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http://ici.radio-canada.ca/regions/Montreal/2016/07/06/004-politique-nationale-architecture-saint-laurent-de-sousa-ordre-architectes-quebec.shtml

Saint-Laurent veut mettre un terme aux horreurs architecturales au Québec

Publié le mercredi 6 juillet 2016 à 13 h 07

 

Centre-ville de Montréal Photo : iStockPhoto

 

L'arrondissement de Saint-Laurent, à Montréal, devient la première instance municipale à demander officiellement au gouvernement du Québec une politique nationale de l'architecture, ce qui serait une première en Amérique. Il veut ainsi en finir avec les laideurs architecturales dans la province.

Un texte de Marie-Ève MaheuTwitterCourriel

 

Saint-Laurent a reçu plusieurs prix d'architecture et de design pour sa Bibliothèque du Boisé, construite en 2013 et certifiée LEED platine. Il veut maintenant servir d'exemple. Le conseil municipal a récemment adopté une résolution pour interpeller Québec.

 

« Si nous voulons avoir des bâtiments qui sont faits avec la beauté, la fonctionnalité, mais aussi avec la performance environnementale, il reste encore beaucoup de barrières pour les villes et les instances municipales », dit le maire de Saint-Laurent, Alan De Sousa.

 

Il donne en exemple le manque de latitude pour ouvrir les projets de construction à des concours d'architecture, ce qui a été possible pour la Bibliothèque du Boisé, réalisée par les firmes Cardinal Hardy, Labonté Marcil et Éric Pelletier architectes, réunies en consortium.

Bibliothèque du Boisé, dans Saint-Laurent. Elle a remporté le le Grand Prix d'Excellence 2015 de l'Ordre des architectes du Québec.

Bibliothèque du Boisé, dans Saint-Laurent. Elle a remporté le Grand Prix d'Excellence 2015 de l'Ordre des architectes du Québec. Photo : Yien Chao

 

L'Ordre des architectes du Québec réclame depuis longtemps une politique nationale de l'architecture. « Les processus d'appel d'offres au Québec ne favorisent pas nécessairement la qualité. On choisit les professionnels ou les entrepreneurs selon le plus bas prix. Je ne dis pas qu'il faut payer plus cher, mais il faut qu'on fasse des projets de qualité. C'est tout le monde qui en bénéficie », soutient sa présidente, Nathalie Dion.

 

Fin juin, l'Ordre a déposé un mémoire pour réitérer sa demande dans le cadre des consultations publiques du ministère de la Culture sur le renouvellement de la politique culturelle, qui ont lieu tout l'été. C'est ce qui a inspiré le conseil municipal de Saint-Laurent, avec l'objectif que d'autres villes lui emboîtent le pas.

 

Manque de vision

 

« On se pâme sur les exemples qui se font en Scandinavie ou dans d'autres pays en Europe. Pourquoi on n'est pas capable de faire aussi bien ici? », se désole Nathalie Dion, de l'Ordre des architectes du Québec.

 

Oui, ça me décourage, surtout de savoir des fois que ce ne sont pas les architectes qui manquent de talent. C'est qu'on a pris des décisions basées sur des budgets. (Nathalie Dion)

 

 

Un exemple? La reconstruction de l'école Saint-Gérard dans Villeray, à Montréal, qui se voulait un projet du 21e siècle, mais qui a été ramené à sa plus simple expression pour des questions budgétaires. Le système de géothermie a finalement été sauvé, mais l'atrium central et le toit vert sont passés à la trappe.

 

« On aurait peut-être pu se permettre l'atrium en se disant que c'est un investissement pour les jeunes pour le futur, dit Mme Dion. Il n'y a peut-être pas d'étude qui dit textuellement que quand tu as une belle école tu vas mieux réussir, mais en général le cadre bâti influence la qualité de vie des gens au bureau ou dans un hôpital. Dans une école, c'est sûr que c'est important. »

 

Une politique nationale de l'architecture permettrait de se donner une vision de l'architecture, dit Nathalie Dion, en termes d'esthétisme, de fonctionnalité et de durabilité environnementale entre autres.

