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MBAM - Musée des Beaux Arts de Montréal - Informations & Nouvelles


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Crise au MBAM : Nathalie Roy demande une enquête externe

Trois jours après le congédiement de Nathalie Bondil, la crise au Musée des beaux-arts de Montréal bat son plein.

Luc Boulanger - La Presse

La ministre de la Culture et des Communications, Nathalie Roy, annonce qu’elle mandatera une firme indépendante « pour examiner l’encadrement et la supervision de la conduite des affaires du Musée des beaux-arts de Montréal par l’équipe de direction et le conseil d’administration ». 

« Cet exercice a pour objectif d’obtenir des recommandations sur le rôle et les responsabilités de chacun », a déclaré Mme Roy par voie de communiqué mercredi après-midi. La ministre a pris cette décision dans la foulée des allégations entourant le congédiement de la directrice générale du Musée, Nathalie Bondil, et après avoir demandé à deux reprises au conseil d’administration de lui soumettre le rapport du Cabinet RH qui justifierait ce congédiement, en vain.

« En tant que plus important bailleur de fonds du Musée, à raison de 16 M$ par année, le gouvernement du Québec se considère en droit de poser des questions et d’obtenir des réponses sur la gestion et la gouvernance du Musée et de son conseil d’administration. »

https://www.lapresse.ca/arts/arts-visuels/2020-07-16/crise-au-mbam-nathalie-roy-demande-une-enquete-externe.php

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Québec ordonne une enquête externe sur le Musée des beaux-arts de Montréal

La ministre de la Culture et des Communications du Québec, Nathalie Roy, a annoncé jeudi qu’elle mandatera une firme indépendante pour « examiner l'encadrement et la supervision de la conduite des affaires du Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM) par l'équipe de direction et le conseil d'administration ».

Dans une entrevue à l’émission Midi info sur les ondes d'ICI Première, la ministre a expliqué les raisons pour lesquelles elle a demandé une enquête externe. 

Les informations que nous recevons de jour en jour, d’heure en heure, sont modifiées, sont différentes […] Nous avons demandé entre autres au président du conseil d’administration de nous transmettre la fameuse étude sur laquelle le C. A. se base pour remercier madame Bondil. Et on nous a refusé de voir cette étude-là. […] Là, ça commence à soulever des questions, a-t-elle indiqué.

Je suis vraiment préoccupée à l’égard et de la gestion et de la gouvernance du musée et du conseil d’administration. Pour le moment, nous avons des bribes d’allégations qui proviennent d’un document que ni vous ni moi […] n’avons lu. Là, ça commence à être nébuleux. Pour ce motif, j’ai pris la décision de mandater une firme totalement indépendante que nous allons payer pour faire la lumière, pour essayer de voir ce qui s’est passé au musée, pour évaluer l’encadrement et la supervision de la conduite des affaires par l’équipe de la direction et par le conseil d’administration. - La ministre Nathalie Roy

La ministre a expliqué par ailleurs que le Musée des beaux-arts n’est pas un musée d’État en vertu de la loi qui le régit, soit la Loi sur le Musée des beaux-arts de Montréal. Mme Roy a expliqué qu’elle est toutefois chargée de l’application de cette loi. 

Je n’ai pas le pouvoir de nommer la directrice ou le directeur général. Cependant […], nous sommes le principal bailleur de fonds. Nous donnons à ce musée annuellement 16 millions de dollars. Alors quand on donne 16 millions de dollars et on demande à voir ce document, et qu’on nous l'a refusé, là on a le droit de poser des questions et on veut aller un petit peu plus loin. Y a-t-il un problème de gestion et de gouvernance? Parce que c’est l’argent de tous les citoyens du Québec. C’est la raison pour laquelle j’ai demandé une enquête […] j’ai envoyé hier cette lettre aux 21 membres du conseil d’administration et au président également, a-t-elle expliqué. 

