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L’urbaniste émérite de l’Université de Montréal reproche aux politiciens leur manque de vision

 

Faire du neuf au lieu de rénover

 

PHOTO AGENCE QMI, SÉBASTIEN ST-JEAN

DENISE PROULX

 

Lundi, 20 juillet 2015 00:30

MISE à JOUR Lundi, 20 juillet 2015 00:30

 

Échangeur Turcot, pont Champlain, CHUM, CUSM, Place Daudelin... Le Québec connaît une effervescence en matière d’aménagement d’infrastructures. Après des années de négligence, les autorités publiques choisissent de construire du neuf au lieu de rénover, surtout quand il s’agit de bâtiments.

 

«Le gouvernement agit comme si la prospérité était encore au rendez-vous et le sera toujours», déplore l’urbaniste et professeur Gérard Beaudet. Il s’interroge sur la dynamique qui motive ces choix de société. Et il ne cache pas ses inquiétudes sur les conséquences qui en découleront.

 

Si l’ancien n’a plus la cote, ce n’est pas juste une affaire de gros sous. C’est, selon l’universitaire, la preuve d’un manque de vision des politiciens qui agissent comme de simples comptables, des gestionnaires qui ont perdu la compréhension que l’aménagement du territoire est lié aux enjeux sociaux, environnementaux et économiques auxquels les générations futures seront confrontées.

«Il faudrait penser à faire autrement», suggère Gérard Beaudet.

Le Québec refait à neuf, veut encore construire des autoroutes. Est-ce que ces infrastructures sont bien planifiées ?

 

«Si on prend les projets à la pièce, on pourrait dire qu’ils sont majoritairement bien planifiés. Mais globalement, il existe un déficit de planification. Dans une conjoncture où les ressources financières sont rares, et qu’il faut prendre en compte l’environnement, il est incroyable de constater qu’on continue à lancer des projets d’infrastructures sans en analyser sérieusement les bénéfices et les conséquences avec lesquelles nous devrons vivre pour les 30 à 40 prochaines années.»

 

Qu’est-ce qui ne va pas ?

 

«Nous devons nous arrêter et faire un profond examen de conscience. On s’entête à construire un nouvel échangeur Turcot sur des paramètres dépassés. On nous annonce en grande pompe le prolongement du métro vers l’est en changeant constamment d’idée pour en abaisser les coûts, mais on réserve 717 millions $ pour le prolongement de l’autoroute 19 vers le nord. C’est assez préoccupant. On voit que les mécanismes de conciliation et d’arbitrage ne sont pas présents. C’est en partie dû à l’incompétence de la classe politique qui voit le territoire uniquement comme une ressource à exploiter, qui veut absolument créer de la richesse.»

Existe-t-il néanmoins des modèles qui devraient nous inspirer ?

 

«Oui, il y en a. Vancouver s’est dotée d’un système de transport collectif dépolitisé et intelligent. La manière de penser est différente lorsque ce sont des experts qui prennent l’aménagement du territoire en main. On semble bien faire les choses dans la reconstruction du centre-ville de Lac-Mégantic, qui s’en tire bien dans les circonstances – devoir travailler avec des sols contaminés et peu de ressources financières. La remise en état des abords de la rivière Saint-Charles est encourageante.»

 

Et le projet 10/40, qu’en pensez-vous ?

«C’est un bel exemple de vision collective qui fait défaut. Je comprends mal qu’on laisse le maire d’une seule ville prendre des décisions sur un projet qui aura un rayonnement métropolitain. C’est à la Communauté métropolitaine de Montréal de trancher dans ce dossier, d’en analyser les bénéfices escomptés.»

En somme, que proposez-vous pour l’avenir ?

 

«Avec l’arrivée de la Caisse de dépôt et placement du Québec qui se montre intéressée à investir dans les infrastructures, nous avons une opportunité de réfléchir à ce qu’il y aurait de mieux à faire avec l’argent disponible. Qu’est-ce qu’on veut léguer aux prochaines générations? Ce n’est pas juste une dimension économique. Les élus devraient prendre le temps de s’asseoir avec des universitaires dont c’est le métier d’approfondir ces questions et qui pourraient proposer des réflexions. Ce serait déjà une révolution que la classe politique prenne le temps de réfléchir à l’aménagement du territoire.»**

 

QUI EST-IL ?

Gérard Beaudet

 

Gérard Beaudet est urbaniste émérite et professeur titulaire à l’École d’urbanisme et d’architecture de paysage de l’Université de Montréal. Il s’intéresse en particulier à la valorisation patrimoniale, paysagère et touristique des territoires, à l’urbanisme métropolitain et au rapport entre la métropole québécoise et les régions.

 

sent via Tapatalk

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100% d'accord avec le propos de Gérard Beaudet. Laissons les experts faire leur travail, sinon les mesures populistes pour une poignée de votes dans des comtés stratégiques, comme le prolongement de l’autoroute 19, auront toujours préséance sur les projets réfléchis et porteurs comme le prolongement du métro. Tant pis pour les anti-intellectuels et les Richard Martineau de ce monde.

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Je ne comprends pas que les transports en communs soient si peu valorisés alors qu'ils n'ont jamais été si populaire. Tramway, métro, etc... Les projets sont lents et n'aboutissent jamais. Où sont les nouveaux wagons de métro? Une vraie joke. Par contre pour construire des autoroutes en béton...

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La réponse est simple: aller chercher des votes dans une conscription pour faire élire un député. Les votes en banlieue compte plus que les votes dans la ville.

 

sent via Tapatalk

Modifié par IluvMTL
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Mon commentaire ici porte uniquement sur ton commentaire concernant les votes de la banlieue versus la ville-centre, et non pas sur les opinions de Gérard Beaudet telles que rapportées dans l'article cité.

 

De mémoire, la population moyenne des circonscriptions électorales provinciales dans l'Ile de Montréal est maintenant inférieure à celle des circonscriptions de la banlieue. Le problème, ce n'est pas que le vote montréalais "compte moins", mais plutôt qu'il est très prévisible et largement insensible aux enjeux locaux: on vote les yeux fermés, toujours pour le même parti. Conséquence: ce vote influe peu sur les choix politiques. On observe la même chose en Outaouais, alors qu'au contraire les électeurs de Québec et du Saguenay/Lac Saint-Jean par exemples n'hésitent pas à changer d'allégeance au gré des "opportunités". Ceci étant dit, si on retourne dans le contexte "grand-montréalais" (ville-centre et banlieues), je ne crois pas que les priorités et les préférences des citoyens de l'une et des autres soient si fondamentalement opposées; en clair, pour prendre le cas du transport, je conçois très facilement que les banlieusards soient autant intéressés par des améliorations (et des investissements) dans le TEC que les résidents de l'Ile. Mais pour motiver cet appui, il faut bien sûr que les investissements soient orientés/répartis de telle sorte qu'ils comptent parmi les bénéficiaires et qu'ils le perçoivent comme tel. Perpétuer l'opposition ville/banlieue ne contribue certes pas à la compréhension mutuelle de l'intérêt commun.

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