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Environnement et développement durable


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Pourquoi Énergir accepte de perdre de l’argent

PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE

« Énergir consent à ce que la moitié de ses clients québécois réduise massivement sa consommation de gaz naturel au profit de l’énergie plus verte d’Hydro-Québec », écrit notre chroniqueur.

Francis Vailles La Presse

La décision est vraiment extraordinaire. Comme disent les Anglais, on a « pensé en dehors de la boîte ».

Publié le 16 juillet 2021 à 19h30

https://www.lapresse.ca/affaires/chroniques/2021-07-16/pourquoi-energir-accepte-de-perdre-de-l-argent.php

Non seulement l’entente fera économiser 1,5 milliard de dollars aux Québécois, mais elle permettra aussi de réduire les gaz à effet de serre (GES) de 540 000 tonnes par année d’ici 2030, l’équivalent de l’émission de 150 000 voitures.

En plus, elle exige que le distributeur de gaz naturel Énergir accepte une baisse significative de son volume d’affaires, ce qui est contre nature. Wow !

De quoi s’agit-il ? D’une entente tripartite entre le gouvernement, Hydro-Québec et Énergir (l’ex-Gaz Métro) pour proposer de la biénergie aux Québécois. La nouvelle a été annoncée le 14 juillet.

Sa particularité ? Énergir consent à ce que la moitié de ses clients québécois réduise massivement sa consommation de gaz naturel au profit de l’énergie plus verte d’Hydro-Québec. Plus précisément, l’entente prévoit que 100 000 clients résidentiels, commerciaux et institutionnels d’Énergir réduiront leur volume de consommation de gaz de 70 % d’ici 2030.

Comment est-ce possible ?

D’abord, il faut savoir que le gouvernement du Québec subventionnera les clients d’Énergir pour qu’ils convertissent leurs installations en unités biénergie, qui fonctionnent au gaz naturel et à l’électricité. Québec déboursera jusqu’à 125 millions de dollars pour financer possiblement entre 75 % et 100 % de la conversion.

L’investissement est intéressant pour le gouvernement, dans la mesure où il fera réduire les GES de 540 000 tonnes au coût moyen de seulement 26 $ la tonne, soit l’équivalent du prix du carbone sur le marché.

En comparaison, les subventions aux autos électriques reviennent à entre 200 $ et 400 $ la tonne de GES économisée. Autre comparaison : le REM de l’Est contribuera à faire réduire les GES de 35 000 tonnes par année, soit 15 fois moins que l’initiative Hydro-Québec–Énergir–Québec.

Ensuite, il faut comprendre la dynamique des coûts d’Hydro-Québec. Pour la société d’État, servir un client coûte très peu cher durant le printemps et l’été, quand ses barrages sont remplis et que la demande est faible. En revanche, la période de pointe hivernale (de 100 à 400 heures par année) coûte extrêmement cher.

En vertu de l’entente, essentiellement, Hydro-Québec fournira aux clients de l’énergie durant les mois où elle a des surplus (70 % du total), tandis qu’Énergir prendra la relève durant les pointes d’hiver (30 % du total). Ce faisant, Hydro fera de grandes économies à la pointe, qu’elle partagera avec Énergir.

Par rapport à une conversion à l’électricité à 100 %, l’entente procurera une économie nette de 1,5 milliard de dollars pour l’ensemble des parties d’ici 2030. Quand même !

Cela dit, malgré la compensation d’Hydro, la transaction aura pour effet de faire diminuer les profits d’Énergir. Pas énormément, puisque l’autre moitié des clients québécois d’Énergir qui n’est pas visée par l’entente – essentiellement les industriels – apporte le plus gros du volume d’affaires de l’organisation. Mais tout de même, il y aura une baisse.

Pourquoi accepter de perdre de l’argent ? D’une part, Énergir pourra refiler la perte – l’excédent de coûts – à l’ensemble de sa clientèle avec une hausse de tarifs, tel que le lui permettent les règles de la Régie de l’énergie. La hausse sera modeste, soit l’équivalent de l’inflation, et sera faite dans le contexte où le gaz naturel est bien meilleur marché que les autres sources d’énergie.

D’autre part, Énergir fait le calcul qu’elle aurait éventuellement perdu une bonne part des clients visés, compte tenu des ambitions canadiennes et mondiales de réductions de GES. Et que cette perte, à long terme, aurait été plus dommageable pour elle.

« On veut faire partie de la solution pour décarboner l’économie. Ne rien faire aurait été pire », explique la porte-parole d’Énergir, Catherine Houde.

Selon Mme Houde, la transaction a été approuvée par le conseil d’administration d’Énergir, et donc par son actionnaire de contrôle, soit la Caisse de dépôt et placement du Québec.

Même la pétrolière Enbridge – actionnaire indirecte d’Énergir – a appuyé l’entente, précise Mme Houde. « Le conseil est très à l’aise avec la décision, qui fait partie de notre stratégie de diversification de nos sources d’énergie et de verdissement de notre gaz naturel. »

Début juin, la Caisse a annoncé le rachat éventuel de la participation indirecte de la pétrolière Enbridge dans Énergir pour la somme de 1,14 milliard de dollars. La transaction, une fois approuvée dans quelques mois, fera de la Caisse l’actionnaire indirect à 65,7 % d’Énergir. Parmi les autres actionnaires se trouve aussi le Fonds de solidarité FTQ.

Pour Hydro-Québec et Énergir, le partenariat pour la biénergie est unique au monde, fait valoir le communiqué. Une telle transaction aurait-elle été possible, n’eût été la proximité des parties et leur caractère public ou quasi public ?

« Le fait que ce soit deux sociétés à propriété collective ou quasi collective a été une condition gagnante, qui a permis de discuter avec ouverture dès le départ. Ç’aurait été plus compliqué avec deux sociétés cotées en Bourse », dit Marc-Antoine Pouliot, porte-parole d’Hydro-Québec.

Bref, le genre d’entente qui nous fait apprécier le modèle québécois, en quelque sorte. Chapeau !

