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Environnement et développement durable


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Rejets industriels Polluer coûtera beaucoup plus cher aux entreprises

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PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Installations de l’Aluminerie Alouette, à Sept-Îles

La Fonderie Horne, l’Aluminerie Alouette, ArcelorMittal ; les grands pollueurs du Québec verront bondir les tarifs qu’ils paient pour compenser leurs impacts environnementaux.

Le gouvernement Legault augmentera considérablement les droits que les entreprises rejetant des contaminants dans l’air et dans l’eau doivent payer, annoncera mardi le ministre de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs, Benoit Charette.

Ces droits, qui concernent les quelque 85 entreprises qui disposent d’une autorisation ministérielle pour mener leurs activités, sont pratiquement les mêmes depuis leur instauration il y a 30 ans.

Leur augmentation passera par la modification du Règlement relatif à l’exploitation d’établissements industriels (RREEI), dans le cadre d’un vaste chantier omnibus de modifications réglementaires qui fait présentement l’objet d’une consultation publique.

 

L’augmentation sera double : d’abord, le « taux de base » pour les rejets de contaminants visés par ce règlement passera de 2,20 à 9,08 $ la tonne, selon la volonté du gouvernement, un montant qui sera indexé annuellement.

Le montant obtenu est multiplié par un « facteur de pondération », qui varie selon les contaminants et qui sera lui aussi augmenté. Il passerait progressivement d’ici 2026 de 200 à 100 000 pour les émissions d’arsenic et de cadmium, pour lesquels une exposition prolongée présente un risque élevé pour la santé, deux contaminants que rejette la Fonderie Horne de Rouyn-Noranda.

C’est donc dire que l’émission d’une seule tonne d’arsenic coûtera à l’avenir 908 000 $.

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PHOTO ÉDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Installations de la Fonderie Horne, à Rouyn-Noranda

C’est d’ailleurs la polémique entourant la Fonderie Horne qui a « vraiment fait réfléchir » le gouvernement sur la question, a déclaré à La Presse le ministre Benoit Charette.

C’est là qu’on s’est aperçu, de mon côté à tout le moins, qu’il n’y avait pas eu de mise à jour [des droits] depuis 30 ans, essentiellement.

Benoit Charette, ministre de l’Environnement

La facture annuelle de la Fonderie Horne, propriété de la multinationale anglo-suisse Glencore, passerait ainsi de quelque 220 000 $ à 2 millions, soit le plafond fixé dans le projet de modification réglementaire.

Celles de l’Aluminerie Alouette de Sept-Îles et de l’usine de bouletage d’ArcelorMittal de Port-Cartier augmenteraient de 700 000 $ et 500 000 $ respectivement.

Revenus réinvestis

Les droits versés par les entreprises totalisent actuellement quelque 6 millions – qui vont dans le Fonds de protection de l’environnement et du domaine hydrique de l’État –, une somme que le ministre Charette juge « clairement insuffisante ».

L’augmentation des droits générera plus de 10 millions de dollars supplémentaires annuellement, qui seront réinvestis dans l’amélioration de la « performance environnementale de l’industrie » et la protection de la qualité de l’air et de l’eau.

Si ça peut engendrer ou favoriser des changements de comportements et une prise de conscience chez les entreprises elles-mêmes, c’est bien tant mieux. Si ça peut faire en sorte que certains de leurs procédés soient modernisés pour limiter les émissions, on sera tous gagnants.

Benoit Charette, ministre de l’Environnement

Le gouvernement Legault y voit aussi une façon de soutenir le développement de petites et moyennes entreprises « vertes et innovantes ».

Le gouvernement veut envoyer le message qu’« il y a un prix à la pollution », affirme le ministre Charette, mais ce prix pourrait être mal reçu par les entreprises concernées.

« Il y a une obligation de faire les choses différemment [après] 30 ans sans qu’il y ait réellement eu d’indexation », répond le ministre, qui estime avoir de « bons arguments » pour défendre sa décision.

Cette modification est la première étape d’une révision plus vaste « de l’ensemble des paramètres de tarification des rejets industriels » que Québec entend faire à plus long terme, en ajoutant par exemple d’autres contaminants à la liste de ceux visés par la réglementation en vigueur.

Benoit Charette entend aussi ajouter « une plus grande transparence » dans le processus, pour que les entreprises qui rejettent des contaminants dans l’environnement soient connues du public, tout comme les droits qu’elles paient, à l’image de la réforme du régime de redevances sur le prélèvement d’eau qu’il pilote.

Servir les pollués, pas les pollueurs

La volonté du gouvernement est bien accueillie dans le milieu écologiste, mais l’attribution des fonds suscite la méfiance.

« On ne doit pas utiliser cet argent-là pour aider les entreprises à se mettre à niveau, elles font des milliards de profits », a réagi Rébecca Pétrin, directrice générale d’Eau Secours.

« Ce serait une façon de leur soutirer de l’argent pour le leur remettre ensuite pour favoriser leur recherche et développement », déplore-t-elle.

Rébecca Pétrin estime que les fonds recueillis devraient plutôt servir à dédommager ceux qui subissent la pollution.

Les municipalités, qui doivent traiter l’eau que les entreprises polluent avant de la distribuer à leur population, devraient bénéficier de cet argent, illustre Mme Pétrin.

« Il faut que les pollueurs assument les coûts des dommages qu’ils causent », estime lui aussi l’ingénieur en traitement des eaux Alain Saladzius, président de la Fondation Rivières.

« Il faut que ça aille à la restauration aussi, pas juste au développement de nouvelles technologies », dit-il, appelant à une gestion des fonds « en toute transparence ».

Le montant des droits doit être suffisamment important pour forcer les entreprises à réduire leurs rejets de contaminants, souligne André Bélisle, président de l’Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique.

« Deux millions, pour Glencore, ce n’est même pas de la petite monnaie », illustre-t-il.

« Idéalement, ce qu’on voudrait, c’est la mise à niveau des installations pour ne plus qu’il y ait de rejets de contaminants dans l’environnement, ajoute Rébecca Pétrin. C’est ce que dit la Loi sur la qualité de l’environnement.

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lapresse.ca
 

La pollution que Québec laisse passer

La pollution que Québec laisse passer

Vous trouvez que la pollution émise par la Fonderie Horne est scandaleuse ?

Attachez vos tuques. Parce qu’il y a encore plus troublant.

La majorité des entreprises qui rejettent des contaminants dans l’environnement ne font même pas l’objet d’un plan de réduction supervisé par Québec, comme c’est le cas de la Fonderie. Et contrairement à elle, ces entreprises ne paient pas un cent pour compenser leurs rejets industriels.

Ça doit changer.

Le ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, Benoit Charette, a annoncé cette semaine son intention de hausser considérablement les droits de polluer imposés aux établissements qui émettent des contaminants dans l’air et dans l’eau1.

Bravo. Ces droits n’ont pas été indexés depuis 30 ans et il y a un sérieux rattrapage à faire.

Mais ce que le gouvernement provincial omet de dire, c’est qu’il ne puise pas dans toutes les poches.

Seuls 85 établissements appartenant à deux secteurs précis – les pâtes et papiers ainsi que l’industrie minière et la première transformation des métaux – doivent payer pour compenser leurs rejets industriels.

Les autres secteurs, eux, échappent à la réglementation. Pourquoi ? Mystère. À Québec, personne n’a pu nous l’expliquer clairement.

On sait toutefois que les ambitions du ministère de l’Environnement ont déjà été plus grandes.

Sur son site web, le Ministère dit viser à assujettir non pas 85 établissements appartenant à deux secteurs industriels, mais bien 200 établissements qualifiés de « majeurs » dans cinq secteurs distincts2.

Après les pâtes et papiers et la transformation des métaux, « un troisième grand secteur est prévu à être assujetti prochainement », peut-on y lire. Or, aucun nouveau secteur n’a été ajouté à la réglementation depuis 2002. Et au cabinet du ministre Charette, on nous dit que ce n’est pas dans les intentions à court terme.

Cette situation est illogique et injuste.

Un rejet de métaux lourds provoque les mêmes dommages qu’il émane d’une entreprise minière ou d’une usine du secteur de l’industrie chimique. Pourtant, cette dernière n’a rien à payer pour ses rejets industriels.

Malgré cet angle mort gros comme un pan de mur, il faut saluer la volonté du ministre Charette de hausser le prix de la pollution au Québec pour la première fois en trois décennies.

Pour l’instant, les entreprises polluantes sont dans la situation d’un client qui entrerait dans une épicerie pour découvrir qu’on y vend les aliments aux prix d’il y a 30 ans. Ou d’un locataire qui signerait un bail au même loyer qu’en 1993.

Elles se frottent les mains, ne pouvant croire leur chance.

Ensemble, les pollueurs québécois versent à peine six millions de dollars au gouvernement pour compenser leurs rejets industriels. C’est très, très maigre.

Les hausses proposées par Québec sont considérables. Le coût d’émettre une tonne d’arsenic ou de cadmium dans l’environnement, par exemple, passerait de 400 $ actuellement à 908 000 $ en 2026.

Malheureusement, l’effet dissuasif de ces augmentations est atténué par le fait que Québec fixe aussi un montant maximal annuel pouvant être payé par un même établissement. Ce plafond, actuellement à un million de dollars, passerait à deux millions.

