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S’inspirer de l’audace de Grenoble pour nos artères commerciales


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S’inspirer de l’audace de Grenoble pour nos artères commerciales

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Le centre commercial de la caserne de Bonne (à droite), situé à Grenoble, est entièrement conçu dans un souci dâexemplarité sur le plan du développement durable. Photo: Alain Fischer / Ville de Grenoble Le centre commercial de la caserne de Bonne (à droite), situé à Grenoble, est entièrement conçu dans un souci d’exemplarité sur le plan du développement durable.

Florence Sara G. Ferraris

3 juillet 2018
  • Transports / Urbanisme
  •  
  • En misant sur la piétonnisation d’une bonne partie de son centre-ville, la Ville de Grenoble espère donner un second souffle à ses artères commerciales en mal d’amour. Un an plus tard, l’heure est au bilan pour Éric Piolle, le maire de cette métropole située dans le sud-est de la France. Entrevue.

Les dernières décennies n’ont pas été de tout repos pour les commerçants grenoblois. À l’image des artisans du commerce de détail du reste de la France, ceux-ci subissent depuis des années les durs contrecoups liés aux transformations des habitudes de consommation. À un point tel que le visage même du centre-ville de cette métropole française a changé.

De fait, en près de 50 ans, de nombreux établissements situés au coeur de la ville ont été obligés de fermer boutique. Cinq épiceries sur six ont mis fin à leurs activités, deux bouchers sur trois ont mis la clé sous la porte, et la moitié des boulangeries et des magasins de vêtements ont disparu… Un lent déclin qui s’explique, en partie, par la construction de centres commerciaux en périphérie et par la montée en popularité des ventes en ligne.

Cette situation n’est pas sans rappeler ce qu’on observe dans certaines artères commerciales montréalaises, comme la rue Sainte-Catherine, où plus d’une cinquantaine d’espaces commerciaux étaient à louer en début d’année. Un peu comme ses cousines grenobloises, cette dernière fait toutefois l’objet d’une cure de rajeunissement qui pourrait, on ose l’espérer, donner un coup de pouce à ses commerçants.

« Chez nous, la situation était catastrophique, reconnaît Éric Piolle, le maire écologiste de Grenoble, en entrevue avec Le Devoir. Le statu quon’était plus possible. » L’homme politique, qui était de passage à Montréal en mai dernier à l’invitation de l’organisation Vivre en ville, fait toutefois beaucoup d’efforts, depuis son élection en 2014, pour renverser la vapeur. « Il fallait intervenir d’une manière ou d’une autre, soutient l’ingénieur de formation. Et dans de tels cas, deux choix s’offrent à nous : la logique du petit pas ou la rupture. On a décidé d’opter pour la seconde. »

160 000
C'est le nombre de personnes qui résident dans le centre-ville de Grenoble. 

Source : Institut national de la statistique et des études économiques

Changement de paradigme

Concrètement, le maire et son équipe ont donc décidé, pour y arriver, de miser sur les usagers des « mobilités douces » que sont les piétons et les cyclistes. D’abord en limitant la vitesse à 30 kilomètres-heure sur l’ensemble de son réseau routier, à quelques exceptions près, puis en mettant graduellement sur pied un vaste réseau cyclable express. Toujours en construction, ce dernier devrait, à terme, comprendre quatre axes rapides qui s’étendront au total sur une quarantaine de kilomètres. L’objectif ? Relier, du moins en partie, la périphérie au coeur de la métropole.

Dans cette même optique, la mairie a aussi pris la décision, en mai 2017, de fermer complètement à la circulation automobile certains secteurs du centre-ville — dont la place Grenette, située dans le centre historique de Grenoble. « Pendant des années, nos villes ont été construites pour les voitures, pour leur assurer un vaste espace de circulation, déplore Éric Piolle. Avec notre plan “Coeurs de ville — coeurs de métropole”, — [qui vise autant le centre de Grenoble que l’ensemble des 49 communes de l’agglomération] —, nous cherchons aujourd’hui à renverser ce paradigme en pensant nos milieux comme un lieu de rencontre, d’abord et avant tout, l’idée étant de redonner à ces usagers qu’on avait écarté de l’espace public la place qui leur revient. »

image.jpgPhoto: Sylvain Frappat / Ville de GrenobleUn prototype de banc sous un arbre, imaginé par des étudiants en architecture avec la collaboration de la Ville. Ici, rue Barvane, en plein coeur du quartier historique.