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Il y a 15 heures, acpnc a dit :

Ensuite, il faut comprendre la dynamique des coûts d’Hydro-Québec. Pour la société d’État, servir un client coûte très peu cher durant le printemps et l’été, quand ses barrages sont remplis et que la demande est faible. En revanche, la période de pointe hivernale (de 100 à 400 heures par année) coûte extrêmement cher.

En vertu de l’entente, essentiellement, Hydro-Québec fournira aux clients de l’énergie durant les mois où elle a des surplus (70 % du total), tandis qu’Énergir prendra la relève durant les pointes d’hiver (30 % du total). Ce faisant, Hydro fera de grandes économies à la pointe, qu’elle partagera avec Énergir.

(ci-dessus un extrait de l'article cité par acpnc)

C'est brillant, même si le principe est connu depuis longtemps.  Il fallait quand même que les acteurs s'entendent.  De fait, ils agissent pratiquement comme s'il agissait d'un acteur unique qui contrôle tous les leviers et optimise en conséquence.  Je pense même que l'entente aurait été profitable si le marché du carbone n'existait pas.

Je note par ailleurs (une chose qu'on savait déjà) que "...durant le printemps et l'été, (...) la demande (d'électricité) est (comparativement) faible"; pas une nouvelle en soi, mais un reflet du fait que malgré les exportations d'électricité vers les USA, là où les pointes de demande sont surtout en été,  la demande totale des clients domestiques et étrangers d'Hydro-Québec n'est pas lisse (égale d'une saison à l'autre).  Or la capacité de production doit suffire à satisfaire la demande de pointe, sans quoi il faut soit 1) développer une capacité qui n'est pas pleinement utilisée la moitié du temps, ou bien 2) recourir à des importations coûteuses pour combler le manque.  Tout ce qui contribue à  lisser la demande d'électricité produite par H-Q est excellent.    

 

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Il y a 8 heures, Né entre les rapides a dit :

Tout ce qui contribue à  lisser la demande d'électricité produite par H-Q est excellent.   

C'est là où les énergies renouvelables viennent prendre le relais selon les capacités de chacune et les conditions météo. Une filière que l'on doit continuer à développer et qui devient non seulement complémentaire, mais stratégique aux grandes réserves hydrauliques de nos barrages. À noter qu'avec les nouvelles technologies et les nouveaux matériaux, les prix de production d'un kilowatt-heure dans ce domaine baissent et ce qui ne gâche rien, on produit de plus en plus de composantes sur place qui nourrissent l'industrie et dont l'important excédent va à l'exportation. 

À tout cela s'ajoute la filière batterie, un autre secteur émergent ultra prometteur, dont on développe l'expertise et dont notre territoire fournira généreusement les matières premières. Donc ce secteur de pointe à le vent en poupe et nous conduit non seulement à l'auto-suffisance, mais contribuera encore davantage avec le temps à l'enrichissement collectif. 

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Planète bleue, idées vertes

Le combat des plantes

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

En plantant des végétaux qui vont empêcher l’herbe à poux de repousser, en prenant racine avant elle, en accaparant la lumière, on donne ainsi un coup de pouce à la nature pour favoriser des plantes mieux acceptées.

Pourquoi s’éreinter année après année à arracher l’herbe à poux, ou à utiliser des herbicides, quand on peut laisser des plantes nous en débarrasser ?

Publié le 19 juillet 2021 à 6h00

https://www.lapresse.ca/actualites/environnement/2021-07-19/planete-bleue-idees-vertes/le-combat-des-plantes.php

Jean-Thomas Léveillé La Presse

De grandes monardes mauves, des bouquets d’échinacées et de rudbeckies, ou encore quelques plants d’asclépiades parsèment les fosses de plantation qui bordent la 5e Avenue, dans Rosemont–La Petite-Patrie, à Montréal.

Pourtant, il y a deux ans à peine, c’est l’herbe à poux qui dominait le paysage, ici.

Plutôt que de simplement l’arracher, ce qu’il faut invariablement recommencer année après année, l’arrondissement a opté pour l’implantation d’un « couvert végétal compétitif » afin de combattre la plante qui fait éternuer 1 Québécois sur 10.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Mélissa Larochelle, agente de recherche en développement durable à l’arrondissement de Rosemont–La Petite-Patrie

« Si tu fais juste arracher, les graines sont encore dans le sol [et la plante va repousser], ça ne sert à rien », explique Mélissa Larochelle, agente de recherche en développement durable à l’arrondissement de Rosemont–La Petite-Patrie.

Car même si elle est une plante annuelle, l’herbe à poux renaît chaque année grâce aux quelque 3000 graines que chaque plant peut produire… et qui peuvent survivre dans le sol pendant 40 ans.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

L’herbe à poux est la plus importante cause d’allergies saisonnières dans le nord-est de l’Amérique du Nord.

De sa floraison vers la mi-juillet jusqu’au gel automnal, un seul plant produit des millions de grains de pollen, ce qui fait de cette plante la plus importante cause d’allergies saisonnières dans le nord-est de l’Amérique du Nord.

En plantant des végétaux qui vont empêcher l’herbe à poux de repousser, en prenant racine avant elle, en accaparant la lumière, on donne ainsi « un coup de pouce à la nature », dit Mélissa Larochelle.

« Le but, c’est de l’empêcher d’avoir la luminosité qu’il faut pour germer », résume Camille Lamontagne-Bluteau, coordonnatrice en verdissement à la Coopérative Miel Montréal, qui participe au projet de l’arrondissement.

100 km de rues

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Nature-Action Québec a aidé à cartographier les secteurs à prioriser, à partir des signalements d’herbe à poux faits par la population.

Rosemont–La Petite-Patrie est intervenu sur 75 km de rues en deux ans avec la méthode du couvert végétal compétitif, un projet pour lequel l’arrondissement a obtenu une subvention du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS).

Quelque 3000 végétaux sont ainsi montés au front contre l’herbe à poux.