 

Et pas besoin d'être un pays pour en avoir une, souligne-t-elle. Elle donne les exemples de l'Écosse et de la capitale du Danemark, Copenhague.

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  • 5 mois plus tard...

On aimerait bien avoir plus d'influence positive sur ce qui se bâtit. Mais comme la population en général est indifférente ou peu informée sur le sujet, les promoteurs ont donc le champ libre pour proposer à peu près n'importe quoi. Dans les villes où justement le design est nettement plus soigné (en Europe notamment), on constate cet intérêt indéniable parmi la population et aussi bien sûr de la part des autorités, avec des résultats probants. Il y a certainement ici des exemples de réussites, mais ils sont encore trop rares et trop dispersés.

 

C'est donc avant tout une question de culture et tout le monde sera d'accord pour dire qu'il faudra du temps, avant qu'un mouvement semblable prenne vraiment de l'ampleur à Montréal. Ce n'est pas seulement une question de fierté, mais surtout d'éducation et d'intérêt artistique. Il faut donc commencer par le commencement et c'est à l'école qu'on aura le plus de chance de sensibiliser les jeunes à cette ouverture sur l'esthétisme des villes et des paysages urbains. Aussi bien sûr à travers les médias et les réseaux sociaux, mais surtout auprès des autorités municipales, qui ont justement ce pouvoir de faire la promotion d'une meilleure qualité architecturale et la supporter par des incitatifs tangibles.

 

J'en conclue que tant que le message ne montera pas de la base vers le sommet, là où sont les promoteurs, qu'il n'y aura pas de véritable changement. Il faut d'ailleurs briser ce faux concept résistant, que la beauté coute cher. C'est bien davantage une question d'imagination, d'originalité, de bons choix de matériaux et de sens artistique. Alors Montréal ville de design, demeure encore un titre pompeux qui reste à démontrer. L'avenir nous dira si ce sera enfin mérité.

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  • 4 mois plus tard...

http://www.lapresse.ca/le-soleil/arts/201703/12/01-5078046-le-quebec-mur-pour-une-politique-de-larchitecture.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_B13b_architecture_1424045_section_POS2

Publié le 12 mars 2017 à 19h06 | Mis à jour le 13 mars 2017 à 10h20

 

Le Québec mûr pour une politique de l'architecture?

Le pavillon Pierre Lassonde du Musée national des... (Photothèque Le Soleil, Patrice Laroche)

 

Le pavillon Pierre Lassonde du Musée national des beaux-arts du Québec

Photothèque Le Soleil, Patrice Laroche

 

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Valérie Gaudreau
Le Soleil

(Québec) La première mouture du projet Le Phare en a fait rager plus d'un. Le nouveau pavillon du Musée national des beaux-arts a, à l'inverse, emballé des milliers de citoyens : l'architecture est partout et les gens s'y intéressent de plus en plus. Le temps est-il venu pour une politique nationale de l'architecture? La discussion entre les architectes et les citoyens, en tous cas, commence dès mardi à Québec.

«On veut se nourrir de ce que le public nous dira», lance d'entrée de jeu la présidente de l'Ordre des architectes du Québec (OAQ), Nathalie Dion. Son organisation amorce mardi au Monastère des Augustines une vaste «conversation publique» sur l'avenir de l'architecture au Québec. La tournée se déplacera dans 13 villes dont Saguenay, Rimouski, Sherbrooke, Gatineau, Trois-Rivières pour culminer à Montréal le 1er juin.

Échanges positifs

À Québec, la soirée de mardi est déjà à guichets fermés avec 90 inscriptions, ce qui réjouit Mme Dion. «Ces rencontres seront basées sur les échanges, sur du positif. On va avoir des débats, mais pas des chicanes», ajoute-t-elle au bout du fil.

 

Citoyens, étudiants, organismes ou architectes iront partager ce qu'ils aiment ou non dans le cadre bâti au Québec, ce qu'ils feraient s'ils étaient «ministre de l'architecture». Quelle place pour les citoyens dans les projets, souvent majeurs? Que faire pour la préservation du patrimoine, pour une meilleure intégration dans le paysage? L'OAQ mettra les idées entendues dans son baluchon en prévision d'un mémoire qu'elle présentera au gouvernement du Québec l'an prochain dans la perspective de la création d'une politique nationale de l'architecture. Une telle politique existe dans plusieurs pays d'Europe.

