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La Bourse ou la langue!

 

Publié le 04 avril 2009 à 07h59 | Mis à jour à 08h03

Stéphane Paquet

La Presse

 

La francisation des entreprises fait du surplace depuis 10 ans, selon la FTQ, qui a 600 comités qui veillent au grain dans les entreprises. Après les grands pas des années 70, Molière piétine. Coup d'oeil sur le monde des marchés boursiers où les entrepreneurs doivent faire le choix: la Bourse ou la langue!

 

C'est un exercice que les initiés connaissent par coeur: aux trois mois, quand vient la période des résultats financiers, les dirigeants d'entreprise présentent leur bilan à des analystes payés pour tenter de comprendre où s'en va l'entreprise. Les dirigeants ont beau s'appeler Charest, Brisebois ou Lemaire et les analystes qui suivent leurs activités Hardy, Laprade ou Bourgeois, l'appel se passe en anglais... pour les autres analystes, plus nombreux, qui eux s'appellent Atkinson, Stewart ou Young.

 

«Dans mon souvenir, on a eu une seule question d'un investisseur en français», explique Jacques Carrière, vice-président aux relations avec les investisseurs de l'Industrielle Alliance. L'assureur de Québec tient des conférences téléphoniques depuis neuf ans, depuis la démutualisation qui a fait changer son statut de coopérative à entreprise cotée en Bourse.

 

«C'était un investisseur institutionnel de Montréal, un anglophone en plus, et il l'avait posée en français», se rappelle encore M. Carrière. Pour que tout le monde comprenne, les dirigeants de l'assureur ont traduit la question et donné une réponse dans les deux langues.

 

 

«La Bourse, c'est en anglais, même si on ne veut pas», constate lui aussi Ronald Brisebois, l'homme derrière le succès de Cognicase, aujourd'hui à la barre d'Isacsoft, une autre entreprise du secteur informatique, qu'il a lancée en Bourse avant de fermer son capital. «La preuve est faite: Toronto a acheté (la Bourse de) Montréal», lance-t-il, mordant.

 

La raison de cette préséance de l'anglais est simple: les entreprises qui vont sur les marchés boursiers le font pour avoir accès à de l'argent. Or, ce capital peut venir de Montréal, mais plus souvent, il arrive de Toronto, Boston, New York ou San Francisco.

 

«Quand on est public, on peut s'attendre à avoir des investisseurs d'un peu partout à travers le monde. On n'a pas tellement le choix de s'y adapter», explique Jacques Bédard, chef des finances d'ART Recherches et Technologies avancées, qui a aussi vécu l'expérience de la Bourse chez Softimage.

 

«Ça me chicotte énormément parce que je ne suis pas très à l'aise en anglais», confie pour sa part Alain Lemaire, le grand patron de Cascades, devant son vice-président aux communications qui soutient que le niveau d'anglais de M. Lemaire n'est pas si mal. «Je ne peux pas tout dire ce que je veux, tranche le principal intéressé. Je ne peux pas être moi-même autant.»

 

Cette situation peut avoir un impact sur la langue de travail, surtout pour ceux qui gravitent autour des états financiers. «On travaille en anglais et on traduit en français, souligne M. Bédard, d'ART. Parce que nous, on est dans un secteur de pointe, de la technologie. La littérature, les papiers, beaucoup, beaucoup de choses se retrouvent en anglais. Donc, on est toujours partis de l'anglais.»

 

Chez Cascades, on a beau se plier aux téléconférences en anglais, les réunions du conseil d'administration, on tient à ce qu'elles se déroulent en français. Les anglophones qui siègent au conseil doivent parler français. «Ça, on y tient», dit encore M. Lemaire, ajoutant qu'il a peut-être dû écarter un candidat désiré en 20 ans pour cause de non-bilinguisme.

 

Des cours d'anglais

 

Pour des dirigeants d'entreprises, l'ouverture de leur capital à des fonds anglophones les a obligés à suivre des cours d'anglais, comme l'a fait Ronald Brisebois, avant de trouver une solution plus... personnelle. «J'ai marié une Américaine!» dit l'homme d'affaires originaire de L'Annonciation, près de Mont-Laurier, là où «la télévision en anglais ne se rendait pas».