L’organisation Nature-Action Québec a poussé à la roue pour cartographier les secteurs à prioriser, à partir des signalements d’herbe à poux faits par la population, et Miel Montréal a conseillé l’arrondissement pour le choix des plantes.

Tant qu’à planter, créons donc de l’habitat pour les pollinisateurs !

Mélissa Larochelle, arrondissement de Rosemont–La Petite-Patrie

D’ailleurs, une partie des interventions ont été réalisées par Miel Montréal, tandis que d’autres l’ont été par des citoyens et citoyennes.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Ce projet de lutte contre l’herbe à poux a été couronné d’un prix du Conseil régional de l’environnement de Montréal, au printemps dernier.

L’arrondissement prévoit intervenir sur 25 km de rues supplémentaires l’an prochain en remettant une cinquantaine de trousses de 60 plants à des citoyens pour poursuivre cette bataille contre l’herbe à poux, qui a d’ailleurs été couronnée d’un prix du Conseil régional de l’environnement de Montréal, au printemps dernier.

L’idée est d’aider les plantes vivaces, que la fragmentation des espaces verts empêche de se multiplier, à occuper les espaces de prédilection de l’herbe à poux que sont les zones sans couvert végétal, fortement piétinées, ou encore les grandes friches sans entretien, expliquent Mélissa Larochelle et Camille Lamontagne-Bluteau.

Nombreux avantages

Les plantes choisies pour faire partie de cette escouade végétale sont toutes indigènes – c’est-à-dire qu’on les retrouve naturellement ici – et, comme l’herbe à poux avec qui elles rivalisent, résistent aux conditions difficiles.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Camille Lamontagne-Bluteau, coordonnatrice en verdissement à la Coopérative Miel Montréal

« Elles sont adaptées à des climats un peu plus secs, plus arides, des sols pauvres, elles sont aussi résistantes à toutes les perturbations », explique Camille Lamontagne-Bluteau.

Elle note que leur implantation a d’ailleurs pour effet d’améliorer la qualité des sols, ce qui contribue à augmenter leur capacité d’absorption de l’eau.

Ces plantes indigènes sont aussi particulièrement prisées des pollinisateurs sauvages du Québec, qui ont une meilleure capacité de pollinisation que les abeilles d’élevage et sont « indispensables à certains de nos végétaux », ajoute-t-elle.

On trouve par exemple au Québec 350 espèces différentes d’abeilles sauvages, dont 175 sont répertoriées dans l’île de Montréal, sans même compter les papillons, coléoptères et autres pollinisateurs, illustre Camille Lamontagne-Bluteau.

La stratégie du couvert végétal compétitif s’est avérée très efficace, autant dans les fosses entretenues par Miel Montréal que dans celles prises en charge par les citoyens, affirment l’organisme et l’arrondissement.

« Avec un faible entretien et un amendement vraiment de base, juste du compost, les végétaux réussissent à bien s’implanter et à bien survivre à l’hiver », constate Camille Lamontagne-Bluteau.

Cette simplicité est un avantage considérable, explique Mélissa Larochelle, puisque l’arrondissement souhaite que le projet soit « totalement transférable aux citoyens éventuellement ».

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Ferme piscicole des Bobines

Le plus important site d’élevage de truites au Canada

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Normand et Clément Roy, de la Ferme piscicole des Bobines

Jean-Philippe Décarie La Presse

Le Québec recense quelque 28 000 fermes de tailles et de productions diverses. Si on assiste à l’émergence de nombreuses petites exploitations agricoles bios ou de proximité, la réalité économique est que ce sont moins de 30 % des fermes québécoises qui produisent près de 80 % des denrées que l’on retrouve en épicerie. On vous propose de découvrir quelques-unes de ces grandes entreprises agricoles intégrées et diversifiées du Québec.

Publié le 20 juillet 2021 à 6h30

https://www.lapresse.ca/affaires/chroniques/2021-07-20/ferme-piscicole-des-bobines/le-plus-important-site-d-elevage-de-truites-au-canada.php

(East Hereford) Normand Roy a commencé bien modestement l’élevage des truites mouchetées dans le sous-sol de la maison de la ferme laitière de ses parents à Saint-Malo, dans les Cantons-de-l’Est. Aujourd’hui, 56 ans plus tard, la Ferme piscicole des Bobines, à East Hereford, toujours en Estrie, est le plus important producteur de truites au Québec et deviendra prochainement le plus important site d’élevage de truites en bassins fermés au Canada, alors que la production passera de 210 à 460 tonnes de truites par an.

Après les premières expérimentations des débuts à la ferme de ses parents, Normand Roy et sa conjointe, Doris Brodeur, poursuivent leur passion naissante sur une terre qu’ils achètent à Saint-Malo avant de s’établir en 1980 à Sainte-Edwidge-de-Clifton, à proximité du ruisseau des Bobines, qui servira à nommer l’entreprise.

« On était limités à 18 tonnes par année. On vendait pour l’ensemencement des lacs et on distribuait des truites entières à certains magasins Provigo de la région, mais on voulait produire à plus grande échelle. Après plusieurs recherches, on a trouvé un site alimenté en sources souterraines de grande qualité et à grand débit à East Hereford. C’est là qu’on a entrepris notre expansion », relate Normand Roy.

Quand on arrive dans le village d’East Hereford, tout juste à la frontière américaine, on peut difficilement manquer la Ferme piscicole des Bobines, avec sa dizaine de bâtiments blancs qui forment un tout uniforme dans le vallon où ils sont situés, au sud de la petite localité.

C’est ici qu’arrivent les œufs de truites déjà fécondés qui se transformeront en alevins qui seront à leur tour élevés dans deux pouponnières jusqu’à l’âge de 6 mois.

Ces bébés truites fréquenteront par la suite des bassins de préengraissement jusqu’à ce qu’ils atteignent la taille de sept pouces, avant de migrer dans les bassins d’engraissage où ils poursuivront leur croissance durant deux ans jusqu’à ce qu’ils atteignent un poids de 1 kg. On dénombre quelque 110 bassins sur le site des Bobines.