Ça veut dire qu’au-delà d’un certain seuil, une entreprise peut polluer sans payer. C’est problématique considérant que les risques pour la santé et l’environnement augmentent avec la quantité de matières toxiques rejetées. Ce plafond devrait être aboli.

De vives inquiétudes entourent finalement l’utilisation des fonds recueillis en vertu de ces pénalités environnementales. Le communiqué de presse publié cette semaine affirme que les sommes pourraient être « réinvesties afin d’améliorer la performance environnementale de l’industrie ».

Une « approche circulaire », selon les mots mêmes du Ministère, qui laisse craindre que Québec prenne l’argent des pollueurs d’une main et le leur redonne de l’autre. Ce serait vraiment aberrant.

Les fonds recueillis devraient plutôt servir à mieux documenter les rejets toxiques et à atténuer leurs effets sur la santé humaine et sur l’environnement.

Le ministre Charette a raison de vouloir augmenter le prix de la pollution au Québec. Mais il reste beaucoup de travail à faire pour accoucher d’une politique complète et cohérente de compensations des rejets industriels.

En savoir plus

  •  

     

    Secteurs que Québec dit vouloir viser par son programme de réduction des rejets industriels 
    • Pâtes et papiers
    • Industrie minérale et de la première transformation des métaux
    • Industrie de la chimie organique et de la chimie inorganique
    • Transformation du métal (industrie du traitement de surface et de la métallurgie secondaire)
    • Industrie de l’agroalimentaire, de la transformation du bois et des textiles

    source : Ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs

  •  

     

    Secteurs réellement assujettis à la réglementation
    • Pâtes et papiers
    • Industrie minérale et de la première transformation des métaux

    source : Ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs

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Une fabrique à décarbonation

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PHOTO FOURNIE PAR AIREX

Le biochar est fabriqué à partir de la biomasse forestière – sciure et copeaux de bois –, chauffée à plus de 500 degrés en l’absence d’oxygène.

Depuis 20 ans, l’industrie forestière québécoise a été passablement perturbée par les nombreuses fermetures d’usines de pâtes et papiers et se retrouve aujourd’hui avec des surplus de résidus problématiques. Ce problème pourrait bientôt se transformer en solution d’avenir pour le verdissement de la planète grâce à l’utilisation des résidus de biomasse pour la fabrication de produits de décarbonation tels que le biocharbon, le biochar et le biocarbone.

Cela fait des années que l’on étudie différents moyens de valoriser la biomasse, qu’elle soit forestière ou agricole, dans des projets qui vont plus loin que sa simple utilisation en mode coénergie.

L’entreprise Airex Énergie, qui fabrique déjà des granules de biocharbon à Bécancour, prépare un important financement et planifie la construction de la plus grosse usine en Amérique du Nord de production de biochar, un amendement du sol qui augmente la rétention d’eau et réduit l’utilisation des fertilisants, mais qui est surtout un puissant capteur de carbone.

La construction prochaine d’une usine de production de biochar se fera dans un lieu que Michel Gagnon, le président d’Airex Énergie, préfère pour l’instant ne pas dévoiler, mais qui sera à proximité d’une source de production importante de biomasse. La nouvelle usine aura une capacité de production de 30 000 tonnes par année, ce qui en fera la plus importante en Amérique du Nord.

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PHOTO FOURNIE PAR AIREX

La grande vertu du biochar est qu’il capte pour des centaines, voire des milliers d’années le carbone qui était contenu dans les résidus forestiers et qui aurait été rejeté dans l’atmosphère lors de leur décomposition.

Le biochar est fabriqué à partir de la biomasse forestière – sciure et copeaux de bois –, qui est chauffée à plus de 500 degrés en l’absence d’oxygène, sous pyrolyse, pour devenir une poudre noire que l’on peut épandre sur les terres agricoles ou utiliser notamment dans la fabrication du béton.

Outre ses qualités d’enrichissement des sols, la grande vertu du biochar est qu’il capte pour des centaines, voire des milliers d’années le carbone qui était contenu dans les résidus forestiers et qui aurait été rejeté dans l’atmosphère lors de leur décomposition. Il est devenu un produit extrêmement demandé sur le marché des crédits carbone.

 

L’entreprise québécoise s’est associée à la multinationale française Suez, qui va investir dans la construction de cette usine au coût estimé de 80 millions et qui doit commencer ses activités en 2024. Suez et Airex veulent reproduire ce modèle sur une grande échelle.

« On commence au Québec, mais Suez veut construire rapidement une deuxième usine en France. On prévoit construire une nouvelle usine par année pour arriver à une production totale de 350 000 tonnes d’ici quinze ans. Dans plusieurs pays où on va aussi utiliser la biomasse agricole pour produire le biochar », anticipe Michel Gagnon.

Des crédits payants

Le biochar se vend entre 700 $ et 1000 $ la tonne, selon sa qualité et l’utilisation qu’on en fait, mais chaque tonne génère de 2,5 à 3 tonnes de CO2 séquestré dont le prix varie entre 100 $ et 160 $ la tonne, ce qui constitue une plus-value intéressante, très recherchée par les entreprises qui veulent réduire leur empreinte carbone.

« On s’est associé à un courtier en crédits carbone qui dessert plus de 2400 grandes entreprises qui ont besoin chaque année d’améliorer leur bilan environnemental », précise Michel Gagnon.

Airex Énergie vient tout juste de terminer un nouveau financement de 38 millions auprès de ses partenaires financiers Cycle Capital, Inovatech, Investissement Québec et le Fonds de solidarité FTQ, qui est un nouvel investisseur.

L’entreprise québécoise est déjà en train de préparer un nouveau tour de financement de 130 millions pour soutenir son développement international auprès d’investisseurs américains.

La technologie développée par Airex lui permet également de fabriquer du biocarbone qui sert à la production de biocarburant pour l’aviation et pour remplacer la poudre de coke et l’anthracite dans la fabrication de boulettes de fer. Il s’agit d’un substitut qui intéresse grandement les grands producteurs comme ArcelorMittal ou Rio Tinto dans leur quête pour arriver à produire de l’acier vert.

Airex Énergie fabrique depuis 2016 dans son usine de Bécancour du biocharbon, composé de biomasse forestière torréfiée qui est transformée en combustible qu’on utilise dans les centrales thermiques en remplacement du charbon beaucoup plus polluant.

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PHOTO FOURNIE PAR AIREX

Granules de biocharbon à l’usine de Bécancour

Le charbon émet 1000 tonnes de CO2 par gigawattheure produit alors que le biocharbon émet seulement 70 tonnes de CO2 par gigawattheure.

C’est considérable quand on sait que le charbon est responsable de 35 % de la production d’énergie dans le monde, m’explique le PDG d’Airex Énergie.

L’usine de Bécancour, qui est la seule usine de biocharbon en exploitation au Canada, a une capacité relativement modeste de 15 000 tonnes par an puisqu’elle était au départ une usine de démonstration. Le groupe Airex Énergie prévoit vendre sa technologie dans des régions où la biomasse est abondante et où on dépend toujours des énergies fossiles.

Depuis l’avènement de la révolution industrielle à la fin du XVIIIe siècle, les usines ont toujours été de grandes manufactures de pollution qui ont conduit au dérèglement climatique que l’on subit aujourd’hui. Il était grandement temps que l’on construise des fabriques à décarbonation pour qu’à tout le moins on recommence à respirer un peu mieux.

Autre article: https://www.lapresse.ca/affaires/economie/2023-03-10/economie-verte/les-ambitions-du-quebec-defiees-par-l-ampleur-des-budgets-de-washington.php

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Deux nouvelles grainothèques à Saint-Michel-Parc-Extension

 
grainotheque.jpg?resize=1051%2C591Photo: Ville de Montréal

Les bibliothèques de Saint-Michel et de Parc-Extension peuvent désormais compter sur une grainothèque, collection de semences que les Montréalais peuvent utiliser pour les planter dans leur jardin.

Pour y avoir accès, suffit de détenir une carte d’abonné valide des bibliothèques de Montréal. Des catalogues des semences disponibles sont présents dans chaque bibliothèque.

Une fois le légume poussé, les Montréalais sont ensuite invités à récolter les graines pour les ramener à la bibliothèque, et ainsi les partager avec les autres usagers. L’objectif de la Ville est de construire une collection au fil des saisons, au gré des dons de chacun.

«On donne accès au jardinage à une grande partie de la population, et ce, sans frais. Ainsi, ceux et celles qui ont le pouce vert ou qui souhaitent le développer peuvent aller y chercher des semences rares et locales», se réjouit la mairesse de l’arrondissement de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension Laurence Lavigne Lalonde.

https://journalmetro.com/local/villeray-st-michel-parc-extension/3026591/deux-nouvelles-grainotheques-a-saint-michel-parc-extension/

 

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ici.radio-canada.ca
 

Les promoteurs de GNL Québec réclament 20 G $ US pour l’annulation de leurs …

Pascal Girard

Les promoteurs de GNL Québec et Gazoduq déposent une demande d'arbitrage contre le gouvernement du Canada pour avoir bloqué leurs projets de terminal de liquéfaction de gaz naturel et de gazoduc. L'indemnisation recherchée est de 20 milliards de dollars américains.

