporation du Canada (propriétaire de La Presse). Il a été remplacé à la Caisse par son dauphin Richard Guay, qui a démissionné en janvier dernier. M. Guay a passé la moitié de son mandat de quatre mois en congé de maladie. Fernand Perreault, un vieux routier de la Caisse jusque là responsable des investissements immobiliers, assure l'intérim.

 

Le nouveau président du conseil d'administration de la Caisse, Robert Tessier, dont la nomination a été confirmée la semaine dernière par le gouvernement Charest, a indiqué vouloir nommer le prochain président et chef de la direction de la Caisse au cours des prochaines semaines. Luc Bertrand (ancien PDG de la Bourse de Montréal), Christiane Bergevin (PDG de SNC-Lavalin Capital et membre du CA de la Caisse), Pierre Shedleur (PDG de la Société générale de financement) et Jean Houde (sous-ministre au ministère québécois des Finances) sont les principaux candidats à la succession de M. Guay.

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Publié le 11 mars 2009 à 23h48 | Mis à jour le 11 mars 2009 à 23h48

Caisse de dépôt: Québec songe à Michael Sabia

 

Denis Lessard

La Presse

 

(Québec) Le gouvernement Charest envisage une nomination étonnante au poste de grand patron de la Caisse de dépôt et placement du Québec. L'ancien chef de la direction de BCE, Michael Sabia, serait très sérieusement considéré pour succéder à Henri-Paul Rousseau et Richard Guay à la barre de la caisse, a appris La Presse.

 

Cette préférence de la part du gouvernement est, selon nos sources, tout à fait inattendue et suscite déjà des grincements de dents au plus haut niveau au Parti libéral du Québec.

 

Le comité de sélection du conseil de la Caisse a commencé à siéger lundi après-midi en groupe restreint. Le nouveau président du conseil, Robert Tessier, n'y a retenu que les membres assurés de voir leur mandat renouvelé par le gouvernement. M. Tessier a déjà indiqué publiquement que le choix d'un nouveau PDG ne traînerait pas : on parlait alors de semaines et non de mois.

 

Interrogée par La Presse hier, la ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget, a éludé la question et s'est contentée de dire que «bien des noms circulent». Toutefois, elle n'a pas nié que l'ancien patron de BCE soit sérieusement en lice.

 

Un pari risqué

 

Selon plusieurs des sources consultées par La Presse, le choix de Michael Sabia est un pari risqué. Plusieurs voient en lui un homme d'une grande intelligence. Mais dans les milieux financiers à Montréal, on retient surtout de lui le marché qui aurait dû faire passer BCE au Fonds des enseignants ontariens Teachers', une transaction qui a finalement avorté, mais qui aurait drainé une part de l'activité de Montréal vers l'Ontario.

 

Curieusement, ce manque de «sensibilité québécoise» est précisément ce qui, aux yeux de Québec, disqualifierait Luc Bertrand, ancien patron de la Bourse de Montréal. Bertrand a appuyé la transaction qui a fait passer ce qui restait de l'institution montréalaise à Toronto.

 

Aussi, l'arrivée de Michael Sabia «serait tout un choc culturel à la Caisse» car il a peu de racines dans le «Québec inc.», résume sous le couvert de l'anonymat un membre en vue de la communauté d'affaires de Montréal, qui y verrait davantage un francophone spécialisé dans l'investissement comme Jacques Daoust, actuellement à Investissement Québec.

 

On s'interroge aussi sur le problème d'image que causerait l'arrivée de Sabia, ontarien anglophone, dans le siège du conducteur de l'économie québécoise. Plusieurs personnes craignent enfin que la qualité de son français ne soit pas à la hauteur.

 

Selon des sources sûres, le projet d'amener Sabia à la Caisse a déjà suscité des commentaires amers de libéraux influents de Montréal, envoyés aux élus susceptibles d'influencer la décision finale. Hier, la ministre Jérôme-Forget lançait à la blague avoir reçu «32 courriels» de gens qui avaient des opinions sur qui devrait diriger la CDP.

 

Depuis un moment, dans les milieux libéraux, on prévenait toutefois que le prochain patron de la CDP ne «viendrait pas du gouvernement».

