Aller au contenu

Messages recommendés

Je ne peut pas cacher ma grande exultation du fait que l'architecture ait une importance pour le gouvernement.    Je peux en déduire que les bâtiment auront une architecture plus plaisantes pour les yeux et sans doute une meilleure qualité de construction. L' architecture est l âme et le symbole d une ville. Mes attentes en matière d' architecture audacieuse pourraient être rassasiées grâce à cette politique.            

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

  • 3 semaines plus tard...
  • 3 semaines plus tard...

https://www.oaq.com/esquisses/culture_architecturale/dossier/sensibiliser_le_public.html?platform=hootsuite

Sensibiliser le public
Brique par brique
csm_ESQ_2904-Habitat_67-Safdie3_a767c4a6

Les Québécois ont souvent été accusés de manquer de culture architecturale. C’est peut-être encore vrai,
quoique de plus en plus de voix s’élèvent pour défendre une architecture de qualité. Regards sur une lente évolution.

Sylvie Lemieux

Avant tout, une anecdote révélatrice. En septembre dernier, l’architecte Pierre Thibault s’est rendu à Matane pour présenter une première ébauche du projet de revitalisation du centre-ville. « Dans la salle, il y avait près de 200 personnes. Et il y en avait plus de 2000 qui regardaient le Facebook Live. »

Impressionnant quand même pour une ville qui compte un peu plus de 14 000 habitants. « Les gens nous l’ont clairement exprimé : ils veulent de la beauté », ajoute l’architecte qui remplit de plus en plus de mandats du genre à l’invitation des administrations municipales. « Il y a une volonté grandissante au sein des villes de créer des milieux de vie de qualité », constate-t-il avec bonheur. Des projets qui, partout, suscitent l’engouement de la population.

Selon Pierre Thibault, la culture architecturale des Québécois s’est déjà exprimée avec plus de force. « Elle s’est un peu perdue. À la fin du 19e siècle et au début du 20e, il y avait une qualité de construction impressionnante, considérant le peu de moyens dont disposaient les gens de l’époque. On faisait des bâtiments de niveau comparable à ce qui se faisait dans les grandes capitales européennes. » Puis est arrivée la période d’après-guerre, qui a fait place à un développement à tout crin. « On a alors banalisé notre territoire, poursuit-il. Les zones périurbaines ont été développées selon le même modèle avec de grands boulevards et des bâtiments commerciaux sans valeur architecturale et sans ancrage dans le territoire. Ce manque de vision dans l’aménagement du territoire a nui à la qualité de l’environnement bâti. »

Parlons architecture !

Des projets de qualité, il s’en fait au Québec. Mais comment les généraliser ? « L’architecture, il faut en parler plus et en parler mieux, soutient Marc-André Carignan, chroniqueur en développement urbain. Les médias l’abordent encore trop souvent sous l’angle économique : combien a coûté le bâtiment ? Il faut aussi nommer et valoriser les architectes, pas juste les promoteurs. Ils sont plus qu’un maillon dans la chaîne, ce sont eux qui ont la vision et qui savent la concrétiser. »

Marc-André Carignan aimerait également entendre plus souvent le point de vue des clients  : pourquoi ont-ils fait appel à un architecte ? Comment l’architecture a-t-elle transformé leur entreprise ? Quels sont les avantages pour les employés ? « Ce serait une belle façon d’en faire des ambassadeurs de l’architecture. Pour faire de bons projets, ça prend aussi de bons clients. »

Les gens ont soif d’en savoir plus, selon Sophie Gironnay, directrice de la Maison de l’architecture du Québec, qui organise régulièrement des visites de bâtiments d’exception. « Chaque fois, on doit refuser du monde. Il y a un réel désir de découverte qui n’est pas satisfait par l’offre actuelle. Les gens ont une curiosité pour le patrimoine et aussi pour l’architecture nouvelle, contemporaine 
et audacieuse. »

