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Courrier International: Quelques mots sur le 'Québec Bashing'


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Quelques mots sur le 'Québec Bashing'

 

La phase de consultation publique de la Commission Bouchard-Taylor arrive à son terme. Qu'y a-t-on appris ? Que le Québec est intolérant ? Que les Québécois sont attachés à leur héritage catholique ? Que les immigrants n'ont qu'un rêve : repartir ?

 

Les moments d'introspection sont généralement coûteux. Le Québec s'est livré à l'un de ces douloureux exercices au cours des consultations publiques de la Commission Bouchard-Taylor. La province a exhibé ses doutes, ses colères avec finalement plus de retenue, en dépit de certains excès, que d'agitation. Qu'est-ce qu'en a retenu la presse étrangère et canadienne anglaise ? Finalement peu de choses.

 

En France peu d'analyses sur le sujet ont été faites. Plus loin, une dépêche d'agence de presse a suffi. Ou lorsque l'on parle de l'accueil des immigrants au Québec, il est montré comme agréable, comme le fait une Britannique installée à Montréal, Patricia Smith, dans The Daily Telegraph, qui souligne que cette ville "la deuxième plus grande ville francophone au monde après Paris." (J'ai déjà eu l'occasion de souligner certaines difficultés qui existent également, mais la presse internationale présente en général le Québec et le Canada comme des endroits ouverts aux communautés culturelles.) Patricia Smith écrit ainsi que Montréal est une ville "est vibrante, jeune, bilingue - certains sont même trilingues - et arriver ici en ne parlant qu'anglais n'est pas un problème. Même si vous parlez parfaitement français, on remarquera votre accent. Je vis ici depuis quatre ans et les gens me répondent toujours en anglais une fois qu'ils m'ont entendue dire 'Bonjour' [en français dans le texte]."

 

Le Canada a abondamment parlé de la Commission. Et pas toujours sur un ton élogieux. Difficile pour moi de tirer à distance des conclusions sur les séances de consultation, mais un bref bilan sur le travail de la presse canadienne anglaise est faisable.

 

Le National Post expose ses craintes que la Commission "n'ait infligé plus de blessures qu'elle n'en a guéries."

 

"Son impact est catastrophique", affirme Lamine Foura, animateur d'une émission de radio destinée aux immigrants nord-africains. "La communauté musulmane se sent comme si elle avait été lynchée, comme si elle était lapidée devant la Commission."

 

L'opinion de Lamine Foura n'est pas mon propos. Ce qui m'intéresse c'est plutôt le choix du National Post de répercuter ses mots dans ses pages. "Lyncher" et "lapider" sont des mots forts, imagés sans doute, et s'il y a pu y avoir de l’intolérance voire du racisme, il faut vraiment n'avoir jamais été lynché ou lapidé pour les utiliser dans un tel contexte. Le catastrophisme ambiant fait peut-être des titres accrocheurs, mais s'éloigne de la réalité.

 

Le Toronto Star dresse un autre bilan, soulignant les "deux solitudes québécoises". "Pendant des mois, les commissaires ont vu parader et ont écouté des Québécois francophones de souche ('old-stock') exprimer leur peur à propos de la survie de la culture francophone, catholique, et s'interroger sur les moyens pour s’assurer que les immigrants adoptent la culture majoritaire. Mais au cours des derniers jours, le ton a changé." Finalement, la Commission arrivait à Montréal.

 

Soudainement, toute l'intolérance reprochée aux Québécois disparaît, mais faisant apparaître "au moins deux solitudes à l'intérieur de la province, l'une générationnelle et l'autre géographique." En clair, le Québec des régions rejette ou craint l'immigration, tout comme les "plus vieilles générations". L'analyse est un peu rapide.

 

Certes, une fracture existe entre Montréal et les régions. Mais l'article ne s'arrête que sur l'exception représentée par Montréal et sa banlieue, sans faire de bilan de ce qui a été dit en région. Il cite également le malaise légitime ressenti par certaines communautés face à ce qui a été dit devant la Commission. En fait, il ne montre pas au-delà de deux commentaires comment les Québécois jeunes et urbains sont plus tolérants que les campagnards plus âgés.

 

L'approximation est pleine de sous-entendus et n'est pas très honnête, même s'il faut reconnaître qu'elle fait partie du journalisme. Un quotidien ne peut pas être exhaustif. Mais montrer le Québec profond comme étant arriéré ? La presse a fait ses choux gras de la xénophobie de certains, qu'il faut condamner, mais en soulignant qu'ils ne forment pas le tout des consultations publiques de la Commission Bouchard-Taylor, loin de là. Ce que tous n'ont pas fait.

 

Les deux articles passés en revue ne forment pas un tableau complet de la presse canadienne. Ils ont une position moyenne par rapport au contenu éditorial des quotidiens dont ils sont tirés. Et s'ils sont prompts à dégainer, je ne crois pas leurs auteurs foncièrement mal intentionnés envers le Québec. Ils sont moralisateurs à certains égards, de mauvaise foi parfois. Mais exposer ses doutes a un prix, la critique.

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