À 28 mois environ, les truites sont mûres pour passer à l’usine de transformation, où elles seront découpées en filets ou transformées en pâtés. Tout est fait sur place. Une quinzaine d’employés sont nécessaires pour réaliser tout le processus.

Une entreprise en transformation

« On s’est installés ici parce que l’eau de source est de très grande qualité et on a entrepris de faire l’élevage en bassins 12 mois par année. On a construit une usine de biofiltration et une usine d’épuration, ce qui nous permet d’éliminer plus de 90 % du phosphore des déjections des truites, bien au-delà des normes du ministère de l’Environnement », précise Normand Roy.

Depuis 1989, le site d’East Hereford a connu des transformations successives qui culmineront bientôt avec l’ajout d’une vingtaine de bassins d’engraissement et le démarrage d’un nouveau système de production qui permettra de doubler la production annuelle.

Ce projet est copiloté par Clément Roy, le fils de Normand qui s’est joint à l’entreprise familiale comme actionnaire minoritaire en 2005, puis est devenu actionnaire majoritaire en 2011. Et bientôt, il sera actionnaire unique, à la suite d’un processus rigoureux de transfert qui a été convenu à l’époque.

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« J’ai fait mes études et j’ai même pratiqué le droit agricole et le droit en environnement durant un an avant de revenir à l’entreprise. J’y travaille depuis que je suis tout jeune et avec ma conjointe, Véronique Fontaine, on est ici à temps plein depuis 2005. On souhaite poursuivre son développement », m’explique Clément Roy.

Le repreneur est particulièrement fier du projet d’expansion qui est en voie d’être finalisé. Pour doubler la production de 210 à 460 tonnes de truites par an, la Ferme piscicole des Bobines a dû implanter un nouveau système qui maintiendra la température de l’eau à 12 degrés.

« Avec de l’eau à température plus élevée, même l’hiver, on réduit de 28 à 18 mois le temps qu’il faut pour rendre une truite mature à 1 kg. On a construit un nouveau bâtiment avec un système de chauffage par géothermie et panneaux solaires. On a réduit de 60 % nos coûts énergétiques », souligne Clément Roy.

Une production écoresponsable

Des coûts de chauffage réduits et une utilisation de l’eau augmentée considérablement grâce à l’ajout d’une usine de filtration à l’entrée du processus qui permet d’utiliser 95 % de la même eau, comme dans un aquarium géant, image le producteur.

« Cette technique nous permet d’élever nos truites sans hormones de croissance ni antibiotiques, grâce à notre eau de source de très grande qualité. »

Les déjections des truites, essentiellement composées de phosphore, sont récupérées et valorisées en servant à engraisser les champs de grandes cultures de la région.

Cela fait des années qu’on n’arrive pas à répondre à la demande, qui est toujours en croissance. Un kilo de truite donne deux filets de 500 grammes. On vend 70 % de notre production en filets de truite congelés, 10 % en filets fumés, 10 % en produits transformés et 10 % en truites d’ensemencement pour les lacs de la pourvoirie Réal Massé.

Clément Roy

L’ancienne aquaculture que Normand Roy avait démarrée avec sa conjointe à Sainte-Edwidge-de-Clifton a par ailleurs été rachetée par sa fille Johanne et son conjoint, qui poursuivent la production pour l’ensemencement des lacs.

« On prévoit atteindre une production de 330 tonnes en 2023 et de 460 tonnes en 2025, ce qui fera de la Ferme piscicole des Bobines le plus important site d’élevage de salmonidés en bassins fermés au Canada », confirme l’éleveur.

À 70 ans, Normand Roy est très heureux de transmettre le flambeau à son fils. Il estime qu’il était temps. Va-t-il pour autant commencer à passer ses hivers en Floride ?

« Ce n’est pas son genre. Il va être encore très présent ici, soyez sûr de ça », répond sur un ton convaincu son fils Clément.

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Énergie Saguenay

Un projet déphasé en mal d’acceptabilité

PHOTO ROCKET LAVOIE, ARCHIVES LE QUOTIDIEN

Les audiences du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement sur le projet Énergie Saguenay, à Chicoutimi, l’automne dernier

Jean-Philippe Décarie La Presse

Personne n’a été particulièrement surpris d’apprendre que le gouvernement du Québec décidait finalement de rejeter le projet Énergie Saguenay, piloté par GNL Québec. Malgré l’enrobage très attrayant sous lequel il a été présenté par ses promoteurs qui le décrivaient comme le plus gros investissement industriel privé de l’histoire du Québec, ce n’est pas d’hier que ce projet a de l’eau dans le gaz et qu’il peine, en cette période de prise de conscience environnementale globale, à générer un degré d’acceptabilité sociale minimal.

Publié le 22 juillet 2021 à 6h30

https://www.lapresse.ca/affaires/chroniques/2021-07-22/energie-saguenay/un-projet-dephase-en-mal-d-acceptabilite.php

Au départ, les chiffres étaient spectaculaires. Le projet de construire une usine de liquéfaction de gaz naturel et un terminal maritime au Saguenay allait nécessiter des investissements de 9 milliards, auxquels il faudrait ajouter 5 autres milliards pour la construction d’un gazoduc entre le nord de l’Ontario et le Saguenay pour y acheminer le gaz naturel de l’Ouest canadien.

Cette injection de capitaux industriels privés dans l’économie du Saguenay–Lac-Saint-Jean et d’une partie de l’Abitibi-Témiscamingue (pour la construction du tracé de 750 km du gazoduc) aurait eu un important effet de levier pour l’activité économique de ces régions. Ce qui est indéniable.

Cette somme de 14 milliards représentait le plus important investissement industriel privé de l’histoire du Québec et elle allait permettre la création de 6000 emplois permanents et temporaires durant la période de construction des infrastructures.

Une fois en activité, l’usine de liquéfaction de gaz naturel de GNL Québec et les activités de transbordement au terminal maritime de Saguenay allaient pour leur part entraîner la création de quelque 1100 emplois permanents, ce qui est considérable dans une région où l’activité industrielle – aluminerie et foresterie – est restée depuis des années stable, sinon décroissante.