Julie Bélanger, instigatrice des visites guidées d’Habitat 67, abonde dans le même sens. L’affluence est telle que l’expérience, mise sur pied à l’occasion du 50e anniversaire d’Expo 67, a été renouvelée en 2018, contrairement à ce qui avait été prévu au départ. « J’ai sous-estimé l’attrait que pouvait avoir le bâtiment pour la population. La visite suscite une réflexion sur l’architecture et son impact dans nos vies. Les visiteurs posent aussi beaucoup de questions sur la vision de l’architecte Moshe Safdie. » En 2018, 4200 personnes, venues de partout au Québec et de l’étranger, ont exploré le bâtiment emblématique. Elles avaient été 4700 l’année précédente. 

Célébrer les bons exemples est salutaire, mais discuter des moins bons peut également se révéler constructif, estime Marc-André Carignan, qui prône le retour d’un prix citron en architecture. « On peut aussi apprendre de ses erreurs. Même si on s’améliore, on échappe encore des projets au Québec. Il faut en parler en allant au-delà du critère esthétique. Un beau bâtiment n’est pas forcément un bon projet s’il ne remplit pas sa mission ou s’intègre mal à son environnement. » 

Participation citoyenne

« Il faut démocratiser le pouvoir de faire la ville », affirme pour sa part Jérôme Glad, cofondateur de La Pépinière, un organisme qui s’est donné pour mission de « développer des villes plus participatives ». Depuis 2014, il a réalisé une trentaine de projets, dont le Village au Pied-du-Courant, qui est érigé chaque été sur l’ancienne chute à neige Fullum, dans l’arrondissement de Ville-Marie, à Montréal. Tous les étés, à la suite d’un appel de participation, des architectes, des designers, des artistes et des citoyens proposent leurs idées pour réinventer le lieu, tant sur le plan de l’aménagement que de la programmation culturelle. « Ces projets permettent [aux citoyens] de s’approprier l’environnement urbain et de construire un lieu qui leur ressemble. À la racine, cela contribue à développer la culture architecturale. Le public réalise qu’il y a d’autres moyens de faire la ville et qu’il peut influencer l’orientation d’un projet. »

Les interventions du genre se multiplient au Québec, notamment la SPOT (Sympathique Place Ouverte à Tous), une place publique éphémère pensée par les étudiants de l’École d’architecture de l’Université Laval, et Le Virage – campus MIL, qui organise différentes activités (ateliers, conférences, cinéma en plein air, etc.) pour repenser la ville sur les terrains du futur campus scientifique de l’Université de Montréal. Ce sont des pas dans la bonne direction, selon Nathalie Dion, présidente de l’OAQ. « Faire participer les citoyens en amont des projets d’aménagement permet d’alimenter la réflexion sur l’impact que peut avoir l’architecture dans nos vies, ajoute-t-elle. C’est comme cela que se bâtit une véritable culture. » 

L’exemple qui vient du haut

Améliorer la qualité du cadre bâti est bien sûr une responsabilité du gouvernement, grand donneur d’ouvrage, d’où la démarche lancée par l’OAQ pour l’adoption d’une politique québécoise de l’architecture. Les municipalités ont aussi un rôle à jouer pour favoriser des constructions durables et de qualité, d’après Alan DeSousa, maire de l’arrondissement de Saint-Laurent. « En tant que donneurs d’ouvrage publics, les villes doivent agir comme des laboratoires et contribuer à exporter les bonnes pratiques dans le secteur privé. »

Comme d’autres, il souhaite que plus de concours d’architecture permettent d’accroître la qualité des constructions. « On a obtenu plusieurs beaux résultats [au Québec], notamment du côté des bibliothèques. Des bâtiments que la population s’est vite appropriés et où l’affluence est à la hausse », affirme-t-il. 