 

En clair, Québec n'allait pas retenir les candidatures d'actuels mandarins : Pierre Shedleur, président de la SGF ou Jean Houde, sous-ministre aux Finances. Jacques Daoust fait toujours partie de la courte liste des candidats, a-t-on appris.

 

Parcours

 

Personnalité flamboyante, gestionnaire hors norme, Michael Sabia est né à Ste-Catharines en Ontario, en 1953. Diplômé de Yales, il est marié à la fille de Lester B. Pearson, ancien premier ministre canadien et Prix Nobel.

 

Michael Sabia est arrivé à Bell Canada en 1999. L'année suivante, il devenait vice-président à la direction de BCE. Auparavant, il avait été longtemps associé à Paul Tellier, ancien greffier du conseil privé sous Brian Mulroney. M. Tellier était à la barre du CN et a amené avec lui Sabia comme vice-président au développement de l'entreprise en 1993, au moment où les conservateurs perdaient le pouvoir à Ottawa.

 

Dans des rôles moins publics, Michael Sabia a eu une grande influence. Il était notamment dans le siège du conducteur comme directeur général des politiques fiscales au ministère fédéral des Finances, quand Ottawa a mis en place la taxe sur les produits et services, au début des années 90.

 

Cette énorme opération visait à remplacer une taxe cachée, de 13%, alors imposée aux manufacturiers. On l'a retrouvé par la suite sous-ministre adjoint au Conseil privé à Ottawa, où se trouvait aussi Daniel Gagnier, ancien mandarin fédéral, devenu depuis 18 mois chef de cabinet du premier ministre Jean Charest.

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Michael Sabia à la tête de la Caisse de dépôt

Publié le 13 mars 2009 à 13h18 | Mis à jour à 15h06

 

(Montréal) Tel que l'avait annoncé La Presse, l'ancien chef de la direction de BCE, Michael Sabia, a été nommé vendredi patron de la Caisse de dépôt et placement du Québec.

 

La Caisse vient confirmer la nomination de son nouveau président et chef de la direction par voie de communiqué.

 

«Nous sommes très heureux que M. Sabia ait accepté de relever le défi et que nous puissions compter sur son expérience financière et de dirigeant de grande entreprise, a déclaré le président du conseil d'administration de la Caisse, Robert Tessier.

 

«Le conseil d'administration lui souhaite la bienvenue au sein de l'institution et lui offre tout son appui.»

 

«La Caisse de dépôt et placement a joué un rôle unique au Québec et continuera de jouer un rôle aussi capital à l'avenir, a déclaré pour sa part déclaré Michael Sabia. J'ai hâte de me joindre aux centaines d'employés qui s'y dévouent chaque jour.»

 

La Presse avait dévoilé hier que l'ancien PDG de BCE se trouvait sur la courte liste des candidats possibles à la succession de Henri-Paul Rousseau et Richard Guay.

 

Le comité de sélection du conseil de la Caisse siégeait depuis lundi en groupe restreint afin de se choisir un nouveau patron.

 

La nomination de Michael Sabia n'est pas sans susciter une part d'étonnement au plus haut niveau au Parti libéral du Québec, selon les commentaires recueillis cette semaine par notre journaliste Denis Lessard.

 

Dans les milieux financiers à Montréal, on retient notamment son rôle dans la vente avortée du groupe BCE au Fonds des enseignants ontariens Teachers'.

 

Michael Sabia est né à Ste-Catharines en Ontario, en 1953. Diplômé de Yale, il est marié à la fille de Lester B. Pearson, ancien premier ministre canadien et prix Nobel de la paix.

 

Michael Sabia est arrivé chez Bell Canada en 1999. L'année suivante, il devenait vice-président à la direction de BCE. Auparavant, il avait été longtemps associé à Paul Tellier, ancien greffier du Conseil privé sous Brian Mulroney.

 

Depuis le départ de Richard Guay pour des motifs de santé, c'est le responsable de longue date du portefeuille immobilier de la Caisse, Fernand Perreault, qui assurait la présidence par interim.

 

Michael Sabia s'installe à la présidence de l'institution québécoise dans un contexte de forte turbulence. En février, la Caisse a dévoilé les pires résultats de son histoire : une perte de 39,8 milliards pour l'exercice financier 2008.