C’est la compagnie Ruby River Capital LLC qui a enregistré une demande d'arbitrage contre le Canada, jeudi, devant le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI) du Groupe de la Banque mondiale.

Elle invoque des arguments en lien avec l’Accord de libre-échange américain (ALENA) et l’Accord Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM).

Ruby River Capital est la propriété des entreprises des deux promoteurs de GNL Québec, renommée Symbio Infrastructure en mars 2021. Les entreprises sont Freestone, une société de développement financée et dirigée par Jim Illich, et Breyer Capital, fondée en 2006 par Jim Illich, actuel président du conseil d’administration.

Les projets jadis évalués à 14 milliards visaient à construire un terminal à Saguenay pour exporter du gaz naturel liquéfié importé par gazoduc depuis l’Ouest canadien via des conduites existantes ainsi qu'un gazoduc à construire de 780 kilomètres qui aurait relié le nord-est de l’Ontario au port de Saguenay. Le gaz naturel liquéfié aurait été exporté par bateau sur la rivière Saguenay.

Des refus de Québec et Ottawa

La portion du terminal, nommée Énergie Saguenay, a d’abord été refusée par le gouvernement du Québec en juillet 2021, après un rapport critique du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) rendu en mars 2021. Selon le BAPE, le projet comportait plus d’inconvénients que d’avantages.

Le gouvernement du Canada, par l’entremise du ministère de l’Environnement et du Changement climatique, a aussi refusé le projet de terminal de liquéfaction en février 2022. Le ministre, Steven Guilbeault, s’était alors basé sur les conclusions du rapport d’évaluation environnementale de l’Agence d'évaluation d’impact du Canada (AEIC).

L’augmentation des gaz à effet de serre polluants, l’impact du projet sur les mammifères marins, dont le béluga du Saint-Laurent, ainsi que ses effets sur le patrimoine culturel des Premières Nations innues avaient été montrés du doigt par l’AEIC.

Des locaux d'entreprise.

Les bureaux de GNL Québec étaient situés à Saguenay.

Photo : Radio-Canada / Pascal Girard

L’entreprise, de son côté, estimait que le projet dans son entier aurait contribué à réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre en remplaçant des énergies jugées plus polluantes comme le charbon. L’usine de liquéfaction aurait été alimentée en hydroélectricité, ce qui aurait réduit son impact environnemental.

En juin 2022, Symbio Infrastructure avait annoncé avoir conclu un accord avec la société d’État ukrainienne Naftogaz pour approvisionner l’Ukraine, alors déjà en guerre, en gaz naturel liquéfié et en hydrogène.

En septembre dernier, Jim Illich avait eu des discussions avec Steven Guilbeault et le ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François-Philippe Champagne, en marge de la visite au Canada du chancelier allemand, Olaf Scholz.

Le processus d’évaluation environnementale au fédéral est toujours en cours pour la portion du gazoduc, mais est devenu caduc, dans un sens, puisque sans terminal, le projet n’a plus de sens.

La nouvelle a d’abord été rapportée par le site Internet Investment Arbitration Reporter (IAReporter), une publication spécialisée dans ce domaine. Cette publication estime que le poursuivant prétend que la décision prise par Ottawa était d’abord politique, ce qui irait à l’encontre des accords de libre-échange.

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Énergie Objectif 100 TWh

 

C’est l’un des plus grands défis du Québec. Pour décarboner son économie, la province devra augmenter sa production d’énergie d’au moins 100 térawattheures d’ici 2050 – l’équivalent d’un « demi-Hydro-Québec », comme l’a illustré François Legault. Comment y parvenir ? Notre éditorialiste Philippe Mercure présente quelques pistes.

Publié à 5h00

https://www.lapresse.ca/contexte/2023-03-12/energie/objectif-100-twh.php


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Philippe Mercure La Presse

Comprendre la quête

Le Québec génère aujourd’hui environ 200 térawattheures (TWh) d’électricité, dont 99,6 % proviennent de sources renouvelables.

Mais la province utilise aussi des combustibles fossiles pour propulser ses voitures et ses camions, pour alimenter ses usines, pour chauffer certains de ses bâtiments.

Pour décarboner son économie, c’est-à-dire s’affranchir de ces combustibles fossiles, le Québec devra augmenter sa production électrique de moitié. Ça veut dire générer 100 TWh de plus. En moins de 30 ans.

Les boules de cristal étant un peu floues sur un tel horizon, ce chiffre est une approximation. Mais il est présenté comme un minimum par Hydro-Québec et par les experts.

Selon une étude réalisée par la firme Dunsky Énergie+Climat pour le gouvernement du Québec, c’est plutôt plus de 130 TWh d’énergie supplémentaire qu’il faudra générer d’ici 2050 pour électrifier l’essentiel de nos véhicules, de nos bâtiments et de nos industries. Et cela, après avoir effectué des efforts colossaux pour limiter la croissance des besoins grâce à l’efficacité énergétique et à la généralisation des transports en commun.

Le défi qui nous attend est donc titanesque.

Cet objectif de 100 TWh inclut la décarbonation des entreprises déjà présentes chez nous, mais exclut toute attraction de nouvelles usines. Les besoins énergétiques de la fameuse « filière batterie » que cherche à déployer le gouvernement Legault, par exemple, n’en font pas partie. Pour répondre à leurs besoins, il faudra produire au-delà de l’objectif.

Penser énergie, penser puissance

La quête de 100 TWh est un objectif de production d’énergie. Mais le Québec fait face à un autre défi : lorsqu’il fait très froid et que nos besoins en chauffage explosent, on doit avoir accès à cette énergie en très peu de temps. Nous avons alors besoin de puissance.

Utilisons l’analogie d’une voiture. Le réservoir d’essence représente l’énergie qu’elle contient. La puissance du moteur, elle, dicte la quantité d’essence qui peut être utilisée d’un coup pour propulser la voiture.

Le Québec cherche donc à agrandir le réservoir d’essence de sa voiture. Mais il doit aussi s’assurer d’avoir un moteur puissant, capable de réagir quand il faut mettre la pédale au plancher et répondre aux pointes hivernales comme celle que nous avons vécue en février dernier.

Ces considérations d’énergie et de puissance influenceront les choix énergétiques qui s’offrent à nous.

Rester flexible

Un dernier mot avant d’examiner les pistes de solution. Si on doit commencer dès maintenant à planifier l’augmentation de notre capacité énergétique, il faut aussi réaliser qu’on ne peut prendre immédiatement toutes les décisions pour les 30 prochaines années.

Les coûts et les performances de chaque technologie vont évoluer au cours des prochaines décennies. Ce qui apparaît le plus avantageux aujourd’hui ne le sera peut-être pas dans 15 ans.

Philippe Dunsky, président de la firme Dunsky Énergie+Climat

« Cela veut dire qu’il faudra se garder une latitude et régulièrement retester nos hypothèses », ajoute Philippe Dunsky, président de la firme Dunsky Énergie+Climat, qui conseille les gouvernements et les entreprises sur les enjeux énergétiques.

Certaines technologies requièrent toutefois plus de planification que d’autres. Il faut une quinzaine d’années pour concevoir et construire un barrage hydroélectrique. Si on veut pouvoir compter sur une telle option dans moins de 30 ans, il faut donc l’étudier dès maintenant. C’est ce que propose le plus récent plan stratégique d’Hydro-Québec.

Atteindre 100 TWh, on l’a compris, sera un défi pharaonique. Voici comment il pourrait être relevé.

Économiser au lieu de produire

C’est la première étape de notre quête vers les 100 TWh. Parce que l’électricité qu’on ne consomme pas, on n’a pas à la produire.

Combien d’énergie peut-on économiser au Québec ? Et comment ? Ces questions font l’objet d’intenses débats et nous placent déjà devant des choix importants.

Le potentiel

Hydro-Québec évalue le « potentiel technico-économique » de l’efficacité énergétique à environ 25 TWh. Il s’agit de l’électricité qu’il est techniquement possible d’économiser, de façon rentable.

Cela veut dire que pas moins d’un huitième de toute l’énergie produite au Québec pourrait être récupéré.

Hydro-Québec insiste toutefois pour dire que le potentiel « commercial » réellement possible à libérer par l’entremise de programmes est beaucoup plus faible. Pour l’instant, la société d’État compte récupérer 8 TWh d’ici 2030 – à peine le tiers du potentiel technico-économique.

Pierre-Olivier Pineau, titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie à HEC Montréal, convient qu’on ne pourra récupérer la totalité des 25 TWh uniquement avec des programmes volontaires. Voilà pourquoi il plaide aussi pour une réglementation afin d’encadrer notre consommation d’électricité.

Techniquement et économiquement, on sait qu’on peut aller chercher 25 TWh. Alors il faut prendre les mesures nécessaires pour aller les chercher.

Pierre-Olivier Pineau, titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie à HEC Montréal

L’expert Philippe Dunsky évalue quant à lui le potentiel d’efficacité énergétique du Québec à entre 30 et 50 TWh d’ici 2050. Mais lui aussi estime que la réglementation sera nécessaire pour réaliser de tels gains.