À ceux qui lui demandent pourquoi c’est important, une culture architecturale, il répond : « L’architecture montre notre âme aux gens. Elle témoigne des valeurs profondes d’une société et de son savoir-faire. »

Et elle génère de nombreuses retombées, selon Marc-André Carignan. « Une architecture de qualité aura un impact positif sur l’économie, parce que les employés sont plus productifs dans un bâtiment bien conçu, sur la santé publique, grâce à des aménagements favorisant les déplacements actifs, et sur l’environnement, par la construction de bâtiments durables qui contribuent à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Sans parler de son apport au tourisme. » Bref, faire beau fait du bien.

  • Like 2
Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

  • 3 mois plus tard...

Répondant à la suggestion de @acpncdans son message posté sur le fil "Humaniti" qui avait dévié sur des considérations plus vastes mais ayant engendré des points de vue fort intéressants pour autant, je poursuis ICI.  

Les toutes dernières interventions dans le fil "Humaniti" soulèvent des questions qui ne relèvent pas exclusivement de l'architecture (et implicitement: du besoin d'une politique en la matière) mais tout autant de l'urbanisme (et plus largement de l'occupation du territoire).  Plusieurs ont opposé les tenants de la Main invisible (alias les forces du marché) et les tenants de l'intervention des pouvoirs publics. On a aussi voulu contraster les expériences européennes à celles de notre continent.

Mes propres observations sont plus nuancées, et révèlent des cas de réussite et d'échec dans l'un et l'autre cas.  Ainsi, les "cités" résidentielles construites en Europe par les pouvoirs publics depuis l'après-guerre jusqu'à la fin des années 1970 (au moins) se sont largement soldées par des échecs socialement parlant (isolement, absence d'emplois, dégradation des bâtiments, etc.); aujourd'hui, ceux qui y restent ne le font pas par choix, mais par manque d'alternatives.  Des projets semblables en Amérique du Nord ont connu le même sort (pensons à Regent Park à Toronto), même si ils se distinguaient des précédentes par leur localisation au coeur des villes plutôt qu'en banlieue éloignée.

La Main invisible n'est pas infaillible; il y a même toute une branche de la science économique qui traite de ce sujet--"Market Failure" (Défaillance du marché).  Cela concerne toutes les décisions d'allocation des ressources, y compris celles ayant trait à l'habitation.  Mais on a vu aussi que les pouvoirs publics ne sont pas dotés de la science infuse non plus. Je pense que les plans d'urbanisme --une prérogative des municipalités, doivent être élaborés en tenant compte d'un grand nombre de considérations dont plusieurs ont été négligées dans le passé  --par exemple les changements démographiques, technologiques et de mode de vie.  A son tour, le marché s'adaptera aux conditions posées, dans la mesure où il y trouve son profit; s'il y a des défaillances, les pouvoirs publics interviendront directement, au besoin.

Je n'ai pas le temps d'exposer à fonds les implications de ces changements.  Cependant, il y a un aspect que j'aimerais examiner ici, pour la simple raison qu'il fait l'objet de discussions et d'engagements politiques fréquents, soit: l'accès au logement pour les familles dans la Ville de Montréal.  Quel est le "problème"?  --On dit qu'il manque de logements à prix abordable, et que par conséquent il faut (plus ou moins) forcer la main des promoteurs privés.  On dit aussi que les promoteurs ont trop tendance à construire des petits logements convenant mal aux familles (pas suffisamment de chambres à coucher, etc.).  Qu'en est-il vraiment?  La toile de fonds, c'est que   les ménages composés d'une seule personne (déjà plus de 50% à Stockholm par exemple) ou d'un couple sans enfant sont les plus nombreux, et que, fait crucial, ces ménages (de 1 ou 2 personnes) occupent souvent des logements qui disposent (ou disposaient avant des transformations) d'un nombre suffisant de chambres pour accueillir des familles avec enfants.  Un phénomène semblable (mais pas aussi prononcé) peut être observé dans les banlieues, surtout les plus anciennes.  Ainsi, il y aurait un nombre suffisant de "grands" logements, si ce n'est que plusieurs ne sont pas disponibles pour les familles avec enfants.  Mais puisque ces familles doivent trouver à se loger, de nouveaux logements doivent être construits.  Or, sauf exception, le nouveau est plus cher que l'ancien; et les sites disponibles dans la Ville de Montréal sont généralement plus chers qu'en banlieue, pour des raisons évidentes; exceptionnellement, des sites "montréalais" peuvent être comparativement abordables, mais leur localisation est souvent moins favorable que certains sites alternatifs  en banlieue (transport, proximité des services, qualité de l'environnement). 