«Les architectes, souvent, n'ont pas accès au public autant qu'ils le voudraient dans le cadre de leurs projets. On veut s'assurer que la population soit consultée», poursuit Nathalie Dion. 

L'architecture, c'est l'affaire de tous

L'architecte élue en 2013 à la tête de son ordre professionnel qui représente 3826 membres et 1047 stagiaires en architecture note une sensibilité croissante pour l'architecture et l'aménagement urbain. On jase davantage d'architecture dans l'espace public. «Je n'ai pas de statistiques, mais oui, grâce au fait que les gens voyagent, à Internet et aux émissions de télévision, il nous semble que les Québécois sont prêts à ça», dit-elle. Mais il y a encore des mythes à défaire et de la sensibilisation à faire pour affirmer que l'architecture est l'affaire de tous. 

«On veut sensibiliser le gouvernement et le public à l'importance quotidienne de l'architecture. Elle est partout. Un bâtiment affreux fait partie du paysage et on doit vivre avec», illustre Mme Dion. Même chose pour les édifices qu'on aime. Ces immeubles esthétiques, fonctionnels et durables qui seraient peut-être plus nombreux si le Québec se dotait d'une politique de l'architecture, estime l'OAQ.

Le nouveau pavillon du Musée national des beaux-arts... (Photothèque Le Soleil, Jean-Marie Villeneuve) - image 2.0

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Le nouveau pavillon du Musée national des beaux-arts a emballé des milliers de citoyens

Photothèque Le Soleil, Jean-Marie Villeneuve

À quoi ça sert?

Une telle politique, qui serait suivie d'un plan d'action, poursuit Mme Dion, permettrait entre autres d'uniformiser la réglementation, de se pencher sur le processus pour les concours d'architecture et d'assurer une meilleure cohésion entre les divers ministères impliqués dans la d'écoles ou d'hôpitaux, par exemple. Et ce, pas seulement dans les grands centres. Au contraire. «Des villes comme Québec et Montréal sont équipées avec des professionnels à l'interne. Mais les plus petites n'ont pas toujours les outils nécessaires. Il pourrait y avoir certaines formes d'accompagnement», avance-t-elle. Au Danemark, un tel soutien aux municipalités existe. «Les politiques peuvent prendre diverses formes.» L'OAQ plaide depuis des années pour une telle politique de l'architecture qui a d'ailleurs reçu l'appui d'une trentaine d'instances dont les villes de Rivière-du-Loup, Laval, Sherbrooke et des arrondissements de Montréal. Dans la capitale, le maire Régis Labeaume a officiellement appuyé l'initiative de l'Ordre des architectes en septembre 2016 à l'occasion des consultations sur le renouvellement de la politique culturelle du Québec.

Les soirées de discussions seront animées par l'Institut du Nouveau Monde et il sera aussi possible de participer à la discussion en ligne à partir de mardi au www.architecture.quebec.

Le Danemark se démarque

De toutes les politiques nationales de l'architecture qui existent dans le monde, celle du Danemark est la préférée de Christine Lanthier, rédactrice en chef d'Esquisses, la revue de l'Ordre des architectes. «La politique s'intitule Putting People First, Les gens d'abord. Elle dit qu'avant de construire n'importe comment, on doit consulter la population. Elle sert à intéresser les citoyens au cadre bâti, à des activités de sensibilisation», explique Mme Lanthier. 

Le pari danois

Avec cette politique adoptée une première fois en 2007 et modifiée en 2014, les autorités danoises font le pari qu'une fois que la population baigne dans le monde de l'architecture, il est plus facile «d'avoir un langage commun pour en parler et décider». Dans ce pays, la première ville à se doter d'une politique de l'architecture a été Vejle dès 1997 soit 10 ans avant que le pays ne l'adopte et incite les autres villes danoises à en faire autant. 