 

Même s'il avoue avoir trouvé «assez difficile au début» de faire ses présentations aux investisseurs et analystes en anglais, il ne pense pas avoir été désavantagé par son accent. «Quand c'est excitant, les analystes sont excités... Ils comprennent le langage de l'argent. Si tu fais des profits, même s'ils ne te comprennent pas, ils vont comprendre.»

 

Alain Lemaire ne se souvient pas non plus avoir été pénalisé en raison de son accent. Mais il ajoute: «Pour vendre l'entreprise, si tu n'es pas aussi convaincant que dans ta langue maternelle, c'est sûr que ça pourrait te nuire.»

 

Aux barricades?

 

Dans ses tournées d'investisseurs et d'analystes, Jacques Carrière, de l'Industrielle Alliance, n'est pas certain que son patron, Yvon Charest, ait toujours saisi toutes les subtilités des questions posées. «Des fois, dit-il, je sens qu'Yvon n'a pas compris la question. Ça aurait pu être en français aussi... Alors là, je fais répéter l'investisseur: Est-ce que c'était ça ta question? Évidemment, dans une conférence téléphonique (avec les analystes), je n'irai pas interrompre Yvon pour lui dire que je pense qu'il n'a pas compris la question.»

 

C'est aussi la technique employée par Alain Lemaire. «Il ne faut pas être gêné de redemander.»

 

Cette semaine, le secrétaire général de la FTQ, René Roy, est monté aux barricades devant le surplace que fait le français dans les milieux de travail depuis 10 ans. Et le secteur financier, M. Roy? Il avoue ne pas entendre de hauts cris nulle part, mais prend le soin d'ajouter: «Si on ne se défend pas, on ne fait que reculer.»

 

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Des porte-parole unilingues anglophones

 

Publié le 04 avril 2009 à 11h10 | Mis à jour à 11h13

La Presse

 

Montréal, le 5 mars dernier. Le grand patron de la Bourse de Montréal, Luc Bertrand, prend la communauté financière de court en annonçant qu'il quitte son poste.

 

Les journalistes qui couvrent la nouvelle sont invités à joindre les relations médias de la Bourse de Montréal. Au bout du fil: Carolyn Quick, directrice des communications «corporatives» (de l'entreprise) du Groupe TMX - l'entité qui regroupe la Bourse de Montréal et celle de Toronto depuis leur fusion.

 

Le hic: Mme Quick ne parle pas un mot de français.

 

Aujourd'hui encore, les journalistes qui appellent à Montréal pour obtenir des informations sur la Bourse de Montréal sont redirigés vers la capitale financière du pays.

 

«Il n'y a plus personne à Montréal maintenant. Il faut appeler Carolyn Quick à Toronto», s'est fait répondre La Presse Affaires la semaine dernière.

 

La situation n'est pas unique. Une poignée d'entreprises québécoises choisissent en effet de confier leurs relations avec les médias à des unilingues anglophones.

 

Chez Bombardier Transport, une entreprise bien ancrée dans la société québécoise, c'est le nom de David Slack qui figure au bas des communiqués de presse.

 

L'homme ne travaille pas de Toronto, mais bien de Saint-Bruno, sur la Rive-Sud de Montréal. Pourtant, il répond seulement en anglais.

 

Situation semblable chez Mega Brands, où Harold Chizick, vice-président, médias et communications corporatives, avoue parler «un français comme ci, comme ça» avant de diriger la conversation vers l'anglais.

 

Est-il normal qu'une entreprise dont le siège social est au Québec se dote d'un porte-parole unilingue anglophone? «La question est intéressante», admet - en anglais - David Slack, qui précise qu'il est responsable des communications de Bombardier Transport non pas pour le Québec seulement, mais pour l'ensemble de l'Amérique du Nord.

 

«Bombardier est une entreprise internationale qui possède des exploitations dans plusieurs pays, explique M. Slack. Au Québec, si un journaliste veut me parler et qu'il est à l'aise en anglais, c'est merveilleux. S'il préfère fonctionner en français, nous avons quelqu'un qui peut s'occuper de ça.»

 

Talal Zouaoui, conseiller en communications, travaille en effet à Saint-Bruno lui aussi. Et parle parfaitement français. Son nom n'apparaît pas sur les communiqués de presse, mais M. Slack lui dirige les appels des journalistes qui insisteraient pour obtenir leurs renseignements en français.

