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monctezuma

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Excellent article. Merci de le partager.

 

Dans le Devoir :

 

Péage sur les ponts et «trou de beigne»: Monsieur le Maire, vous vous trompez!

 

 

5 mars 2014

Luc-Normand Tellier - Professeur émérite au Département d’études urbaines et touristiques de l’Université du Québec à Montréal

Montréal

 

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Photo : Jacques Nadeau - Le Devoir

L’instauration de péages pourrait inciter les résidants de l’île de Montréal à faire leurs achats… sur l’île !

 

Selon le maire Denis Coderre, cité dans Le Devoir du 4 mars, « On vous le dit depuis le début : quand on en met un [péage], on va en mettre partout et nous aurons l’effet trou de beigne qui va avoir un impact économique épouvantable pour Montréal. » Monsieur le Maire, vous vous trompez !

 

Actuellement, il n’y a aucun péage sur les ponts reliant l’île de Montréal et la Rive-Sud, et selon Le Devoir du 1er mars dernier, « il y a sept ans, une étude réalisée sur les achats faits par les résidants du centre-ville (rue de la Commune au sud, Sherbrooke au nord, Griffintown à l’ouest, et de Bleury à l’est) a démontré que ces derniers concluaient 60 % de leurs achats sur la Rive-Sud ». Pour acheter des meubles, des électroménagers et même pour aller à une simple quincaillerie d’importance, les habitants du centre de Montréal en sont réduits à aller sur la Rive-Sud.

 

Or, avant que les péages soient éliminés sur les ponts Victoria et Jacques-Cartier en 1962, et sur le pont Champlain en 1990, les résidants du centre de Montréal ne faisaient pratiquement aucun achat sur la Rive-Sud. Je veux bien que s’opposer au péage sur les ponts soit populaire, mais il ne faut tout de même pas nier l’évidence pour ce faire.

 

Imposer un péage sur le seul pont Champlain sous prétexte qu’il s’agira d’un nouveau pont est tout bonnement aberrant quand on pense à l’impact que cela aurait sur la répartition des flux automobiles entre les divers ponts de la Rive-Sud. Cependant, présenter l’imposition de péages à un niveau raisonnable sur les ponts de Montréal comme une mesure susceptible d’accentuer l’effet « trou de beigne » est tout bonnement injustifiable parce que cette mesure est plutôt susceptible d’avoir précisément l’effet contraire.

 

En effet, il y a plus de banlieusards qui travaillent sur l’île de Montréal qu’il y a de résidants de l’île qui travaillent hors de l’île, et il y a plus de résidants de l’île qui fréquentent les grands centres commerciaux de la banlieue qu’il y a de banlieusards qui fréquentent ceux de l’île de Montréal. L’imposition de péages ne devrait logiquement avoir pour effet que de convaincre :

 

Les banlieusards travaillant sur l’île de songer à déménager sur l’île.

 

Les résidants du centre à acheter sur l’île plutôt qu’en banlieue.

 

Les quelques résidants de l’île travaillant en banlieue de songer à déménager plus près de leur lieu de travail, ce qui réduirait la congestion et la pollution au centre.

 

Il est habituel pour les maires de la région de Montréal de privilégier une taxe sur l’essence plutôt que le péage sur les ponts. Or, nous savons, depuis la publication des travaux de Georges A. Tanguay et Ian Gingras (2012), qu’une taxe sur l’essence de 3 % est susceptible de n’avoir qu’un infime impact sur l’étalement urbain (elle ne ferait augmenter la population du centre-ville que de 1 % environ).

 

Par contre, précisément parce qu’ils sont impopulaires et parce qu’ils ont un effet sur les comportements et les localisations, les péages installés autour des centres des villes ont des effets significatifs sur la limitation de l’étalement urbain, sur la réduction du trafic automobile, sur l’augmentation du recours aux transports collectifs, sur la baisse de la pollution, sur une meilleure répartition des déplacements au cours de la journée (si les tarifs sont plus élevés aux heures de pointe) et sur la fluidité du trafic.

 

Le péage urbain présente d’immenses avantages des points de vue de l’urbanisme, du transport privé, du transport collectif, de l’environnement et même des finances publiques. Par exemple, chaque jour, 1,3 million de véhicules franchissent les ponts de l’île de Montréal ; si chaque passage coûtait 1,50 $, cela rapporterait en valeur brute 712 millions de dollars par année, ce qui est considérable et ce qui permettrait de mettre à niveau les infrastructures de transport privé et public très défaillantes de la région de Montréal.

 

Cela dit, pour être intelligent, le péage urbain doit être planifié intelligemment. Ce n’est pas ce qui se fait actuellement. Si le péage sur le pont de la 25, sur celui de la 30 et sur le futur pont Champlain est incontournable, il faut une politique métropolitaine des péages sur les ponts entourant l’île de Montréal, politique visant à répartir intelligemment le trafic entre les ponts et entre les heures de la journée, à freiner l’étalement urbain et à augmenter radicalement la mobilité sur l’île et dans l’ensemble de la grande région de Montréal.