«Le but n'est pas de réglementer, mais de mettre tout le monde sur la même longueur d'onde», illustre Mme Lanthier. Une façon, dit-elle, d'accompagner les municipalités et de faire en sorte qu'elle ne fasse pas «qu'émettre un permis» et que les citoyens ne se «ramassent avec un bâtiment déjà construit», dit la rédactrice en chef.

La politique danoise permet aussi aux plus petites municipalités de bénéficier de conseils pour élaborer leur politique grâce à des «membres ambassadeurs».

La France, pionnière

Christine Lanthier note aussi que la France a été le premier pays à se doter d'une loi qui, dès 1977 a reconnu l'architecture comme «une expression de la culture» et un élément «d'intérêt public».

Aussi, signe qu'une telle politique va bien au-delà de l'allure des bâtiments, Mme Lanthier souligne que dans la majorité des cas, elles sont nées d'une réalité socioéconomique. 

«Ça part souvent d'un problème de société. Comme le vieillissement de la population, des problèmes de transports ou d'exode rural où les gens ont à vivre dans un milieu plus dense.»

L'heureux exemple d'Halifax

 

la bibliothèque d'Halifax... (La Presse Canadienne, Andrew Vaughan) - image 5.0

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la bibliothèque d'Halifax

La Presse Canadienne, Andrew Vaughan

Les discussions sur une éventuelle politique québecoise de l'architecture porteront aussi sur la participation citoyenne et les manières d'impliquer la population. À ce titre, la présidente de l'Ordre des architectes du Québec, Nathalie Dion, cite en modèle la bibliothèque d'Halifax ouverte en 2014. «C'est ça qu'il faut faire, consulter les citoyens et les inclure dans le projet. À Halifax, ils ont fait des rencontres pendant cinq mois, ils ont invité les gens, les enfants, toute la communauté», explique-t-elle à propos du bâtiment conçu par la firme d'Halifax Fowler Bauld & Mitchell avec la danoise Schmidt Hammer Lassen. Une telle démarche n'a en rien miné la créativité des architectes, précise-t-elle. «Ce n'est pas un projet plein de compromis.» Au contraire, la consultation en amont a garanti une adhésion pour la bibliothèque et son café devenus depuis un lieu de rassemblement incontournable de la capitale néo-écossaise en plus de multiplier les prix d'architecture.



 
 
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  • 1 mois plus tard...
 
12/06/2017 Mise à jour : 12 juin 2017 | 6:35
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Antonin Labossière: «La beauté peut vaincre la peur»

Par Andréanne Chevalier TC Media
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une-antonin-labossiere.jpg?w=618&h=408&c Mario Beauregard/Métro Antonin Labossière

Parce qu’ils ont l’impression que la création architecturale actuelle souffre d’un désintérêt généralisé, comparativement au summum vécu à l’époque de l’Expo 67, et pour initier dès aujourd’hui une réflexion collective sur la ville dans laquelle nous souhaitons vivre en prévision du 400e anniversaire de Montréal, l’architecte de 39 ans Antonin Labossière, de la firme Rayside Labossière, a signé avec d’autres jeunes architectes le Manifeste de la relève, publié récemment. Entretien.

Avez-vous l’impression, comme jeunes architectes, que vous n’êtes pas assez intégrés dans des projets de grande envergure?
Ieoh Ming Pei avait 40 ans quand il a fait la Place Ville-Marie. Moshe Safdie avait 25 ans quand il a fait Habitat 67. Renzo Piano était dans la trentaine quand il a fait le Centre Georges Pompidou à Paris. Cette énergie, cette volonté de faire place aux nouvelles idées s’exprime à travers des jeunes qui font de de l’architecture différente. Il faut laisser cette place là. Présentement, on ne l’a pas.

Il y a beaucoup de contraintes pour les jeunes architectes. D’où viennent ces règles?
C’est Pierre Thibault qui l’a souvent mentionné: pour faire une école, il faut que t’en aie fait dix. Oui, ça bloque complètement l’accès aux jeunes dans ces projets. Ce sont des règles qui se sont installées avec le temps. Les années 1980-1990 n’ont pas été joyeuses en architecture, il n’y avait pas de travail. De mon interprétation, ça s’est basé sur la peur de faire des erreurs.