Un biais envers la production

Actuellement, Hydro-Québec doit démontrer à la Régie de l’énergie que ses programmes d’efficacité énergétique n’entraînent pas de hausse des tarifs d’électricité. C’est contradictoire. Les consommateurs résidentiels paient actuellement leur électricité environ 7 cents le kilowattheure (kWh). Or, on sait que développer de nouvelles sources d’approvisionnement coûtera cher – entre 11 et 12 cents le kilowattheure. Entre investir 9 cents pour économiser la consommation de 1 kWh et payer 11 cents pour en générer 1 nouveau, l’option la plus logique est pourtant évidente. Les règles actuelles entraînent donc un biais vers la génération de nouvelle électricité plutôt que vers l’économie de cette électricité. Elles sont à revoir.

Les moyens

La thermopompe

 

Parlez aux experts en efficacité énergétique et le premier mot que vous entendrez est invariablement celui-ci : thermopompe.

Ces appareils sont de qualité et de performance inégales, mais leur efficacité s’améliore rapidement, particulièrement par temps froid.

Quand il fait -20 °C, l’air ne semble contenir aucune chaleur. C’est pourtant faux. La véritable absence de chaleur survient au zéro absolu, à -273 °C. L’exploit de la thermopompe est d’extraire cette chaleur de l’air pour l’amener dans nos bâtiments, même par temps très froid.

De plus, ces appareils s’installent généralement en une journée, à un coût approximatif de 10 000 $ par résidence.

L’analyste Jean-François Blain calcule qu’investir une telle somme sur 100 000 résidences par année pendant 10 ans permettrait d’économiser 4,36 TWh en énergie et, surtout, 1500 mégawatts en puissance pour atténuer la pointe hivernale. Le coût serait trois fois moindre qu’en générant la même puissance avec de l’énergie éolienne (ce qui nécessiterait l’équivalent de l’ensemble du parc éolien actuel du Québec).

Mieux isoler nos maisons

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PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE/PHOTOMONTAGE LA PRESSE

Si la thermopompe représente le gain facile, Pierre-Olivier Pineau estime qu’on devra aussi s’attaquer à l’isolation déficiente de nos maisons, de nos écoles et de nos commerces.

La première chose à faire serait de modifier le code du bâtiment pour au moins obliger les nouvelles constructions à consommer le moins d’énergie possible.

Mais il faudra aussi viser les vieux bâtiments, plus nombreux que les neufs. Oui, refaire l’isolation d’une maison ou d’une école implique des travaux coûteux et complexes.

Mais on pourrait s’inspirer de la France, où les bâtiments reçoivent une cote de A à G reflétant leur performance énergétique. Les bâtiments cotés F ou G, qualifiés de « passoires énergétiques », seront bientôt interdits à la location.

On peut se demander pourquoi une province aussi froide que le Québec ne s’attaque pas à l’isolation de ses bâtiments avec la même vigueur que la France.

Efficacité énergétique

Avantages

  • Enjeux d’acceptabilité sociale minimes. Aucun besoin d’inonder de nouveaux territoires pour créer des réservoirs hydroélectriques ou de quadriller les paysages d’éoliennes.
  • Certains gains sont rapides et peu dispendieux.
  • Génère des économies pour les citoyens et les entreprises.
  • Permet d’atténuer les pointes hivernales, le chauffage résidentiel étant le principal consommateur de puissance lors des grands froids.

Inconvénients

  • Implique de nombreuses interventions sur de nombreux bâtiments.
  • La pénurie de main-d’œuvre pourrait retarder ou compromettre les travaux nécessaires.
  • L’alignement des intérêts n’est pas toujours là. Sans réglementation, comment convaincre un propriétaire dont les locataires paient le coût du chauffage d’investir dans des travaux de rénovation ou même dans des thermopompes ?

Potentiel estimé

Entre 8 et 25 TWh

Des éoliennes par milliers

On ignore encore le mélange exact de solutions qui sera déployé pour générer 100 TWh d’énergie supplémentaire au Québec. Mais on sait une chose : le vent y sera pour beaucoup. Et à court terme, c’est sur lui qu’on misera.

Attendez-vous donc à voir les éoliennes pousser au Québec.

Certains experts comme Normand Mousseau, directeur scientifique de l’Institut de l’énergie Trottier, et Pierre-Olivier Pineau, de HEC Montréal, estiment même qu’il serait possible d’atteindre l’objectif de 100 TWh uniquement avec l’énergie éolienne.

Examinons ce que ça voudrait dire.

En considérant des éoliennes d’une puissance moyenne de 4 MW, il faudrait installer environ 8000 de ces moulins à vent modernes pour générer 100 TWh d’énergie.

Ça fait 300 nouvelles éoliennes par année d’ici 2050. À terme, le parc éolien actuel aurait été multiplié par 10.

Ces milliers d’éoliennes prendraient évidemment de la place.

En 2009, le centre de recherche américain sur l’énergie éolienne NREL a calculé qu’il faut compter une superficie de 0,35 km2 par mégawatt de puissance dans un parc éolien.

L’expert Pierre-Olivier Pineau propose de diviser ce chiffre par trois pour tenir compte de l’efficacité des éoliennes qui s’est améliorée depuis et qui s’améliorera encore. En multipliant par la puissance totale souhaitée au Québec, on arrive à une superficie d’environ 3800 km2, soit huit fois celle de l’île de Montréal.

Attention : cette superficie n’est pas complètement perdue. Il peut y avoir des champs ou des forêts entre les éoliennes. La machine elle-même occupe une empreinte 100 fois plus petite. C’est le fait que les éoliennes doivent être espacées qui explique les grandes superficies.

On veut installer les parcs éoliens là où il vente, bien sûr, mais aussi le plus près possible des réseaux de distribution et des lieux de consommation pour minimiser les pertes. Hydro-Québec mentionne le Saguenay, la Côte-Nord et la Gaspésie comme les régions les plus propices à court terme.

Évidemment, les éoliennes viennent avec un gros bémol : elles ne tournent pas sans vent. En moyenne, le rendement d’une éolienne n’est que de 35 %.

Autre inconvénient : les éoliennes ne nous aident pas beaucoup pour la fameuse pointe hivernale. S’il ne vente pas lors des grands froids, elles sont inutiles. Mais souhaiter du vent n’est pas non plus le bon réflexe, puisqu’il accélère le refroidissement des bâtiments !

L’énergie éolienne doit donc venir avec des solutions de stockage d’énergie. Dans une certaine mesure, nos barrages hydroélectriques peuvent être utilisés à cet effet. Quand il vente, on retient l’eau des barrages. Et quand le vent cesse, on la laisse couler dans les turbines.

Énergie éolienne

Avantages

  • Technologie connue et bien maîtrisée.
  • Risques techniques faibles et assumés en grande partie par les fabricants plutôt que par l’État.
  • Peut se faire par étapes, en plusieurs petits projets. Cela minimise les risques de retard et de dépassement de coûts.

Inconvénients

  • Énergie intermittente qui doit être combinée à du stockage.
  • Il existe certains enjeux d’acceptabilité sociale, même s’ils semblent plus faibles que ceux liés aux projets hydroélectriques.
  • Le marché mondial de l’éolienne est en surchauffe, ce qui pourrait entraîner des enjeux d’approvisionnement et de prix.

Potentiel estimé

Jusqu’à 100 TWh

Vers un nouveau barrage ?

Verrons-nous la construction d’un nouveau barrage au Québec d’ici 2050 ? C’est certainement la question la plus intéressante – et la plus controversée – entourant notre futur approvisionnement énergétique.

L’hydroélectricité est une forme d’énergie que le Québec connaît sur le bout des doigts, modulable selon nos besoins et donc parfaite pour répondre aux pointes de consommation. Les grands barrages font la fierté des Québécois et il n’est pas étonnant que le gouvernement Legault les brandisse pour stimuler notre fibre nationale.

Hydro-Québec semble favorable à un nouveau barrage. Il est fort probable qu’un nouvel ouvrage hydroélectrique sera nécessaire pour équilibrer la production fluctuante de l’énergie éolienne, nous disent des sources à l’interne.

Normand Mousseau et Pierre-Olivier Pineau jugent quant à eux que les barrages actuels sont suffisants pour gérer les fluctuations qui seraient provoquées par des apports massifs en énergie éolienne ou solaire.

Il faudrait toutefois revoir la façon d’opérer le réseau, déployer des solutions de stockage et inciter (ou obliger !) les particuliers à collaborer pour atténuer la pointe en déplaçant certaines activités et en utilisant des accumulateurs de chaleur dans leurs maisons. Hydro-Québec offre d’ailleurs une aide financière pour l’installation d’un système de chauffage central qui peut emmagasiner la chaleur dans une masse thermique pour réduire la consommation en période de pointe1.

« Avec l’information qu’on détient actuellement, les barrages ne semblent pas la solution à moindre coût pour combler nos besoins, dit quant à lui l’expert Philippe Dunsky. Mais j’insiste là-dessus : il faut être humble, car les analyses sont complexes et les coûts et technologies ne cessent d’évoluer. Gardons l’esprit ouvert et une approche agile. »

Quelles rivières ?

Le gros hic d’un nouvel ouvrage hydroélectrique, c’est que les meilleures rivières sont déjà utilisées.

Hydro-Québec et le gouvernement Legault veulent lancer des études pour trouver les meilleurs sites restants, mais les chances de dénicher un joyau auquel personne n’a encore pensé semblent bien minces.