 

La situation actuelle est critique. Nous avons totalement échoué dans notre tentative de contrer l’effet de trou de beigne et de freiner l’étalement urbain dans la grande région de Montréal. À titre d’exemple, soulignons que, si l’île de Montréal avait la densité de population actuelle de Vancouver, elle accueillerait 3 millions d’habitants au lieu des 1,7 million d’habitants actuels.

 

Cela représente des coûts considérables si l’on songe qu’un véhicule venant de l’extérieur de l’île parcourt en moyenne 57 kilomètres par jour tandis qu’un véhicule provenant de l’île ne parcourt en moyenne que 19 kilomètres par jour pour les déplacements domicile-travail. Il s’agit là d’un rapport d’un à trois.

 

Notons qu’en dix ans, de 1998 à 2008, la distance moyenne d’un déplacement dans le Grand Montréal est passée de 6,3 à 6,8 kilomètres, pour une augmentation de 8 %.

 

On nous dit que les péages feraient fuir les banlieusards des commerces du centre-ville. Curieusement, les protestations les plus véhémentes qui ont été exprimées lorsque tous ont pris connaissance des problèmes causés par le piètre état du pont Champlain ne sont pas venues des commerçants du centre-ville.

 

Elles sont bel et bien venues des commerçants et des maires de la Rive-Sud. Eux savent à quoi s’en tenir parce qu’ils ont été les principaux bénéficiaires de l’étalement urbain spectaculaire et dramatique qu’a connu la grande région de Montréal depuis 50 ans.

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Un péage sur tous les ponts aurait comme effet de faire passer le traffic ailleurs que par l'île Montréal (ex A30, Laval, A640). Mais que ceux qui y travaillent seraient obligés d'y aller quand même, leurs compagnies ne déménageraient pas, ça forcerait au long terme les gens à vouloir déménager sur l'île. Le transport en commun serait beaucoup plus utilisé pour ne pas aller à Montréal en voiture. Ca pourrait avoir un effet bénéfique pour l'autoroute métropolitaine, et une montée du traffic pour la 440-640. Sauf si les prix sont acceptables.

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leurs compagnies ne déménageraient pas, ça forcerait au long terme les gens à vouloir déménager sur l'île.

 

Je ne suis pas convaincu de ça! Encore moins pour des gens qui ont des enfants. Ils quittent la ville quand les enfants arrivent....il n'y retourneront pas à cause d'un payage. Au contraire, je crois que ça va encourager les banlieusards à se rendre sur l'ile de moins en moins souvent!

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Je ne suis pas convaincu de ça! Encore moins pour des gens qui ont des enfants. Ils quittent la ville quand les enfants arrivent....il n'y retourneront pas à cause d'un payage. Au contraire, je crois que ça va encourager les banlieusards à se rendre sur l'ile de moins en moins souvent!

Si leurs emplois sont à Mtl, ils n'auront pas le choix de payer, mais il faut leur donner l'option du transport en commun. Montréal grossit et toujours plus de voitures, un jour on va atteindre un point de non-retour avec le traffic sur l'île, il faut réduire les voitures. Il y aura un LRT sur la Rive-Sud dans les années 2020, et la Ligne Jaune du métro qui sera prolongée après la Ligne Bleu.

 

Le gouvernement a par ailleurs indiqué vendredi qu’après la ligne bleue, la priorité sera accordée au prolongement de la ligne jaune sur la Rive-Sud. « Il n’est pas question d’attendre l’inauguration de la ligne bleue avant d’amorcer les études pour la réalisation de la ligne jaune », a précisé M. Gaudreault.

http://www.ledevoir.com/politique/montreal/388087/metro-de-montreal-pas-de-nouvelles-stations-avant-2020

Modifié par vivreenrégion
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C'est sur qu'avec l'arrivée du SLR sur le nouveau Pont Champlain ca va encourager les gens à laisser leurs autos à la maison, mais ils ne viendront plus sur l'île pour des sorties les soirs et les fin de semaine!

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C'est sur qu'avec l'arrivée du SLR sur le nouveau Pont Champlain ca va encourager les gens à laisser leurs autos à la maison, mais ils ne viendront plus sur l'île pour des sorties les soirs et les fin de semaine!

pourquoi pas en SLR ou en métro ? D'ici 10-15 ans, le centre-ville sera accessible de partout sans voiture. Tu peux prendre le bus jusqu'à la station de métro ou SLR, tu vas downtown et tu reviens. C'est certain que si tu me parles de Sainte-Julie, ils sont plus loin, mais quand même accessible par le métro Rive-Sud en moins de 30min.