La promesse de cette nouvelle et forte activité économique a été accueillie favorablement au Saguenay par des citoyens qui y ont vu enfin une occasion inespérée de diversification et de croissance pour l’avenir.

Pourtant, plusieurs économistes ont souligné au contraire que le projet GNL Québec allait aggraver la pénurie de main-d’œuvre au Saguenay–Lac-Saint-Jean.

Plus de 800 employés de Résolu doivent bientôt partir à la retraite et la moitié des corps de métier de la construction dans la région sont victimes d’un manque criant de travailleurs.

Mais au-delà de ces considérations strictement économiques, le projet GNL Québec souffre depuis son dévoilement de la nature même de son utilité, de sa finalité.

À l’heure où les préoccupations environnementales n’ont jamais été aussi exacerbées par les effets des changements climatiques et que même les grands investisseurs cherchent à réduire au maximum leur empreinte carbone, l’idée de produire davantage de CO2 est devenue antinomique à une croissance productive.

L’eau dans le gaz

Dès le départ, le projet de GNL Québec a suscité la controverse en proposant d’ériger une infrastructure industrielle gigantesque dans le Saguenay et de générer une activité maritime peu compatible avec l’écosystème environnant. La menace aux bélugas était lancée dès le premier jour du dévoilement du projet.

Les véritables retombées économiques étaient davantage en amont, dans l’Ouest canadien, où on aurait pu pomper davantage de gaz naturel à des fins d’exportation. Encore là, la logique n’était pas fluide.

Extraire du gaz naturel en Alberta pour le faire transiter par gazoduc jusqu’au Québec pour qu’il soit transformé en gaz liquide qui serait acheminé par bateau vers l’Asie alors que la route vers la Colombie-Britannique est pas mal plus expéditive et rationnelle…

Les promoteurs de GNL Québec n’ont pas été en mesure de susciter une acceptabilité sociale minimale. Même leurs grands partenaires financiers ont décidé de se désister en cours de route.

Le groupe Berkshire Hathaway, qui devait investir 4 milliards dans le financement du projet, a décidé de ne pas aller de l’avant en février 2020.

La Société Générale, qui agissait à titre de conseiller financier de GNL Québec, s’est retirée du projet parce qu’elle veut réduire ses participations liées aux activités d’extraction pétrolière et gazière. Investissement Québec a aussi annoncé officiellement qu’elle ne souhaitait pas participer au financement de GNL Québec parce que ce projet ne cadre pas avec ses orientations de développement durable.

Le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) a aussi émis beaucoup de réserves sur la pertinence des activités de GNL Québec dans la poursuite d’une plus grande diversification énergétique et sa capacité à générer une acceptabilité sociale conséquente.

Bref, le projet GNL Québec aurait peut-être eu davantage de sens s’il avait vu le jour il y a 20 ou 30 ans alors qu’on cherchait à tout prix à élargir notre base industrielle et à générer de la croissance pour la croissance, sans trop se soucier des impacts environnementaux que pouvaient impliquer de telles décisions. Aujourd’hui, on n’a tout simplement plus les moyens de négliger l’empreinte que creuseront nos choix économiques.

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Planète bleue, idées vertes

La STM s’attaque aux îlots de chaleur

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Le toit vert récemment installé sur le Complexe Crémazie, une usine d’entretien majeur des bus de la STM

Quatre stations de métro et centres de transport de Montréal seront dotés d’un toit vert au cours des prochains mois. Ils s’ajouteront aux 10 autres bâtiments de la Société de transport de Montréal (STM) ayant déjà un toit végétal, qui sert notamment à réduire les îlots de chaleur urbains.

Publié le 26 juillet 2021 à 7h00

https://www.lapresse.ca/actualites/environnement/2021-07-26/planete-bleue-idees-vertes/la-stm-s-attaque-aux-ilots-de-chaleur.php

Alice Girard-Bossé La Presse

Jusqu’à maintenant, les stations de métro Champ-de-Mars, Vendôme, Place-d’Armes, Angrignon et Université-de-Montréal sont munies d’un toit vert, tout comme les centres de transport Legendre, Anjou, St-Laurent, Stinson et le Complexe Crémazie.

Au cours des prochains mois, la station Mont-Royal, le garage Côte-Vertu, le Centre de transport Bellechasse et le centre d’attachement Nord-Ouest, boulevard Décarie, s’ajouteront à la liste. À plus long terme, les cinq stations du prolongement de la ligne bleue seront également dotées d’une toiture verte.

« La STM a un programme environnemental très poussé. Elle a certainement contribué à l’essor des toits verts. Presque tous ses nouveaux projets en ont », affirme Kimberly McCormick, membre de l’équipe de direction chez Toits Vertige, entreprise montréalaise qui a conçu la majorité des toits verts de la STM.

Les toits verts ont la cote depuis quelques années, mais la pandémie a accéléré cet engouement. Ils s’imposent aujourd’hui comme un ajout écologique et design aux infrastructures.

Réduire les îlots de chaleur

« Les bénéfices environnementaux des toits verts sont multiples, notamment avec la diminution de l’impact des îlots de chaleur en milieu urbain, mais ils permettent également une meilleure acceptabilité sociale des projets en étant traités comme une cinquième façade », indique Amélie Régis, conseillère corporative en affaires publiques pour la STM.

En effet, chaque mètre carré de plantes capture 250 g de poussières, ce qui permet une diminution importante du smog en milieu urbain.

La poussière reste prise dans les plantes et descend dans la terre.

Xavier Laplace, fondateur de Toits Vertige

Le toit vert possède un albédo plus élevé que celui d’une toiture traditionnelle, ce qui signifie qu’il réfléchit davantage les rayons du soleil au lieu de les absorber.

Grâce à l’albédo élevé du toit vert, les besoins en climatisation pendant la saison estivale peuvent être réduits d’environ 10 %. La température à l’intérieur du bâtiment peut être abaissée de 3 à 7 °C. La toiture verte permet la réduction des îlots de chaleur en milieu urbain. En hiver, le toit vert permet également une réduction des pertes de chaleur par le toit de 26 %.