Maintenant, il faut faire des brèches là dedans pour que des nouvelles idées sortent. On oublie ce qu’est l’architecture, comment elle peut être un moteur. Quand on a une architecture plate, on a une ville plate. La beauté peut vaincre la peur.

De quelles villes pourrait-on s’inspirer?
Copenhague s’est donné une politique de l’architecture, ce que l’Ordre des architectes essaie de promouvoir ici. Là-bas, toutes les nouvelles constructions sont audacieuses, il y a des quartiers complets qui sont basés sur le transport en commun. On se questionne sur la façon dont on veut que la ville se développe.

Le quartier Vauban, à Fribourg, en Allemagne, est un quartier hyper écologique. Les rues sont piétonnes. Le transport en commun dessert principalement le quartier. Les rues sont vertes. Les enfants jouent partout. C’est une qualité de vie incroyable. C’est ce que les gens veulent avoir.

Il y a Portland, en Oregon, aussi, où la rue centrale est piétonne. L’architecture n’y est pas flamboyante, mais on n’a pas peur d’essayer des trucs.

Comment ça se fait qu’on ne construit pas des quartiers semblables ici? C’est un non sens. Comment ça se fait que des projets dans des villes plus anciennes en Europe soient beaucoup plus audacieux que dans une ville moins vieille comme ici? On a de la misère avec notre lien avec notre histoire. Je crois que l’architecture l’exprime.

Vous déclarez, dans le manifeste : «ne faisons pas dire au patrimoine ce qu’il n’est pas». Faut-il changer notre relation au patrimoine?
Le patrimoine, c’est un discours construit sur des symboles. Collectivement, on va trouver qu’une maison a une histoire intéressante, par exemple. Mais le patrimoine peut accepter de se faire ajouter des couches d’histoires.

On le voit avec les églises. Elles sont condamnées à être réinventées. Mais pour ça, il faut accepter que l’église ne représente plus une église, et il faut essayer de changer son usage. Chaque cas est unique. Quand on se cantonne dans des règles patrimoniales strictes, on passe à côté [de beaux projets], dans beaucoup de cas.

Vous parlez de beauté et d’architecture «plate», mais ces concepts sont relatifs. Qu’est-ce qu’ils signifient pour vous?
C’est ce qu’on a nommé une «démocratie architecturale» dans le manifeste. C’est de dire qu’on a le droit d’exprimer des différences. À Paris, par exemple, tout est uniforme, mais les nouvelles constructions sont très différentes. À Montréal, on se fait dire qu’il faut s’intégrer à ce qui existe, alors que la ville est hétéroclite. Ça veut dire qu’on se construit des faux discours sur l’intégration. Quand on nous demande en 2017 de s’intégrer à un immeuble de 1930, c’est non. On doit exprimer un immeuble de 2017.

Il faut aussi accepter qu’on tente parfois des choses et que ce n’est pas tout à fait réussi. Ça fait partie de la vie.

«Pour le projet Sainte-Germaine-Cousin, à Pointe-aux-Trembles, j’ai demandé à tous les entrepreneurs de me fournir les noms de toutes les personnes qui avaient mis les pieds sur le chantier. J’ai fait un générique, un peu comme dans les films. Pour dire «bravo». Il faut retrouver ce dialogue là. Il faut redonner de la fierté.» – Antonin Labossière, architecte, Rayside Labossière

Certains bâtiments n’ont effectivement pas été applaudis au moment où ils ont été construits, mais ils ont acquis une reconnaissance avec les années…
Le Westmount Square de Mies van der Rohe est probablement le meilleur exemple. Il a été énormément critiqué. Dans les années 1980-1990, on trouvait que c’était une horreur et je pense que maintenant on apprécie à quel point c’est exceptionnel. Dans le postmodernisme, il y a plein de choses que maintenant on trouve vraiment horribles, et je suis sûr que dans 30 ans on va les apprécier et qu’on va parler de patrimoine postmoderne, de comment il faut le préserver. Il faut accepter d’évoluer. On dirait que quand on a peur, on arrête d’évoluer. Il faut accepter le changement.