Le Musée des beaux-arts de Montréal a indiqué par voie de communiqué que la décision de la ministre a été acceptée par le conseil dans les circonstances et en tenant compte des paramètres usuels en la matière.

Le président du conseil d’administration, Michel de la Chenelière, a souligné que le MBAM continuera d’offrir son entière collaboration à la ministre et à la firme indépendante mandatée par elle, précisant toutefois être convaincuque la décision de mettre fin au contrat de Mme Bondil était la bonne en vertu de notre rôle de fiduciaire qui est de veiller aux intérêts supérieurs du Musée ainsi qu'au respect de ses valeurs et de ses employés.

Par ailleurs, selon un média spécialisé britannique, The Art Newspaper, le musée d'Orsay à Paris renonce à présenter une exposition conjointe avec le MBAM en réaction au congédiement de Mme Bondil.

Les deux musées préparent, depuis 2018, une exposition en lien avec les travaux du naturaliste Charles Darwin. 

L'exposition était prévue au MBAM l'an prochain.

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1720302/enquete-mbam-nathalie-roy-bondil-gestion-congediement

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Crise au MBAM: des appuis internationaux pour Nathalie Bondil

La crise interne qui secoue le Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM) suite au congédiement de Nathalie Bondil a des répercussions jusqu’en France.

Le prestigieux musée d’Orsay, à Paris, a annoncé qu’il suspendait sa collaboration avec le MBAM pour présenter à Montréal l’exposition Les origines du monde en 2021.

Nathalie Bondil est l’une des commissaires de l’exposition consacrée à la représentation de la nature au 19e siècle.

En entrevue au magazine spécialisé The Art Newspaper , la directrice du musée du Quai d’Orsay, Laurence des Cars, s’est dite «consternée par les conditions absolument inacceptables et choquantes» qui ont mené au congédiement de Nathalie Bondil.

Emma Lavigne, directrice du Palais de Tokyo, musée consacré à l’art contemporain dans la capitale française, a également remis en question sa collaboration avec le MBAM.

«Nathalie Bondil a inscrit le Musée des beaux-arts sur la scène internationale et a démontré à des millions de visiteurs que le mariage entre l’art et l’humanisme pouvait être une réalité tangible», a-t-elle déclaré, ajoutant que son licenciement était «un acte de pur violence qui menaçait l’esprit et la vie des institutions muséales».

Québec s’en mêle

Par ailleurs, la ministre de la Culture et des Communications, Nathalie Roy, a annoncé jeudi qu’elle mandatait une firme indépendante pour examiner l’encadrement et la supervision de la conduite des affaires du Musée.

«Cet exercice a pour objectif d’obtenir des recommandations sur le rôle et les responsabilités de chacun», a mentionné la ministre dans un communiqué.

Le gouvernement du Québec est le plus important bailleur de fonds du MBAM, avec un financement annuel de 16 millions $.

Le conseil d’administration du Musée a réagi favorablement à cette initiative, tout en maintenant que la décision de renvoyer la directrice générale était la bonne.

«Nous continuerons d’offrir notre entière collaboration à la ministre et à la firme indépendante mandatée par elle. Nous demeurons toutefois convaincus que la décision de mettre fin au contrat de Mme Bondil était la bonne en vertu de notre rôle de fiduciaire qui est de veiller aux intérêts supérieurs du Musée ainsi qu’au respect de ses valeurs et de ses employés», a dit Michel de la Chenelière, président du conseil d’administration du MBAM.

Rappel

Nathalie Bondil a été congédiée lundi dernier par le conseil d’administration du MBAM, qui lui attribue la responsabilité d’un «climat de travail malsain» et le départ de plusieurs employés qui auraient victimes de harcèlement psychologique.

De son côté, Mme Bondil explique son congédiement par sa contestation du «processus irrégulier» qui a mené à la nomination de Mary-Dailey Desmarais – membre de la famille Desmarais, important donateur du musée – au poste de directrice de la conservation.

https://journalmetro.com/culture/2482319/crise-au-mbam-des-appuis-internationaux-pour-nathalie-bondil/

Quelque chose me dit que cette histoire est loin d'être terminée! 

