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La bombe atomique de Pierre Fortin | Francis Vailles | Francis Vailles

 

Publié le 22 octobre 2016 à 05h00 | Mis à jour le 22 octobre 2016 à 05h00

 

 

 

La bombe atomique de Pierre Fortin

 

 

À 16 ans, gagner 10,75 $ de l'heure est tout à fait honorable, dit Francis Vailles.

 

Impossible de s'opposer à la hausse du salaire minimum à 15 $ sans passer pour un sans-coeur. Qui peut être contre l'amélioration du sort des pauvres ?

 

Pierre Fortin, économiste

 

 

Hausser le salaire minimum n'est toutefois pas sans conséquence économique. Et en bout de piste, il est bien possible que ces conséquences nuisent à ceux-là même que le mouvement pro 15 $ veut aider...

 

Nécessairement, une telle hausse entraînera une majoration de l'échelle salariale de bien des organisations, notamment les commerces et les restaurants. Or, il est illusoire de penser que c'est le propriétaire qui absorbera toute la facture, d'autant plus que plusieurs entreprises sont fragiles (le quart des commerces ne sont pas rentables, selon Industrie Canada).

 

Pour compenser, il faudra hausser les prix. Et si la concurrence est trop forte, il faudra réduire le personnel ou fermer boutique.

 

 

Lundi, l'économiste Pierre Fortin a lancé un véritable pavé dans la mare à ce sujet. Dans une entrevue à Radio-Canada, il a déclaré qu'une telle hausse, surtout si elle est rapide, serait une « bombe atomique » pour notre économie. Un salaire minimum trop élevé pourrait augmenter le décrochage scolaire et décourager l'embauche dans les PME. Il parle de 100 000 pertes d'emplois si la hausse est rapide.

 

Surtout, il affirme que les villes citées en exemple par le mouvement syndical pour leur hausse progressive à 15 $ ont un environnement salarial bien différent d'ici. Entre autres, les salaires moyens y sont passablement plus élevés.

 

En conséquence, même avec une augmentation à 15 $, leur propre salaire minimum demeurerait moindre que celui du Québec, toute proportion gardée.

 

Au Québec, le salaire minimum équivaut à environ 47 % du salaire moyen actuellement, comparativement à 36 % à New York et à San Francisco.

 

DES COMPARAISONS BOITEUSES

 

Par ailleurs, ai-je constaté, les militants syndicaux aiment bien comparer notre salaire minimum d'aujourd'hui à celui de la fin des années 70, alors à 53 % du salaire moyen. Ils oublient de dire qu'à l'époque, ce fort salaire minimum expliquait en partie le chômage très élevé des jeunes.

 

En 1978, le taux de chômage s'élevait à 17,7 % chez les 15-24 ans, soit 9,3 points de plus que le reste de la population. Aujourd'hui, ce taux est de 12,7 %, soit 5,9 points de plus que les autres. L'écart entre les jeunes et les moins jeunes a donc baissé de 3,4 points. La hauteur du salaire minimum n'explique pas tout, mais elle est un facteur important dans cette amélioration.

 

Autre point de comparaison boiteux des tenants de la hausse : l'international. Un document de la FTQ prend exemple d'une série de pays dont le salaire minimum dépasse celui du Québec, lorsque ramené en proportion du salaire médian.

 

Le hic, c'est que dans six des sept pays cités en exemple, le taux de chômage des jeunes de 15 à 24 ans est nettement plus imposant qu'au Québec. De plus, l'écart entre le taux de chômage des jeunes et le reste de la population est aussi plus grand, sauf dans un cas, Israël.

 

Par exemple, la France a un salaire minimum plus élevé qu'ici, toute proportion gardée, mais le taux de chômage des jeunes y est deux fois plus grand. La Nouvelle-Zélande, l'Australie, la Turquie et le Chili offrent tous de meilleurs salaires minimums, note la FTQ, mais dans tous ces pays, les jeunes chôment bien davantage qu'ici ou que le reste de leur population.

 

Au Québec, près de 60 % des 210 000 personnes qui touchent le salaire minimum ont moins de 25 ans, selon des données de l'Institut de la statistique du Québec (ISQ). Dans ce groupe de jeunes, moins d'un sur quatre reçoit le salaire minimum. Parmi le reste de la population (25 ans et plus), la proportion qui reçoit le salaire minimum est de 3 %.

 

Le salaire minimum frappe donc avant tout les jeunes, mais leur situation s'améliore avec le temps. Au début de la vingtaine, leur salaire augmente significativement année après année, démontre une étude de l'ISQ publiée en avril dernier.

 

Autre constatation de l'ISQ : la proportion d'employés à bas salaire n'a PAS augmenté au Québec depuis la fin des années 90, elle a plutôt diminué. En 1997, 24,4 % des travailleurs québécois touchaient moins de deux tiers du salaire médian. Cette proportion est de 20,7 % aujourd'hui.

 

Pour ma part, je crois que les jeunes qui commencent sur le marché du travail sont correctement payés lorsqu'ils gagnent le salaire minimum. À 16 ans, gagner 10,75 $ de l'heure est tout à fait honorable.

 

Ce qui est plus difficile à comprendre, cependant, c'est l'entêtement de certains employeurs à ne pas hausser le salaire de leurs employés compétents. Ce genre de décisions entraîne un roulement de personnel coûteux pour l'entreprise et nuit au service à la clientèle. Le géant Costco a bien compris cette leçon et majoré ses salaires, avec des résultats enviables.

 

S'il y a une bataille à mener, c'est plutôt contre la stagnation des salaires de certaines catégories d'employés d'expérience qui font leur travail honnêtement. Parlez-en aux chauffeurs d'autobus scolaires, aux cuisiniers ou aux préposés aux bénéficiaires de résidences de personnes âgées privées...

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  • 3 semaines plus tard...

Publié le 10 novembre 2016 à 11h33 | Mis à jour à 11h33

 

 

Le salaire minimum à 15 $ nuirait plus à ceux qu'on veut aider, conclut le Conseil du patronat

 

 

Lia Lévesque

La Presse Canadienne

 

 

 

Le Conseil du patronat du Québec jette un pavé dans la mare avec une autre étude sur le salaire minimum à 15 $, qui conclut qu'une telle hausse reviendrait à faire porter le poids d'une politique sociale aux secteurs du commerce de détail, de l'hôtellerie et de la restauration.

 

 

Le CPQ a finalement dévoilé, jeudi à Montréal, l'étude qu'il avait commandée sur les effets d'une hausse du salaire minimum à 15 $, en compagnie de représentants patronaux des industries concernées.

 

Selon le scénario souvent envisagé par les promoteurs de cette idée, à savoir une hausse graduelle, de 10,75 $ l'heure actuellement, à 15 $ en 2022, cela se traduirait par une perte de 6000 emplois, dont 5400 dans le commerce de détail, précise l'étude de la firme Daméco.

 

Mais le président-directeur général du CPQ, Yves-Thomas Dorval, s'empresse d'ajouter qu'il ne faut pas s'attarder seulement au nombre d'emplois qui risqueraient d'être perdus, mais aussi à la perte de pouvoir d'achat qui s'ensuivrait à moyen terme, à cause de la hausse des prix, sans compter la baisse des bénéfices des entreprises et la baisse des exportations.

 

 

Il en conclut qu'en bout de course, les travailleurs que l'on voudrait aider en haussant le salaire minimum se retrouveraient à être ceux à qui on nuirait le plus, puisqu'ils seraient davantage affectés par une hausse des prix.

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