« C’est une question d’expérience, renchérit avec conviction l’homme politique. En limitant le passage des voitures dans ces portions de la ville, on essaie d’améliorer la qualité de vie des autres usagers, en augmentant, par exemple, leur sentiment de sécurité. Surtout, ça nous permet d’explorer les différents usages possibles de ces espaces et de rendre leur fréquentation plus agréable sur une base quotidienne. »

Premiers résultats

Et ultimement, ce genre de mesures paient, assure celui qui vit à Grenoble depuis maintenant un quart de siècle. « Les résultats ne sont pas tous encore tangibles, mais on observe tout de même déjà un transfert modal intéressant », soutient-il. Ainsi, au cours de l’année qui vient de s’écouler, les services de transport collectif ont en effet connu une hausse d’achalandage de 7 %, alors que les déplacements effectués au centre-ville à pied ont, durant la même période, augmenté de 3 %. Le nombre de cyclistes a, pour sa part, pratiquement doublé.

À l’inverse, les entrées en voiture dans le centre de la métropole ont diminué de 4 %. Idem pour les sorties en automobile enregistrées dans les mêmes secteurs qui, pour leur part, ont glissé de 3 % durant les derniers mois. « Avec cette réduction du trafic routier, nous espérons influer sur la qualité de l’air, le bruit, la sécurité routière… L’objectif est d’avoir un impact global qui dépasse largement la simple utilisation de l’espace », explique Éric Piolle.

D’un point de vue strictement commercial, ces transformations urbaines commencent également à porter leurs fruits. De fait, le taux d’inoccupation des locaux commerciaux a légèrement reculé au cours des douze derniers mois, passant de 8,8 % à 8,3 %, selon les données recueillies par l’observatoire du projet Coeurs de ville. Bien que marginale, cette évolution a permis à Grenoble de grimper de quelques places — de la sixième à la quatrième en un an — dans le palmarès des centres-villes les plus dynamiques en France.

8,3%
C'est la proportion de locaux commerciaux vacants au centre-ville de Grenoble. 

Source: Coeurs de ville - coeurs de métropole Grenoble, avril 2018

Résistance naturelle

De tels changements ne se font toutefois pas sans heurts, admet le maire grenoblois, bien au contraire. Ainsi, depuis l’introduction des mesures de piétonnisation, la mairie rencontre moult résistances, tant de la part d’automobilistes mécontents que de certains commerçants qui peinent encore, un an plus tard, à bien comprendre la démarche de l’administration municipale. En ce sens, certains opposants se sont d’ailleurs regroupés sous la bannière du collectif « Grenoble à coeur », qui souhaite que la mairie revienne sur ses décisions des derniers mois et mette fin au projet de piétonnisation.

« Ce sont des transformations qui demandent un temps d’adaptation, et tous les résultats ne sont pas visibles instantanément, reconnaît le maire écologiste. C’est normal que les commerçants soient craintifs, puisqu’il s’agit de changements importants, mais à terme, tous — même ceux qui ne voient pas encore le côté positif de ces transformations — en ressortiront gagnants. »

https://www.ledevoir.com/societe/transports-urbanisme/531574/arteres-commerciales-s-inspirer-de-l-audace-grenobloise

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Malheureusement nul n'est prophète en son pays et il semble que chaque ville qui souhaite donner plus de place à la piétonisation, passe par les mêmes résistances. Pourtant les exemples de succès ne manquent pas, parce que la piétonisation transforme un centre-ville, de zone de transit à un statu de destination.

En effet les citadins et les visiteurs passent beaucoup plus de temps dans les rues commerciales piétonnières que dans les rues commerciales ordinaires. Pour le touriste elles deviennent de véritables aimants qui ajoutent à la fréquentation et la rétention des visiteurs. Quant aux résidents, ils y développement de nouvelles habitudes et reviennent plus assidûment en s'y donnant rendez-vous.

En bout de ligne la confiance des commerçants revient et le cercle vertueux s'amorce: plus de gens contribuent à plus de commerces, qui attirent à leur tour plus de clients. L'expérience de tout le monde est éventuellement enrichie à tous les points de vue et devient durable.

La nature humaine est ainsi faite, elle est premièrement grégaire, on aime faire du people watching, en faisant une pause sur un banc, près d'une fontaine ou dans une place publique. Ensuite les gens aiment déambuler au hasard des rues et faire des découvertes. Ils aiment notamment multiplier les expériences et les vivres sans devoir se déplacer sur de grandes distances, qui tueraient l'entrain.

De ce fait les rues piétonnières ont généralement une ambiance décontractée, une apparence plus soignée et une atmosphère joyeuse. Elles se prêtent idéalement aux rencontres et favorisent nécessairement de meilleures affaires. En conséquence elles font intrinsèquement partie de la ville comme milieu de vie, une formule ancienne adaptée à la moderne, qui vient de loin et qui a fait ses preuves à travers l'histoire.

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Il faut aussi tenir compte du fait que ce qui est possible à Grenoble ne l’est pas nécessairement à Montréal. Grenoble compte 160.000 habitants sur une superficie de seulement 18,13 kilomètres carrés. C’est miniscule. Dans une ville aussi petite il est très facile de se déplacer un peu partout à pied ou à vélo. La ville de Grenoble à la taille de l’arrondissement CDN-NDG.. Pour ces raisons Montreal ne devrait pas avoir comme modele Grenoble. On peut aller regarder ce que ça donne dans des villes plus grandes par contre mais Grenoble est trop petite et dense pour être un bon moyen de comparaison. 