 

«Tout ce qu'on fait en matière de communiqués de presse, de site web, de matériel d'information, est traduit en plusieurs langues, dont le français. C'est le genre d'approche qu'adoptent les sociétés internationales», dit M. Slack.

 

Explications semblables chez Mega Brands, où Carine Sroujian, francophone, épaule M. Chizick. «Elle est mon bras droit», explique M. Chizick, qui refuse d'admettre qu'il pourrait être plus facile d'obtenir des renseignements directement du vice-président que de sa directrice des communications aux entreprises.

 

«Toutes les informations que je peux transmettre, elle peut les transmettre «, dit M. Chizick. «Nous sommes fiers d'être établis au Québec et nous tenons à ce que les journalistes puissent se faire répondre en français», ajoute-t-il.

 

Une situation temporaire

 

Au Groupe TMX, on explique que des membres francophones de la haute direction comme Luc Bertrand (encore président et chef de la direction de la Bourse de Montréal jusqu'au 30 juin), Alain Miquelon (premier vice-président, Bourse de Montréal) ou Richard Nadeau (premier vice-président, Bourse de Toronto) sont autorisés à parler aux médias.

 

Mais personne ne répond en français au service des relations avec les médias, souvent beaucoup plus facile à joindre que les membres de la direction.

 

«Pour le premier contact, il faut m'appeler moi, admet Mme Quick. Si vous avez besoin d'informations particulières, je peux trouver un collègue qui parle français et qui peut répondre à vos questions.»

 

Mme Quick explique qu'il s'agit d'une situation temporaire depuis le départ de Jean-Charles Robillard, ancien directeur des relations de presse de la Bourse de Montréal, en février.

 

Le Groupe TMX cherche actuellement un nouveau président aux affaires de l'entreprise. Il n'a pas toutefois pas été possible de savoir si le fait de parler français fera partie des critères d'embauche.

 

En fait, dans les relations avec les médias comme avec les investisseurs, le pragmatisme semble dicter les décisions linguistiques. Chez Mega Brands, Harold Chizick estime que 90% des appels de journalistes proviennent de médias étrangers et que, parmi les appels du Canada, 80% proviennent de l'extérieur du Québec. Toon Boom, entreprise montréalaise qui ne traduit qu'environ 20% de ses communiqués de presse en français, tient le même discours.

 

«Ça dépend des nouvelles. Comme certaines nouvelles ne concernent que le marché américain, on ne les fait qu'en anglais», explique - en français! - Karina Bessoudo, porte-parole de l'entreprise.

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En effet, excellent article.

 

Je pense qu'il est un peu normal, malheureusement, que ce soit presque uniquement en anglais lorsqu'il est question de la bourse surtout si on fait affaire avec des anglos-canadiens et des états-uniens. Il faut mettre un peu de pression mais il faut faire avec. C'est un domaine international ou à tout le moin nord-américain et si nous sommes que 3% de la population alors il ne faudrait pas s'attendre à plus de conversations en français.

 

Par contre, en ce qui a trait aux porte-paroles alors là j'ai un problème. Toute compagnie sérieuse qui s'établit au Québec et qui fait des affaires avec les médias et la population devrait avoir un porte-parole bilingue et voir parfaitement bilingue. Je suis sur qu'il en existe plusieurs au Québec, à Toronto et meme en Acadie.

 

D'ailleurs j'aimerais bien que des compagnies de Montréal puisse aller chercher des candidats bilingue à Toronto et leur offrir des postes de prestiges. Il est temps que Montréal se entre dans la bataille !!!

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Publié le 06 avril 2009 à 06h43 | Mis à jour à 06h43

 

Quebec Incorporated

 

André Pratte

La Presse

 

À quoi sert un Québec inc. fort et dynamique si ses leaders sont indifférents à la place et à la qualité du français dans leur entreprise? C'est la question qui vient à l'esprit à la lecture du reportage publié samedi dans La Presse Affaires.

 

De ce reportage, il ressort que:

 

- le principal porte-parole de certains fleurons de l'entrepreneuriat québécois, tels Bombardier Transport et Mega Brands, est unilingue anglais;

 

- les conférences téléphoniques au cours desquelles les entreprises expliquent leurs résultats trimestriels se déroulent exclusivement en anglais;

 

- plusieurs leaders du monde des affaires du Québec écorchent le français, parsemant leurs propos de mots anglais et d'anglicismes.