Est-ce que ça coûte vraiment plus cher de faire un beau bâtiment, qui correspond à certaines exigences?
Non et oui. Le projet le moins cher, c’est une boite en tôle pas de fenêtres. Si tu veux, pour la rendre belle, ajouter des fenêtres, de la brique, oui, ça vient de te coûter plus cher. Mais si tu pars de ce que ça coûte pour construire quelque chose de raisonnable, de correct, de beau, et que tu veux le mettre un peu plus beau ou différent, là, ça ne coûte pas plus cher. Il faut changer notre approche. Si on veut de la beauté, il y a un prix «normal» et il y a moyen de faire de très beaux projets avec ce prix là. Comme il y a moyen de rater son coup et de rentrer dans les budgets.

Il y a peu d’éducation du public à l’architecture. Qu’est-ce qui pourrait être fait en ce sens?
Je pense que beaucoup de gens réclament de la beauté, mais ils ne savent pas quels sont les ingrédients nécessaires pour qu’elle naisse.
L’architecture, c’est élitiste. Je suis contre ça. Par exemple, beaucoup d’architectes n’aiment pas la couleur. Souvent, les gens vont voir ça comme étant populaire, comme si ce n’était pas de la grande architecture. Évidemment, il faut qu’elle soit bien utilisée… Mais si tu passes devant un bâtiment et qu’à cause de la couleur, ça vient donner du dynamisme et que les gens trouvent ça intéressant, je trouve que ça participe à l’animation de la rue. Je pense que les architectes, comme l’OSM, comme l’Opéra, ont un devoir de démocratisation.

Autrement, la première éducation à l’architecture, c’est quand on se promène dans la ville. S’il y a des beaux bâtiments, je pense que les gens vont naturellement augmenter leurs standards.

Les autres signataires du manifeste
Renée Mailhot (La SHED architecture), Sébastien Parent (La SHED architecture), Yannick Laurin (La SHED architecture), Jean de Lessard (Jean de Lessard ‐ designs créatifs), Robert Lavoie (APPAREIL architecture), Nicolas Lapierre (L’Abri), Francis Pelletier (L’Abri), Francis M Labrecque (L’Abri), Tom Balaban (TBA), Guillaume Pelletier (GPA).

http://journalmetro.com/actualites/national/1152667/antonin-labossiere-la-beaute-peut-vaincre-la-peur/

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Un nouveau plan d’action et un observatoire pour le patrimoine montréalais

http://www.ledevoir.com/culture/actualites-culturelles/506016/un-nouveau-plan-d-action-et-un-observatoire-pour-le-patrimoine-montrealais

Le vieux palais de justice qu’est l’édifice Lucien-Saulnier (notre photo) est parmi les investissements prioritaires du Plan d’action en patrimoine de Montréal, avec l’hôtel de ville et le parc agricole du Bois-de-la-Roche.Photo: François Pesant Le Devoir Le vieux palais de justice qu’est l’édifice Lucien-Saulnier (notre photo) est parmi les investissements prioritaires du Plan d’action en patrimoine de Montréal, avec l’hôtel de ville et le parc agricole du Bois-de-la-Roche.

La Ville de Montréal a adopté jeudi son Plan d’action en patrimoine 2017-2022, titré S’ancrer dans l’identité urbaine montréalaise. Un plan ambitieux, surtout pour le court laps de temps de son application. Comme si Montréal chaussait ses bottes de sept lieues afin de rattraper un certain retard en patrimoine, de répondre aux urgences et de faire preuve, dans une seule et même foulée, d’audace. Observations, en attendant de voir si le conseil municipal adoptera lundi la proposition.

 

« C’est un changement de culture dans la façon de fédérer le milieu patrimonial, à l’initiative de la Ville de Montréal », que propose ce plan, comme le résume Manon Gauthier, responsable de la culture, du patrimoine et du design au comité exécutif. « La multitude des acteurs dans le patrimoine montréalais, la multitude des couches de responsabilités et de pouvoirs fait qu’il faut établir une nouvelle culture, et d’abord réussir à fédérer le milieu. Et le grand parapluie de ce plan d’action, ce qui englobe tout, c’est cette notion d’Observatoire montréalais sur le patrimoine. » Un bureau réel, concret, qui réunira des intervenants de divers milieux et savoirs, dont les lignes et manières restent à définir, et qui aura pour but, comme le résume le plan, de connaître, de partager et de diffuser.