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Plein de rebondissements dans cette histoire


https://www.ledevoir.com/culture/582651/le-musee-d-orsay-n-a-pas-rompu-avec-le-mbam

Le Musée d’Orsay n’a pas rompu ses liens avec le MBAM

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Photo: Andrea Wright Flickr CC 
La communauté muséale québécoise est jusqu’ici demeurée très discrète dans la crise qui secoue le MBAM.

Guillaume Bourgault-Côté
13 h 18

Contrairement à ce que rapportait jeudi un média spécialisé, le Musée d’Orsay n’a pas rompu les liens avec le Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM).

La publication The Art Newspaper « doit corriger son papier », a indiqué vendredi au Devoir la directrice des communications du Musée d’Orsay (MO). « Laurence des Cars [présidente du MO et de l’Orangerie] n’a pas déclaré rompre toute collaboration avec le MBAM. »

Un article mis en ligne jeudi par The Art Newspaper affirmait que le MO avait coupé les ponts avec le MBAM en réaction au congédiement de Nathalie Bondil, directrice générale et conservatrice en chef du MBAM jusqu’à lundi.

Dans les faits, Mme des Cars dit « n’avoir eu à ce jour aucune nouvelle de la direction du musée de Montréal concernant l’exposition Les origines du monde. L’invention de la nature au XIXe siècle. Aucune décision n’est prise à ce stade concernant l’étape à Montréal, et l’exposition aura bien lieu au Musée d’Orsay à partir du 10 novembre 2020 »

Le MBAM a pour sa part précisé que « l’exposition fait encore partie de [sa] programmation à venir en hiver 2021, tel qu’annoncé en novembre 2019 ».

Mme des Cars n’a par ailleurs pas souhaité répondre à nos questions sur le dossier de Nathalie Bondil. Dans l’article de The Art Newspaper, elle disait être « scandalisée » par la décision du C.A. du Musée montréalais.

Prudence…

Contrairement à plusieurs directeurs et directrices de musées français, la communauté muséale québécoise est jusqu’ici demeurée très discrète dans la crise qui secoue le MBAM.

Joint vendredi, le directeur général de la Société des musées du Québec (dont le MBAM est membre) s’étonnait de la vivacité des réactions en France. « Je ne sais pas comment serait perçue la situation inverse, se demande Stéphane Chagnon. Mais ça me semble hasardeux de prendre position quand on ne connaît pas les tenants et les aboutissants d’un dossier, surtout quand on est loin comme ça. »

La SMQ s’en tient de son côté à un refus de commenter. « On suit la situation attentivement, et on trouve dommage de voir ce qui se passe. Ça affecte toute la communauté. Mais il y a plusieurs zones d’ombre et il faut aller au fond des choses » avant de s’exprimer là-dessus, estime-t-il.

M. Chagnon dit souhaiter que l’exercice commandé par le gouvernement Legault — une évaluation de la gouvernance du MBAM par une firme indépendante — permette de répondre à toutes les questions.

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Il y a quand même eu la démission de 6-7 personnes influentes du musée dans la dernière année au MBAM. On dit souvent qu'il n'y a pas de fumée sans feu. Mais Bondil a quand même été dirgeante du MBAM pendant 13 ans sans anicroche et les problèmes sont survenus depuis environ 1 an, date à laquelle M. De la Chenelière est devenu président du CA. Bref, qui dit vrai? 

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Il y a 4 heures, Rocco a dit :

Il y a quand même eu la démission de 6-7 personnes influentes du musée dans la dernière année au MBAM. On dit souvent qu'il n'y a pas de fumée sans feu. Mais Bondil a quand même été dirgeante du MBAM pendant 13 ans sans anicroche et les problèmes sont survenus depuis environ 1 an, date à laquelle M. De la Chenelière est devenu président du CA. Bref, qui dit vrai? 