Un filtre naturel

Le toit vert agit comme un filtre naturel, en traitant les eaux de pluie. « La végétation absorbe 75 % des eaux de pluie, ce qui réduit le débit et le volume total d’eau envoyé à l’égout », explique Mélodie Desmarais, estimatrice pour Toits Vertige, diplômée en technologie de l’architecture et experte en bâtiments écologiques et construction durable.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Xavier Laplace, fondateur de Toits Vertige, Kimberly McCormick, de l’équipe de direction, et Mélodie Desmarais, estimatrice et experte en bâtiments écologiques et construction durable

La végétation permet aussi une isolation acoustique. Un substrat de 12 cm atténue les bruits à l’intérieur de 40 dB. « Les basses fréquences sont bloquées par le substrat et les hautes fréquences sont bloquées par les végétaux », explique Mme Desmarais.

De nombreux défis et beaucoup d’amour

Avant d’envisager un toit vert, les concepteurs doivent tenir compte de la capacité portante de l’immeuble, du type de membrane d’étanchéité, de l’accessibilité de l’équipement mécanique, du niveau d’entretien et de l’accès à l’eau.

Sans oublier l’accès au chantier de construction sur la toiture qui est souvent limité. « Quand on a fait l’agrandissement du toit du Centre de transport Legendre, qui était sur trois niveaux, certaines sections n’étaient pas accessibles avec la grue, alors il a fallu apporter tout le matériel avec des brouettes », se rappelle Mme Desmarais.

Lorsque l’accessibilité est très restreinte, des solutions simplifiées s’offrent à eux.

Pour le Centre de transport Stinson, on a opté pour un système de cassette, alors le toit vert était déjà dans des bacs que l’on déposait directement sur le toit, ce qui est plus simple, parce qu’on n’a pas à apporter les membranes, la terre et les plantes séparément.

Xavier Laplace, fondateur de Toits Vertige

Le Centre de transport Stinson, un garage d’autobus dans l’arrondissement de Saint-Laurent, est l’établissement qui a le plus grand toit vert de la STM. La toiture est pourvue d’un couvert végétal sur environ 25 % de sa surface, soit 8000 m2. C’est l’équivalent d’un terrain de football et demi. Le reste de la toiture est couvert de matériel réfléchissant.

Les spécialistes rappellent qu’une toiture verte est un produit haut de gamme. « C’est le double du prix, donc ce n’est pas à la portée de tous », précise Mme McCormick. Le prix, joint aux nombreuses contraintes mécaniques, explique pourquoi le toit vert est souvent utilisé pour des bâtiments publics.

Enfin, un toit végétal demande un entretien régulier. « Un toit vert, c’est comme un jardin au sol. Il faut l’entretenir et lui donner autant d’amour », résume Mme McCormick.

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  • 2 semaines plus tard...

Réduction des émissions de gaz à effet de serre

Des crédits forestiers québécois à la Bourse du carbone

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

L’établissement d’un « protocole » encadrant l’émission de crédits compensatoires pour des projets de foresterie sur le sol québécois était ainsi « attendu depuis plusieurs années », à la fois par les grands émetteurs de GES et par le milieu de la foresterie, affirme le ministre de l’Environnement, Benoît Charette.

Les entreprises québécoises actives sur le marché du carbone Québec-Californie auront bientôt un plus grand choix de crédits compensatoires made in Québec, a appris La Presse.

Publié le 4 août 2021 à 5h00

https://www.lapresse.ca/actualites/environnement/2021-08-04/reduction-des-emissions-de-gaz-a-effet-de-serre/des-credits-forestiers-quebecois-a-la-bourse-du-carbone.php

Jean-Thomas Léveillé La Presse

Le gouvernement Legault annoncera ce mercredi un projet de règlement autorisant à participer à la Bourse du carbone des projets de séquestration des gaz à effet de serre (GES) par le boisement ou le reboisement en terres privées.

Cette décision mettra un terme au monopole de la Californie sur ce type de crédits compensatoires et augmentera considérablement l’offre de crédits québécois, très limitée, près de neuf ans après que le marché du carbone québécois eut été mis sur pied.

« Bien souvent, faute d’autre option, les compagnies québécoises vont acheter leurs crédits du côté californien, ce qui entraîne une sorte de fuite de capitaux », a dit dans un entretien avec La Presse le ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, Benoit Charette.

Seulement 9 % des crédits compensatoires achetés sur le marché du carbone avant 2017 étaient émis par des projets de séquestration québécois, pour la destruction des halocarbures, des gaz réfrigérants, ou encore la captation du méthane provenant des sites d’enfouissement, des fosses à lisier et des mines de charbon, précise-t-il.

L’établissement d’un « protocole » encadrant l’émission de crédits compensatoires pour des projets de foresterie sur le sol québécois était ainsi « attendu depuis plusieurs années », à la fois par les grands émetteurs de GES et par le milieu de la foresterie, affirme le ministre.

Impliquer le milieu agricole

Le protocole québécois mettra notamment à contribution le milieu agricole, en permettant l’émission de crédits compensatoires pour la plantation d’arbres sur les bandes riveraines, grâce au « principe d’agrégation » des zones de boisement et de reboisement.

« Ça va devenir intéressant même pour de plus petites superficies », affirme le ministre.

Québec ne se limitera pas non plus à l’approche « plus traditionnelle » de calculer la quantité de carbone séquestrée sur un cycle de 100 ans, ce qui empêche d’autres usages sur le territoire concerné.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Benoît Charette, ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques

Les crédits vont être émis sur la valeur réelle de captation du carbone, en fonction de la superficie, de la densité, de la maturité des arbres.

Benoit Charette, ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques

Cette approche évite la création d’une « dette environnementale » lorsqu’un projet de séquestration ne produit finalement pas le résultat escompté, indique le ministre.