Et il y a d'autres "complications":  choisir la banlieue n'est pas toujours possible, notamment pour des groupes de familles de nouveaux arrivants disposant de moyens limités mais ayant besoin de services particuliers qu'on ne trouve pas (suffisamment) en banlieue; ces familles se trouvent donc contraintes à se loger dans des logements trop exigus pour leurs besoins, trop chers et mal entretenus dans des secteurs de la ville qui n'ont pas été l'objet de gentrification (mais subissent plutôt un détérioration constante).  Le marché n'est pas disposé à répondre correctement aux besoins de ces personnes: des interventions publiques sont nécessaires.    

D'autres cas sont (très) différents:  laissons de côté les personnes seules et les couples sans enfant, disposant de bons revenus; qu'ils soient Montréalais de naissance ou issus de l'immigration n'a pas d'importance: ces personnes manifestent une préférence croissante pour des logements situés au centre-ville ou à proximité; ils n'ont pas besoin d'un logement comprenant plusieurs chambres.  Les grandes tours résidentielles du centre-ville ou les moyennes structures dans Griffintown leur sont d'abord destinées.  Considérons donc les couples avec enfants ou prévoyant en avoir bientôt, et qui disposent de revenus adéquats.  Quels choix s'offrent à eux?  De grands logements de bonne qualité dans un environnement agréable à Montréal leur plairaient, mais ils sont rares et chers.  La banlieue (surtout si elle est bien pourvue en services en tous genres y compris les écoles) s'avère un choix naturel. (Il n'y a pas suffisamment d'alternatives comparables à Montréal). On s'émeut et on veut qu'ils "retournent en ville" --je pense que c'est possible, mais seulement dans une proportion très limitée. 

J'aimerais connaître les motifs véritables sous-jacents à une campagne de promotion du retour en ville des familles.  Ça ne peut pas être dans le but de contrer un déclin démographique, car c'est le contraire qui se produit: la population totale augmente!  Serait-ce en vue de recréer un "équilibre" entre différents groupes d'âge sur le territoire de la ville (niant le contraste centre-périphérie)?  Ou encore, serait-ce dans le but d'améliorer la capacité fiscale de la ville (auquel cas des approches fort différentes pourraient s'avérer plus efficaces).  Ou est-ce simplement dans l'air du temps? (Quel politicien n'agrémente-t-il pas son discours de références à la "famille" de temps en temps).

Pour ma part, sur ce sujet des "familles" dans un contexte de politique urbaine, le plus important est qu'elles aient accès à des logements à la mesure de leurs moyens et de leurs besoins.  Peu importe que cela soit situé dans la Ville de Montréal ou en banlieue.  C'est l'ensemble de la communauté montréalaise (au sens de la RMR) qui est pertinent.  Cette vision n'empêche pas de chercher à minimiser l'étalement urbain et le recours à l'automobile, notamment par des investissements en TEC. Il ne faut pas négliger les incidences de trop grandes restrictions sur le développement urbain hors de la ville-centre: la hausse des prix en serait le premier effet, avec deux conséquences indésirables: des sans-abri ou mal logés, et des exilés à trop grande distance de leurs lieux d'occupation (emplois etc.) comme on l'observe pour Silicon Valley.