___________________________________________________

 

Il est celui qui a orchestré le transfert de BCE de Montréal vers l'autre capitale économique soit Toronto... sigh

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Michael Sabia ? Jamais !

Pierre Duhamel 12 mars 2009 9:28

 

La nomination de Michael Sabia à la tête de la Caisse de dépôt et de placement du Québec serait une bêtise. Espérons que la rumeur véhiculée par La Presse sera démentie rapidement ou que ce commentaire et d’autres contribueront à faire changer d’idée ceux qui auraient la tentation de prendre cette décision.

 

Le problème de Michael Sabia, ce n’est pas qu’il est anglophone et qu’il baragouine le français. C’est qu’il n’est tout simplement pas l’homme de la situation et rien dans son parcours ne montre qu’il a les habiletés professionnelles et politiques pour relever ce défi.

 

Il a dirigé BCE pendant des années, mais quels sont ses faits d’armes ? Certains prétendent qu’il a sauvé le géant des communications; je pense plutôt qu’il lui a coupé les ailes. Malgré des dépenses de dizaines de millions de dollars chaque année en consultants divers, il n’a jamais su comment positionner Bell et faire en sorte que la société maintienne ses parts de marché. Les années Sabia ont été des années d’hésitations et de piétinements parce qu’il n’a jamais eu la moindre idée d’une vision porteuse qui assurerait la croissance et le développement de l’organisation. Oui, il a coupé des dépenses et vendu des unités, mais il n’a jamais su articuler le début d’une vision pour l’entreprise qui n’était plus l’ombre d’elle-même quand il a quitté la présidence.

 

C’est grâce à son successeur, George Cope, un vrai spécialiste des télécoms, que Bell prend du mieux et s’impose davantage.

 

Le seul exploit de Michael Sabia, sa seule prouesse, aura été de conclure une transaction avec Teachers qui assurait aux actionnaires de BCE 42,75 dollars par action.

 

On le sait maintenant, le deal a échoué. Les actionnaires, qui ont vu le titre fondre sous Michael Sabia, n’ont pas pu récupérer leur argent. Néanmoins, le candidat pressenti aujourd’hui pour la présidence de la caisse a empoché quelques dizaines de millions de dollars en quittant l’entreprise laissée en lambeaux. .

 

Quant aux habiletés politiques, ceux qui l’ont fréquenté au CN et chez BCE savent fort bien qu’il n’a pas inventé l’intelligence émotionnelle. Chez Bell en tout cas, les changements constants à la haute direction ont complètement déboussolé l’organisation.

 

Si vous cherchez un anglophone, pensez plutôt à l’avocat Brian Lewitt, ancien dirigeant d’Imasco, en très bonne intelligence avec les milieux d’affaires québécois (et qui parle un très bon français). Vous cherchez un vrai gestionnaire de fonds au parcours impeccable ? Reconsidérez la nomination de Jean-Guy Desjardins. Vous voulez plutôt un gestionnaire qui connaît à la fois la finance et l’État ? Jean Houde, actuellement sous-ministre aux Finances, mais qui a été premier vice-président de la Banque Nationale, ou encore Claude Séguin, actuel premier vice-président chez CGI, ancien sous-ministre des Finances et qui a été vice-président à la Caisse de dépôt, devraient être considérés. Ou encore Jacques Daoust, d’Investissement Québec ou Pierre Shedleur, de la SGF.

 

Bref, tout sauf Michael Sabia.

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Caisse de dépôt : une décision désastreuse, dit Bernard Landry

 

13 mars 2009 - 15h17

Katia Germain

ARGENT

 

L'ancien premier ministre du Québec, Bernard Landry, se dit très insatisfait de la nomination de Michael Sabia à la tête de la Caisse de dépôt et placement du Québec.

 

«Ma réaction est très négative, pas par le lieu de sa naissance, d'aucune espèce de façon, mais par sa culture économique. Sa culture est fédérale... elle est "canadian", ce qui n'est pas un défaut en soi, mais qui ne qualifie pas pour diriger la plus grande institution financière de la nation québécoise», a dit M. Landry à Argent.