Cela nous ramène aux projets déjà étudiés par le passé.

1. Grande-Baleine

C’est sans doute le projet le mieux étudié. Annoncé à la fin des années 1980, le complexe Grande-Baleine aurait pu générer jusqu’à 3200 MW de puissance et 16 TWh d’énergie – et aurait inondé un territoire de 1667 kilomètres carrés, soit trois fois et demie la superficie de l’île de Montréal. L’opposition des Cris a finalement eu raison du projet. Seraient-ils plus disposés à y participer aujourd’hui ? Rien n’est moins sûr.

2. Rivière Magpie

Un vieux plan stratégique d’Hydro-Québec décrit un alléchant potentiel de 850 MW de puissance et de 3,8 TWh d’énergie. Mais l’opposition des autochtones, de la MRC de Minganie, de groupes environnementaux et d’amateurs de sports en eaux vives s’est organisée au sein de « l’Alliance Muteshekau-shipu ». Celle-ci a même réussi à obtenir le statut de « personnalité juridique » pour la rivière. À Hydro-Québec, on prend acte et on dit ne plus trop croire à cette possibilité.

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3. Petit-Mécatina

Le potentiel (1200 MW de puissance, 5,5 TWh d’énergie) est encore plus important que celui de Magpie. L’opposition y est moins visible, mais il faudra néanmoins la participation active des Innus, qui n’est pas gagnée. La Fondation Rivières s’est déjà prononcée contre le projet.

4. Tabaret

Un ancien plan stratégique d’Hydro-Québec fait état d’un potentiel de 132 MW de puissance et de 0,6 TWh d’énergie pour ce projet sur la rivière Kipawa, au Témiscamingue. L’idée a soulevé beaucoup d’opposition dans le passé. Aujourd’hui, un projet plus modeste de deux minicentrales n’impliquant aucun barrage (et donc aucune inondation de territoire) est porté par la MRC de Témiscamingue et diverses nations autochtones. On voit mal Hydro-Québec débarquer dans le portrait en ressuscitant le projet initial.

Pour l’expert Pierre-Olivier Pineau, la question est entendue : il n’y aura pas de nouveau barrage au Québec. « Aucun de ces sites ne me semble réaliste. Ça va coûter trop cher et il n’y aura pas d’acceptabilité sociale », prédit-il.

Optimiser nos vieilles centrales

Avant de construire de nouveaux barrages, la première chose est d’optimiser ceux que nous avons déjà. En remplaçant les groupes turbine-alternateur de nos vieilles centrales, Hydro-Québec estime être en mesure de générer 2000 MW supplémentaires. Attention : ces gains ajouteraient de la puissance au réseau, mais très peu d’énergie nette puisque les réservoirs hydroélectriques ne seraient pas agrandis. C’est l’équivalent d’augmenter la puissance du moteur d’une voiture en gardant le même réservoir d’essence. Ces gains de puissance faciliteront néanmoins l’ajout d’énergie intermittente comm e l’éolien ou le solaire au réseau. Ils nous rapprochent donc indirectement de l’objectif de 100 TWh.

Les réserves pompées

Hydro-Québec étudie une option hydroélectrique utilisée ailleurs dans le monde, mais jamais au Québec : les « réserves pompées ». Oubliez l’inondation d’immenses territoires. Ici, le réservoir hydroélectrique est beaucoup plus petit. La grande différence est qu’une fois turbinée, l’eau est repompée dans le réservoir. Ce pompage consomme évidemment de l’énergie, mais on peut pomper l’eau lorsqu’on est en surplus de puissance et la turbiner lorsqu’on a besoin d’en injecter dans le réseau. Cette solution peut aussi être vue comme du stockage d’énergie éolienne. Si on pompe l’eau quand il vente, on peut ensuite générer de l’électricité quand le vent tombe.

Hydroélectricité

Avantages

  • Contrairement à l’éolien et au solaire, on peut contrôler la puissance.
  • L’expertise du Québec est l’une des meilleures au monde.

Inconvénients

  • Requiert de gros travaux sujets aux retards et aux dépassements de coûts.
  • Requiert l’inondation d’immenses territoires.
  • La participation des nations autochtones est essentielle et doit être négociée.

Potentiel estimé

Jusqu’à 25,9 TWh pour les projets Grande-Baleine, Magpie, Petit-Mécatina et Tabaret

1. Consultez la page du programme Mieux consommer sur le site d’Hydro-Québec

Les autres options

Nucléaire

Maintenant que la centrale Gentilly-2 a été mise hors service, aucun des experts que nous avons consultés ne parie sur un retour du nucléaire au Québec. « Dans l’immédiat, on a d’autres priorités », résume l’analyste Philippe Dunsky.

Avantages

  • Génère une énergie constante sans émissions de GES.
  • Occupe un faible territoire.

Inconvénients

  • Projets souvent marqués par les dépassements de coûts.
  • Gestion complexe des déchets radioactifs.
  • Acceptabilité sociale difficile.

Potentiel estimé

Indéterminé

Solaire

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PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE/PHOTOMONTAGE LA PRESSE

L’énergie solaire fournit à peine 0,002 % de notre production électrique. La plupart des experts voient cette proportion augmenter d’ici 2050, mais estiment qu’il n’y a aucune urgence à installer des panneaux solaires à grande échelle. « D’après nos modélisations, le solaire deviendra compétitif avec l’éolien d’ici 10 à 15 ans. Alors je dirais qu’il n’y a pas d’urgence à foncer maintenant », dit l’expert Philippe Dunsky, qui s’attend tout de même à ce qu’environ 30 TWh d’énergie solaire soient déployés entre 2035 et 2050.

Avantages

  • Peut être déployé près des lieux de consommation.
  • Très peu de risques.

Inconvénients

  • Ne génère de l’électricité que de 15 à 20 % du temps.
  • Nécessite du stockage.
  • L’hiver, quand les besoins en électricité sont les plus grands, les jours sont courts et l’ensoleillement est moins important. La neige peut aussi s’accumuler sur les panneaux.

Potentiel estimé

Jusqu’à 30 TWh d’ici 2050

Collaborer avec Terre-Neuve

Notre quête vers l’objectif de 100 TWh risque de nous amener hors des frontières du Québec, et plus précisément à Terre-Neuve. D’abord parce qu’environ 15 % de l’électricité québécoise provient du complexe de Churchill Falls, au Labrador. En vertu d’un contrat négocié en 1969, nous obtenons cette énergie à prix dérisoire. Mais ce contrat arrive à échéance en 2041 et il faudra renégocier avec Terre-Neuve si on veut conserver cette électricité. Ensuite parce que de l’avis de plusieurs experts, dont Pierre-Olivier Pineau, le projet hydroélectrique le plus intéressant et le plus réaliste pour le Québec se trouve aussi au Labrador : celui de Gull Island. Il pourrait générer près de 12 TWh d’énergie, dont une bonne partie pourrait alimenter le Québec si les deux provinces parviennent à s’entendre.

 

   
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Le nouveau système de récupération de la consigne élargie au Québec prend forme

Jean-Philippe Robillard

Alors que l’entrée en vigueur de la nouvelle consigne élargie approche à grands pas au Québec, l’Association québécoise de récupération des contenants de boissons a choisi le système qu’elle entend mettre en place pour récupérer la matière.

On comptera 1500 points de collecte pour récupérer les contenants consignés. La majorité d’entre eux se trouveront chez des détaillants et quelques centaines de points de dépôt seront créés partout dans la province.

À l’issue des différents projets-pilotes, l’Association québécoise de récupération des contenants de boissons souhaite installer des récupératrices automatisées chez les détaillants où il y aura des points de collecte. Il va y avoir des machines qui peuvent reconnaître les contenants, qu'ils soient en métal, en plastique, en verre ou en carton. Donc, des machines qui sont capables de traiter l’ensemble des matières, soutient le PDG Normand Bisson.

M. Bisson précise que ce système permettra aux utilisateurs d’avoir immédiatement, au moyen de la machine, le remboursement en argent de la consigne des contenants.

Deux types de système de récupération

Dans les nouveaux centres de dépôt, l’Association québécoise de récupération des contenants de boissons veut mettre en place deux types de système de récupération. On y trouvera des récupératrices automatisées qui permettent de récupérer toutes les matières de la consigne élargie et une machine à l'aide de laquelle les gens pourront rapporter les contenants récupérés dans un sac.

« On donne l’option aux citoyens. Déposer les sacs plutôt que d’avoir à faire la file devant une machine et d’avoir à entrer les contenants un par un. [...] L'idée, c’est de permettre les deux. »

Pour avoir accès au service qui permet de déposer les contenants plus rapidement dans les nouveaux centres de dépôt, les gens devront s’inscrire pour créer un compte client et obtenir un code UPC dans le système informatique ou la plateforme numérique qui seront mis en place.

M. Bisson affirme que ce système permettra aux gens de gagner du temps quand ils vont se présenter dans un centre de dépôt. Il va y avoir une personne qui lit le code UPC sur le sac et qui dépose les contenants du sac sur un équipement. Celui-ci fera la séparation, le tri et le décompte des contenants et les compactera.

Les utilisateurs se feront rembourser par virement électronique dans la semaine suivant le dépôt des contenants.

