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Revirement historique, le Québec moins endetté que l'Ontario


Faitlemou

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Revirement historique: les trajectoires respectives des soldes budgétaires récents des deux provinces avaient rendu ce résultat pleinement prévisible (en d'autres mots ce n'est pas une surprise).

Un redressement du solde budgétaire de l'Ontario est possible, mais ça ne se fera pas sans douleur, ni instantanément.  On peut dire à peu près la même chose si l'objectif (différent du "déficit zéro") est un abaissement du rapport dette provinciale/produit intérieur brut provincial, même si les calculs sont différents.   Essentiellement, il faut commencer par "obtenir" une croissance plus rapide des revenus que celle des dépenses.  On voudra agir sur les deux termes de l'équation.  Mais ce n'est pas si simple  --voir la suite ci-dessous.

- Une croissance rapide des revenus est plus facile quand l'économie va bien,  cependant le gouvernement provincial n'est qu'un facteur parmi d'autres dans ce qui détermine la croissance. Malheureusement, les signes de ralentissement de l'économie mondiale sont nombreux,  ce qui n'est pas de bonne augure.  Autrement, le gouvernement peut chercher à accroître ses revenus en alourdissant le fardeau fiscal, mais cela aurait un effet négatif sur la croissance.  La bonne "recette" n'est pas chose facile à trouver.  Des mesures efficaces peuvent prendre des années avant de faire sentir leur effet.

- Du côté des dépenses,  on fait face à des défis importants.  Certaines dépenses s'accroissent naturellement  en fonction de la croissance de la population et de son vieillissement; ralentir la croissance de ces dépenses est difficile (le Québec a réussi en son temps).  Puisque la plus grande partie des dépenses des gouvernements provinciaux porte sur la masse salariale, on peut essayer de la réduire (ou au moins de ralentir suffisamment sa croissance) par une réduction des effectifs et/ou d'une réduction (ou au moins d'un gel) de la rémunération.  Je remarquerai qu'en général le niveau de rémunération des employés des services publics et para-publics en Ontario est substantiellement plus élevé qu'au Québec (et même sensiblement plus élevé que dans la fonction publique fédérale);  ce grand écart s'est développé à une époque où l'économie ontarienne était beaucopup plus florissante que la moyenne canadienne, ce qui n'est plus le cas. Mais reculer est toujours plus difficile que d'avancer; la résistance est plus grande.

Quand le Québec sous la gouverne du PLQ de Philippe Couillard a fait des efforts importants pour éliminer son déficit budgétaire au point d'enregistrer des surplus (!), il a eu la chance de traverser une période de croissance économique généralisée de ses partenaires commerciaux; on pourrait même ajouter que son spectaculaire redressement budgétaire a attisé la croissance grâce à la confiance qu'il a inspirée.  Appellons cela un "cercle vertueux".  L'Ontario aurait pu profiter des mêmes circonstances favorables pour assainir ses finances;  aujourd'hui et demain, ce ne sera pas aussi facile.

Ceci dit, il n'est pas assuré que l'avenir du Québec sera toujours aussi rose (ou que le ciel sera  aussi "bleu").  Le surplus budgétaire "structurel" du Gouvernement du Québec repose en partie sur un important apport net provenant du programme fédéral de péréquation; or il va de soi que si la capacité fiscale québécoise rejoint la moyenne canadienne, cet apport disparaîtra --en principe, à ce moment, le Québec aura les moyens de pourvoir à ses besoins sans aide extérieure, ce qui voudrait aussi dire que l'équilibre budgétaire pourrait être maintenu, pourvu que la discipline budgétaire se poursuive et que l'environnement économique demeure raisonablement favorable.   La prospérité n'est jamais un acquis permanent  --il faut constamment s'adapter aux circonstances qui (elles), changent (de plus en plus rapidement).