Dans cette perspective (il y a présentement 850,000 logements sur le territoire de la ville), je trouve que les efforts de l'administration municipale montréalaise en faveur de la construction de plus de logements "pour les familles" sont largement symboliques; leur portée réelle sera insignifiante par rapport aux besoins; il n'y aura que quelques "gagnants" de plus, comme à la loterie.  Je préférerais qu'on s'attarde davantage aux logements existants mal en point, d'autant plus que ces logements abritent les plus défavorisés de la société.

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Il y a 7 heures, Né entre les rapides a dit :

Répondant à la suggestion de @acpncdans son message posté sur le fil "Humaniti" qui avait dévié sur des considérations plus vastes mais ayant engendré des points de vue fort intéressants pour autant, je poursuis ICI.  

Les toutes dernières interventions dans le fil "Humaniti" soulèvent des questions qui ne relèvent pas exclusivement de l'architecture (et implicitement: du besoin d'une politique en la matière) mais tout autant de l'urbanisme (et plus largement de l'occupation du territoire).  Plusieurs ont opposé les tenants de la Main invisible (alias les forces du marché) et les tenants de l'intervention des pouvoirs publics. On a aussi voulu contraster les expériences européennes à celles de notre continent.

Mes propres observations sont plus nuancées, et révèlent des cas de réussite et d'échec dans l'un et l'autre cas.  Ainsi, les "cités" résidentielles construites en Europe par les pouvoirs publics depuis l'après-guerre jusqu'à la fin des années 1970 (au moins) se sont largement soldées par des échecs socialement parlant (isolement, absence d'emplois, dégradation des bâtiments, etc.); aujourd'hui, ceux qui y restent ne le font pas par choix, mais par manque d'alternatives.  Des projets semblables en Amérique du Nord ont connu le même sort (pensons à Regent Park à Toronto), même si ils se distinguaient des précédentes par leur localisation au coeur des villes plutôt qu'en banlieue éloignée.

La Main invisible n'est pas infaillible; il y a même toute une branche de la science économique qui traite de ce sujet--"Market Failure" (Défaillance du marché).  Cela concerne toutes les décisions d'allocation des ressources, y compris celles ayant trait à l'habitation.  Mais on a vu aussi que les pouvoirs publics ne sont pas dotés de la science infuse non plus. Je pense que les plans d'urbanisme --une prérogative des municipalités, doivent être élaborés en tenant compte d'un grand nombre de considérations dont plusieurs ont été négligées dans le passé  --par exemple les changements démographiques, technologiques et de mode de vie.  A son tour, le marché s'adaptera aux conditions posées, dans la mesure où il y trouve son profit; s'il y a des défaillances, les pouvoirs publics interviendront directement, au besoin.

Je n'ai pas le temps d'exposer à fonds les implications de ces changements.  Cependant, il y a un aspect que j'aimerais examiner ici, pour la simple raison qu'il fait l'objet de discussions et d'engagements politiques fréquents, soit: l'accès au logement pour les familles dans la Ville de Montréal.  Quel est le "problème"?  --On dit qu'il manque de logements à prix abordable, et que par conséquent il faut (plus ou moins) forcer la main des promoteurs privés.  On dit aussi que les promoteurs ont trop tendance à construire des petits logements convenant mal aux familles (pas suffisamment de chambres à coucher, etc.).  Qu'en est-il vraiment?  La toile de fonds, c'est que   les ménages composés d'une seule personne (déjà plus de 50% à Stockholm par exemple) ou d'un couple sans enfant sont les plus nombreux, et que, fait crucial, ces ménages (de 1 ou 2 personnes) occupent souvent des logements qui disposent (ou disposaient avant des transformations) d'un nombre suffisant de chambres pour accueillir des familles avec enfants.  Un phénomène semblable (mais pas aussi prononcé) peut être observé dans les banlieues, surtout les plus anciennes.  Ainsi, il y aurait un nombre suffisant de "grands" logements, si ce n'est que plusieurs ne sont pas disponibles pour les familles avec enfants.  Mais puisque ces familles doivent trouver à se loger, de nouveaux logements doivent être construits.  Or, sauf exception, le nouveau est plus cher que l'ancien; et les sites disponibles dans la Ville de Montréal sont généralement plus chers qu'en banlieue, pour des raisons évidentes; exceptionnellement, des sites "montréalais" peuvent être comparativement abordables, mais leur localisation est souvent moins favorable que certains sites alternatifs  en banlieue (transport, proximité des services, qualité de l'environnement). 

