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jerry

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Après avoir lu attentivement le document fourni par Miska (que je remercie au passage), je comprends mieux maintenant l'histoire de ce bâtiment, qui s'avère beaucoup plus complexe que je ne le croyais. Pour ceux qui aimeraient connaître cette histoire, vous trouverez ci-après un extrait du document toponymique en question. J'ai soustrait les références aux illustrations pour en faciliter la lecture.

LES BÂTIMENTS DE LA RUE NOTRE-DAME OUEST

En décembre 1867, Charles-Séraphin Rodier achète le lot 1779 de Paul Labelle commerçant de l’Orignal en Ontario, sur lequel sont construites deux maisons de brique de deux étages avec leurs dépendances. En 1869, il fait construire une nouvelle maison-magasin sur ce terrain. En juillet 1871, il acquiert le lot voisin – 1780 – du charpentier Édouard Sarrazin. Deux maisons de bois et leurs dépendances y sont construites. La ligne de terrain de ce lot à l’est est irrégulière comme l’indiquent les plans. Rodier est maintenant propriétaire d’un emplacement stratégique qu’il mettra en valeur.

En 1880, Rodier fait construire la partie est du lot 1779. Il s’agit d’une maison-magasin de trois étages à toit brisé. La façade sur la rue Saint-Maurice, toujours visible aujourd’hui, est de brique. Il s’agit du premier geste important sur le site qui donnera le ton pour la suite de son développement. Le plan de Goad de 1881 nous indique une moitié de bâtiment en pierre et l’autre en bois. L’augmentation de l’évaluation foncière de 1884 porte à croire que la façade de pierre de taille comptant deux fenêtres pour chacune des deux travées telle qu’illustrée sur une photo de 1888, est harmonisée en 1883 lors de la construction du bâtiment voisin. Le plan de Goad de 1890, confirme que tous les bâtiments sont en maçonnerie.

En 1883, les bâtiments du lot 1780 sont complètement démolis et on y érige une nouvelle construction de quatre étages à toit plat et dont la façade est de pierre de taille. Chaque travée du nouveau bâtiment compte trois fenêtres alors que le bâtiment voisin en compte deux. Malgré que les deux bâtiments soient de gabarits différents, l’harmonisation des façades de pierre permet une continuité sur la rue Notre-Dame.

L’élargissement de la rue Notre-Dame est prévu et est indiqué en pointillé sur les plans de Goad de 1881 et de 1890. C’est le 21 août 1890 que la Ville exproprie les terrains de ce secteur de la rue Notre-Dame pour réaliser ce projet qui survient après le décès de Charles- Séraphin Rodier. Toutes les interventions sur la propriété et les transactions qui suivront seront le fait de sa succession.

Cet élargissement permettra des transformations majeures sur l’ensemble de la propriété. La plupart des bâtiments du site existent depuis moins de dix ans. L’analyse des photos anciennes, particulièrement celle provenant du Musée McCord, permettent de conclure à des transformations qui nous semblent inusitées aujourd’hui : plutôt que de raser le site la succession Rodier prend le parti de ne démolir que la zone expropriée, d’utiliser le bâtiment restant en l’adaptant aux nouvelles limites du terrain réduit par l’expropriation et de démanteler la façade pour la replacer sur le bâtiment ainsi réaménagé . Les propriétaires profitent de l’occasion pour homogénéiser l’ensemble. Le toit brisé disparaît du côté de la rue Notre-Dame. Sur l’étage ainsi gagné, on reproduit les mêmes éléments décoratifs que ceux du bâtiment voisin et on ajoute une nouvelle corniche. Par contre, la façade sur la rue Saint-Maurice conserve son brisis d’origine.

À cause de l’expropriation de la rue Notre-Dame de 1890, puis celle de la rue de l’Inspecteur prévue pour 1892, les deux premières constructions de coin sont démolies pour faire place à un nouveau bâtiment de facture très différente. Cet édifice de cinq étages affiche une nouvelle composition de la façade abondamment vitrée avec au dernier étage une série de fenêtres cintrées, un traitement différent de la pierre et de ses éléments décoratifs, et constitue maintenant la figure de proue de l’ensemble nouvellement réaménagé. La revue Le prix courant, indique que cette construction aurait été commandée à l’architecte P. Lortie & Fils.

Bien que toujours lisible, ce bâtiment a subi plusieurs modifications de ses ouvertures. Aujourd’hui la plupart des vitrines d’origine ont été murées, ainsi que toutes les fenêtres du côté de la rue Saint-Maurice alors que les fenêtres du bâtiment de coin ont été grandement réduite. À partir de ce moment, l’ensemble ne sert qu’à des fonctions commerciales. Les plus importantes sont la pharmacie Leduc et Baron Sport qui en est maintenant l’unique occupant.