 

« Il faut se donner une responsabilité de vigie, poursuit Mme Gauthier. La majorité des enjeux de patrimoine auxquels on a tous été confrontés au cours des quatre dernières années tenaient à des questions d’entretien et de vigie. Pas qu’on ne fasse pas nos devoirs et qu’on ne soit pas informés, mais les enjeux de patrimoine sont si complexes… »

 

Il y a présentement un sentiment d’urgence, partagé par tous, poursuit celle qui est aussi responsable d’Espace pour la vie et du statut de la femme. « Et c’est une des responsabilités que nous avons. Donc, on se lance dans l’action. »

 

Laboratoire transitoire

 

Germe de la nouvelle politique culturelle de Montréal, poussé en droite ligne des Entretiens d’avril 2016 sur le patrimoine, le plan d’action propose quelques idées nouvelles. Outre la formation de cet observatoire, la mise en place d’un laboratoire transitoire, qui proposera des projets-pilotes d’occupation temporaire, est un beau risque. L’idée, puisque tout lieu occupé se préserve en général mieux que s’il est vacant, est de trouver qui peut investir, ne serait-ce qu’un temps, un immeuble vide ou un terrain vague.

 

Quatre chantiers de réflexion sont aussi prévus, d’abord sur la fiscalité et le financement alternatif, puis sur les lieux de culte, sur l’entretien, la conservation et la mise en valeur des bâtiments publics et sur le développement, justement, des pratiques émergentes d’usage transitoire.

 

L’enjeu du financement est-il si important qu’il doit être le premier chantier envisagé, et être nommé si souvent dans ce plan d’action ? Oui, répond le directeur général d’Héritage Montréal, Richard Turgeon. « C’est une question d’éducation des propriétaires et des promoteurs, une question de moyens pour les inciter à utiliser tous les outils pour préserver les propriétés patrimoniales, ou pour tenir compte de l’environnement dans lequel les promoteurs vont inscrire de nouvelles architectures. »

 

Héritage Montréal reçoit par ailleurs favorablement ce nouveau plan, poursuit M. Turgeon, « son esprit et certaines de ses mesures. On reconnaît le leadership de la Ville dans cet exercice, auquel on a participé en déposant un mémoire ».

 

Occuper pour protéger

 

Pour Héritage Montréal, l’adoption de pratiques émergentes est une bonne nouvelle, et M. Turgeon souligne tout particulièrement les usages transitoires. « Il y a trop souvent de la négligence à Montréal chez les propriétaires. L’édifice Robillard en est un des dramatiques exemples récents. » Rappelons que cette bâtisse du boulevard Saint-Laurent, qui avait accueilli le tout premier cinéma au Canada, a disparu dans les flammes, le feu et les cendres en novembre dernier. « Le développement de pratiques transitoires est selon nous un moyen de contrer la négligence et la vacance de certains immeubles. »

 

La tenue et la mise à jour d’un « répertoire de vulnérabilité », qui recense les bâtiments vacants, ceux dont l’entretien est déficient et ceux qui risquent d’être la cible de promoteurs — parce que la valeur du terrain excède celle de la bâtisse, ou à cause de la vigueur du marché immobilier du secteur —, sont aussi soulignées comme un bel outil pour Héritage Montréal.

 

« On souhaite que le milieu puisse s’approprier ce plan, puisque tout le monde en a été partie prenante. On espère que lundi le plan va être adopté avec enthousiasme au conseil municipal, indique Manon Gauthier. On voulait, on veut que ce soit l’affaire de tous. La Ville doit mener par l’exemple. Comment peut-on agir comme propriétaire et gestionnaire exemplaires ? Comment peut-on repenser notre cadre de travail ? — ce qui n’est pas simple, parce qu’il faut alors repenser le rôle de la Ville, celui des arrondissements, de Québec, la liaison avec Ottawa… Cette complexité fait qu’on doit repenser le modus vivendi, et surtout donner l’exemple. »

Le Plan d’action 2017-2022 de Montréal Les enjeux

La conservation et la mise en valeur des bâtiments vacants ;

L’entretien des immeubles privés comme publics ;

La gestion durable des bâtiments et des lieux ;

Le développement de la connaissance de ce qui fait l’identité montréalaise et de l’intelligence collective par la diffusion ;

La commémoration ;

L’innovation dans le financement.