Chez les détaillants, où l'on trouvera des récupératrices automatisées, les gens pourront recevoir leur remboursement en argent immédiatement. On a choisi les deux méthodes parce que certains citoyens vont préférer avoir le remboursement en argent, indique M. Bisson.

Objectif : 1er novembre 2023

Selon l’Association québécoise de récupération des contenants de boissons, des points de collecte vont commencer à être déployés au cours des prochains mois pour être prêts le 1er novembre 2023, date d’entrée en vigueur de la nouvelle consigne élargie.

« Il y a énormément de chantiers à mener en même temps avec une date d’échéance extrêmement serrée qui est novembre 2023. »

M. Bisson affirme que les défis sont grands pour son organisation.

Sur le plan de la modernisation, c’est d’être capable de déployer le système dans les délais prévus parce que ça, c’est vraiment un énorme défi, dit-il. Il y a la question de mettre en place des lieux de retour spécialisés [...], mais il faut aussi que tous ces lieux-là soient interconnectés, donc sur le plan des technologies de l’information, il y a toute une infrastructure à développer.

À l’entrée en vigueur de la consigne élargie, environ 5 milliards de contenants seront assujettis à la consigne annuellement. Actuellement, quelque 2,5 milliards de contenants de bière et de boissons gazeuses sont consignés.

Normand Bisson soutient qu’il faut nouer des ententes avec des entreprises de transport pour acheminer tous les contenants qui seront récupérés et conclure des accords avec des recycleurs. Il faut être sûr que la matière qu’on va récupérer va être recyclée, parce que ça ne servirait à rien de récupérer de la matière si elle n’est pas recyclée.

« On veut s’assurer que le système fonctionne. »

L’Association des détaillants en alimentation demande toujours au ministre de l’Environnement, Benoit Charette, de repousser la réforme de la consigne au 1er janvier 2025. M. Lacasse craint des ruptures de services si Québec va de l’avant avec la consigne élargie le 1er novembre prochain, comme prévu.

C’est beaucoup de volume, nos entrepôts ne sont pas faits pour ça. [...] On va arriver à une saturation assez rapidement dans les magasins, dit M. Lacasse. Des détaillants pourraient être obligés de refuser les contenants de la nouvelle consigne. Nous, si on a le choix entre entreposer de l’alimentaire pour servir nos clients ou entreposer des contenants, on va choisir d’entreposer l’alimentaire pour servir nos clients en premier.

Stéphane Lacasse craint une pénurie de camionneurs pour venir chercher les contenants récupérés et pour acheminer les matières vers des centres de tri.

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Protection de milieux humides | Tirs groupés contre un projet industriel

Ariane Krol La Presse

(Trois-Rivières) Détruire des milieux humides pour agrandir une zone industrielle ? C’est ce que prévoit de faire la Ville de Trois-Rivières sur ses terrains à proximité des autoroutes 40 et 55. Et malgré la résistance d’élus, de scientifiques, de militants et de citoyens, elle est parfaitement dans son droit. Cette crise illustre le décalage entre l’encadrement environnemental et les attentes de la population.

La frontière invisible

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PHOTO ÉDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Au-delà de ces immeubles, la Ville de Trois-Rivières possède une centaine d’hectares de terrains sur lesquels elle entend bâtir.

Une enseigne bleue, une enseigne rouge, une bâtisse blanche sans enseigne, un bois. Pour les automobilistes qui filent sur l’autoroute 40 en direction de Montréal, les derniers immeubles du boulevard Louis-Loranger, parallèle à l’autoroute, offrent un paysage banal, typique des parcs industriels québécois. Mais à Trois-Rivières, c’est une frontière invisible qui suscite passions et indignation.

Au-delà de ces immeubles, la Ville possède une centaine d’hectares de terrains qu’elle entend aménager pour combler son retard économique. Si tout s’était déroulé comme prévu, les pelles mécaniques seraient déjà à l’œuvre : le zonage est industriel et le ministère de l’Environnement a donné son feu vert. Mais depuis près de deux ans, le projet est dans une impasse, freiné par un barrage d’opposition.

Le premier obstacle s’est dressé en août 2021, dans une séance du conseil aux allures surréalistes. Non seulement la résolution que le maire Jean Lamarche comptait faire adopter a été défaite par neuf conseillers contre cinq, mais celle qui l’avait amenée a fait volte-face.

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PHOTO ÉDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

« J’ai besoin de plus d’information, donc je vais voter contre, même si je l’ai proposée », a conclu Valérie Renaud-Martin.

Il s’agissait d’autoriser un règlement d’emprunt d’un demi-million de dollars pour la première phase des travaux de drainage du parc industriel Les Carrefours. « C’est plus de 26 hectares de milieux humides qu’on va drainer, c’est énorme », a alors dénoncé la conseillère Mariannick Mercure.

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IMAGE FOURNIE PAR INNOVATION ET DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE TROIS-RIVIÈRES

Carte montrant l’impact qu’aurait la zone proposée pour l’agrandissement du parc industriel 40-55 (en violet) sur les milieux humides (jaune hachuré). Il s’agit de la deuxième version du projet, qui pourrait changer.

Ce financement lui ayant été refusé, la Ville n’a pu démarrer les travaux. Les terrains boisés continuent à être fréquentés par des propriétaires de chiens, des chasseurs et des promeneurs.

La résistance, elle, a pris de l’ampleur. Après les élections de 2021, où elle ne s’était pas représentée, Mme Mercure a participé à la fondation de la coalition citoyenne Terre précieuse.

« Ça a servi à sensibiliser la population. Avant août 2021, très peu de gens savaient qu’on avait ces milieux humides là et qu’on s’apprêtait à les détruire », a souligné Mme Mercure, rencontrée sur les lieux la semaine dernière.

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PHOTO ÉDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Mariannick Mercure, ex-conseillère municipale à Trois-Rivières et cofondatrice de la coalition citoyenne Terre précieuse

Terre précieuse reproche notamment à la Ville de s’appuyer sur un certificat d’autorisation obtenu en 2014, donc bien avant l’entrée en vigueur de la nouvelle Loi sur la qualité de l’environnement (LQE) et de la Loi concernant la conservation des milieux humides et hydriques, en 2018.

« C’est pas fort ! », a lancé l’un des fondateurs de la coalition, Philippe Duhamel, lors d’une séance d’information municipale, en mars 2022.

Le projet présenté alors annonçait la destruction de 15 hectares de milieux humides, dont 2,1 hectares de tourbières. Environ 12 hectares de milieux humides protégés risquaient aussi d’être touchés par le drainage.

En juillet 2022, Terre précieuse a masqué le panneau « Terrains à vendre » aux abords du parc industriel Carrefour 40-55 avec une toile clamant « Nos milieux humides pas à vendre ! ».

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PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK DE TERRE PRÉCIEUSE

En juillet 2022, Terre précieuse a masqué le panneau « Terrains à vendre » aux abords du parc industriel Carrefour 40-55 avec une toile clamant « Nos milieux humides pas à vendre ! ».

Deux mois plus tard, 60 % des répondants à un sondage commandé par Le Nouvelliste et 106,9 Mauricie ont indiqué que dans ce projet, la protection de l’environnement devait avoir préséance sur le développement économique, contre 25 % pour l’inverse.

Le 5 janvier dernier, le maire Lamarche a promis une version améliorée « le plus tôt possible ». « On ne touche plus aux tourbières, c’est déjà un gros élément », a-t-il fait valoir à la radio de Radio-Canada.

Terre précieuse, Mères au front et d’autres organisations ont annoncé une « mobilisation des générations » pour la première séance du conseil de l’année, le 17 janvier.

Le maire Lamarche n’a finalement pas siégé, ni ce soir-là ni depuis. La veille de la manifestation, il a pris un congé de maladie pour « se repositionner face au climat de travail malsain qui règne autour de la table du conseil », et demandé le retrait d’un avis de motion sur le parc industriel 40-55.

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PHOTO OLIVIER CROTEAU, ARCHIVES LE NOUVELLISTE

Jean Lamarche, maire de Trois-Rivières

« Le Carrefour 40-55 lui a rentré dedans », a lancé le maire suppléant, Daniel Cournoyer, au micro de Radio-Canada. « D’amener des enfants dans le débat, ça l’a rachevé », a ajouté M. Cournoyer.

La manif du 17 janvier a attiré une centaine de personnes, ont rapporté des médias locaux.

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PHOTO OLIVIER CROTEAU, ARCHIVES LE NOUVELLISTE

Manifestation devant l’hôtel de ville de Trois-Rivières, le 17 janvier dernier

À la fin de février, le congé de M. Lamarche a été prolongé d’au moins un mois. Le maire suppléant a refusé notre demande d’entrevue.

« Un baril de poudre »

« C’est comme si un baril de poudre avait été touché d’une étincelle, et c’est parti dans tous les sens », déplore Mario De Tilly, directeur général d’Innovation et développement économique (IDE) Trois-Rivières, l’organisme paramunicipal mandaté pour soutenir le développement économique de la municipalité.

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PHOTO ÉDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Mario De Tilly, directeur général d’Innovation et développement économique (IDE) Trois-Rivières

La deuxième version évoquée par le maire offrait des améliorations importantes, affirme-t-il, déçu de ne pas avoir pu en faire une présentation publique détaillée.

Les 2,1 hectares de tourbières échapperaient à la destruction, tout comme 1,1 hectare de milieux humides, sur les 15 hectares prévus à l’origine.

