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Une nouvelle mécène pour les arts à Montréal

 

Les temps sont durs pour Postes Canada. Faute de clients, les bureaux de poste ferment les uns après les autres. Mais ces morts se muent parfois en petits miracles. C'est le cas d'un ancien bureau de poste de Griffintown. Dessiné par l'architecte de l'Hôtel de Ville de Montréal, David Jerome Spence, l'édifice centenaire renaîtra aujourd'hui de ses cendres et offrira aux Montréalais un magnifique lieu d'exposition, le 1700 La Poste, situé au 1700, rue Notre-Dame Ouest, à trois coins de rue de l'Arsenal et du marché Atwater.

 

Rénové à grands frais par la mécène belge Isabelle de Mévius, en collaboration avec le défunt architecte Luc Laporte, le 1700 La Poste est le signe que les choses ne vont peut-être pas si mal que ça à Montréal et que la ville attire encore des étrangers, prêts à y investir leur temps, leur énergie et leur fortune.

 

C'est le cas d'Isabelle de Mévius, une descendante de la noblesse wallonne et membre d'une des trois familles les plus fortunées de Belgique, toutes les trois actionnaires de la brasserie Stella Artois.

 

Les Montréalais ne le savent pas encore, mais ils doivent une fière chandelle, non pas à Stella Artois, mais au psychanalyste français Jacques Lacan et à son école montréalaise. Ce sont en effet les disciples de Lacan à Montréal qui ont attiré la mécène belge chez nous, il y a 18 ans.

 

Isabelle de Mévius venait d'abandonner une carrière naissante de peintre quand, avec pour bagage l'amour de l'art et un intérêt pour la psychanalyse lacanienne, elle s'est retrouvée à Montréal. «Je me souviens d'avoir pris l'autobus qui descendait du centre-ville à la Petite Bourgogne pour aller voir les antiquaires de la rue Notre-Dame», raconte celle qui ne se doutait pas qu'un jour elle achèterait l'espace d'un de ces antiquaires.

 

À travers la filière lacanienne, la mécène a rencontré des artistes comme Michel Casavant ou la sculpteure Violette Dionne. Elle s'est liée d'amitié avec eux et d'autres, au fil des ans.

 

En 2002, de retour à Montréal - où elle se sent de plus en plus comme chez elle, mais pas au point de demander un statut de résidente, seulement un permis de travail - la mécène s'achète une maison et la meuble de dizaines d'oeuvres d'artistes québécois.

 

Un jour, les murs de sa demeure ne suffisent plus et la poussent à trouver un autre lieu pour exposer sa collection. Elle visite plusieurs d'édifices patrimoniaux à l'abandon, comme la maison Notman et la bibliothèque Saint-Sulpice, mais finit par craquer pour l'espace de Michel Richard, antiquaire réputé qui a fourni en meubles d'époque des dizaines de films québécois.

 

L'espace en question est un ancien bureau de poste qui sera complètement évidé sous les auspices de Luc Laporte. «Tout le monde avait plein d'idées pour cet espace, mais Luc Laporte était le seul qui avait un projet clair et cohérent», raconte Mme de Mévius.

 

Lentement mais sûrement, à coup de plusieurs millions et avec un souci minutieux du détail, le 1700 La Poste a pris forme avec ses dalles polies, ses planchers en noyer, ses grandes colonnes telles des vigies et ses lignes pures alliant l'ancien et le moderne.

 

Le 1700 La Poste ne sera pas un musée ni une galerie où l'on peut acheter des oeuvres. Ce sera un lieu d'exposition libre, ouvert au public et dédié à une génération de peintres, de sculpteurs et de graveurs âgés de 40 à 60 ans et donnant dans l'abstraction ou l'expressionnisme.

 

«Les jeunes artistes, surtout ceux qui font de l'art contemporain conceptuel, ont beaucoup d'attention, constate la mécène. Ça marche pour eux, mais il y a toute une frange d'artistes québécois très talentueux, des gens de ma génération, comme Michel Casavant, dont on ne s'occupe plus même s'ils sont au sommet de leur art. Je veux leur redonner une visibilité et leur rendre hommage, en somme. Et je veux surtout qu'un plus large public les découvre.»

 

La première exposition débutera le 10 octobre et sera consacrée au graveur, peintre et dessinateur Louis-Pierre Bougie. En attendant, c'est jour d'inauguration aujourd'hui au 1700 La Poste. Les médias y sont attendus, de même que le petit-fils de David Jerome Spencer, un octogénaire qui vit en Floride et qui reviendra à Montréal pour l'occasion, chargé des plans et des devis originaux de l'édifice.

 

Après Phyllis Lambert et Phoebe Greenberg, Isabelle de Mévius ajoute son nom à la liste des mécènes montréalaises. Les trois sont des femmes discrètes et fortunées qui auraient pu choisir de vivre ailleurs. Mais quelque chose les a séduites et retenues à Montréal, et les a incitées à partager leur fortune avec nous. On ne saura jamais assez les remercier.

 

 

http://www.lapresse.ca/debats/chroniques/nathalie-petrowski/201309/19/01-4690915-une-nouvelle-mecene-pour-les-arts-a-montreal.php

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