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Il y a 8 heures, Né entre les rapides a dit :

Revirement historique: les trajectoires respectives des soldes budgétaires récents des deux provinces avaient rendu ce résultat pleinement prévisible (en d'autres mots ce n'est pas une surprise).

Un redressement du solde budgétaire de l'Ontario est possible, mais ça ne se fera pas sans douleur, ni instantanément.  On peut dire à peu près la même chose si l'objectif (différent du "déficit zéro") est un abaissement du rapport dette provinciale/produit intérieur brut provincial, même si les calculs sont différents.   Essentiellement, il faut commencer par "obtenir" une croissance plus rapide des revenus que celle des dépenses.  On voudra agir sur les deux termes de l'équation.  Mais ce n'est pas si simple  --voir la suite ci-dessous.

- Une croissance rapide des revenus est plus facile quand l'économie va bien,  cependant le gouvernement provincial n'est qu'un facteur parmi d'autres dans ce qui détermine la croissance. Malheureusement, les signes de ralentissement de l'économie mondiale sont nombreux,  ce qui n'est pas de bonne augure.  Autrement, le gouvernement peut chercher à accroître ses revenus en alourdissant le fardeau fiscal, mais cela aurait un effet négatif sur la croissance.  La bonne "recette" n'est pas chose facile à trouver.  Des mesures efficaces peuvent prendre des années avant de faire sentir leur effet.

- Du côté des dépenses,  on fait face à des défis importants.  Certaines dépenses s'accroissent naturellement  en fonction de la croissance de la population et de son vieillissement; ralentir la croissance de ces dépenses est difficile (le Québec a réussi en son temps).  Puisque la plus grande partie des dépenses des gouvernements provinciaux porte sur la masse salariale, on peut essayer de la réduire (ou au moins de ralentir suffisamment sa croissance) par une réduction des effectifs et/ou d'une réduction (ou au moins d'un gel) de la rémunération.  Je remarquerai qu'en général le niveau de rémunération des employés des services publics et para-publics en Ontario est substantiellement plus élevé qu'au Québec (et même sensiblement plus élevé que dans la fonction publique fédérale);  ce grand écart s'est développé à une époque où l'économie ontarienne était beaucopup plus florissante que la moyenne canadienne, ce qui n'est plus le cas. Mais reculer est toujours plus difficile que d'avancer; la résistance est plus grande.

Quand le Québec sous la gouverne du PLQ de Philippe Couillard a fait des efforts importants pour éliminer son déficit budgétaire au point d'enregistrer des surplus (!), il a eu la chance de traverser une période de croissance économique généralisée de ses partenaires commerciaux; on pourrait même ajouter que son spectaculaire redressement budgétaire a attisé la croissance grâce à la confiance qu'il a inspirée.  Appellons cela un "cercle vertueux".  L'Ontario aurait pu profiter des mêmes circonstances favorables pour assainir ses finances;  aujourd'hui et demain, ce ne sera pas aussi facile.

Ceci dit, il n'est pas assuré que l'avenir du Québec sera toujours aussi rose (ou que le ciel sera  aussi "bleu").  Le surplus budgétaire "structurel" du Gouvernement du Québec repose en partie sur un important apport net provenant du programme fédéral de péréquation; or il va de soi que si la capacité fiscale québécoise rejoint la moyenne canadienne, cet apport disparaîtra --en principe, à ce moment, le Québec aura les moyens de pourvoir à ses besoins sans aide extérieure, ce qui voudrait aussi dire que l'équilibre budgétaire pourrait être maintenu, pourvu que la discipline budgétaire se poursuive et que l'environnement économique demeure raisonablement favorable.   La prospérité n'est jamais un acquis permanent  --il faut constamment s'adapter aux circonstances qui (elles), changent (de plus en plus rapidement).

Crois-tu que le Québec sera durement touché par ce ralentissement économique? Ou bien on a réussi à se mettre un bon filet en place?