Miser sur les « cobénéfices »

La séquestration du carbone par la foresterie a l’inconvénient de prendre beaucoup de temps pour être efficace ; en revanche, elle a l’avantage d’apporter des « cobénéfices », explique le professeur Jérôme Dupras, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en économie écologique à l’Université du Québec en Outaouais.

« On est capables de restaurer des habitats pour la biodiversité, de restaurer des sols, de diminuer le lessivage de sédiments », illustre-t-il.

L’inclusion des bandes riveraines dans le projet de règlement québécois est donc « une bonne nouvelle », estime-t-il, d’autant plus qu’elle concerne le sud du Québec.

« On a tendance à pelleter nos projets environnementaux dans le Nord ; on l’a vu avec les aires protégées », dit-il.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

Jérôme Dupras, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en économie écologique à l’Université du Québec en Outaouais

Le professeur Dupras attendait justement ce règlement pour lancer un projet de séquestration du carbone dans les « coulées agricoles » de la vallée du Saint-Laurent, des espaces laissés en friche où l’agriculture n’est pas possible en raison de la morphologie des terrains.

Il estime le potentiel à 50 000 hectares.

« L’idée, c’est vraiment de revaloriser ces espaces abandonnés », explique-t-il, soulignant que l’absence d’un protocole québécois dirigeait les investissements à l’étranger.

On finançait des projets dont on a bien besoin ici.

Jérôme Dupras, professeur à l’Université du Québec en Outaouais

Retombées économiques

Les crédits compensatoires liés à des projets de séquestration en foresterie revêtent un potentiel « drôlement intéressant », affirme le ministre Benoit Charette, évaluant que 40 000 crédits pourraient être émis annuellement.

Lors de la plus récente vente aux enchères sur le marché du carbone, en mai dernier, les crédits – qui compensent l’émission d’une tonne de GES – pour l’année en cours se sont écoulés à 22,66 $ chacun.

L’augmentation de l’offre de crédits québécois n’augmentera pas les revenus qui sont versés dans le Fonds d’électrification et de changements climatiques (anciennement appelé Fonds vert), mais générera davantage d’activité économique, souligne le ministre.

« À partir du moment où un système en place est mis au Québec, on a des gens qui y travaillent au quotidien et, dit-il, ultimement, on a des sous qui restent au Québec. »

Québec prévoit que le règlement sera adopté à l’automne, après une période de consultation de 45 jours.

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La deuxième vie des vieilles tubulures d’érablières

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

La saison des sucres venue, le sirop d’érable est récolté grâce à un système de tubulures qui parcourt l’érablière.

Le projet Irri-Blière veut transformer les vieilles tubulures d’érablières en systèmes d’irrigation au goutte-à-goutte, à moindre coût que le matériel importé et avec un faible indice de carbone. Associés à des pompes mues à l’énergie solaire, ces systèmes trouveront des débouchés chez les maraîchers québécois, mais également en Afrique.

Publié le 9 août 2021 à 11h00

https://www.lapresse.ca/affaires/pme/2021-08-09/pme-innovation/la-deuxieme-vie-des-vieilles-tubulures-d-erablieres.php

Marc Tison La Presse

Qui

Outre son emploi habituel, l’ingénieure Chantal Bernatchez se voue à la cause de l’économie circulaire.

Avec son mari et associé Rasmané Ouedraogo, qu’elle a rencontré lors d’un mandat de coopération de deux ans, elle a fondé l’association Vergers d’Afrique, qui se consacre au développement durable sur le continent africain.

Ensemble, ils ont créé une petite entreprise qui recycle les pellicules isolantes garnissant les conteneurs réfrigérés pour en faire des sacs isolants, conçus par son conjoint. « Il a été designer de costumes pour le Cirque du Soleil et Walt Disney, dit-elle. Il a un très grand talent. »

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

Chantal Bernatchez, avec un des sacs fabriqués par son autre entreprise, Iso-Protek, qui réutilise les bâches isolantes des conteneurs pour en faire des glacières.

C’est avec la même conviction – et le même homme – que la mère de quatre enfants s’est attaquée aux kilomètres de tubulures de plastique dont les érablières se débarrassent chaque année.

Je trouve qu’on a beaucoup à apprendre de l’Afrique en matière de développement durable, d’économie circulaire, et même comment les femmes entrepreneures s’entraident. C’est ma source d’inspiration.

Chantal Bernatchez, ingénieure

Le problème

Le renouvellement des tubulures d’érablières, après 15 à 20 ans d’usage, entraîne chaque année l’enfouissement de 2900 tonnes de plastique : l’équivalent de neuf piscines olympiques pleines à ras bord, fait valoir Chantal Bernatchez.

Alors qu’elle était jeune étudiante dans la vingtaine, elle avait déjà à cœur cet impact environnemental. Elle s’est intéressée à nouveau à la question à l’automne 2020, pour découvrir que l’organisme Environek, en Beauce, avait commencé à récupérer chaque année 290 tonnes de tubulures pour les réduire en granules.

PHOTO FOURNIE PAR ENVIRONEK

Grande quantité de tubulures d’érablière désuètes, chez Environek, en Beauce

« Je les ai appelés. Un mois plus tard, on a signé un contrat pour qu’ils fassent le projet avec nous. »

Irri-Blière vise à réutiliser quelque 2400 tonnes de tubulures chaque année.

« L’idée, c’est que les tubulures qui sont encore bonnes et qu’on n’a pas besoin de mettre en granules sont conservées pour faire du goutte-à-goutte, explique l’ingénieure. On peut concurrencer la Chine avec nos propres déchets, en les revalorisant. »

La solution

Les tubulures seront recueillies chez les acériculteurs, puis nettoyées, mesurées, coupées et percées dans les installations d’Environek à Saint-Malachie.

En période de changements climatiques, avec le goutte-à-goutte, on économise 60 % d’eau, et on veut rendre ça accessible aux maraîchers du Québec.

Chantal Bernatchez, ingénieure

Un dispositif de panneaux solaires pourra activer les pompes, afin que le système soit autonome dans les régions privées d’électricité.