Madame Bondil et monsieur de la Chenelière ne sont pas directement en cause. C'est une tierce personne que madame Bondil protège qui est la source du problème. Les agissements de cette personne serait la cause du départ d'environ une quinzaine de personnes, certains départs ayant été volontaires, d'autres pas. Aussi compétente que cette personne puisse être il faudrait la mettre hors d'état de nuire. D'autant plus que je me suis laissé dire que parmi les personnes qui ont quitté certaines étaient très compétentes.

L'ironie c'est que monsieur de la Chenelière a lui aussi sa favorite et madame Bondil ne partage pas son avis concernant ses compétences. Par contre il faut comprendre qu'il est dans l'intérêt du Musée que les personnes qui travaillent (ou travaillaient) directement sous madame Bondil lui plaise et qu'elles ne lui soient pas imposées afin de préserver l'harmonie au niveau des opérations.

Bref, le CA n'a pas à se mêler des affaires courantes du Musée. S'ils ne sont pas satisfaits de madame Bondil ils n'avaient qu'à ne pas renouveler son contrat le moment venu et surtout éviter un scandale en la renvoyant sur un coup de tête sans motif valable.

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Guerres de pouvoir sur le terrain de jeu du gratin montréalais

Notre Bureau d’enquête vous raconte les coulisses de la saga qui a ébranlé le Musée des beaux-arts de Montréal

Jean-Louis Fortin - Le Journal de Montréal

Nomination controversée, allégations de harcèlement, règlements de compte : la saga du congédiement de la directrice générale du Musée des beaux-arts de Montréal, cette semaine, a levé le voile sur un monde secret autour duquel gravite une des plus grandes familles d’affaires québécoises. Dans les coulisses des banquets de financement en robe longue et en smoking, l’institution est déchirée par des jeux d’influence et d’ego.

Nathalie Bondil a déjà été en lice pour diriger le Musée du Louvre, à Paris. Elle a plutôt choisi de faire carrière à Montréal. 

Deux décennies au Musée des beaux-arts (MBAM), dont plus de dix ans à titre de directrice générale.

Aujourd’hui, cette chevalière de la Légion d’honneur française se retrouve sans emploi, après que le président du Conseil d’administration du Musée, Michel de la Chenelière, a annoncé son licenciement par communiqué, lundi. Son numéro de cellulaire a même été désactivé.

Pourtant, pas plus tard que le 26 juin, elle était en pourparlers avec le président du CA en vue d’un renouvellement de contrat pour trois ans.

Comment une femme avec une telle réputation internationale peut-elle avoir été congédiée de façon aussi précipitée et cavalière, du moins en apparence ?

« Une petite game »

L’ancienne ministre Monique Jérôme-Forget en est « outrée ». Présidente du conseil d’administration du Musée McCord à Montréal, elle s’y connaît en gouvernance d’institutions culturelles 

« C’est une petite game qui s’est jouée de façon absolument non professionnelle », a-t-elle lancé mardi au micro de Caroline St-Hilaire, à QUB radio.

« [Mme Bondil] est une femme pour qui j’ai la plus grande admiration, parce qu’elle a amené le musée des Beaux arts à un niveau tel qu’aujourd’hui il est perçu comme un grand musée dans le monde », déclarait-elle.

Au cours des derniers jours, notre Bureau d’enquête a obtenu plusieurs témoignages et consulté de nombreux documents qui permettent de mieux comprendre ce qui s’est vraiment passé.

« Pourquoi ce nouveau poste ? »

Personne ne se doutait que la nomination de Mary-Dailey Desmarais comme directrice de la conservation du MBAM, annoncée le 6 juillet, cachait un vrai drame en coulisses. 

Ce poste n’existait pas auparavant, l’équipe de conservateurs se trouvant sous la gouverne de la directrice générale et conservatrice en chef, en l’occurrence Mme Bondil. 