 

Selon lui, ses activités passées alors qu'il dirigeait BCE démontrent qu'il n'a pas l'instinct nécessaire pour diriger la Caisse.

 

«Il a contribué au transfert de la propriété et des activités de BCE vers Toronto. Le grand patron de la Caisse doit tenir compte des intérêts de l'économie québécoise... Il faut avoir fait preuve qu'on en est un défenseur. Et M. Sabia, en tout respect, a fait le contraire».

 

L'ancien premier ministre est heureux que la nomination du nouveau président de la Caisse ait été aussi rapide, mais dénonce le choix du conseil.

 

«La rapidité, je la préconisais, mais je trouve que le résultat est désastreux», ajoute M. Landry.

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Caisse de dépôt : «Une nomination qui laisse sceptique»- Jean Campeau

 

13 mars 2009 - 16h15

Katia Germain

ARGENT

 

La nomination de Michael Sabia à la tête de la Caisse de dépôt et placement du Québec laisse sceptique l'ancien président de l'institution, Jean Campeau.

 

Selon lui, la Caisse doit jouer un rôle dans la rétention des sièges sociaux au Québec et les antécédents de M. Sabia chez BCE laissent songeurs.

«Faut-il croire aux miracles? On est très, très, très sceptique! Est-ce que ce gars là a le goût du Québec? Est-il intéressé par le succès de tout le Québec? Est-ce que ça lui tient à coeur?», a-t-il affirmé en entrevue à Argent.

 

M. Campeau s'interroge également sur la capacité de l'ex-président du géant des télécommunications d'améliorer la performance de la Caisse.

«L'efficacité et le rendement l'avez-vous vu à Bell vous? Depuis 2002, Bell descend... une belle entreprise du Québec, qui devait être vendue à l'Ontario... le Québec récoltait quoi?».

 

Il ajoute que de nombreux commentaires négatifs circulent à l'égard de M. Sabia. «On rapporte de lui qu'il est incapable de prendre des décisions, qu'il blâme tout le monde... c'est peut-être faux, mais c'est ce qu'on entend. Les actionnaires de Bell sont très déçus de sa performance».

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Michael Sabia est un mauvais PDG. Si on laisse de côté les critiques nationalistes et on regarde simplement ses performances, il a toujours été en retard sur les marchés.

 

Un analyste avait fait une étude intéressante il y a quelques mois, il l'avait appelé le ' Bell Index' . Quand Bell prend une décision d'affaires, souvent c'est que c'est mauvais et ça va crasher.

 

2000- Achat de Téléglobe au sommet de la bulle, pertes en milliards

2006- Construction d'un nouveau siège social à grand prix, au sommet de la bulle immobilière

2007- Vente par endettement au sommet de la bulle, perte en milliards en ressources et valeur boursière

2009- Achat de La Source... Bell se lance encore dans un domaine qu'elle connait mal et qui va lui coûter cher

 

 

Sous Sabia, les parts de marché de Bell ont fondu au soleil.

 

 

Mais de toute façon, ce n'est pas surprenant. le poste de PDG de la Caisse est peu convoité et s'adresse aux 'moins bons' parmi les 'meilleurs' .

Et être 'meilleur' veut souvent dire avoir de bons contacts..

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Les critiques fusent, même chez les libéraux

 

Publié le 14 mars 2009 à 08h27 | Mis à jour à 08h37

Denis Lessard

La Presse

 

(Québec) L'arrivée de Michael Sabia à la tête de la Caisse de dépôt et placement du Québec ne laisse personne indifférent. L'ancien premier ministre Bernard Landry croit qu'on ne pouvait faire de pire choix. Pour Jean Charest, le «parcours remarquable» de Michael Sabia fait de lui le candidat tout désigné pour diriger le navire amiral de l'économie québécoise.

 

Malheureusement pour M. Charest, hier, les critiques fusaient même dans sa propre formation politique.

 

M. Charest a soutenu que Michael Sabia était «le choix du conseil d'administration» - un sous-comité s'était réuni lundi -, mais il avait arrêté cette nomination bien avant. D'abord, le nom de M. Sabia circulait ouvertement lundi midi, à la table d'Henri-Paul Rousseau, lorsque l'ancien président de la Caisse a prononcé son allocution devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.