Et il y a d'autres "complications":  choisir la banlieue n'est pas toujours possible, notamment pour des groupes de familles de nouveaux arrivants disposant de moyens limités mais ayant besoin de services particuliers qu'on ne trouve pas (suffisamment) en banlieue; ces familles se trouvent donc contraintes à se loger dans des logements trop exigus pour leurs besoins, trop chers et mal entretenus dans des secteurs de la ville qui n'ont pas été l'objet de gentrification (mais subissent plutôt un détérioration constante).  Le marché n'est pas disposé à répondre correctement aux besoins de ces personnes: des interventions publiques sont nécessaires.    

D'autres cas sont (très) différents:  laissons de côté les personnes seules et les couples sans enfant, disposant de bons revenus; qu'ils soient Montréalais de naissance ou issus de l'immigration n'a pas d'importance: ces personnes manifestent une préférence croissante pour des logements situés au centre-ville ou à proximité; ils n'ont pas besoin d'un logement comprenant plusieurs chambres.  Les grandes tours résidentielles du centre-ville ou les moyennes structures dans Griffintown leur sont d'abord destinées.  Considérons donc les couples avec enfants ou prévoyant en avoir bientôt, et qui disposent de revenus adéquats.  Quels choix s'offrent à eux?  De grands logements de bonne qualité dans un environnement agréable à Montréal leur plairaient, mais ils sont rares et chers.  La banlieue (surtout si elle est bien pourvue en services en tous genres y compris les écoles) s'avère un choix naturel. (Il n'y a pas suffisamment d'alternatives comparables à Montréal). On s'émeut et on veut qu'ils "retournent en ville" --je pense que c'est possible, mais seulement dans une proportion très limitée. 

J'aimerais connaître les motifs véritables sous-jacents à une campagne de promotion du retour en ville des familles.  Ça ne peut pas être dans le but de contrer un déclin démographique, car c'est le contraire qui se produit: la population totale augmente!  Serait-ce en vue de recréer un "équilibre" entre différents groupes d'âge sur le territoire de la ville (niant le contraste centre-périphérie)?  Ou encore, serait-ce dans le but d'améliorer la capacité fiscale de la ville (auquel cas des approches fort différentes pourraient s'avérer plus efficaces).  Ou est-ce simplement dans l'air du temps? (Quel politicien n'agrémente-t-il pas son discours de références à la "famille" de temps en temps).

Pour ma part, sur ce sujet des "familles" dans un contexte de politique urbaine, le plus important est qu'elles aient accès à des logements à la mesure de leurs moyens et de leurs besoins.  Peu importe que cela soit situé dans la Ville de Montréal ou en banlieue.  C'est l'ensemble de la communauté montréalaise (au sens de la RMR) qui est pertinent.  Cette vision n'empêche pas de chercher à minimiser l'étalement urbain et le recours à l'automobile, notamment par des investissements en TEC. Il ne faut pas négliger les incidences de trop grandes restrictions sur le développement urbain hors de la ville-centre: la hausse des prix en serait le premier effet, avec deux conséquences indésirables: des sans-abri ou mal logés, et des exilés à trop grande distance de leurs lieux d'occupation (emplois etc.) comme on l'observe pour Silicon Valley.

Dans cette perspective (il y a présentement 850,000 logements sur le territoire de la ville), je trouve que les efforts de l'administration municipale montréalaise en faveur de la construction de plus de logements "pour les familles" sont largement symboliques; leur portée réelle sera insignifiante par rapport aux besoins; il n'y aura que quelques "gagnants" de plus, comme à la loterie.  Je préférerais qu'on s'attarde davantage aux logements existants mal en point, d'autant plus que ces logements abritent les plus défavorisés de la société.