Pascale Chassé, directrice des communications du musée, voit venir le jeu. Elle sait qu’il faudra justifier publiquement le nouvel organigramme.

« Il va falloir prévoir une réponse a la question : pourquoi ce nouveau poste a-t-il été créé ? », écrit-elle par courriel à Nathalie Bondil le 27 juin, lorsque les deux femmes préparent la rédaction du communiqué pour annoncer la nomination.

Stanford et Yale

Mme Desmarais, 39 ans, nous est décrite comme une jeune femme brillante et ambitieuse. Elle a étudié aux États-Unis, d’abord à l’Université Stanford, avant d’obtenir en 2015 un doctorat en histoire de l’art de la prestigieuse Université Yale.

Elle est mariée depuis 2008 à Paul Desmarais III, petit fils de feu Paul Desmarais, l’ex-grand patron de Power Corporation. 

Le couple s’est établi en 2015 à Westmount, après avoir acheté pour 4,8 M$ la maison de l’ancien premier ministre, Brian Mulroney.

Nathalie Bondil est la patronne de Mary-Dailey Desmarais depuis six ans au MBAM, et elle lui reconnaît beaucoup de talent. Pourtant, les mots choisis par la directrice générale pour annoncer cette nomination dans le communiqué de presse du Musée sont empreints de réserve.

« J’apporterai mon entier soutien à Mary-Dailey pour que le MBAM continue de grandir », se contente-t-elle d’affirmer---, après plusieurs lignes qui portent plutôt sur la vision stratégique à long terme de l’institution et sa programmation artistique. 

Discussions tendues

Cette déclaration, c’est l’arbre qui cache la forêt. La façon dont Nathalie Bondil accueille publiquement la nomination de Mme Desmarais est au cœur des discussions qu’elle a au même moment avec Michel de la Chenelière pour le renouvellement de son propre contrat. Le processus a débuté le 26 juin, selon des courriels que nous avons consultés.

Nathalie Bondil n’est pas d’accord avec Michel de la Chenelière pour que Mary-Dailey Desmarais soit nommée directrice de la conservation. Elle croit qu’elle manque d’expérience en gestion de personnel, et suggère qu’un poste de conservatrice en chef adjointe serait plus approprié.

D’ailleurs, Mme Desmarais s’était classée quatrième dans la grille d’évaluation des quatre candidats pressentis pour diriger la conservation.

Le 27 juin, en fin de matinée, M. de la Chenelière demande à Nathalie Bondil de voir les textes de l’annonce aux employés et du communiqué de presse pour marquer la nomination de Mme Desmarais. Les échanges deviennent alors plus tendus.

« Compte sur moi : Je le ferai – comme dit déjà à Mary pour les employés – Ce sera un message évidemment positif et constructif dans l’esprit de nos échanges. », lui répond-elle.

« Sens-toi libre de m’écrire ce que tu veux ou de me donner tes points – si tu préfères contrôler ce message », ajoute-t-elle.

En dépit de leurs divergences d’opinions, Michel de la Chenelière convie tout de même la directrice générale à une vidéo-conférence le 2 juillet pour discuter du renouvellement de son contrat. Nathalie Bondil refuse encore d’endosser publiquement le processus de nomination de Mary-Daily Desmarais.

De mal en pis

Elle expédie dans les heures suivantes une lettre formelle à M. de la Chenelière et à Alix d’Anglejan-Chatillon, secrétaire du CA.

« Lors de notre dernière rencontre du 26 juin, vous m’aviez assuré de la reconduction de mon contrat et vous étiez d’accord pour que ce point soit réglé rapidement en juillet », s’inquiète-t-elle.

« Lors de notre entretien ce matin, j’ai été surprise d’apprendre que vous n’aviez aucune idée de l’avenir ni obtenu le feu vert ou un mandat clair à ce sujet », ajoute la directrice, exprimant le besoin d’être « urgemment renseignée » sur son avenir.