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C'est bien beau de vouloir ramener les gens vivre à Montréal, mais on les met où? Il y a de moins en moins de terrains libres à Montréal. De plus, une bonne part des gens qui émigrent en banlieue veulent une maison unifamiliale (pas nécessairement une monster house, mais simplement une maison détachée bien à eux). C'est certain qu'il n'y aura pas assez de place pour tout le monde dans ces conditions. Voici une liste de choses à considérer:

 

-Il y a un boom de condos au centre-ville même s'il n'y a pas de péages. C'est une tendance de fond qui va continuer. Je ne suis pas certain que des familles veulent vivre dans des condos au centre-ville.

 

-Mettre des péages aurait comme effet de faire augmenter le prix des terrains et des bâtiments à Montréal, ce qui ferait en sorte de pousser dehors les familles plus pauvres vers la banlieue.

 

-Le prix des multiplex augmenterait et donc les taxes monteraient éventuellement. Cependant, la Régie des logements ne permettra pas aux loyers de monter aussi rapidement. Ce sont les petits propriétaires qui seront coincés.

 

-On va nous dire qu'on pourra simplement construire plus haut pour accommoder plus de résidents. Vraiment? Quand on essaye de faire plus de 4 étages, on a les NIMBY sur le dos qui s'empressent de dénoncer un promoteur assoiffé de profits et qui se pense à Dubaï.

 

-Si un promoteur essaye de remplacer de vieilles maisons par des résidences à plus forte densité, on va lui mettre des bâtons dans les roues en supposant automatiquement que les vieilles maisons qu'il veut démolir sont patrimoniales (même si elles ne le sont pas).

 

-Si des gens qui vivaient au nord de Longueuil ou au sud de Laval s'installent au fin fond de Pointe-aux-Trembles ou de Sainte-Anne-de-Bellevue pour quand même travailler au centre-ville de Montréal, est-ce vraiment une victoire contre l'étalement urbain?

 

Mettre des péages est une mesure à étudier très attentivement, mais je crois qu'il faut surtout étudier la question de l'étalement urbain dans son ensemble. Ça ne donne rien d'essayer de ramener des résidents à Montréal s'il n'y a pas de place pour les accueillir. Qu'on commence par construire plus haut, surtout autour des grands pôles de transport en commun (stations de métro, gares de trains de banlieue, terminus d'autobus et le long des voies réservées et futurs tramways) et on regardera les résultats. Si on construit plus de 4 étages (peut être dans les 10-15 étages) autour des stations de métro, je ne crois pas que ces logements resteront vides très longtemps, même sans péages. Même chose si on construit plus haut le long des boulevards et des axes de transport en commun (et ça pourrait faire des logements de bonne qualité à prix très abordables). On devrait aussi construire en hauteur autour des grands pôles de transport en commun en dehors de l'île de Montréal. Je crois que c'est une bien meilleure façon de combattre l'étalement urbain et de favoriser une plus grande densité. Et s'il y a des NIMBY qui s'opposent systématiquement aux constructions en hauteur trop près de leur champ de vision, hé bien, ce sont peut être le problème à combattre plutôt que de pénaliser une famille qui doit déménager en banlieue et se taper un transit interminable parce qu'ils n'ont pas les moyens de se payer un logement à Montréal.

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On se retrouve encore avec un dilemme de carotte ou bâton, et trop souvent, le bâton vient bien avant la carotte, si celle-ci fini par arriver!!

 

Faites des vrais stationnement incitatifs, comme GO Transit fait dans la région de Toronto pas de petits parking tout croche en garnotte de 100 places, les gens vont laisser leurs voitures aux stationnements et prendre le TEC pour entrer en ville. Les gens ne veulent pas prendre un autobus avant le métro/train/slr, ils veulent le moins de transfert possible.

go-oakville00sr99.jpg

 

Ajouter des départs dans les 2 directions et surtout allonger les heures de service, augmenter les capacitées... c'est incroyable qu'en 2014 il soit impossible de revenir sur la rive-sud en TEC 24h par jour, je ne dit pas partout, mais ne serait-ce qu'aux terminus sur la rive sud, et ce 1 fois l'heure!

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N'oubliez pas qu'il n'y a pas qu'une seule option de péage : aux limites de l'île ou pas pantoute. Le péage régional, décliné graduellement à partir d'une limite plus éloignée sur les rives nord et sud, et calculé selon la distance parcourue, est une option tout à fait viable, et beaucoup moins catastrophique que d'embarrer l'île, ce qui, évidemment, serait perçu comme une sorte de "va chier" à tous ceux qui vivent à l'extérieur. De plus on peut moduler les tarifs selon les heures de pointe ou hors pointe, soirs, week-ends, etc.

 

Bien entendu, il sera PRIMORDIAL d'offrir des alternatives nombreuses et efficaces en TEC et en stationnement incitatif.

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