Très bonne analyse et j'en partage en grande partie les conclusions. :thumbsup:

Comme on peut le constater cependant le sujet est vaste et déborde largement du concept de l'application d'une politique d'architecturale au Québec. Bien sûr tout se rejoint parce que tout est inter-relié: architecture, urbanisation sociologie, économie etc.

Pour revenir à ton texte, j'avais en l'occurrence oublié les fameuses cités européennes qui ont été un désastre sur le plan social. Comme quoi les expériences de l'un ne sont pas toujours souhaitables pour les autres. Mais ici c'est davantage une problématique d'aménagement urbain qui n'est certainement pas sans intérêt. Elle est néanmoins hors contexte et peu pertinente à la création d'une culture architecturale plus développée au Québec.

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

  • 3 semaines plus tard...

Dans sa chronique aujourd'hui à Gravel le matin, François Cardinal est revenu sur la volonté de François Legault de mettre en place une politique d'architecture pour le Québec. 

L'analyse de François Cardinal https://ici.radio-canada.ca/premiere/emissions/gravel-le-matin/episodes/431545/audio-fil-du-vendredi-12-avril-2019/35

 

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

  • 1 année plus tard...

Il y a 10 heures, Ju HG a dit :

Les règles d'urbanisme sont justement dues pour être modifiées. C'est là le réel enjeu. 

___________________

Le réel enjeu c'est une véritable politique sur la qualité architecturale des nouveaux bâtiments. Un programme qui devrait être supporté par Québec afin qu'il s'applique à toutes les villes et villages, pas seulement à la métropole.

Pas facile non plus de définir ce qu'est la qualité architecturale, il faudrait des caractéristiques précises et spécifiques pour encore une fois éviter de tomber dans l'arbitraire. J'ai déniché un texte très pertinent sur le sujet, puisé dans La qualité en architecture. Une affaire d'État. Ce texte résume bien toute la problématique et les solutions proposées http://www.revueargument.ca/article/2011-03-01/525-la-qualite-en-architecture-une-affaire-detat.html

Voici ici un extrait qui définit assez bien l'objectif visé: « L’architecture est une expression de la culture. La création architecturale, la qualité des constructions, leur insertion harmonieuse dans le milieu environnant, le respect des paysages naturels ou urbains ainsi que du patrimoine sont d’intérêt public. Les autorités habilitées à délivrer le permis de construire ainsi que les autorisations de lotir s’assurent, au cours de l’instruction des demandes, du respect de cet intérêt.»

Il y a encore beaucoup d'informations fort utiles à lire dans ce présent article et des solutions proposées qui font vraiment le tour de la question. Je retiens donc en bout de ligne mon affirmation au début de mon commentaire, que la qualité architecturale est vraiment une affaire d'État. 

En conséquence, tant que Québec ne s'impliquera pas directement, il y a peu d'espoir que les choses changent véritablement sur le terrain. Puisque cet enjeu dépasse par nature les compétences de Montréal et les pouvoirs qui lui sont dévolus par sa charte de ville (accordée par Québec).

Car ici c'est tout un écosystème qu'il faut améliorer et enrichir par une réglementation qui sera clairement plus coercitive que simplement incitative, comme c'est le cas actuellement.

 

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Join the conversation

You can post now and register later. If you have an account, sign in now to post with your account.

Invité
Répondre à ce sujet…

×   Vous avez collé du contenu avec mise en forme.   Supprimer la mise en forme

  Seulement 75 émoticônes maximum sont autorisées.

×   Votre lien a été automatiquement intégré.   Afficher plutôt comme un lien

×   Votre contenu précédent a été rétabli.   Vider l’éditeur

×   You cannot paste images directly. Upload or insert images from URL.


Countup


×
×
  • Créer...