« Il nous est très difficile d’envisager de discuter et de conclure une entente entre toi et le Musée avant ton départ en vacances le 18 [juillet] », lui répond Michel de la Chenelière le soir même.

Le lendemain, il lui propose une autre rencontre le 6 juillet, le jour où il lui apprendra que son mandat se terminerait cet été. Mais cette fois, ce ne sera pas une réunion virtuelle.

« Je comprends tout à fait ton désir, comme tu l’exprimes dans ton mot d’hier, de vouloir être urgemment renseignée sur ton avenir. C’est important, je sais, et crois moi, je fais tout mon possible pour accommoder la situation en consultant le Conseil d’administration. [...]

Je suggère une rencontre en personne, toi et moi, plutôt que sur Zoom.

Dans ton jardin ? Dans mon jardin ? »

Proposition rejetée

Jadis de grands amis « comme les deux doigts de la main », selon quelqu’un qui les connaît bien, Michel de la Chenelière et Nathalie Bondil viennent de consommer leur divorce professionnel.

Une fois la dispute éventée dans les médias, Michel de la Chenelière lui propose le vendredi 10 juillet de rester jusqu’à la fin de son mandat en 2021, « en vue de promouvoir une transition de fonctions harmonieuse, ordonnée et respectueuse », selon le projet d’entente qui lui est soumis.

Nathalie Bondil occuperait un rôle édulcoré où elle doit notamment s’engager à « rencontrer le président du Conseil sur une base mensuelle, ou plus régulièrement à la demande de celui-ci »

Elle refuse et est officiellement congédiée dès le lundi matin suivant.

Édition et philanthropie

M. de la Chenelière a acquis une grande notoriété et fait fortune dans le domaine des livres. C’est lui qui a fondé la maison d’édition qui porte son nom, spécialisée dans les manuels scolaires francophones, et vendue à Transcontinental en 2006.

On ne compte plus les distinctions honorifiques reçues au fil des ans par celui qui est notamment récipiendaire de l’Ordre national du Québec et chevalier de l’Ordre des arts et des lettres de la République française. Au MBAM, un atelier d’art-thérapie porte même son nom.

Décrit comme un homme affable et de commerce agréable, Michel de la Chenelière est aussi un grand amateur d’art. Il a fait des dons totalisant 5 M$ au musée en 2011 et 2015.

« Depuis 2010, cet exceptionnel mécène a permis au MBAM d’amplifier ses programmes éducatifs et sociocommunautaires et de promouvoir des projets innovants », mentionnait le comité de nomination du Conseil du MBAM en le nommant président l’an dernier.

Qui préside ce comité ? Un autre fidèle lieutenant de la famille Desmarais, l’ex-sénateur Serge Joyal. Ce célèbre collectionneur d’art et donateur au MBAM, dont il est lui-même administrateur, gère notamment la collection d’art de Power Corporation.

En décembre dernier, alors qu’il recevait les insignes de commandeur de la Légion d’honneur de la République française, il a parlé de Jacqueline Desmarais comme « sa grande amie ».

Jacqueline Desmarais, décédée en 2018, était la femme de feu Paul Desmarais, qui a bâti Power Corp. Après le décès de son mari, c’est elle qui a gardé la famille unie. 

Le couple de milliardaires fait partie des « grands mécènes » du musée, un titre réservé à ceux qui ont contribué pour 1 million $ et plus au fil des années.

Leurs enfants ont perpétué la tradition de soutenir le milieu des beaux-arts. Un de leurs deux fils, Paul Jr, a donné entre 25 000 $ et 50 000 $ lors de la dernière campagne de financement annuelle du MBAM.

Il est le père de Paul III, premier vice-président chez Power Corp depuis 2017 et époux de Marie Dailey-Desmarais, la nouvelle directrice de la conservation du musée.