Cette nouvelle configuration de la rue Notre-Dame Ouest à partir de 1890, oblige tous les propriétaires à démolir partiellement ou en totalité les constructions érigées sur leur terrain. Dans les années 1880, les bâtiments souvent de bois, sont de dimensions plutôt modestes et d’architecture vernaculaire. L’élargissement de la rue permet la modernisation des bâtiments et le plan de Goad de1912 montre que tous les bâtiments donnant sur la rue Notre-Dame sont maintenant de maçonnerie, contrairement à la ceux de la rue Saint-Maurice où subsistent encore des bâtiments de bois. Le secteur est perturbé de nouveau quand la compagnie de chemin de fer du Canadien National achète les terrains voisins en 1930 afin d’y passer sa voie ferrée. Elle perce ainsi l’îlot, séparant la pointe formée par la propriété irrégulière de la succession Rodier du reste de l’îlot.

Un cas comme celui-ci de démolition partielle et de récupération de matériaux lors d’élargissement de rue n’est pas unique à Montréal. Des exemples d’un tel phénomène ont été rencontrés lors de l’élargissement de la rue Saint-Laurent en 1905, au 3756-3766, et de la rue Robin en 1904, au 1740 de la rue Wolfe. D’autres études permettront de mieux connaître ce phénomène. Dans le cas de l’édifice Rodier, la qualité de la façade de pierre installée à peine dix ans auparavant a sans doute favorisé pour sa réutilisation.

L’ensemble actuel témoigne d’une stratégie inusitée de reconstruction d’un espace suite à l’élargissement de la rue Notre-Dame en 1890 : l’homogénéisation des façade en pierre de taille de la rue Notre-Dame suite à une démolition partielle des bâtiments et à la récupération de leur façade de pierre. Lors de cette opération, le nouveau bâtiment de coin sert de figure de proue à l’ensemble et fait oeuvre de signature. Cet ensemble est le seul élément qui a survécu aux réaménagements entraînés par l’élargissement de la rue Notre-Dame de 1890. 

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Le 2018-05-31 à 11:21, ScarletCoral a dit :

De belles grandes fenêtres! ?

Cela correspond à ce que je m'attendais, sauf pour la couleur. On restaure l'édifice sans changements majeurs qui lui donneraient une nouvelle apparence. Au contraire, on s'est efforcé de lui redonner son apparence d'antan. S'en veut pour preuve l'accès principal, avec des portes doubles de chaque côté du bâtiment de coin, comme c'était au début du siècle dernier (voir les deux photos ci-jointes).

Le seul aspect qui m'interpelle un peu concerne la couleur. Je ne sais pas ce que cela donnera au final mais pour l'instant j'ai des réserves. Pourtant j'aime bien la façade du magasin Ogilvy qui a une teinte semblable. C'est sans doute parce que je suis habitué de voir la couleur de la brique là où il y aura bientôt du vert.

1- Autrefois 3A (1900).jpg

2- Autrefois 4 - Début du XXe sciècle.jpg

 

Une photo récente qui suggère qu'ils travaillent présentement sur l'entrée principale.

Rodier.jpg

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  • 2 semaines plus tard...

Publié le 07 juin 2018 à 09h57 | Mis à jour le 07 juin 2018 à 09h57

http://www.lapresse.ca/voyage/nouvelles/201806/07/01-5184802-hotel-hive-microhotel-macro-ambiance.php

Hôtel Hive: microhôtel, macro-ambiance

L'automne dernier, l'hôtel Hive a été sacré numéro... (PHOTO TIRÉE DU SITE DE L'HÔTEL)

L'automne dernier, l'hôtel Hive a été sacré numéro un par TripAdvisor, à titre de meilleur rapport qualité-prix des États-Unis.

_______________________________

Le petit frère de l'édifice Rodier à Washington. ?

 

 

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  • 4 semaines plus tard...

En plus de la tôle de recouvrement ils semblent avoir également enlevé la rangée extérieure de briques qui recouvrait la brique d'origine dans le haut de l'édifice. Ce qui augure bien pour un travail de restauration en profondeur et de bonne qualité.

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  • 1 mois plus tard...

Une photo de l'intérieur du Rodier en rénovation. Notez les murs de briques et le plancher en bois. L'autre photo nous montre le même espace peu de temps avant les travaux.

https://twitter.com/damiensiles

Rodier.jpg

Intérieur 1.jpg

Modifié par Normand Hamel
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  • 1 mois plus tard...
  • 3 semaines plus tard...

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