Et comme le certificat d’autorisation de 2014 exempte la Ville des coûteuses compensations financières de la nouvelle LQE, IDE propose une équivalence : obliger les entreprises à verser 7 $ par mètre carré développable à Éclore, le fonds environnemental de la municipalité, ce qui permettrait de récolter 7,3 millions en 30 ans.

« On va verser les mêmes compensations, mais chez nous », au lieu de les envoyer « dans le fonds consolidé où rien ne bouge », explique le DG. Depuis 2017, Québec a perçu près de 100 millions de dollars en compensations pour la destruction de milieux humides, mais moins de 3 % ont été réinvestis dans la restauration ou la création de tels milieux, a découvert La Presse l’automne dernier1.

Le promoteur, qui a promis une troisième mouture du projet, a montré qu’il souhaite fortement entendre le Centre de recherche sur les interactions bassins versants-écosystèmes aquatiques (RIVE) de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR).

Pourquoi ne pas tout simplement bâtir le parc industriel sans toucher aux milieux humides ?

« Ce serait assez difficile parce qu’on en est à peu près entourés. Trois-Rivières est un milieu qui est fortement dans des zones humides. C’est assez maudit », répond M. De Tilly.

11 %

Proportion du territoire de Trois-Rivières composé de milieux humides, soit 37,44 km2

Source : Plan régional des milieux humides et hydriques de la ville de Trois-Rivières, 2022

26,6 hectares

Superficie totale de milieux humides pouvant être touchés par le projet autorisé par Québec en 2014, soit un peu plus d’un quart (0,266) de kilomètre carré.

Source : Certificat d’autorisation accordé à la Ville de Trois-Rivières

« Un réveil pour les municipalités »

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La Ville de Trois-Rivières veut densifier ses zones industrielles. Les espaces restants pourraient bientôt ne plus suffire à la demande, estime Innovation et Développement économique Trois-Rivières.

La conseillère Pascale Albernhe-Lahaie est arrivée en politique municipale avec les élections de 2021. Sachant que l’agrandissement du parc industriel 40-55 allait revenir à l’ordre du jour, elle a cherché à se faire une tête.

« Je n’ai jamais pris position publiquement dans ce dossier. Ma position, c’est d’aller chercher toute l’information pertinente pour m’aider dans ma prise de décision », explique-t-elle.

Ayant trouvé difficile d’obtenir certains documents, elle a voulu entendre d’autres points de vue que ceux de la Ville et de son organisme de développement économique. Au début de février, elle a organisé une table ronde avec cinq experts universitaires sur Facebook, « dans un but de collaboration et de transparence avec les citoyens ».

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Pascale Albernhe-Lahaie, conseillère municipale à Trois-Rivières

Les cartes diffusées par la Ville pour illustrer le projet sont difficiles à interpréter pour de simples citoyens, ont d’ailleurs signalé plusieurs intervenants.

« On parle de superficie, mais il faut parler aussi de fonctions et de services écologiques difficilement réparables ou remplaçables une fois perdus », a notamment souligné Audréanne Loiselle, chercheuse à l’Institut de recherche en biologie végétale de l’Université de Montréal.

Frustration

D’autres élus ont demandé d’élargir la réflexion. Le conseiller Dany Carpentier a récemment proposé au conseil de commander une étude indépendante sur le potentiel de densification industrielle de Trois-Rivières. Sa résolution ayant été battue, un autre conseiller, Pierre-Luc Fortin, a suggéré que des élus financent l’étude avec leur budget de recherche – un enjeu de « gestion responsable », a-t-il déclaré au Nouvelliste.

Le fait que la Loi sur la qualité de l’environnement (LQE) adoptée en 2017 ne soit pas rétroactive, et permette au projet d’aller de l’avant avec un certificat d’autorisation vieux de près de 10 ans, « ajoute à la frustration », observe MAnne-Sophie Doré, avocate au Centre québécois du droit de l’environnement. « On espère toujours que le ministère de l’Environnement soit le chien de garde », mais la LQE n’étant pas rétroactive, « quelqu’un doit prendre le relais pour s’assurer de la protection de certains milieux. Ça participe à ce que le climat social ne soit pas spécialement agréable ».

Le Ministère a bien essayé d’annuler de vieux certificats autorisant le remblayage de milieux humides, mais des promoteurs ont eu gain de cause en Cour supérieure. Et l’appel prévu en mars « présente des défis », a souligné le tribunal2.

Même si Québec l’emportait en appel, le certificat de Trois-Rivières demeurerait valide, car des travaux avaient été faits dans les deux années ayant suivi sa dernière modification, en 2020.

« Il y a un décalage »

« On devrait s’imposer d’être aux normes 2023, même si le certificat d’autorisation est sous une ancienne réglementation », estime le codirecteur du Centre de recherche sur les interactions bassins versants-écosystèmes aquatiques (RIVE), Raphaël Proulx.

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PHOTO FOURNIE PAR FRANÇOIS GERVAIS

Raphaël Proulx, codirecteur du centre de recherche RIVE à l’UQTR

L’organisme de développement économique de la Ville souhaite fortement entendre les propositions de RIVE. « On ne va pas élaborer la mouture 2, 3 ou 3.5 », mais proposer « un cadre d’analyse en matière de conservation » applicable à tout projet, précise M. Proulx.

Épargner les milieux humides en construisant tout autour est loin d’être idéal, signale-t-il.

« Si on draine le pourtour, à long terme, on va affecter la nappe phréatique à l’intérieur du milieu humide. »

Il donne l’exemple de l’autoroute 40 qui, passé Trois-Rivières en direction de Québec, traverse des systèmes de milieux humides qui « sont déjà dégradés en bordure de l’autoroute ». Il faut des zones de protection « de 50 mètres et plus », estime-t-il.

Et plusieurs autres aspects, dont les corridors écologiques et la connectivité, ainsi que la carboneutralité des projets, ne sont pas encadrés, souligne le chercheur.

« Il y a un décalage entre la réglementation provinciale, qui est minimale, et ce que les citoyens exigent maintenant de leur municipalité », résume M. Proulx. « C’est sûr que c’est un réveil pour les municipalités, qui se disent : “Pourtant, je suis tous les règlements, et je suis vu comme un méchant”. »

Pour continuer le rétablissement

Mario De Tilly, DG d’Innovation et Développement économique (IDE) Trois-Rivières, nous a montré plusieurs bâtiments sous-utilisés ou à l’abandon que la Ville a entrepris de revaloriser. Une « ambitieuse stratégie de développement », a reconnu l’Union des municipalités du Québec, en décernant un prix à IDE l’an dernier. M. De Tilly nous a aussi fourni des données montrant les efforts de la Ville pour densifier ses zones industrielles. Les espaces restants pourraient bientôt ne plus suffire à la demande, estime IDE.

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PHOTO ÉDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Mario De Tilly, directeur général d’Innovation et Développement économique (IDE) Trois-Rivières

Le lotissement projeté, visant à créer un parc technologique pour entreprises dites vertes, augmenterait la contribution des taxes industrielles au budget de Trois-Rivières.

« On avait un portrait socio-économique abominable », rappelle le promoteur, en évoquant les « statistiques navrantes » en matière de décroissance économique, de chômage et de revenu par habitant, qui s’améliorent depuis quelques années.

« On pense qu’il y a une obligation d’avoir, tôt ou tard, d’autres espaces pour continuer notre rétablissement. Maintenant, ce sera aux élus d’en disposer, de dire ce qu’ils veulent ou ne veulent pas. »

Il reste donc à voir comment sera accueillie la troisième version du projet, encore en préparation.

« Si vous nous dites qu’il n’y a plus de milieux nulle part, que ce sont les derniers endroits où on peut aller maintenant, où va-t-on aller dans 30 ans, quand ils seront détruits ? », demande l’ex-conseillère Mariannick Mercure, dont le vibrant plaidoyer avait mené au refus de financer le drainage du parc industriel en 2021.

« Je veux que cette réflexion, on la fasse tout de suite. »

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Terrebonne | Le plus gros dépotoir au Québec veut s’agrandir

Jean-Thomas Léveillé

Le plus gros lieu d’enfouissement du Québec souhaite prolonger ses activités pendant 30 ans et ainsi recevoir 44,5 millions de mètres cubes de déchets supplémentaires, de quoi remplir 24 fois le Stade olympique de Montréal.

Le projet d’agrandissement du lieu d’enfouissement technique (LET) de Lachenaie, à Terrebonne, a été déposé au Registre des évaluations environnementales du Québec le 7 mars, confirmant les intentions déjà exprimées dans le passé de son propriétaire, la filiale canadienne de la multinationale états-unienne Waste Connections.

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Ce lieu d’enfouissement est le seul sur le territoire de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), et sa capacité autorisée devrait être atteinte en 2027, prévoit maintenant l’entreprise, qui évoquait auparavant l’année 20291.

Waste Connections souhaite « y enfouir des matières résiduelles pendant 30 années supplémentaires, c’est-à-dire jusqu’en 2057 », au rythme actuel de 1,5 million de mètres cubes par année, écrit-elle dans le document déposé au Registre.

L’entreprise a fait dans les dernières années l’acquisition des terrains nécessaires à l’agrandissement ; elle estime avoir besoin d’une « période minimale de 48 mois » pour le réaliser.