« On fait le test actuellement au Burkina Faso avec un hectare. Au lieu de coûter 20 000 $ d’irrigation pour 10 hectares, ça va coûter 2000 $. Je veux rendre ça accessible aux ONG canadiennes pour aider les pays d’Afrique. »

L’avenir

Chantal Bernatchez veut favoriser l’emploi de personnes ayant des limitations fonctionnelles.

Elle entend créer 10 nouveaux postes en Beauce, pour l’assemblage de 10 000 systèmes d’irrigation au goutte-à-goutte par année.

« On passe de l’idée à l’action dès le mois de septembre », dit-elle.

L’écoconception du système sera alors réalisée par six étudiants de l’UQTR, dont trois en génie mécanique.

« Environek va s’assurer de l’approvisionnement en tubulures, de la transformation, de la distribution de nos produits, et nous, nous allons faire la plateforme de commerce en ligne. »

Une fois la machinerie acquise, la production devrait être lancée en janvier prochain, pour une commercialisation en mars.

Tout juste issue du programme d’accélérateur d’entreprises à vocation environnementale de l’organisme Esplanade, Irri-Blière vient de déposer une demande de financement de 250 000 $ auprès du ministère de l’Économie et de l’Innovation du Québec.

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  • 5 semaines plus tard...

Urgence climatique et aménagement du territoire

Des maires plaident pour des règles plus strictes

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Neuf maires du Québec plaident pour des actions concertées pour répondre à la crise climatique et souhaitent que la Stratégie nationale d’urbanisme et d’aménagement du territoire, attendue en 2022, mène « rapidement à des actions fortes et à des règles communes ».

Les maires de Montréal, Québec et Gatineau réclament un « plan d’action national » pour faire face aux enjeux d’aménagement du territoire dans un contexte d’urgence climatique, quitte à jeter du lest en matière d’autonomie municipale.

Publié le 9 septembre 2021 à 7h30

https://www.lapresse.ca/actualites/2021-09-09/urgence-climatique-et-amenagement-du-territoire/des-maires-plaident-pour-des-regles-plus-strictes.php

Éric-Pierre Champagne La Presse

Dans une lettre ouverte publiée ce jeudi dans la section Débats de La Presse, Valérie Plante, Régis Labeaume, Maxime Pedneaud-Jobin et sept autres maires du Québec plaident pour des actions concertées pour répondre à la crise climatique.

Face à l’ampleur de la tâche, les signataires de la lettre intitulée « Oui à des règles communes pour faire face aux défis à venir » indiquent que « bien qu’il soit essentiel de préserver l’autonomie et la capacité d’agir des gouvernements de proximité, la cohérence territoriale et la concertation doivent devenir prioritaires ».

Les élus reconnaissent qu’« inverser la tendance lourde à l’empiétement urbain sur les milieux naturels et agricoles n’est pas une mince affaire » et qu’il « faudra revoir en profondeur nos pratiques ». Ils appellent aussi à une réforme du mode de financement des municipalités basé sur la taxe foncière.

Ils souhaitent que la Stratégie nationale d’urbanisme et d’aménagement du territoire attendue en 2022 mène « rapidement à des actions fortes et à des règles communes ». Celle-ci devra « rapidement mettre en place de puissants incitatifs à la consolidation, notamment en matière d’écofiscalité. Il faudra faire preuve d’audace et récompenser les bons joueurs », ajoute-t-on.

« Une plus grande sévérité est la bienvenue »

« C’est un sujet extrêmement important pour notre avenir à tous, signale le maire de Gatineau, Maxime Pedneaud-Jobin, en entrevue avec La Presse. Car une des façons de répondre aux enjeux climatiques, c’est par l’aménagement du territoire. »

« Mais pour y arriver, ça va prendre des règles nationales claires, ambitieuses, et je dirais restrictives », ajoute-t-il.

Selon le maire de Gatineau, le monde municipal n’a pas toujours pris de bonnes décisions en matière d’aménagement. Il donne l’exemple de sa propre ville où quatre mois après les spectaculaires inondations de 2017, le conseil municipal avait approuvé à la majorité, sans l’appui du maire, le projet d’un concessionnaire automobile qui voulait installer son entreprise dans l’une des zones ayant été inondées.

Le projet a cependant été rejeté quelques mois plus tard.

« Il faut se protéger contre nous-mêmes, plaide-t-il. Au nom du développement économique, il y a des élus qui sont prêts à accepter n’importe quoi. Un concessionnaire en zone inondable, c’est n’importe quoi ! »

Pour l’anecdote, le terrain visé par le concessionnaire a été de nouveau inondé deux ans plus tard.

Même s’il dit être un grand défenseur de l’autonomie municipale, Maxime Pedneaud-Jobin semble avoir fait son lit. « Je ne me fais pas toujours des amis quand je dis ça dans le monde municipal, mais en matière d’environnement et d’aménagement du territoire, entre l’urgence d’avoir de la cohérence et des règles strictes et l’autonomie municipale, je choisis les règles strictes. »

Selon lui, si le Québec n’avait pas eu une loi sévère pour protéger le territoire agricole, « on aurait beaucoup plus grignoté le territoire que ce qu’on a fait depuis 40 ans ». « Je pense qu’en aménagement du territoire, une grande partie de cette sévérité est la bienvenue. »

« Si on fait ça, peut-être qu’il y aura un peu moins de solidarité, mais peut-être qu’on va se rapprocher de décisions plus efficaces ou plus intelligentes pour l’avenir du Québec. »

2 milliards

Ce sont les coûts estimés pour les 10 plus grandes villes du Québec pour l’adaptation aux changements climatiques sur un horizon de cinq ans, selon l’Union des municipalités du Québec.

"Pour faire face aux changements climatiques, si on ne s’occupe pas de la fiscalité des municipalités, le problème va rester entier, parce que les villes n’ont pas cet argent-là."

Maxime Pedneaud-Jobin, maire de Gatineau

"Depuis longtemps déjà, on sait que cette trop grande dépendance [des villes] aux revenus fonciers suscite une dynamique de nivellement par le bas pour attirer le développement immobilier."

Extrait de la lettre ouverte

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