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Le Québec, un peuple d'importateurs

14 septembre 2007 - 06h00

La Presse

Stéphane Paquet

 

Négative depuis 2002, elle se détériore encore. La fiche du Canadien à l'étranger? Non, plutôt celle la balance commerciale du Québec qui a pris la fâcheuse habitude de finir l'année avec une fiche sous la barre des .500. Et sans qu'on ne s'en rende compte, le Québec est devenu un peuple d'importateurs.

 

Cliquez pour en savoir plus : Macro-économie | Économie (général) | Inflation et déflation | Marie-Christine Bernard

On en convient, la balance commerciale du Québec meuble moins les conversations du samedi soir que le camp d'entraînement de la Sainte-Flanelle.

Pourtant, cette balance commerciale - le total des biens et services qu'on vend à l'étranger MOINS ceux qu'on achète de l'étranger penche de plus en plus lourdement en faveur des entreprises étrangères qui nous vendent des pois, des chaises ou des ordinateurs.

L'an dernier, la balance commerciale a atteint un déficit record de 8,4 milliards de dollars. Donc, en défaveur des exportateurs québécois. Pour poursuivre avec les allégories sportives, c'est 185 fois la masse salariale du Canadien. Avec tout ce fric rapatrié, la ville de Québec pourrait ravoir ses Nordiques et on pourrait même s'offrir une équipe à Sept-Îles, Trois-Pistoles, Val-d'Or, alouette

Mais voilà, les gens de Québec peuvent arrêter de rêver tout de suite: les signaux voulant que la situation s'améliore à court terme sont plutôt rares.

 

Même l'ancien premier ministre Bernard Landry, qu'on ne peut taxer de pessimisme par rapport à l'économie du Québec, reconnaît que la situation a quelque chose d'inquiétant.

«L'idéal du commerce extérieur, ce n'est pas d'avoir un surplus permanent, mais ce n'est surtout pas d'avoir un déficit permanent. C'est l'équilibre, dit-il. Sur le plan structurel, c'est vrai que c'est assez inquiétant si ça continue.»

L'encre rouge est réapparue dans la balance commerciale québécoise en 2003. Cette année-là, le déficit a atteint 2,2 milliards. L'année suivante, 4,89 milliards. Puis 8,4 milliards en 2005 et encore 8,4 milliards en 2006. (1)

Exit, donc, l'image de ce Québec exportateur, qui vendait ses avions, son papier et son aluminium aux quatre coins du monde? En fait, la situation est plus complexe.

Le Québec continue à exporter. Le problème, c'est la progression des importations qui va beaucoup plus vite. Depuis l'an 2000, les importations de biens et services ont fait un bond de 16,7%. Les exportations, à peine 6,9%.

Dans son dernier budget, Québec a reconnu le malaise. «Alors que les exportations internationales de biens du Québec avaient crû en moyenne de 12% à la fin des années 90 (elles) ont en effet progressé annuellement de 3,6% en moyenne depuis 2004», peut-on lire dans le plan budgétaire déposé par Monique Jérôme-Forget.

Quand Hélène Bégin, économiste au Mouvement Desjardins, regarde les données sur la balance commerciale du Québec, un fait inquiétant lui saute aux yeux: le déficit commercial du Québec semble structurel, pas seulement conjoncturel. Elle a donc sorti sa calculatrice.

La Chine est à l'origine des quatre cinquièmes du déficit commercial du Québec avec l'étranger en 2006.

«La majeure partie des importations de Chine, ce sont des produits de consommation courante», souligne-t-elle, énumérant sa liste: ordinateurs, équipements de télécommunication, meubles, télévisions

Mme Bégin n'est pas la seule à croire que le déficit commercial du Québec n'a rien de passager. «À long terme, ça ne redeviendra pas positif», indique Marie-Christine Bernard, directrice adjointe aux prévisions provinciales du Conference Board du Canada.

Elle prévoit même que la balance commerciale du Québec se détériorera encore cette année et l'an prochain. Un plongeon dans le rouge de plus de 50% en deux ans.

«On a regardé les données douanières. Depuis le début de l'année, c'est très faible», dit-elle.