Chicane de famille

L’autre fils du couple Paul et Jacqueline Desmarais, André, fait aussi dans le mécénat au profit du musée, « encore plus que Paul Jr et [sa femme] Hélène », selon une source qui connaît très bien la famille.

Mais plutôt que d’appuyer l’une des membres de leur puissante famille dans cette saga, André et sa femme, France Chrétien Desmarais, ont plutôt fait une sortie dans le quotidien La Presse pour prendre nettement position en faveur de Nathalie Bondil et exprimer leurs craintes sur la gouvernance du musée.

« Quand on est président ou membre du Conseil d’administration, on n’est pas là pour gérer le musée », a notamment lancé France Chrétien Desmarais.

Dans la famille Desmarais, ce n’est pas l’harmonie. « Les deux belles-sœurs (France et Hélène) ne s’apprécient guère, depuis longtemps », rapporte une source qui a voulu garder l’anonymat, grande habituée des soirées du musée.

Exposition compromise ?

Si André et France Chrétien Desmarais s’inquiètent pour l’avenir du MBAM, c’est que Nathalie Bondil est celle qui devait y diriger la mise en place d’une toute nouvelle aile dédiée au célèbre peintre québécois Jean-Paul Riopelle, dont l’ouverture a été annoncée pour 2023.

Ce projet de 20 M$ doit voir le jour grâce à la fondation Jean-Paul Riopelle, dont deux des six fondateurs et mécènes sont nul autre qu’André Desmarais et Serge Joyal.

Cette fondation est dirigée par Manon Gauthier, l’ex-chef de cabinet de la ministre de la Culture et des Communications, Nathalie Roy, qui a lancé ce jeudi une attaque à peine voilée contre le CA du Musée. 

« En tant que plus important bailleur de fonds du musée, à raison de 16 M$ par année, le gouvernement du Québec se considère en droit de poser des questions et d’obtenir des réponses sur la gestion et la gouvernance du musée et de son Conseil d’administration », a-t-elle affirmé, en lançant une enquête indépendante sur l’affaire.

Climat toxique

Le MBAM a rouvert ses portes aux visiteurs le 6 juin dernier, après une pause obligée en raison de la COVID-19. Le masque est de rigueur et les réservations sont obligatoires pour pouvoir déambuler dans la seule exposition accessible au public pour le moment, Paris au temps du postimpressionnisme.

Mais plusieurs de ses employés, dont la direction, travaillent encore à distance. C’était le cas de Nathalie Bondil et de ses subalternes. Et c’est peut-être une bonne chose, si l’on se fie aux raisons officiellement invoquées pour le congédiement de Nathalie Bondil.

En annonçant le licenciement, Michel de la Chenelière a décrit un climat de travail qui semble avoir été épouvantable depuis plusieurs mois. Un rapport d’une firme externe qualifierait même l’ambiance de « toxique ».

« Depuis l’an dernier, le Musée a vu plusieurs départs d’employés clés et a été mis au courant de témoignages troublants d’employés faisant état d’une détérioration évidente du climat de travail », peut-on lire dans le communiqué pour annoncer le départ de la directrice générale.

Mme Bondil n’est personnellement visée par aucune allégation de harcèlement. Néanmoins, « au cours des derniers mois, les tentatives maintes fois répétées par le conseil d’administration de trouver une solution à cette situation devenue intolérable se sont butées à l’inflexibilité de Mme Bondil et à son déni de plusieurs conclusions pourtant sans appel du rapport », peut-on lire.

Autre signe de déchirement entre riches, le grand mécène et multimillionnaire Pierre Bourgie a endossé cette version dans une lettre ouverte publiée hier dans La Presse.

Calmer le jeu

Que contient précisément le rapport ? Même le Conseil d’administration ne l’a pas vu, selon nos informations. Pour sa part, la ministre Roy a indiqué l’avoir demandé à deux reprises au CA, mais ne pas l’avoir obtenu.