 

 

 

Il est devenu évident que les dés étaient pipés quand le cabinet du premier ministre a dérogé aux règles établies en n'annonçant qu'hier une nomination faite dès le 6 mars au conseil de la Caisse.

 

Me Jean-Pierre Ouellet, qui était vice-président des affaires juridiques au CN pendant le règne de Paul Tellier et Michael Sabia, est devenu membre du conseil trois jours avant de participer à une réunion du comité de sélection qui allait, comme par hasard, choisir son ancien collègue du CN.

 

M. Ouellet travaillait auparavant chez Stikeman Elliott, où il avait hérité du mandat de la privatisation du CN. Il connaît M. Sabia depuis 1994.

 

«Je souhaitais que cela n'arrive pas», a confié hier à La Presse, au sujet de cette nomination, un libéral très influent qui a requis l'anonymat. Depuis le ratage de la vente de BCE à des intérêts ontariens, Michael Sabia «n'est pas un gars populaire» dans les milieux d'affaires montréalais, ajoute un autre ténor du parti de Jean Charest.

 

D'autres sources confient que des membres en vue du PLQ à Montréal ont exprimé directement leur mécontentement à Jean Charest dès le début de la semaine, quand il est devenu clair que M. Sabia serait choisi. Pour ces libéraux, ce choix vient «du Parti conservateur». Il est difficile de savoir qui, de Brian Mulroney, Paul Tellier ou Daniel Gagnier (chef de cabinet de M. Charest), a eu le plus d'influence, mais le nom de Michael Sabia vient de cette mouvance, confie-t-on.

 

Pour l'ancien premier ministre Bernard Landry, le problème n'est pas l'origine ontarienne du nouveau PDG ni la qualité de son français, «tout à fait convenable».

 

Le problème, c'est «sa culture nationale... canadian». «Cet homme était le dernier profil à choisir pour diriger cette institution. Le gouvernement commet une sorte de provocation. Même dans les rangs des libéraux québécois, cette décision n'a pas dû être bien accueillie», dit M. Landry.

 

«Il nous l'a prouvé en étant l'artisan du transfert à Toronto de Bell Canada Entreprises, un des fleurons de l'appareil décisionnel et économique de Montréal, avec toutes les conséquences que cela aurait pu avoir. Ils font ça de bonne foi, c'est leur culture!» «Nos actes nous suivent...» a-t-il poursuivi.

 

«Pour diriger la Caisse, la plus grande institution financière du Québec, avec toute la symbolique que cela représente, il aurait fallu quelqu'un qui a passé sa vie dans la culture socio-économique québécoise, qui épouse le modèle québécois», croit Bernard Landry.

 

Charest défend la nomination

 

En point de presse dans les Laurentides, où il participait à une annonce d'achat d'autobus par la Société de transport de Montréal, Jean Charest a vanté les mérites de M. Sabia, son «parcours remarquable» comme «Québécois qui a laissé sa marque».

 

«C'est la recommandation du conseil d'administration et nous savons que Michael Sabia va faire un très bon travail», a soutenu M. Charest.

 

Il s'est récrié quand on a soulevé le manque de «sensibilité québécoise» de M. Sabia. «Il connaît très bien le Québec. Il habite au Québec depuis plusieurs années. Il est très compétent et je vous assure qu'il va travailler dans un cadre, un conseil d'administration, une institution qui est totalement dévouée aux intérêts du Québec, a soutenu M. Charest. Il a fait ses preuves à la tête d'une très grande entreprise et il aura à son service, autour de lui, tous les experts qu'il lui faut pour remplir le mandat de la Caisse.»

 

Joint hier par La Presse, le péquiste François Legault a hésité à commenter la nouvelle et a préféré indiquer que Mme Marois allait le faire. Quatre heures après l'annonce de la nomination, la chef péquiste a publié un communiqué où elle évite de critiquer trop durement ce choix: «Nous ne partageons pas la décision du gouvernement de Jean Charest de nommer Michael Sabia à la tête de la Caisse de dépôt et placement du Québec. Compte tenu de l'état de crise qui sévit à la Caisse de dépôt, nous aurions souhaité une personne qui fasse davantage l'unanimité et surtout qui possède le profil et les expériences nécessaires pour relever les défis auxquels est confrontée la Caisse.»