Une hausse des importations peut être bonne pour une économie. Surtout quand elle signifie que des industriels en profitent pour améliorer leurs équipements et donc devenir plus productifs. À terme, ce nouvel équipement leur permettra de vendre leurs produits à meilleur prix et d'augmenter leur part de marché.

Est-ce le cas actuellement pour le Québec? Non. En tout cas, pas dans le secteur manufacturier.

Grâce à un questionnaire envoyé à 30 000 entreprises canadiennes, Statistique Canada est capable de mesurer ce qu'elles investissent pour acheter de la machinerie.

Depuis 2003, dans le secteur manufacturier québécois, la baisse est constante. Si on compare les investissements de l'an dernier à ceux de l'an 2000, on peut même parler d'une dégringolade de près de deux milliards de dollars (moins 37% pour la période). Ces investissements ont atteint 3,37 milliards en 2006. Et ça, c'est sans tenir compte de l'inflation.

«Il semble qu'en 2007, ça va reprendre», explique Yves Gauthier, chef de la section des dépenses en capital à Statistique Canada. Les données pour l'année en cours sont toutefois de simples prévisions. La prudence est donc de mise.

D'ailleurs, le président-directeur général des Manufacturiers et exportateurs du Québec, Jean-Luc Trahan, ne voit pas non plus ses membres investir massivement dans de nouvelles machines.

«En période où le dollar est haut, dit-il, le réflexe devrait être d'investir pour s'équiper, renouveler notre équipement. Maintenant, c'est basé sur une confiance de ce qui va se passer et une analyse du marché.»

Bref, jusqu'à présent, le niveau de confiance n'a pas été assez grand pour pousser les manufacturiers à se lancer dans les grandes dépenses. Ce serait en train de changer, ajoute-t-il.

Une nuance, toutefois, de la part de Mme Bernard, du Conference Board: outre le secteur manufacturier, les investissements demeurent importants. «D'autres secteurs investissent assez fortement», dit-elle, citant le secteur minier et Hydro-Québec.

 

Ce sapristi huard

 

Les causes du déficit commercial québécois sont en partie connues: hausse du dollar canadien par rapport à l'américain à cause du prix élevé du pétrole; ce même pétrole que les Québécois importent (voir le texte sur la maladie hollandaise); les difficultés du secteur aéronautique après le 11 septembre 2001; le secteur du bois qui en arrache encore; et une concurrence accrue de nouveaux acteurs comme la Chine sur le marché américain.

Tout ça, alors que nos exportateurs, encore en 2006, envoyaient plus des trois quarts de leurs produits aux États-Unis.

Dans une étude publiée l'automne dernier, le ministère du Développement économique, de l'Innovation et de l'Exportation (DEIE) conclut que la hausse des exportations québécoises sur le marché américain «s'explique en totalité par la croissance de la demande américaine».

Autrement dit, si les entreprises québécoises y ont vendu plus de produits pendant les années 90, c'est parce que l'économie américaine tournait plus vite et non parce que les entreprises du Québec ont arraché des parts de marché à d'autres acteurs. Leur part de la tarte totale des importations américaines a même diminué à partir de 1998.

«Ainsi, la part du Québec dans les importations américaines passe de 3,3% en 1991 à 3,4% en 1998. Toutefois, dans la foulée du dégonflement de la bulle technologique à partir de 2001, de la remontée du dollar canadien depuis 2003 et de la poussée des ventes des pays émergents, la part du Québec chute, passant de 3,4% en 1998 à 2,8% en 2004.»

Pour cette année, les données ne sont guère plus réjouissantes. En mai, Québec prévoyait que les exportations, bénéficiant «d'une certaine stabilité du dollar canadien», devaient s'accroître de 2,9% en 2007.

Le chiffre n'a pas encore été révisé officiellement, mais un haut fonctionnaire du ministère des Finances reconnaît aujourd'hui que «depuis le début de l'année, ça (les exportations) n'a pas été fort».

Bref, comme le disent si justement les partisans du Canadien, si on veut que la puck se remette à rouler pour nous autres, il va falloir jouer plus fort dans les coins.

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