 

Il ne s'agit évidemment pas de nier que l'anglais est la langue de communication des affaires et de la finance partout dans le monde. Ce fait ne dégage pas les patrons des grandes entreprises québécoises de leurs devoirs à l'égard de la langue officielle de la société dont ils sont issus. Si l'on souhaite que le français ait un avenir dans le monde économique, ces entreprises doivent en faire une partie de leur image de marque (leur brand, comme on dit dans la langue de chez nous...).

 

Ce n'est pas seulement pour plaire aux journalistes québécois francophones que les porte-parole des multinationales québécoises devraient parler français. C'est aussi pour que quand un journaliste français, belge ou sénégalais appelle Bombardier Transport, à Montréal, il sache tout de suite que dans cette entreprise née au Québec, le français a et aura toujours une place de premier plan.

 

Pendant les conférences téléphoniques trimestrielles, pourquoi les analystes francophones interrogent-ils des patrons francophones en anglais? Pour faire plus professionnels? Franchement! Si la même question brûle la langue des analystes canadiens-anglais, américains ou autres, ils la poseront eux-mêmes. En prime, ils apprendront qu'il existe au Québec des francophones qui, tout en réussissant à l'échelle planétaire, sont capables et fiers de faire des affaires en français.

 

Depuis des années, le milieu patronal déplore que les jeunes sortant de nos écoles maîtrisent mal leur langue maternelle. Dans un mémoire présenté aux états généraux de la langue française, le Conseil du patronat (CPQ) écrivait: «C'est en parlant et en écrivant un français impeccable que les Québécois imposeront le respect du français au Québec.» Le CPQ devrait se préoccuper du fait que ses membres, friands de «fondamentaux» et de «valeur au livre», sont loin de donner l'exemple en la matière.

 

Le milieu patronal a toujours soutenu que la promotion du français en entreprise doit se faire par le biais d'approches incitatives plutôt que législatives. Ce raisonnement ne tient que si les gens d'affaires francophones s'intéressent vraiment au présent et à l'avenir de leur langue. Du reportage de La Presse Affaires et de divers autres indicateurs, il ressort plutôt que Québec inc. considère l'anglais non seulement comme la langue internationale de communication, mais comme la langue de la réussite. Le français, lui, est relégué au seul domaine privé. Quand ce n'est pas au passif.

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"Pendant les conférences téléphoniques trimestrielles, pourquoi les analystes francophones interrogent-ils des patrons francophones en anglais? Pour faire plus professionnels? Franchement! Si la même question brûle la langue des analystes canadiens-anglais, américains ou autres, ils la poseront eux-mêmes."

 

Voici un extrait tiré d'un manuel d'histoire qui peut expliquer ce phénomène (Histoire du temps présent de 1900 à nos jours 4e édition p.215)

 

"Une troisième dimension du colonialisme, et non la moindre, réside dans ce qu'on pourrait appeler "l'indignité culturelle" qui frappe toute la société colonisée. Tous les traits culturels qui la différencient du colonisateur sont marqués par ce dernier au sceau de la négativité et de l'ignomie: ses modes de production sont inefficaces; ses rapports sociaux, primitifs; sa religion, grossière; sa langue, inapte à appréhender et à transcrire les réalités modernes; ses moeurs condamnables... En face, le colonisateur est tout positif: ses modes de production, ses structures sociales, son régime politique, sa religion, sa langue possèdent une valeur intrinsèque à portée universelle.

 

Selon cette définition, ces analystes sont donc des colonisés.

Entk c'est aussi mon opinion...

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démoniser l'anglais comme ça tout le temps c'est vraiment fatiguant. Vous n'êtes pas oppressés.:rolleyes:

 

Personnellement, je ne démonise pas l'anglais. En fait, ma copine est.... 100% anglophone et je travails en anglais à 80 % du temps, ai-je abandonné mes racines Québécoises et le fait francais pour autant, non au contraire.

 

J'ai posté les articles à titre informatif, et pour montrer la situation réelle des choses au Québec ,non pas pour protester contre ce phénomène.

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