« Un projet des années 1990 »

Un tel agrandissement serait contraire à ce qu’il faut faire, estime le directeur général du Front québécois pour une gestion écologique des déchets, Karel Ménard.

« Je trouve ça pathétique, c’est un projet des années 1990 », à l’époque où sont apparus les mégasites d’enfouissement, dit-il.

Ces sites reçoivent un volume de déchets si élevé qu’ils peuvent « défier toute concurrence » et offrir des prix qui rendent l’enfouissement des déchets beaucoup plus attrayant que n’importe quelle autre solution, déplore M. Ménard.

On a des modes d’élimination qui sont incompatibles avec les modes de gestion qui visent la réduction.

Karel Ménard, directeur général du Front québécois pour une gestion écologique des déchets

Il est incohérent que les municipalités doivent planifier la gestion des déchets, mais que leur enfouissement soit confié à des entreprises privées qui font « tout pour avoir le plus de poubelles possible », relève-t-il.

Le gouvernement est « pris en otage » par un oligopole d’entreprises du secteur « qui dictent l’agenda de l’élimination au Québec », accuse Karel Ménard.

« Il y a cinq sites au Québec qui gèrent plus de 75 % des poubelles, et ils appartiennent à trois compagnies », souligne-t-il.

Karel Ménard plaide pour des lieux d’enfouissement plus petits, recevant les déchets de leur milieu environnant, afin de « sensibiliser les générateurs ».

Encore besoin d’enfouir

Waste Connections fait valoir que le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) indiquait dans son rapport sur la gestion des « résidus ultimes », en janvier 2022, que de nouveaux lieux d’élimination ou des agrandissements de lieux existants seront nécessaires au cours des 20 prochaines années.

« C’est évident qu’on va devoir avoir de nouvelles autorisations, on n’atteindra pas le zéro déchet demain matin, répond Karel Ménard, mais [Waste Connections] alimente la problématique de la surproduction de déchets. »

Le rapport du BAPE pointait aussi que le Québec devait prioriser la réduction à la source et cesser de miser sur le recyclage pour réduire la quantité de déchets qu’il génère2.

On a un problème d’enfouissement parce que les efforts nécessaires n’ont pas été mis en amont.

Joseph Zayed, président de la commission d’enquête du BAPE

Bruit, GES et lixiviat

L’agrandissement du site de Lachenaie entraînerait différents impacts durant la phase d’aménagement, dont l’émission de poussières et de gaz d’échappement, du bruit, de la circulation et la perte de milieux naturels, indique l’entreprise, précisant que les résidences les plus proches se trouvent à 750 mètres du site, qui est l’une des composantes du Complexe Enviro Connexions, constitué également d’une usine de production de biométhane, d’un centre de tri et d’un centre de compostage.

L’exploitation entraînerait quant à elle des odeurs et des émissions de biogaz, dont du méthane, un puissant gaz à effet de serre (GES).

« La mise en place progressive du système de captage actif des biogaz [permettra] de limiter de façon très importante ces impacts sur l’environnement », affirme Waste Connections, ce qui fait bondir Karel Ménard.

« S’il y a du biogaz qui sort des cellules, c’est un constat d’échec, ça veut dire qu’on a enfoui des matières organiques qui ne devraient pas être là », dit-il.

Un important rejet de méthane avait d’ailleurs été détecté par satellite3, en novembre, au site de Lachenaie, que Waste Connections avait attribué à une opération de maintenance.

Les nouvelles cellules d’enfouissement seront dotées d’un système de captage du lixiviat, qui passera par l’usine de prétraitement qui se trouve déjà sur le site avant d’être pompé vers l’usine d’épuration municipale de Mascouche-Terrebonne.

Le projet pourrait être soumis à un examen du BAPE, a indiqué à La Presse le cabinet du ministre de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs, Benoit Charette.

« Les demandes d’agrandissement des sites d’enfouissement nous démontrent qu’il est essentiel de réduire au maximum le recours à l’enfouissement », ce à quoi s’est attelé le gouvernement Legault avec la modernisation de la consigne et de la collecte sélective et la stratégie pour favoriser le compostage des matières organiques, a en outre déclaré l’attachée de presse du ministre, Mélina Jalbert.

En savoir plus

  •  

     

    2,61 km⁠2
    Superficie de l’agrandissement projeté du lieu d’enfouissement technique de Lachenaie

    Source : Complexe Enviro Connexions

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L’humanité est face à une crise mondiale de l’eau « imminente »

Amélie BOTTOLLIER-DEPOIS

(Nations unies) L’humanité « vampirique » épuise « goutte après goutte » les ressources en eau de la planète, a alerté l’ONU avant le début mercredi d’une conférence pour tenter de répondre aux besoins de milliards de personnes, en danger face à une crise mondiale de l’eau « imminente ».

« Une surconsommation et un surdéveloppement vampiriques, une exploitation non durable des ressources en eau, la pollution et le réchauffement climatique incontrôlé sont en train d’épuiser, goutte après goutte, cette source de vie de l’humanité », s’alarme le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres dans l’avant-propos d’un rapport publié à quelques heures de cette conférence des Nations unies sur l’eau, inédite depuis près d’un demi-siècle.

« L’humanité s’est engagée aveuglément sur un chemin périlleux », souligne-t-il. Et « nous en subissons tous les conséquences ».

Pas assez d’eau par endroits, trop à d’autres où les inondations se multiplient, ou de l’eau contaminée : si les situations dramatiques sont légion dans de nombreux endroits de la planète, le rapport de l’ONU-Eau et de l’UNESCO publié mardi souligne le « risque imminent d’une crise mondiale de l’eau ».

« Combien de personnes seront touchées par cette crise mondiale de l’eau est une question de scénario », explique à l’AFP son auteur principal Richard Connor. « Si rien n’est fait, entre 40 et 50 % de la population continuera à ne pas avoir accès à des services d’assainissement et environ 20-25 % à de l’eau potable », note-t-il. Et même si les pourcentages ne changent pas, la population mondiale grossit et le nombre de personnes touchées avec.

Pour tenter d’inverser la tendance et espérer garantir d’ici 2030 l’accès pour tous à de l’eau potable ou à des toilettes, objectifs fixés en 2015, quelque 6500 participants, dont une centaine de ministres et une douzaine de chefs d’État et de gouvernement se réunissent jusqu’à vendredi à New York, appelés à venir avec des engagements concrets.

Mais déjà, certains observateurs s’inquiètent de la portée de ces engagements et de la disponibilité des financements nécessaires pour les mettre en œuvre.

« Maintenant ou jamais »

Pourtant, « il y a beaucoup à faire et le temps ne joue pas en notre faveur », commente Gilbert Houngbo, président de l’ONU-Eau, plateforme qui coordonne le travail des Nations Unies qui ne comptent aucune agence dédiée sur ce sujet.

Aucune conférence de cette ampleur n’avait été organisée depuis 1977 sur cette question vitale mais trop longtemps ignorée.

Dans un monde où lors des 40 dernières années, l’utilisation de l’eau douce a augmenté de près de 1 % par an, le rapport de l’ONU-Eau met en premier lieu en avant les pénuries d’eau qui « tendent à se généraliser », et à s’aggraver avec l’impact du réchauffement, jusqu’à frapper prochainement même les régions aujourd’hui épargnées en Asie de l’Est ou en Amérique du Sud.

Ainsi, environ 10 % de la population mondiale vit dans un pays où le stress hydrique atteint un niveau élevé ou critique. Et selon le rapport des experts climat de l’ONU (Giec) publié lundi, « environ la moitié de la population mondiale » subit de « graves » pénuries d’eau pendant au moins une partie de l’année.  

Une situation qui met aussi en lumière les inégalités. « Où que vous soyez, si vous êtes assez riches, vous arriverez à avoir de l’eau », note Richard Connor. « Plus vous êtes pauvres, plus vous êtes vulnérables à ces crises ».

Le problème n’est pas seulement le manque d’eau, mais la contamination de celle qui peut être disponible, en raison de l’absence ou de carences des systèmes d’assainissement.

Au moins deux milliards de personnes boivent de l’eau contaminée par des excréments, les exposant au choléra, la dysenterie, la typhoïde et à la polio. Sans oublier les pollutions par les produits pharmaceutiques, chimiques, pesticides, microplastiques ou nanomatériaux.

Pour assurer l’accès de tous à l’eau potable d’ici à 2030, il faudrait multiplier les niveaux d’investissement actuels par trois au moins, estime l’ONU-Eau.

Et ces pollutions menacent aussi la nature. Les écosystèmes d’eau douce qui rendent des services inestimables à l’humanité, notamment en aidant à lutter contre le réchauffement et ses impacts, sont « parmi les plus menacés au monde » selon le rapport.

« Nous avons brisé le cycle de l’eau », résume à l’AFP Henk Ovink, envoyé spécial pour l’eau des Pays-Bas, co-organisateurs avec le Tadjikistan de cette conférence.

« Nous devons agir maintenant parce que l’insécurité liée à l’eau sape la sécurité alimentaire, la santé, la sécurité énergétique ou le développement urbain et les problèmes sociaux », a-t-il ajouté. « C’est maintenant ou jamais, l’opportunité d’une génération ».

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