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il y a 54 minutes, Ousb a dit :

Il faut aussi tenir compte du fait que ce qui est possible à Grenoble ne l’est pas nécessairement à Montréal. Grenoble compte 160.000 habitants sur une superficie de seulement 18,13 kilomètres carrés. C’est miniscule. Dans une ville aussi petite il est très facile de se déplacer un peu partout à pied ou à vélo. La ville de Grenoble à la taille de l’arrondissement CDN-NDG.. Pour ces raisons Montreal ne devrait pas avoir comme modele Grenoble. On peut aller regarder ce que ça donne dans des villes plus grandes par contre mais Grenoble est trop petite et dense pour être un bon moyen de comparaison. 

Je pense plutôt le contraire. Si une petite ville de la taille de Grenobles peut le faire, je vois mal pourquoi Montréal ne pourrait pas emprunter cette direction, particulièrement pour certains secteurs-clés (genre le Vieux-Montréal). Il n'est pas nécessairement question ici d'éliminer complètement la voiture de l'espace public, simplement la contraindre à certains endroits où il serait plus pertinent de faire plus de places aux humains.

Avec la multiplication des projets de transports collectifs, par exemple le REM, il sera de plus en plus difficile de trouver une excuse valable* de prendre sa voiture à partir de Pierrefonds ou Kirkland pour se rendre à la Place-des-Arts ou sur Ste-Catherine.

*Je ne dis pas qu'il n'y aura plus aucune excuse, mais bien qu'il y en aura beaucoup moins. 

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Le 2018-07-03 à 08:41, Ousb a dit :

Il faut aussi tenir compte du fait que ce qui est possible à Grenoble ne l’est pas nécessairement à Montréal. Grenoble compte 160.000 habitants sur une superficie de seulement 18,13 kilomètres carrés. C’est miniscule. Dans une ville aussi petite il est très facile de se déplacer un peu partout à pied ou à vélo. La ville de Grenoble à la taille de l’arrondissement CDN-NDG.. Pour ces raisons Montreal ne devrait pas avoir comme modele Grenoble. On peut aller regarder ce que ça donne dans des villes plus grandes par contre mais Grenoble est trop petite et dense pour être un bon moyen de comparaison. 

La piétonisation n'est pas une question de dimension urbaine, mais bien d'organisation. Dans mon dernier voyage en France en avril, j'ai visité plusieurs villes petites et grandes qui avaient une zone piétonnière très vivante et fort fréquentée. Je pense notamment à Le Mans dont les parties anciennes et nouvelles pratiquement toute piétonnières au coeur de la ville, sont reliées entres elles par une grande place centrale où convergent tramways et autobus.

A l'autre extrême, Paris a étendu une de ses zones piétonnières dans le périmètre des Halles avec le même succès. Elle a même piétonnisé  la plupart des berges de la Seine, là où il n'y a pas si longtemps c'étaient encore des quasi autoroutes.

C'est sûr qu'on ne se lance pas dans ce genre de transformation sans bien préparer les esprits et prévoir des mesures de mitigations. Mais un peu partout dans le monde les mentalités évoluent pour faire plus de place aux humains dans les centre-villes. Ainsi à mesure que les TECs se développent on retranche certaines voies automobiles avec sensiblement le même bon résultat.

On parle ici de quartiers centraux plus agréables, plus verts et nettement plus conviviaux. Une économie qui devient plus prospère avec le renouvellement des commerces, moins de pollution, moins de bruit et une meilleure qualité de vie pour les résidents comme pour les visiteurs. C'est la tendance mondiale et Montréal n'y échappera pas, parce que c'est ça l'avenir des villes dans le monde de demain. 

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la difference, c'est que dans son centre-ville tout les immeubles ont des appartments au dessus des commerces, ce qui aggrandi considerablement la densite. Si on ajoutait 4-5 etages de condo par dessus tout les commerces sur st-catherines, ca aggrandirait la densite. 

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Le 2018-07-09 à 17:03, samal90 a dit :

la difference, c'est que dans son centre-ville tout les immeubles ont des appartments au dessus des commerces, ce qui aggrandi considerablement la densite. Si on ajoutait 4-5 etages de condo par dessus tout les commerces sur st-catherines, ca aggrandirait la densite. 

On peut s'inspirer de Grenoble certes, mais Grenoble et Montréal sont des villes totalement différente pour ce qui est de l'occupation de l'espace. Quoiqu'il en soit, pour être passé à quelques reprises par Grenoble, on doit féliciter l'administration municipale, car la ville a un sérieux problème de pollution atmosphérique. Il faut savoir que la ville de Grenoble est entourée par les Alpes et se trouve dans une cuvette. L'air y circule mal. Ça ne règle pas le problème de fond, mais c'est un début de solution

Modifié par santana99
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