Les actions

1. Agir à titre de propriétaire et de gestionnaire exemplaires.

2. Assurer la mise en valeur du patrimoine de proximité.

3. Soutenir la requalification d’ensembles identitaires.

4. Diffuser la connaissance et encourager la reconnaissance.
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Montréal a définitivement un rôle précis à jouer dans cette éventuelle politique nationale sur la qualité architecturale. Il s'agit en fait d'occuper le rôle de leader puisqu'elle est la métropole du Québec et sa principale vitrine internationale. Alors que ce soit dans le résidentiel, l'institutionnel ou le commercial et même dans le génie, il faut investir dans la recherche de factures originales et de matériaux de qualité qui rehausseront l'esthétisme de nos rues et de l'espace public en général.

En d'autres mots il faut insister sur l'apparence soignée de nos nouvelles constructions, car chacune contribue à projeter une image de la ville. C'est finalement l'effet global qui donnera le ton définitif, comme on le constate actuellement, mais de manière négative, en faisant le désolant bilan de Griffntown.

En effet ce quartier si prometteur déçoit, parce qu'on a raté une superbe occasion de créer un environnement nettement plus contemporain, stimulant sur le plan urbanistique, pour ne pas dire avant-gardiste. La plupart des promoteurs sont restés dans leur zone de confort et n'ont pas innové, parce que la Ville ne les a pas invité à le faire. Tout le monde s'est alors inspiré de Devimco qui est devenu la principale référence au lieu de l'exception.

Quand c'est mal parti, difficile d'intervenir mais tout de même pas impossible. Comme première condition, il faut cependant mettre de l'avant une politique agressive basée sur la qualité architecturale, afin que la Ville finisse par démontrer une fois pour toute le bien fondé de son fameux titre de ville internationale de design.

Commençons par le commencement avec des exigences claires et des critères mieux définis, comme on le fait quand il s'agit d'intégration dans des quartiers comme le Plateau notamment. Seulement ici on ne parle pas d'intégration mais d'innovation et de créativité, par l'audace et l'originalité.

A ce propos il n'y a pas de petits projets puisque tous petits et grands ont une influence directe sur leur environnement. Inspirons-nous au passage des meilleurs exemples dans le monde pour qu'à notre tour nous devenions aussi une véritable référence internationale.

Montréal a tous les atouts pour réussir. Il ne lui manquait qu'un marché actif et profitable avec une demande soutenue et en croissance. C'est maintenant chose faite depuis quelques années déjà. Ne reste plus alors qu'à surfer sur la vague, en améliorant notre style et en inventant des figures qui nous ferons ressortir de la masse.

Je propose donc une compétition amicale tacite basée sur la qualité architecturale, qui ne peut faire que des gagnants avec tous les participants. Nous connaissons déjà nos adversaires internationaux et ils sont de taille. Raison de plus pour mettre la barre haute, parce qu'à ce jeu on y gagnera toujours quelque chose. En retour cette participation suscitera la fierté qui deviendra elle-même le moteur et le carburant pour continuer à aller encore plus loin.

Ainsi chaque réussite architecturale se transformera naturellement en autant de trophées bien concrets pour la ville, tout en stimulant nos énergies pour en gagner d'autres. Avec le temps Montréal pourrait devenir son propre podium, en s'affichant à la face du monde, comme à sa population, sous son meilleur jour et pour longtemps.

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Il y a 1 heure, Rocco a dit :

Je ne crois pas que le Québec est mur... Continuez de construire vos atrocités à Laval et ailleurs.. les gens lambdas ne voient aucune différence entre laid et beau.

je crois que la majorité des gens n'achètent pas leur  condos en fonction du look extérieur, mais plutôt en fonction de l'intérieur.

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