 

- Avec collaboration de Martin Croteau

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Parizeau : « Ottawa met la main sur la Caisse. La puissance de la Caisse vient de changer de main »

 

Mise à jour le lundi 16 mars 2009 à 19 h 03

 

Le premier ministre du Québec, Jean Charest, estime que le processus de sélection du nouveau PDG de la Caisse de dépôt et placement du Québec s'est déroulé correctement, et il accorde toute sa confiance à Michael Sabia.

 

Les critiques ont pourtant fusé de toutes parts, dès l'annonce de sa nomination. Pour l'opposition et pour plusieurs experts, Michael Sabia, ancien premier dirigeant de Bell Canada Entreprises (BCE), n'a ni le profil ni l'expérience nécessaire pour relever un aussi gros défi. Même le milieu des affaires est sceptique, doutant de ses capacités à gérer un tel portefeuille.

 

L'ex-président de la Chambre de commerce de Montréal et souvent porte-parole du Québec Inc., Serge Saucier, conteste la façon dont M. Sabia a été nommé président. « Aujourd'hui, on a un peu le sentiment qu'il y a eu quelque chose qui a été escamoté », dit-il.

 

Il ajoute qu'il n'a pas été rassuré par les propos du nouveau président du conseil d'administration de la Caisse, Robert Tessier, qui a affirmé vendredi n'avoir entendu aucun autre candidat. « Non, je n'ai pas rencontré d'autres candidats, parce que quand j'ai vu le nom de M. Sabia, pour moi, cela a été comme une révélation », avait dit M. Tessier.

Serge Saucier

 

Ce avec quoi n'est pas du tout d'accord Serge Saucier: « Vous auriez dit Jean-Guy Desjardins, que tout le monde connaît, ça aurait fait l'unanimité d'un seul coup, parce qu'il a une feuille de route dans ce milieu-là qui est impeccable. Mais les forces de Michael Sabia ne me semblent pas être là ».

 

L'ancien premier ministre du Québec, Jacques Parizeau, lui, y voit l'influence du gouvernement fédéral, où Michael Sabia a travaillé pendant plusieurs années. « C'est le Conseil privé, c'est-à-dire Ottawa, qui met la main sur la Caisse. [...] La puissance de la Caisse vient de changer de main ».

 

Jean Campeau, qui a présidé aux destinées de la Caisse pendant dix ans, n'est guère plus enthousiaste. « D'abord, c'est à se demander: "est-ce que la nomination de la présidence de la Caisse de dépôt et placement c'est important, ou si la Caisse, ce n'est pas un joujou?" [...] On nous parle de quelqu'un qui a réussi un coup, qui a réussi sa carrière, où ça? [...] Il y a échec par-dessus échec. L'action de BCE stagne en bourse », critique M. Campeau.

 

Questionné à ce sujet, alors qu'il donnait une conférence de presse sur un autre sujet, à Saint-Bernard-de-Lacolle, lundi, le premier ministre Charest a souligné qu'il avait aussi entendu des commentaires élogieux sur M. Sabia. « J'ai beaucoup confiance en M. Sabia et j'ai pris connaissance de commentaires très élogieux à son endroit. Il ne faut pas s'attendre à ce que le candidat qui occupera le poste de PDG fasse l'objet d'une acclamation unanime, parce que cela ne se présentera jamais ».

 

Le processus de sélection qui a conduit au choix de Michael Sabia cause aussi de vives critiques, parce que le conseil d'administration de la Caisse, amputé de la moitié de ses membres, a joué un rôle mineur cette fois-ci.

 

De plus, aucune autre candidature que celle de Michael Sabia n'a été évaluée, une façon de procéder inhabituelle, mais justifiée par l'urgence d'agir, selon M. Charest. « On avait pris l'engagement tout le monde ensemble, autant du côté du gouvernement que du conseil d'administration, pour aller le plus vite possible. Donc le travail de recherche s'est continué, s'est fait par une firme qui se spécialise dans ce genre de recherche ».

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