La saga du Musée des beaux-arts de Montréal laisse une institution blessée qui n’a même plus honte de laver son linge sale sur la place publique. Des tensions ont été mises au jour à la direction, au Conseil d’administration et même chez les milliardaires qui lui donnent généreusement des peintures et des dollars.

Mercredi, pour calmer le jeu, le musée a publié une déclaration dans laquelle une dizaine de ses responsables de la conservation ont salué les qualités de leur nouvelle patronne.

« Mary a gagné notre profond respect par son ouverture à la collaboration, son intelligence, sa capacité d’écoute et d’apprentissage rapide, sa discrétion, sa modestie, son intégrité et la qualité de ses publications savantes », ont-ils exprimé en bloc.

« Du salissage »

Nathalie Bondil, pour sa part, s’est vidé le cœur sur toutes les tribunes médiatiques.

« Mon congédiement, c’est du salissage, vraiment, qui masque un processus de recrutement qui est irrégulier », a-t-elle lancé en entrevue à l’Agence QMI.

L’ex-directrice a évoqué sans nuance des problèmes de gouvernance, affirmant que la décision de nommer Mary-Dailey Desmarais aurait été prise à huis clos par le Conseil d’administration.

« Le CA a pris la direction du musée. Nous [la direction], on agace. Ça ne peut pas fonctionner comme ça. Il y a confusion des rôles entre président et DG », a-t-elle affirmé.

Ingérence ? Michel de la Chenelière ne l’entend pas de cette oreille. Il n’a pas voulu nous accorder d’entrevue, mais a répondu ce jeudi à plusieurs de nos questions par le truchement de la chargée des relations médias du MBAM.

« Le Conseil d’administration tente de respecter la distanciation habituelle voulant qu’il n’intervienne pas dans la gestion interne du musée, mais lorsque l’attitude et le comportement de sa directrice générale sont à ce point problématiques, il n’a d’autre choix que d’intervenir », a-t-il soutenu.

Le président du CA persiste et signe : le congédiement de Mme Bondil « n’a rien à voir » avec le processus de sélection de Marie-Dailey Desmarais, et est dû au « climat de travail malsain ».

« Elle n’a d’ailleurs pas donné suite à des doléances du personnel, tant en 2019 qu’en 2020, ne reconnaissant pas ainsi la gravité de ces problèmes, et ne s’est pas assurée que les correctifs appropriés soient apportés ».

Reviendra-t-elle ?

Nathalie Bondil a reçu cette semaine le soutien de 26 femmes leaders du Québec et du Canada, dont plusieurs gestionnaires d’entreprises, qui se sont portées à sa défense.

« Nous exprimons par la présente notre refus d’accepter le congédiement de Madame Bondil. Nous souhaitons que cette situation soit revue et corrigée, en accord avec le gouvernement du Québec et les donateurs et les Amis qui permettent au MBAM de rayonner », écrivent-elles dans une lettre ouverte.

Alors, Nathalie Bondil reviendra-t-elle au MBAM ou est-elle partie pour de bon ? L’ex-chef du Parti québécois, Jean-François Lisée, a une opinion bien arrêtée là-dessus et l’a publiée sur Twitter mercredi.

« Si dans 10 jours Nathalie Bondil n’est pas de retour à son poste, à ses conditions, c’est à désespérer du pouvoir combiné du gouvernement du Québec et des Desmarais ! ». 

https://www.journaldemontreal.com/2020/07/18/guerres-de-pouvoir-sur-le-terrain-de-jeu-du-gratin-montrealais

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Assez évident que les Desmarais contrôlent le Musée. Pas pour rien qu'ils ont appellé leur compagnie "Power". Tassez vous de là quand la famille Desmarais est autour. Ils placent leur pions (Mary-Dailey), si ça fait pas ton affaire, dehors.

Sérieusement, si un mécène d'une famille x donne de l'argent, il est évident que la femme du donateur ne devrait jamais être considéré pour un poste au sein de l'institution. C'est tellement du traffic d'influence.

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