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Il y a 1 heure, Faitlemou a dit :

Crois-tu que le Québec sera durement touché par ce ralentissement économique? Ou bien on a réussi à se mettre un bon filet en place?

Je ne suis pas devin.  Mais on peut raisonablement penser que

- d'une part, l'économie du Québec étant très ouverte, il est inévitable qu'on ressente les contrecoups d'un ralentissement économique mondial;

- d'autre part, l'état des finances publiques québécoises est assez solide pour subir un choc ((d'intensité faible à moyenne) sans retomber en déficit.

Naturellement, si l'économie mondiale se détériorait plus gravement, ça pourrait ne pas tenir longtemps.  Toutefois, dans cette hypothèse, nous ne serions pas les seuls; être parmi les moins touchés continuerait d'être un avantage (relatif).

Si on voulait une discussion plus large sur la question de l'endettement, il faudrait l'étendre au-delà du secteur public (gouvernements), pour inclure le secteur des ménages et celui des entreprises.  Quand on fait des comparaisons à l'échelle du monde, il est important d'inclure les trois; il existe des différences importantes dans les parts relatives de ces trois secteurs selon les pays.  Des analyses/tests de fragilité doivent tenir compte des trois.  En Chine par exemple, c'est le secteur des entreprises qui est le plus problématique.  Au Canada y compris le Québec c'est le secteur des ménages.  

Et si on s'en tient à la dette publique, il ne faut pas oublier que le Québec fait partie du Canada, et que l'évolution de la dette fédérale pèse sur la dette publique totale qui nous est imputée.    

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il y a une heure, Né entre les rapides a dit :

Je ne suis pas devin.  Mais on peut raisonablement penser que

- d'une part, l'économie du Québec étant très ouverte, il est inévitable qu'on ressente les contrecoups d'un ralentissement économique mondial;

- d'autre part, l'état des finances publiques québécoises est assez solide pour subir un choc ((d'intensité faible à moyenne) sans retomber en déficit.

Naturellement, si l'économie mondiale se détériorait plus gravement, ça pourrait ne pas tenir longtemps.  Toutefois, dans cette hypothèse, nous ne serions pas les seuls; être parmi les moins touchés continuerait d'être un avantage (relatif).

Si on voulait une discussion plus large sur la question de l'endettement, il faudrait l'étendre au-delà du secteur public (gouvernements), pour inclure le secteur des ménages et celui des entreprises.  Quand on fait des comparaisons à l'échelle du monde, il est important d'inclure les trois; il existe des différences importantes dans les parts relatives de ces trois secteurs selon les pays.  Des analyses/tests de fragilité doivent tenir compte des trois.  En Chine par exemple, c'est le secteur des entreprises qui est le plus problématique.  Au Canada y compris le Québec c'est le secteur des ménages.  

Et si on s'en tient à la dette publique, il ne faut pas oublier que le Québec fait partie du Canada, et que l'évolution de la dette fédérale pèse sur la dette publique totale qui nous est imputée.    

N'oublions pas non plus que le gouvernement, avec sa gestion des finances publiques, se prépare au ralentissement qui arrivera tôt ou tard. La réserve de stabilisation est assez remplie, on a plusieurs grands projets d'infrastructures dans les cartons (pensons prolongement du REM, parachèvement d'autoroute, etc. ), et le vieillissement de la population peut devenir un atout pour un marché du travail qui se resserre. 

Le gros danger pour le Québec advenant un ralentissement mondial c'est sur les régimes de retraites et les retraités. 

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Il y a 4 heures, Faitlemou a dit :

Crois-tu que le Québec sera durement touché par ce ralentissement économique? Ou bien on a réussi à se mettre un bon filet en place?

Montréal et de manière générale le Québec avaient « bien » résisté à la crise de 2008 grâce à une économie très diversifiée, peut-être plus que celle de l'Ontario. Ça l'aidera surement dans le cadre d'un prochain ralentissement... 

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